Novela – Qua sono (2/…)

L’homme était surnommé Nessu, et personne ne pouvait me renseigner sur lui : il avait toujours été là, mais alors que je pouvais récolter facilement une douzaine d’anecdotes et de faits personnels sur chacun des ouvriers, Nessu était passé au travers de toute curiosité. Personne ne savait rien sur lui, personne ne s’était posé de question sur son silence taciturne, et quand j’insistai auprès de mes interlocuteurs, je voyais à leur regard qu’ils n’aimaient pas que je leur fasse voir ce qu’ils n’avaient jamais vu. Contre toute évidence, ils soutenaient savoir des choses sur Nessu, mais me faisaient clairement comprendre que je ne méritais pas de les connaître.

Je pris d’autres photos, prétextant cette fois « un article nécessaire sur ce dur métier ». Je gâchai de la pellicule sur des photos de groupes, avec Nessu en ombre indistincte au dernier rang, je fis des portraits – dont certains assez beaux – de ces visages marqués par le soleil et l’effort, et les brigades trouvèrent naturel que je les photographie ensuite en action. L’effet Hawthorne jouait à plein, tous les ouvriers augmentèrent leur productivité les jours où je pris des photos d’eux au travail, et sur les centaines de clichés que je pris, j’en obtins une trentaine de Nessu, sous différentes poses et même de dos. Sur plusieurs clichés, il fixait l’objectif d’un oeil absent, comme s’il était absorbé dans un rêve intérieur. Mais indéniablement, son rythme de travail était stupéfiant de rapidité. Aucune photo ne laissait voir son couteau en action, on voyait juste le manche qui semblait rester en permanence dans son étui de cuir fixé à la ceinture.

Je pris le temps d’interviewer longuement quelques ouvriers sur leur métier, prenant scrupuleusement des notes et m’imprégnant de leur culture, puis quand je sentis le moment opportun, j’allai interviewer Nessu. Je retranscris ci-dessous les premiers échanges avec cet homme.

– Nessu, selon vous, combien de poissons un ouvrier vide-t-il par matinée ?
– ça dépend.
– Oui, bien sûr, ça dépend des jours, mais en moyenne ?
– ça ne dépend pas des jours, ça dépend des ouvriers. Marcello vide entre 134 et 143 poissons. Mimi 127, jamais plus de 129. Cortino vide 159 à 167 poissons tous les jours, sauf le lundi, parce qu’il a bu le dimanche, alors le lundi, c’est 122 à 134.
– Vous connaissez le nombre de poissons que chacun a vidés ?
– Bien sûr (il me regarda avec une lueur amusée dans les yeux), c’est comme vous, vous savez combien de photos vous avez prises, et de qui, et quand.
– Et vous Nessu, combien de poissons videz-vous par matinée ?
– En juin, 419 à 422 par matinée.

(Je pris évidemment la peine de vérifier les chiffres qu’il m’avait donnés. Je l’interrogeai à plusieurs reprises sur les scores de sa brigade à la fin de la matinée et je comparai ses estimations aux chiffres enregistrés par le compteur électronique posé sur les tapis d’arrivée : les estimations de Nessu sur sa production et celles de ses collègues étaient parfaitement précises. Les quelques poissons de différence – par exemple, 1 548 selon Nessu, 1552 selon le compteur – me poussèrent à suggérer aux ingénieurs de ré-étalonner le compteur. Après ré-étalonnage, le compteur fut toujours d’accord avec Nessu).

Ces premières phrases m’illuminèrent : je compris que Nessu répondrait franchement et précisément à toutes mes questions, et donc que tout détour était superflu.

– Nessu, comment expliquez-vous que vous vidiez 4 fois plus de poissons que vos collègues ?
– Je travaille ma découpe tous les jours.
– Mais eux aussi…
– Non, eux travaillent à la découpe, pas à leur découpe.
– J’ai pris des photos de vous au travail (il sourit) et je les ai étudiées (là, il se moquait franchement de moi), pourquoi ne vous voit-on jamais avec votre couteau à la main ?
– Parce que, quand j’ai fini de vider mon poisson, je rengaine mon couteau et je nettoie l’espace devant moi.
– à chaque poisson ?
– à chaque poisson. Et tous les dix poissons, j’aiguise mon couteau.

Il était inutile pour moi de louer une caméra et de filmer Nessu à 24 images par seconde : j’étais sûr qu’il me disait la vérité. De surcroît, j’aurai du mal à faire passer l’impression que j’avais, mais en substance, je sentais qu’il ne se vantait pas de ses performances : il n’en avait jamais parlé à personne, car personne ne lui avait jamais posé ces questions. Et après moi, il redeviendrait taciturne. Et si je n’avais pas regardé les rapports de productivité des brigades d’une conserverie sicilienne, je n’aurais jamais remarqué, ou connu, Nessu.

(à suivre…)

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Magnolia Express – 3ème partie – #5

Mouvements syndicaux chez les lettres
 
Nous arrivâmes à la nuit tombée, bien tombée, ça il n’y avait pas de doute, il n’y avait plus aucune lumière sauf la lune qui brillait comme une pastille de sucre. Sur le bord de la route, loin devant, on voyait une cabane en bois et des clôtures derrière, un grand parc rempli de formes sombres, c’était peut-être un cimetière de dinosaures ou bien un parc d’attractions qu’on a démonté en attendant l’été prochain, ou encore les décors d’un vieux film que tout le monde a oublié, sauf nous.

Sur la cabane, il y avait une grande enseigne qui nous faisait face, et au fur et à mesure que nous avancions, les lettres se détachaient de l’ombre, se liaient les unes aux autres, puis des mots apparaissaient. D’abord, on avait vu un grand W jaune, puis des petites lettres rouges, puis un grand H jaune et encore des lettres rouges.

Wrgggrgml Houbloummmshctr.
 
En dessous, il y avait encore quelques mots, mais on ne voyait pas bien, et pourtant c’était en blanc, on ne pouvait pas dire qu’ils ne faisaient pas d’efforts. Dans ce pays, c’étaient visiblement les jaunes qui donnaient le ton initial, et les rouges n’avaient pas leur mot à dire, ils s’alignaient en rang serré parce qu’ils craignaient d’en prendre pour leur grade. Quant aux blancs, même s’ils étaient en-dessous, on sentait bien qu’ils faisaient bande à part, ils étaient neutres dans cette lutte de classes.
Entre-temps, les rouges avaient accédé à l’existence. On pouvait désormais lire :

William Horseshoe

et en dessous, en blanc,

vrac vrac vrac

Voilà.

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Le roman, dans l’ordre, est
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Novela – Qua sono (1 / …)

Il y a des vies éclatantes, dont on entend parler dans les journaux. Ce sont des explorateurs, des milliardaires, des actrices, toutes ces personnes hors du commun dont les récits sont censés consoler les gens ordinaires. Des journalistes eux-mêmes passent leurs vies entières dans ces milieux rutilants, vivant en marge d’événements dans lesquels ils sont tolérés, parasites indispensables qui doivent jouer le rôle de témoins. Fêtes évanescentes, couples éphémères, nouvelles fracassantes et aussitôt oubliées.

Je suis journaliste aussi, mais pour une revue industrielle. Je ne parle pas de fêtes, mais d’usines, je parle moins des hommes que des machines, et je le vois bien dans mes articles, la composante humaine n’est plus qu’un terme de l’équation générale, une contrainte parmi tant d’autres qu’on essaie d’optimiser.

Mon métier m’envoie dans différents pays d’Europe où je rends compte des progrès techniques, je contribue à la comparaison des coûts de production, ou encore je couvre l’actualité sur les machines-outils et les chaînes automatisées. C’est ainsi qu’il y a quelques années, je fus envoyé en Sicile pour couvrir l’installation d’une nouvelle chaîne réfrigérée dans une poissonnerie industrielle. La mise en place du matériel était longue, la montée en puissance devait être progressive, j’étais détaché pour une enquête qui devait durer deux semaines. Finalement, je devrais livrer tout un dossier thématique à mon magazine pour le numéro de septembre.

J’arrivai par une matinée d’été. La mer brillait au loin, l’usine était éclairée de soleil, mais je savais qu’à l’intérieur de ce grand bâtiment de béton, les cadences étaient à l’opposé des rythmes séculaires de mère Nature. Chaque matin à l’aube, une flottille de nautoniers déversait sa récolte de poissons dans des milliers de paniers en plastique, ceux-ci étaient acheminés sur des tapis crasseux vers des brigades d’ouvriers qui éventraient, vidaient, nettoyaient le plus vite possible les poissons, dans un tintamarre de ferraille, d’insultes et de crachats. Le sol était huileux de sang et d’entrailles, et il n’était pas rare qu’un ouvrier glisse et tombe, puis se relève couvert d’amas visqueux et sanguinolents, et sans prendre la peine de s’ébrouer, s’attaque de nouveau furieusement à la masse de matière morte que les paniers amenaient sans relâche.

Le lieu de mon enquête était plus en aval, là où avaient lieu la congélation et le séchage, mais je restai interdit un moment devant cette scène à la Breughel, où les viscères volaient presque à hauteur de visage. Puis je me laissai guider par l’ingénieur de production vers le lieu véritable de mon enquête. Je passai plusieurs jours dans les plans, les relevés de productivité et les prévisions industrielles, levant de temps en temps la tête pour voir des techniciens assembler la nouvelle chaîne et riveter les éléments au sol. Au loin, je devinais plus que je ne voyais l’assemblée échevelée qui se battait contre les tas de poissons toujours renouvelés.

Je décelai vite une anomalie originale dans les relevés de productivité. Les poissons vidés arrivaient à la chaîne du froid dans des paniers numérotés correspondant à l’une des dix brigades d’ouvriers écorcheurs. L’anomalie pouvait se constater dans les relevés, ou même visuellement : chaque matin, les paniers des brigades arrivaient, dans un ordre aléatoire de numéros, et pourtant une brigade, jamais la même, avait ses paniers qui débordaient tandis que les autres n’envoyaient que des paniers remplis aux deux-tiers. Je pensai à des mécanismes d’auto-régulation de groupe, où chacun essaie de limiter sa productivité pour éviter le relèvement des quotas de production, mais la brigade rebelle semblait ne pas suivre cette règle syndicale. Je demandai la composition des brigades et j’appris que celle-ci changeait tous les jours. J’avais lu les théoriciens de la productivité, je connaissais l’effet Hawthorne, aussi je ne pouvais pas aller observer directement les écorcheurs, sous peine d’influer sur leur productivité, de même que l’observateur perturbe l’expérience du chat de Schrödinger.

Je recourus donc à différents stratagèmes, des petits trucs glanés sur tous les chantiers où l’observation directe était impossible, ou non souhaitée. Des relevés photographiques discrets peuvent être faits avec un petit appareil photo réglé en mode rafale, un enregistreur de sons peut capter des choses non visibles, et je faisais aussi confiance à ma mémoire visuelle, passant et repassant devant l’atelier sous divers prétextes.

En exploitant mes différents relevés, j’eus plusieurs surprises. Le paradoxe était que la situation était évidente, elle sautait aux yeux quand on regardait les photos, et pourtant, rien n’était apparent quand on était présent dans l’atelier. Un homme, toujours le même, contribuait pour plus du tiers de la production d’une brigade de dix personnes. Sur les photos, pourtant, aucun poisson n’était présent dans son espace de travail, et on ne voyait pas de couteau dans sa main. Un observateur superficiel aurait jugé que cet homme était le seul paresseux du groupe, inoccupé tandis que des mains floues, à sa droite et sa gauche, peuplaient l’espace de leurs mouvements. Mais dans la séquence de photos prises en rafale, on voyait qu’entre deux photos, c’est-à-dire en moins d’une seconde, 2 poissons avaient été proprement vidés. J’étudiai plusieurs autres photos : à chaque fois, la pile de poissons entiers diminuait, les poissons découpés et vidés devenaient plus nombreux, et aucune des mains étrangères qui flottait aux alentours de la tête de l’homme ne pouvait être responsable de cette rapidité : les angles, les attitudes ne correspondaient pas. C’était l’homme immobile, parfaitement au centre de cet espace réduit, qui avait accompli ce prodige, sans que l’appareil n’ait réussi, ne serait-ce qu’une seule fois, à imprimer sur sa cellule le geste qui avait pourtant dû avoir lieu. Et ces gestes invisibles contribuaient, à la fin de la matinée, à l’équivalent de la productivité de trois écorcheurs chevronnés.

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Madonna

If we took a holiday
Took some time to celebrate
Just one day 7 days out of life
It would be, it would be so nice…

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Magnolia Express – 3ème Partie – #4

Le convoi de la Rivière Sanguine
 
Le soleil, qui en avait assez fait pour la journée, se couchait dans un lit de nuages mauves parfumés à la violette. Il éclairait d’une lueur rouge-orange notre progression de pionniers. Le vieux au chapeau de paille conduisait son tracteur en fumant une pipe en maïs, et Eileen était assise à côté de lui, sur un garde-boue, elle fumait la pipe en maïs de Conrad.
Conrad ? Il était au volant du taxi, un capitaine ne quitte jamais son navire, même quand celui-ci est remorqué sur une petite route au fin fond du pays. Aline et moi étions assis sur le coffre à l’arrière, les pieds reposant sur le pare-chocs gigantesque du taxi, un pare-chocs épais en acier brillant, comme un espadon que l’on aurait pêché le matin même et qui serait trop gros pour qu’on le mette dans le coffre.
Je suis descendu et j’ai avancé, les mains dans les poches, il suffisait de marcher un peu plus rapidement que d’habitude, je suis arrivé à la hauteur de Conrad. Le soleil couchant colorait son visage, on aurait dit un acteur qui joue le rôle du Peau-Rouge mais qui a oublié de se raser, alors ça n’est plus crédible du tout.
(Parce que les vrais Peaux-Rouges sont imberbes).
 
– Ugh, boîte de conserve jaune.
– … mmmff … mboîte de conserffmm … Gaminpfff …
– Pourquoi toi avoir la figure sans sourire, homme-taxi ?

Conrad se tourna vers moi, les yeux un peu écarquillés, il ouvrit la bouche et puis s’arrêta, aucun son n’en sortait, il tourna à nouveau la tête et se remit à fixer la route devant, en soupirant. Bon. Je fis demi-tour, passai devant Aline à l’arrière, lui fis un signe au passage, puis j’allai m’asseoir à côté de Conrad tout ronchon. On entendait le taxi qui chuintait doucement, c’était un autre style de conduite, Conrad tenait le volant du bout des doigts, avec un air désabusé.
J’attendais, en humant les odeurs du soir (c’est pratique, finalement, de ne plus avoir de pare-brise). Conrad mâchonnait ruminait marmonnait, comme un bourdon neurasthénique, il était temps de lui apporter du réconfort.

– Conrad, vieux …
– Mmm.
– Est-ce que tu regrettes d’être là ? Est-ce que tu voudrais être ailleurs ?
 
Je le vis qui restait immobile, englué dans son petit cafard, et puis son regard a bougé, il a fixé le compteur du taxi, au début du voyage il l’avait allumé et nous avait dit « On va voir jusqu’où ce compteur peut aller, ça fait dix ans que je me le demande… ». Son regard a dérivé, il regardait maintenant Eileen et Vieux Bill qui lâchaient tous les deux des bouffées de fumée pensives dans l’air du soir. Silence. Puis lentement, plus lentement que la mer qui monte, j’ai vu un sourire qui se levait au coin de sa lèvre, qui s’étendait, montait, enflait comme une vague, qui se répandait sur tout son visage. Il se tourna vers moi, m’attrapa le bras et le serra dans sa poigne de grizzly :

– Pour rien au monde, petit, tu m’entends …

et il souriait comme s’il était empli de lumière, plein à craquer de certitudes,

pour rien au monde

Il continuait à me serrer le bras, à me regarder avec ses yeux plissés. Il tourna la tête et son regard alla chercher Eileen avec sa chemise à carreaux, il restait comme ça, à la regarder et à me broyer le bras. Il ajouta au bout d’un moment :

– Eh petit, ce voyage, avoue un peu … ça n’est pas que pour Aline, hein ? … Il n’y a pas qu’elle qui recherche quelque chose ?…
 
Je souris à mon tour, me dégageai doucement et lui tapai sur l’épaule avant de descendre du taxi. J’allais rejoindre Aline quand il me rappela :

– Petit…
– Ouaip ?
– Merci.
 
Je m’installai à nouveau à côté d’Aline.

– Tout va bien ?
– J’ai un bras complètement broyé, mais ça n’est pas grand chose, on ne va pas s’arrêter à ces petites misères.
– Certes.

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Le chemin de vie : première ornière

J’ai parlé du Chemin de vie, et en parallèle, je lisais « Gagner en efficacité », de Patrick Georges.
A midi, j’ai eu un plantage assez intéressant pour en parler ici : cette sortie de chemin de vie est illustrative, je trouve.
Mon portable a sonné alors que j’entrais au restau avec une amie. Je ne reconnaissais pas le numéro, j’ai répondu. Mon interlocuteur m’a dit qu’il était en train de m’attendre : c’était un déjeuner que j’avais oublié de noter. J’ai ce genre de plantage une à deux fois par an. Ce qui est plus intéressant, c’est la suite. J’ai annulé auprès de mon amie, et suis allé à l’autre déjeuner, parce que je culpabilisais d’avoir oublié un rendez-vous. Typique de l’étape 1 du chemin de vie : j’ai annulé le « nous » (amie) pour « les autres ».
Quelques remarques, évidentes pour toute personne normalement constituée, mais pas pour moi jusqu’à très récemment :

  • Quand on a un déjeuner important, couper le portable, ou ne pas répondre. J’aurais découvert le message de mon interlocuteur après coup, et je me serais excusé platement. Le terme même de « déjeuner important » est trompeur : quand on fait un truc, on le fait bien, sans zapper vers autre chose, genre la sonnerie du portable.
  • Au lieu de cela, à un premier plantage, j’ai rajouté un deuxième plantage. Principe : assumer les plantages, ne pas chercher à les compenser par d’autres, ils ne s’annulent pas, ils s’accumulent.
  • Ne jamais réagir à chaud, prendre le temps de se poser pour sortir du contexte « réactif ». Parce que c’est impossible de réagir correctement quand on est en ligne. J’aurais dû dire « je vous rappelle d’ici 5 mn », et me poser, et décider ce qui était le mieux pour tous. Et ce qui était le mieux était clairement : je reste déjeuner, et j’assume mon plantage. Il y a quelques pages dans le livre de Patrick Georges sur le fait qu’on prend de mauvaises décisions quand on les prend au feeling, en 3 secondes.

Le seul point positif de tout cela, c’est justement cette leçon. Et je l’écris, pour bien la méditer, régulièrement.

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Magnolia Express – 3ème Partie – #3

Vieux Bill Horseshoe
 
Nous nous sommes garés sur un terre-plein, un peu plus loin, la poussière brûlante est entrée dans l’habitacle quand Conrad a freiné, et nous étions tous recouverts de poudre jaune comme des coyotes des sables. Conrad est descendu en pestant, il tapait sa casquette contre sa cuisse en regardant les dégâts puis il a dit « Ah, seigneur ! » et il a tourné le dos au taxi, il a regardé l’horizon sans rien dire. Eileen et moi avons ramassé tous les petits bouts de verre qui brillaient, on aurait dit des grains de sucre cristallisé à la recherche d’un gâteau. Pendant ce temps Aline est allée voir Conrad, elle était la personne qui fallait, il n’y avait personne qui disait autant de choses en se taisant. Tout en ramassant mes grains de sucre, je les regardais du coin de l’oeil, Conrad s’était accroupi, le dos toujours au taxi, et il secouait un peu la tête. Aline était debout à côté, le vent s’occupait de ses cheveux, elle ne disait rien non plus et regardait dans la même direction. J’ai retrouvé le caillou qui avait tout déclenché, il se tenait sur la banquette arrière avec un air du genre « Comment, c’est à moi que vous parlez ? J’aurais cassé quoi ? Non, c’est une erreur jeune homme ». Je l’ai balancé au loin, qu’il aille vivre sa vie ailleurs, il ne m’intéressait pas. On a fini de décoller les derniers morceaux de sucre du pare-brise et puis on a un peu brossé les sièges, les deux étaient toujours là-bas, Conrad regardait par terre et Aline fixait la route maintenant, elle regardait un vieux tracteur qui s’approchait, le conducteur avait un chapeau de paille comme on en met aux chevaux d’attelage, il avait même un trou de chaque côté pour laisser passer les oreilles.
Le tracteur s’est arrêté, et le conducteur a interpellé directement Conrad : « Hey, homme-taxi, tu as un problème ? ». Conrad a levé la tête, il a posé les mains sur ses genoux et s’est relevé en remettant sa casquette : « Ouais vieux cheval, tu peux le dire ». L’homme-cheval restait songeur face à l’homme-taxi, il avait l’air de réfléchir, tandis que les derniers grains de sucre s’écoulaient de ma main et tombaient dans le sable.
Le vieux conclut sa rêverie en disant: « Ça, c’est du travail pour Vieux Bill Horseshoe. On va aller voir Vieux Bill Horseshoe ».

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Le roman, dans l’ordre, est
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Mesure de productivité ?

J’aime bien ces petits gadgets qui donnent une information annexe, qu’on peut détourner de sa fonction initiale. J’m’explique-ploc.
J’ai un utilitaire de synchronisation de mes fichiers. Bien pratique pour avoir toujours la version la plus récente des fichiers, à 3 endroits (voire plus) : mon ordi au bureau, mon(mes) ordi(s) à la maison, ma clé USB. Et cet utilitaire donne une info basique, à chaque fois qu’on fait la synchro : le nombre de fichiers concernés (donc modifiés).
Résultat : en deux jours, 50 fichiers modifiés (en fait, un peu plus, j’ai aussi travaillé sur des fichiers qui ne sont pas sur ma clé USB).
C’est un petit indicateur de productivité facile à mesurer, et qui me semble relativement correct (pour mesurer la productivité) : en un jour, combien de fichiers j’ai modifiés / créés ?

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Quick win #1

Dans la série « les conseils à deux sous qui font gagner beaucoup de temps ». Cela faisait plusieurs jours que j’avais dans ma to-do list un truc à faire, assez long (1h-1h30) et je n’avais pas le temps de m’y consacrer. J’appelle le demandeur, et je lui dis « je ne vous oublie pas là-dessus, je vous le fais avant demain soir ». Il me répond « Non, mais c’est OK, on a avancé de notre côté, on a envoyé un premier doc ». « Ah », réponds-je, « Alors est-ce que vous avez besoin de mon doc ? ». Et là, bénédiction des dieux, bouffée d’oxygène, il me dit « Non, on a changé un peu de perspective, on vous tiendra au courant des évolutions ».
Je viens donc de découvrir qu’il y a encore une autre manière de gérer des to-dos. J’avais déjà :

  1. Ne pas les faire (pas important).
  2. Les faire faire par d’autres (déléguer).
  3. Les faire.
  4. J’ai désormais :

  5. Vérifier qu’elles sont toujours à faire.

2 minutes de coup de fil, 1h30 économisée. Imaginez, si je n’avais pas appelé !
Ce temps dégagé va me servir :

  • à rédiger ce thibillet (ça c’est fait)
  • à me consacrer à un truc qui n’était pas sur la to-do, qui vient de tomber, et qui est important et urgent
  • à travailler sur un de mes projets pendant au moins 1h.

Sensation (très agréable) de contrôle de ma vie (professionnelle…).

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Magnolia Express – 3ème Partie – #2

Pluie d’argent dans la vallée
 
C’était Conrad qui conduisait quand c’est arrivé. J’étais assis à côté de lui tandis qu’Aline et Eileen discutaient à mi-voix, se demandant probablement comment elles pourraient extirper le pêché et la balourdise de nos corps d’hommes. Y’avait du boulot.
Conrad conduisait, détendu, il s’est tourné vers moi, a ouvert la bouche et SCHTRAINNNGGG, le pare-brise a volé en éclats, inondant l’intérieur du taxi d’une volée de bouts de verre tandis que le vent s’engouffrait en rugissant dans l’habitacle.

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Le roman, dans l’ordre, est
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Le chemin de vie

Hier, je buvais des coups avec Joséphine, on remplissait les pointillés de la vie de l’autre, les non-dits ou non perçus sur le blog, notre petit ménage de printemps, quoi.
Et voilà-t-y pas qu’elle me met en scène, genre appel de pied cyber, alala, mon existence devient jetée en pature aux masses, tel un SMS au Salon de l’agriculture. Il faut que je me défende, ce que c’est que d’être un homme public 😉

Je lui parlais notamment du Chemin de vie. Les concepts ont été exposés par Stephen Covey, dans Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent (quel titre, mon dieu, la vraie traduction serait plutôt Les 7 habitudes des gens vraiment efficaces). Ces concepts, je me suis juste contenté de les reformuler, et les intégrer à mon schéma mental. Allons-y.

Je vois la vie comme une progression. On essaie d’atteindre le meilleur, de s’améliorer, de comprendre mieux ce que l’on veut, et d’éviter les fausses attentes. Cela passe par trois étapes. Certains restent toute leur vie à l’étape 1, d’autres vont jusqu’à l’étape 2, et bien peu vivent totalement et parfaitement en accord avec l’étape 3 (et je ne me compte pas parmi ces bienheureux, mais j’y travaille !)

L’étape 1, c’est :

  • De qui je dépends : des autres.
  • Quel est mon mode : réactif.
  • Quel est mon état : dépendant.

J’y vois la marque de nos éducations : un enfant est éduqué selon des règles, on lui impose un monde, et une conformité aux canons imposés. Certains ne sortent jamais de ce schéma : ils sont dépendants des désirs des autres, n’agissent que par réaction à une urgence, ou une demande, et passent leur vie à stresser. Cela peut créer énormément de rancoeurs, dans le domaine professionnel, sentimental, familial, vous imaginez bien.

Souvent, à l’occasion d’un choc (accident, deuil, moment fort) ou bien d’une psychothérapie, on passe à l’étape 2, qui est une progression :

  • De qui je dépends : de moi.
  • Quel est mon mode : actif.
  • Quel est mon état : indépendant.

Cela donne de très bons résultats : on apprend à augmenter sa propre sphère d’influence, à dissocier des choses comme « je le fais parce que ça lui fait plaisir » / « je le fais parce que ça me fait plaisir », c’est une vraie respiration. Je salue sincèrement ceux qui arrivent à ce stade-là, et qui, peu à peu, savent enfin dire Non.
Mais j’y vois aussi des effets pervers : plus la personne a souffert de l’étape 1, longtemps et profondément, plus elle garde des rancoeurs qu’elle exprime dans l’étape 2. En résumé, l’étape 2 aboutit souvent à des discours du type « j’en ai trop chié pendant 20 ans, maintenant, je fais ce qui me plaît et je vous emmerde ». De l’égoïsme, avec ses côtés positifs (l’ego, le moi, ressort enfin) mais aussi négatifs (un -ïsme, un isthme, une île, un isolement). Et je pense sincèrement qu’on ne peut pas vivre seul(e), on ne peut pas vivre isolé(e).

Vient alors l’étape 3 :

  • De qui je dépends : de nous.
  • Quel est mon mode : proactif.
  • Quel est mon état : interdépendant.

L’idée est de ne pas renier l’étape 2, et d’intégrer aussi l’étape 1. Pour bien vivre, il faut que je compte sur les autres, et qu’ils comptent sur moi. Cela ne veut pas dire que je suis asservi, ou dictateur, mais plutôt symbiotique. Je l’avais exprimé dans une nouvelle, avec d’autres termes. Cela donne un sentiment de contrôle, et de responsabilité (puisque l’on sait, depuis Spiderman, que l’un ne va pas sans l’autre).

Le chemin de vie, c’est quoi : c’est essayer de passer chaque journée avec moins d’étape 1, un minimum d’étape 2, et un maximum d’étape 3.

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Grignoter les tâches…

Je n’ai pas arrêté de réfléchir à la productivité sur le lieu de travail, et j’ai continué d’expérimenter. Je sais que j’ai un thibillet en déshérence sur le système de capture des notes prises, mais c’est pas pour maintenant.
Là, je veux revenir un peu sur la liste de tâches, avec quelques idées, que je développerai un jour, ou pas.
Faire une liste de tâches, c’est bien à partir du moment où :

  1. on arrive à les ordonner par priorité – ce qui implique qu’on aie un système de priorités un peu chiadé, et pas seulement « faut que je le fasse parce que je suis à la bourre »
  2. la liste des tâches ne dépasse pas 1/2 feuille A4 (une feuille A5, quoi), sinon, GROS risque de procrastination, déprime. (rien n’est plus déprimant, je trouve, que de retrouver une liste à rallonge sur son bureau le lendemain).

Aujourd’hui, j’ai fait 10 tâches, je suis plutôt content. Motivé, concentré, hop, 10 trucs de moins. Mais cela demande de définir le terme tâche, et on verra qu’il y a un flou.

Ce qui n’est pas une tâche :

  • gérer les mails (souvent avec l’agenda), les interruptions (téléphone, collègues), les SMS, voire les réunions
  • sinon, ce serait facile : « j’ai envoyé 10 mails, wahou, quelle journée ! »
  • donc, 10 tâches par jour, c’est en plus du reste.

Cela veut dire qu’à 10 tâches accomplies aujourd’hui, je suis plutôt assez fier.
Maintenant, la vraie question. Qu’est-ce qu’une tâche ?

David Allen, auteur de la méthode GTD, insiste sur le fait qu’on ne peut pas accomplir un projet entier, on peut juste agir sur une succession de tâches, des actions unitaires. Et c’est là où il y a du flou, je trouve.

  • Passer un coup de fil, c’est une tâche.
  • Rédiger un poly de cours, c’est une tâche.
  • Corriger un paquet de copies, c’est une tâche.

Vous voyez le problème ? La granularité. Il me faut 5 mn pour passer un coup de fil, et des heures (plutôt des jours) pour rédiger un poly. Une journée à 10 tâches « coup de téléphone », c’est gnognotte. D’où les deux conseils de Tonton Thib :

  1. Décomposer les grosses tâches en bouchées plus facilement grignotables. Exemple : se fixer l’objectif de rédiger 15 transparents, et pas un poly entier ; corriger 10 copies, ou 5 cas. Chacun de ces morceaux sera une tâche, et donnera donc l’impression d’avancer.
  2. Ne pas mettre que des tâches rapides (coup de téléphone), mais alterner, doser les efforts. Pas de souci là-dessus : c’est rare qu’on arrive à dire « aujourd’hui, je n’ai que des coups de fil à passer ».

Pour demain, reste 6 tâches issues de ma todo d’aujourd’hui. Allez, je recopie ça au propre, et demain matin, j’en rajouterai 4, telle une petite souris grignotant son gruyère sisyphien.

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Magnolia Express – 3ème Partie – #1

Lait et crème fouettée

– Dis-moi, déjà … Pourquoi allons-nous là-bas ? me demanda paisiblement Eileen.

Je respirai un coup, elle conduisait ce taxi comme un vaisseau sur coussin d’air et la route était rectiligne jusqu’à l’infini.

– Ben, nous ne sommes pas des religieux, ou des intellectuels, non Madame, ça pour sûr nous ne le sommes pas… Nous allons là-bas… parce que c’est à l’ouest, parce que c’est au sud… parce qu’un livre existe peut-être là-bas, et que ce livre est notre quête. Parce que nos vies peuvent se résumer à quelques livres… et beaucoup de contemplation.
 
Elle me jeta un coup d’œil, avec cet air si particulier que je vois quelquefois apparaître sur certains visages. Un air étonné-dubitatif, c’est-y-du-lard-ou-du-cochon, un air qui finit souvent par tourner, comme le mauvais lait, et quand l’étonnement a disparu, il ne reste plus que le doute. La question se résume alors à « Est-il réel ? ».
Je ne sais pas moi, est-ce que je vous en pose des questions ?

Donc Eileen m’observait et me regardait et m’auscultait, tandis que je faisais semblant de méditer sereinement, alors que je ne faisais qu’écouter la discussion d’Aline et Conrad, derrière.

(Aline) – … Et les ailes de l’avion, c’étaient des tranches de pain d’épice avec des haubans en sucre filé, elles étaient en forme de pelle à gâteau …
(Conrad) – ça n’est point bon pour l’aérodynamisme.
(Aline) – Non, mais comme ça, quand on passait à côté des nuages, elles recueillaient plein de crème fouettée.
(Conrad) – Bon sang de bois. J’aurais dû y penser.

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Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Le roman, dans l’ordre, est
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Magnolia Express – 3ème Partie

Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de Tijuana, par JJ Cale, sur le CD Travel Log, Silvertone, 1990. Le disque est en vente ici.
Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de Cars are Cars, par Paul Simon, sur le CD Hearts and Bones, Rhino Records, 2004 (réédition du 33T). Le disque est en vente ici.

Troisième partie :

Tijuana

 

 

 
If some of my homes
Had been more like my car
I probably wouldn’t have
Traveled this far


Paul Simon

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Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Le roman, dans l’ordre, est
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J’imprime pas pourquoi elle imprime pas

Je suis souvent philosophe (très probablement stoïcien), et je crois être peu matérialiste. Allez, on va dire : de moins en moins matérialiste. Je crois beaucoup au détachement, et je fais des efforts depuis des années pour atteindre le non-désir, l’ataraxie qui – paraît-il – est le seuil du bonheur.
Mais il y a un moment précis où je perds tout moyen, où j’ai envie d’aller me cacher sous une couette et de mourir. Littéralement. J’ai beau être entouré de personnes aimantes (et qui ne m’aimerait pas, franchement ? 😉 ), j’ai un sentiment de désespoir total.
C’est quand, après des heures (ou des minutes) de lecture d’une documentation, de bidouillage, de temps passé à comprendre, je me rends compte que ce bidule logiciel ou informatique ne marche pas. Ce qui me met en rage, puis immédiatement en dépression profonde, c’est que je ne comprends absolument pas pourquoi ça ne marche pas. Et je ne suis pas le premier baudet venu, j’ai connu MS-DOS et les disquettes 5″1/4, à mon époque, fallait faire Escape pour faire apparaître le menu sous Word, et anteslash 015 pour imprimer en petits caractères sous Lotus 123.
Là, ça vient d’arriver avec une imprimante multi-fonctions, elle a 3 mois, et – fou que je suis – j’ai décidé de remplacer la cartouche couleur. Il faut dire, elle était vide. Depuis cette vidange, pourtant recommandée par le manuel, l’imprimante bouffe le papier. Tout type de papier, elle est pas bégueule, elle prend ce qu’on lui donne sans rechigner. Alors je vais faire un dernier geste : je vais l’amener à un service après-vente, y perdre une demi-journée, et attendre probablement plusieurs semaines. Elle marchera quelques mois, puis il faudra changer la tête de delco, ou alors je commettrai l’erreur de télécharger un pilote plus récent, et je m’arracherai à nouveau les poils des bras (faute de mieux). Puis je jetterai le tout au panier, ou plutôt l’emmènerai à recycler, et plus jamais jamais jamais je n’aurai d’imprimante chez moi, ma santé mentale en dépend.
C’est probablement pour ça que je n’installe pas Linux Ubuntu. Trop peur.

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Une rue

Il n’a rien d’aimable, ce matin.
Ciel gris et opaque, expresso comme une pierre dans l’estomac, la tête mal lavée des pensées de la nuit.
Et puis il y a cette rue, ce matin. Une ombre marche, loin devant. L’air est humide, presque doux. Et un grand calme. On s’entend marcher, on s’entend respirer. Même l’arbre où habite la famille de moineaux, petit immeuble de verdure, voisins pépiant, a des tons harmonieux, rassurants (allez lisse-moi ces plumes, maman je peux pas, elles rebiquent, mange-moi ces graines, dépêchez-vous, j’aime pas, on dit pas j’aime pas). La vie foutraque et sympathique, au milieu de cette rue timide et calme.
Et puis je débouche dans d’autres rues, des voitures à touche-touche au feu rouge, des lycéens qui parlent trop fort, un gars qui écoute un rap sur son téléphone portable. Un oiseau chante au loin, mais sans grande conviction, il sait qu’il est juste un des bruits, dans une des rues.

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