Free, Free, set me Free

(Note technique, et note d’humeur)

Non-Freenautes, passez votre chemin, ou continuez à lire, pour vous foutre de moi. Freenautes, ceci est un thibillet très long. Alors je teste les ancres :

Etat du problème

1ère réaction : « ça doit être de ma faute »

2ème réaction : « j’ai fait le boulot, que va me répondre Free »

3ème réaction : « foin des messageries, engueulons-nous avec un humain »

Conclusion : quelques conseils, qui me serviront aussi de pense-bête

Epilogue

Executive summary

Cette note sert à délayer mon exaspération, mais aussi servir d’aide-mémoire, pour moi, mais aussi pour mes petits camarades freenautes qui ont des problèmes de connexion. Accessoirement, cela servira, peut-être, à faire résoner le tam-tam de la jungle, à créer du fuzz, du buzz (non, pas de la beuze).

Etat du problème :

  • je suis abonné à Free, en dégroupage total (plus aucun abonnement France Télécom), je suis donc censé avoir de l’ADSL, de la téléphonie, de la télé (plus de 100 chaines)

  • je dépends du DSLAM de Charleville (CHA92), à 3400 m de mon domicile

  • j’ai une Freebox version 3 ou 4 (je ne sais plus) depuis 2005

  • depuis 4 semaines, je n’ai plus de téléphone (plus de tonalité, pas de possibilité d’appeler, pas de possibilité d’être appelé)

  • depuis plusieurs semaines, j’ai des déconnexions intempestives de la Freebox : 88:88, chenillard lent, chenillard rapide, et là, soit 88:88 à nouveau (et c’est reparti) soit rectangle cligno, rectangle fixe, et 88:88, et c’est reparti. Mais de temps en temps, ça connecte, quand même. (à 30 € par mois, vous me direz, ça peut).

1ère réaction : « ça doit être de ma faute »

  1. hard reboot de la Freebox : nada
  2. lecture de la FAQ Free : nada
  3. contact de Free par mail (dans la console d’administration) : réponse en 2 jours pour mon premier message, et j’attends toujours la réponse au deuxième message. C’est marrant, parce que j’ai commandé hier soir une alimentation de rechange, depuis la même console d’administration, et là, j’ai tout de suite eu un mail qui m’a dit que j’allais être débité du montant d’achat + frais de port…
  4. lecture des excellents forums de l’ADUF (association des utilisateurs de Free) : éléments de réponse, notamment sur le nettoyage d’une ligne de téléphone

2ème réaction : « j’ai fait le boulot, que va me répondre Free »

  1. envoi d’un premier mail, en substance « j’ai des déconnexions intempestives de la Freebox, quid ? »
  2. réponse en 48h (48h, quand même…) : « veuillez suivre la liste de tests suivants, et seulement quand vous avez fait tous les tests, et que c’est négatif, recontactez-nous ». On me propose notamment :
  • de faire un soft reboot (c’est fait, coco)
  • de faire un hard reboot (c’est fait, 12 fois)
  • de vérifier si tout est branché (hin hin hin)

et là, on commence à entrer dans le paranormal :

  • de tester ma Freebox avec une autre alimentation. Ah ouais, pas con, mais je la trouve où, l’autre alimentation ? Un voisin compatissant, semble-t-il, parce que Free, il veulent que je fasse le test avant de les rappeler.
  • Si ça marche pas, de tester ma connexion avec une autre Freebox que la mienne. Petites annonces de mon bled : « particulier échangiste, bien sous tous rapports, échangerait Freebox potentiellement naze contre Freebox qui marche, pour test de plusieurs jours ».
  • De tester une autre installation électrique que la mienne, dans une autre maison (non, là je déconne)

3ème réaction : « foin des messageries, engueulons-nous avec un humain »

J’appelle la hotline dédiée au dégroupage total. Là, que des points positifs (au début) : interlocuteur qui décroche tout de suite, poli, et bien équipé. Il teste à distance (depuis le Maroc, c’est là où est délocalisée la hotline, semble-t-il Edit : depuis Paris, comme me le signale un Freenaute respectueux et courtois) et me diagnostique une alimentation probablement défectueuse. Bon, on progresse. Il me recommande chaudement de trouver un voisin échangiste, car il ne peut pas m’envoyer d’alim de test. Bon, je fais un effort, je trouve (merci la solidarité de quartier, des inconnus m’ont répondu pour me dire qu’ils étaient chez Neuf, chez Cegetel, donc qu’ils ne pouvaient pas m’aider, mais c’est tout de même sympa de répondre…)

Je vais chez ce voisin que je ne connais pas, contact fort sympathique, il teste mon alim sur sa Freebox et me confirme qu’elle est naze (mon alim). Il est dans la partie (informaticien) et commence à me dessiller les yeux : moi, je suis à 3400 m du DSLAM et je n’ai jamais réussi à avoir les chaines de télé correctement. Lui est à 3500 m et reçoit les chaines parfaitement. Mais son voisin d’à côté, rien du tout.

Je rentre chez moi et recompose le numéro de la hotline au Maroc. Le gars me dit : « OK, c’est l’alim, il faut que vous en achetiez une autre ». Je tombe de haut, et lui explique que Free me rend un service, pour 30 € / mois, et ce service consiste à mettre à ma dispo une Freebox qui marche, une alim qui marche, et une connexion ADSL qui marche. Lui me répond « l’alim n’est plus sous garantie, donc c’est à vous de la payer ». Dialogue de sourds (moi : "ce que vous dites, c’est que Free ne garantit la qualité de ses alim que la première année, en bref, qu’elles ont une espérance de vie d’un an ?" Lui : "mais non, je n’ai pas dit ça"), dialogue que je coupe, car à 34 centimes la minute, le hotliner a tout intérêt à palabrer sans fin. Moi pas, car je suis un mec hyper important.

Pour conclure, quelques conseils, qui me serviront aussi de pense-bête :

  • à plus de 2500 m d’un DSLAM, il ne faut pas trop espérer avoir les chaines de télé. Dans ce cas, passer au cable (numericable) ou la fibre optique (erenis) et abandonner Free.
  • essayer de nettoyer sa ligne téléphonique comme indiqué ici : enlever les condensateurs des prises, déconnecter les fils inutiles, passer tous les fils de cuivre au Mirror, tirer un cable neuf depuis le DSLAM, demander de l’aide à E.T., frotter tous les électrons de l’air ambiant pour qu’ils conduisent l’électricité statique, faire appel à Pikachu…
  • Si Freebox déconnecter régulièrement, regarder l’alim d’un mauvais oeil.

Dans les d
ifférents moyens de s’en sortir, voici ma note (5/5 = très bien, 1/5 = d’un faible intérêt)

  • lire la FAQ Free : 3/5
  • envoyer un mail : 1/5 (quand je pense qu’il y a des personnes qui écrivent une lettre…)
  • appeler la hotline générale : 2/5
  • appeler la hotline dédiée : 4/5
  • se connecter sur les forums de l’ADUF : 5/5 (mais nécessite du temps de lecture…)

Et une ultime interrogation, qui entrera en résonance avec ma critique du livre d’Yvon Chouinard (d’ici quelques semaines…) :

Qu’est-ce que je pense acheter à Free, pour 30 € / mois ?

Qu’est-ce que Free estime me vendre pour 30 € / mois ?

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Magnolia – Début (et license)

Magnolia Express

Roman

 

Première partie :

 

Prélude en Fugue

Creative Commons License
Ce roman est mis à disposition sous un contrat Creative Commons.. Ce roman, qui sera publié progressivement, est aussi sous licence Touchatougiciel.

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Kop et Spinoza

Dans Libé du jour, un compte-rendu du match PSG-Panathinaïkos.

Cela m’évoque une correspondance. Vous voulez vivre la vie de supporters lobotomisés ? Vous voulez découvrir un monde post-nucléaire, entre Mad Max (qui connaît encore Mad max ?) et slogans ? Vous voulez découvrir la trilogie Guzzi-Kalachnikov-Spinoza ? Vous aimez les romans d’anticipation noire, genre Blade runner / Est-ce que les androïdes rêvent de moutons électriques (mais qui se souvient de Blade Runner, et qui a lu Philippe K. Dick ?) ? Vous avez raté la philo au bac ?
Jean-Bernard Pouy, auteur de série noire mais pas que, a écrit le jubilatoire Spinoza encule Hegel, puis, plusieurs années après, la suite : à sec !
Toujours dans l’air du temps…

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Livre lu Laurent Gaudé : Eldorado

Toujours plus loinJ’avais vu que Joséphine et Monsieur Jean lisaient au même moment Eldorado, et comme je suis un vieil ours rabougri sur ses livres de poche achetés d’occasion et ses monomanies littéraires, je me suis dit « sortons de l’ornière et goûtons à un livre fraîchement publié ». Chez le libraire, j’ai hésité devant « La mélancolie Zidane » de Jean-Philippe Toussaint, écrivain que je goûte fort, mais j’ai tenu bon, et j’ai acheté Eldorado (Laurent Gaudé, Eldorado, Actes Sud, 2006, 238 p.). Un peu à cause de la couverture, beaucoup à cause du titre, essentiellement grâce à Joséphine et Monsieur Jean. Et puis aussi, Actes Sud, c’est Paul Auster, c’est cette typographie, cette mise en page et ce papier, un vrai plaisir de lecture, aussi intact que lors de la première fois, quand ma tante m’avait dit : lis ça, c’est un jeune auteur américain assez étonnant. C’était Moon Palace.

Revenons à Eldorado. C’est un bon livre, que j’ai aimé. L’Eldorado, et la fuite, sont de toute façon des thèmes qui me sont très chers. (Je vous avais dit que j’avais essayé de traduire le poème d’Edgar Allan Poe ? Ben je vous le dis… Je le lisais à mes étudiants dans le cours de méthodologie de la recherche).

Correspondances : c’est un livre qui a des résonances fortes avec les écrits d’Erri De Luca. Même capacité à distiller des phrases qui sonnent comme des aphorismes humains, même chant de l’exil (des exils), même sensation de cotoyer des gens qui peuvent être des abîmes, tout en étant d’autant plus humains. Des abîmes d’humanité. Les phrases, elles sont enfoncées une à une comme des chevilles dans du bois tendre, chacune prend sa place, il n’y en a pas une de trop, tout cela sent la belle ouvrage, et l’écrivain qui a du métier.

Et puis il y a quelques correspondances avec des sentiments que j’avais à la lecture, que j’ai encore souvent :

… il était obligé de constater qu’il se détachait peu à peu de sa vie. Ces hommes, si familiers autrefois, lui étaient maintenant comme étrangers. Il les côtoyait avec distance. Il n’arrivait plus à rire avec eux, ne parvenait plus à s’intéresser vraiment à eux. […] Combien de fois s’était-il senti comme quelqu’un qui vient de faire un pas en arrière de sa vie et constate que le monde continue sans lui, que son absence n’est même pas notée ? Oui, c’était cela. Il n’était plus tout à fait en lui, comme s’il se décollait de sa vie.

Laurent Gaudé, Eldorado, Actes Sud, 2006, p. 104.

Et question perso : à votre avis, pour moi, ça s’applique à qui ? A mes étudiants ? A mes collègues ? A mes amis ? A ma famille ?

Maitenant, à la lumière du commentaire de Christian, je mets de l’eau dans mon vin, ou plutôt, je comprends ce qu’il veut dire, mais je n’ai pas les mêmes mots. Facilité d’écriture ? Je dirais plutôt, écriture fluide, le livre est court (238 pages) et se lit vite. Intrigue convenue et prévisible ? Non, mais c’est vrai qu’une partie de la fin se laisse deviner par avance. Écriture cinématographique ? Certes, mais c’est un point très positif pour moi. Platitude ? Non, certainement pas.
Mais je comprends l’opinion de Christian, j’en vois les racines dans ce roman, même si je n’arrive pas à mettre les bons mots dessus. Des phrases peut-être trop polies, trop travaillées dans leur simplicité. Des sentiments forts, humains, mais sans grande surprise. Une petite impression de dilution. Je m’arrête, je n’en sais rien, c’est ténu.
D’autant plus qu’une autre correspondance, venue pourtant de bien loin en terme de style, me fait penser à Koltès (par exemple Quai Ouest). Et comparer un écrivain à Koltès, c’est quand même lui reconnaître un sens du langage et du travail des phrases.

Et puis, en note de fin : ce roman m’a donné envie de lancer l’impulsion pour le projet Magnolia. Je ne sais pas si cela apparaîtra sur ce blog avant fin décembre, ou s’il faudra attendre janvier, mais pour des raisons symboliques, j’aimerais que la nouvelle année, et le premier anniversaire de ce blog, ne passent pas sans que Magnolia n’aie commencé à paraître.

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Spim Spam Spoum

Sans y passer des heures, la lecture des spams est instructive. D’abord parce qu’elle permet de savoir quels sont les secteurs dynamiques sur Internet, les business models qui marchent. Et là je vous réponds tout de suite, c’est l’assurance auto et la vente de médicaments de toute sorte, point, même les 3615 Ulla tendent à se raréfier, le big business model, le coeur de cible, c’est l’aumobiliste avec malus qui a besoin de médicaments (de toutes sortes…)
L’autre information qu’apportent les spams, c’est une meilleure compréhension de la langue anglaise, qui est en même temps imagée, poétique, mais surtout, parfaitement adaptée à des phrases courtes, percutantes (c’est-à-dire, l’idéal pour un sujet de message, ou de commentaire.)
Démonstration de cette puissance poétique :

Il n’y a pas à dire, je reste admiratif. Non pas tant devant la promesse, à laquelle je crois peu. Mais devant l’inventivité poétique. A tel point que j’ai du mal à traduire en termes aussi imagés. Je m’y essaie néanmoins, mais si quelqu’un peut m’aider (à traduire, hein, pour le reste, je me débrouillerai) :

  • nous pouvons doubler la taille de votre, ça c’est la partie facile, mais après :
    • bton de bélier ?
    • manche de ramoneur ?
    • boute-en-train ?
    • tige de piston ?

Aidez-moi, je sens que ça va me titiller toute la nuit…

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Goûts de chiottes

J’ai deux types de lectures dans ma vie :

  • les lectures de transport en commun (ou de plumard, mais le plumard peut aussi être un endroit de transports, idéalement en commun)
  • les lectures de chiottes

Les secondes doivent répondre à un cahier des charges précis :

  • ne pas être des romans, car
  • pouvoir être saucissonnables en x fois 5-10 mn
  • ce qui suppose un propos simple, facilement mémorisable (« où en étais-je ? Ah oui… »), et un ensemble de petites notions agglutinées, plutôt qu’un long développement linéaire. Pour donner un exemple, je pense qu’il est difficile de lire Proust aux chiottes. Ou Kundera, et même Giono.
  • La lecture de chiottes doit aussi tenir la distance, puisque, mettons, à deux fois par jour, 2-3 pages chaque fois, il faut entre 50 et 100 jours ouvrés pour finir un livre de 300 pages. (enfin, je ne sais pas, ça dépend des personnes. Par exemple, à mon travail, les chiottes de l’étage ont une porte qui est verrouillée depuis 3 jours. Soit c’est une personne qui lit Guerre et Paix, soit c’est le pire cas de constipation que j’aie jamais vu).

Quelles ont été mes dernières lectures de chiottes (au travail) ?

  • Fractales, hasard et finance, de Benoît Mandebrot, qui hélas est tombé dans la cuvette m’est tombé des mains (trop compliqué)
  • Le monde tel que je le vois, d’Albert Einstein
  • Introductory Finance Textbook, d’Ivo Welch, qui m’a pris presque 1 an
  • Crabe, de Marc Behm (OK, c’est un roman, mais tellement foutraque qu’il peut se lire – sans problème, et avec plaisir – en 50 fois)

et depuis quelques semaines :

  • Entrepreneur malgré moi, d’Yvon Chouinard

Ce dernier livre est une vraie bonne surprise. J’y ai participé, certes, mais de manière très limitée, même si je suis remercié (merci à mon éditeuse) : souvenez-vous, il s’agit de cette recherche sur Chateaubriand qui avait donné lieu au Grand Google Game et sa suite. Mon éditeuse m’avait offert Enfantines pour me remercier. Et quelques semaines après, j’ai reçu cet Entrepreneur malgré moi. Je dois avouer que je l’ai laissé de côté. Malgré d’évidentes qualités de forme (il est imprimé sur papier recyclé, c’est moins rêche pour l’usage que j’envisageais), le fond ne me parlait pas, je bloquais déjà au titre, ça sentait le créatif-cotch-entrepreneur qui écrit le nième livre sur « je suis pas allé à l’école, et c’est pour ça que je vais vous donner des leçons sur comment faire ».
De fait, cette lecture de chiottes m’enchante. Elle répond au cahier des charges. Elle m’inspire. Elle aura droit à sa critique… d’ici quelques semaines (mois ?), suivant les cycles de la nature.

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Lithiase – Saskatchewan

Tel le saumon migrateur
Je remonte le courant de mes e-mails
Revenant aux origines de mon existence numérique
J’exhume dans le limon glacé
Des traces de mon passé
J’entends enfin les échos de voix qui me réclamaient
Qui ne font plus que chuchoter
Au fond du torrent.

« A chaque vague qui le ramenait doucement vers la côte, il opposait un coup de rames têtu. »
Laurent Gaudé, Eldorado, Actes Sud, 2006, p. 145.

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Oxymore, give me more

Je trouve le slogan « la rupture tranquille » d’une grande stupidité. Un oxymore est censé créer une surprise poétique (« un silence assourdissant » comme le propose wikipédia), et non pas une opposition de premier degré. Dans la veine de ce slogan, je propose :

  • l’incendie débonnaire
  • le changement stable
  • la progression conservatrice
  • le surmédiatisé pudique

Vous l’aurez compris, je me refuse à traiter de politique dans ces pages. En revanche, les aberrations de langage (pire : de sens), fût-ce au nom de la créativité, m’insupportent. J’y vois, dans ce cas, un mélange à parts égales entre une inculture chic, et la volonté démagogique de réconcilier tous les électeurs. Tiens, puisque le discours sécuritaire fait florès, et que d’autre part, tout(e) bon(ne) candidat(e) se doit d’avoir des idées sociales, je propose le slogan absolu (qui est bien entendu un oxymore) :

  • la sécurité sociale.
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Essayage

Etonnant comme les femmes, qui savent pourtant ce qu’elles veulent, peuvent être crédules devant une vendeuse. Une bonne vendeuse ne manquant jamais d’imagination quand il s’agit d’argumenter, disant tout et son contraire, le principal étant d’être d’accord avec la cliente. « Il peut se laver à 180° ce body ? » « Oui oui sans problème, il ne rétrécit pas, il s’agrandit même un peu ».
Et une question abyssale : quand, en sortant de la cabine d’essayage, une femme vient se regarder dans une glace, elle a souvent un regard… un peu lointain… ou au contraire en dedans. Que voit-elle exactement ?

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Tout doux liste

J’ai fait une razzia chez mon libraire. Je pense que du coup, je ne rattraperai pas le retard que j’ai pris sur les livres que j’ai lus, et que je n’ai point commentés. J’en fais quand même deux listes, on ne sait jamais.

Livres lus et non encore commentés sur ce bleug :

  • Jean Giono, Ennemonde et autres caractères
  • Erri De Luca, Acide, Arc-en-ciel
  • Stanislas Lem, L’invincible
  • Georges Simenon, La boule noire
  • Marcel Pagnol, Judas
  • Robert Silverberg, Les masques du temps
  • Dennis Lehane, Shutter island
  • (Edit) Anna Gavalda, Ensemble c’est tout

Si je devais choisir, je les commenterais tous. Si je devais choisir ceux sur lesquels j’ai le plus à dire, ce serait Simenon, Pagnol, Lehane. Et un peu de Lem et Gavalda.

Livres/BDs achetés et en instance de lecture :

  • Manu Larcenet, Le retour à la terre (BD), tomes 1 et 2. Déjà lus, tellement c’est bien.
  • Manu Larcenet, Guide de la survie en entreprise (BD), déjà lu. Une citation pour mon projet Prométhée.
  • Dennis Lehane, Prières pour la pluie
  • Andrea Camilleri, L’opéra de Vigàta
  • Eric-Emmanuel Schmitt, L’évangile selon Pilate (livre qui m’a été recommandé après une discussion épique sur le Judas de Marcel Pagnol, cf. supra)
  • Tonino Benacquista (et Tardi), Le serrurier volant
  • Laurent Gaudé, Eldorado (à cause de grâce à Joséphine et Monsieur Jean, je fais mon repentir suite à ce juste rappel à l’ordre – et non pas ce rappel à l’ordre juste)

Si vous avez des intérêts particuliers, demandez-moi une critique (ouvrage déjà lu, ou pas encore).

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J’ai bien fait de m’habiller en noir…

Là, ça merde pas mal, ce matin. C’est pas la bonne journée, et pour paraphraser la chanson des Rembrandts (générique de Friends), c’est probablement pas la bonne semaine, pas plus que le bon mois.
Envie de me casser au Klondyke, tiens. Une bonne (?) nouvelle quand même : Linux Ubuntu 6.06 tourne sur mon portable depuis hier soir, en double boot avec Windows 2000 Pro. Petit sentiment de liberté.

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Novela – Faria [2 / 2]

[…] Le changement advint d’une manière que je n’avais pas anticipée. Aucune pierre ne bougea, aucun bruit ne m’alerta, la nuit était avancée, et seul le lancinant bruit des vagues m’accompagnait. Le changement vint de moi. J’étais allongé sur le sol froid, observant, monomaniaque, mes papiers, quand je me sentis fondre. Ma peau, mes jambes, mon torse, essayaient tout-à-coup de répondre à l’appel du sol, je m’enfonçais dans la terre battue, m’amalgamant peu à peu à la terre, comme si je passais une porte. Je voyais mes papiers se fondre de même, être peu à peu recouverts d’une couche de poussière, puis de sable, enfin de terre solide, disparaître ainsi à mes yeux, tandis que mes mains et mes membres prenaient la teinte d’une composition de Rodin. Quand je fus enfoncé de moitié, quand l’appel froid atteignit mon cœur, j’eus un sursaut de conscience, un bond de carpe, et me retrouvai, le corps baigné de sueur, sur le sol de ma cellule. Je régulai doucement les battements fous de mon cœur, inspirai longuement, puis je me suspendis aux barreaux de la fenêtre. Quand le soleil se leva, quelques heures plus tard, je vis des traces blanches, dérisoires feuilles de papier, flotter le long des rochers de la forteresse, puis être emportées peu à peu vers le large.
De ce jour, je résolus de m’évader.

Je m’y entraînais chaque soir. Je m’allongeais sur le sol, dans la prière et la méditation, et j’essayais de ne pas combattre la houle tellurique qui allait m’emporter. Je ne réussissais jamais. A tout moment, une révulsion, un sursaut, me ramenaient au monde des vivants. Je ne pouvais me résoudre à m’enfoncer, cœur, ongles, poumons, dans la terre, sans promesse de ressusciter. J’essayai la respiration profonde, la projection d’images, la transubstantiation philosophique, je rebtis une à une les cités perdues de l’or, j’alternai calcul différentiel et herméneutique, j’en vins même à tracer des pentacles de magie blanche sur les murs de ma cellule : cette porte m’était refusée, ou plutôt, je la refusais.
Une nuit, couché sur le sol froid, alternant entre la surface et les tréfonds, aspirant à descendre, et redoutant l’enterrement, je fis un rêve. J’étais au milieu des quatre entités, l’air, le feu, la terre, l’eau, et je bougeais, je courais, je dansais, tandis que la terre restait froide, le feu immobile, l’eau glacée, et l’air sans mouvement. Au bout d’un moment, conscient de mon échec, je m’assis, et englobai les quatre éléments. Peu à peu, ils vinrent à moi. D’abord la terre, vague de terreau, m’enveloppa de sa gangue ; puis vint le feu, des profondeurs, qui noircit jusqu’à mes os ; j’aspirai à la fraîcheur, au soulagement, et le vent vint souffler, attisant la combustion, l’activant, et la dissipant finalement, alors que je n’étais plus que poussière ; vint alors l’eau, qui rassembla mes poussières en argile, me modela, me fit revenir à la mer originelle. Dans mon rêve, je devins successivement larve, alevin, poisson, amphibie, mammifère, pré-adamique, puis j’émergeai. Celui que j’étais alors regarda celui qui rêvait, du fond de sa cellule, et me dit : « Viens ».
Le lendemain, je nouai une alliance avec mes héros. Je ne pouvais m’en sortir seul, je contractai donc un pacte avec eux, j’acceptais de ne plus être moi-même, d’abandonner ce que je croyais être ma personnalité, j’écoutai uniquement l’appel de la mer.
Vint la nuit. Je m’étendis sur le sol, plus ascétique que jamais, et je méditai. J’appelais à moi Antée, qui tirait ses forces de sa mère la Terre, et qu’Hercule n’avait pu défaire qu’en l’arrachant au sol. Je me sentis fondre, et acceptai le voyage que m’offrait le demi-dieu. Je vis passer une grille d’atomes, qui me déchira les entrailles, puis une seconde, le temps s’accéléra, et je fus dans la terre. J’étais Antée, et je descendais toujours plus profond dans la matrice originelle. La température montait, la sueur glissait le long de mon corps et je descendais, rigide, fuselé, comme un faisceau d’ivoire dans les profondeurs accueillantes. Mes yeux n’existaient plus, mais je sentis, je vis, la lumière insoutenable, le puits de fournaise vers lequel je plongeai. J’appelai Promothée, la version humaine de Loki, et lui demandai son aide. Nous comparmes nos chtiments, et je le persuadai de m’aider. Il s’avança sur un tapis de braises, me faisant signe de le suivre, et je marchai, pieds nus, entre deux coulées de lave qui s’écartaient à notre passage. Le vent se leva, faisant rougeoyer mon enfer, et des brandons enflammés vinrent me frapper le corps. Je continuai à avancer, seul, la peau noircie, tandis que la chevelure rousse de Prométhée disparaissait loin devant moi. Le vent me glaça, je brûlai, puis devins morceau de charbon, pierre, minéral.
Mes membres se séparèrent, devinrent murs, couloirs, impasses. Mon cerveau devint solide, et je fus Labyrinthe. Mes pensées étaient piégées, perdues, mais je savais qu’il existait une voie, non pas la voie conventionnelle, qui consiste à marcher en cherchant la sortie, mais une voie latérale, une voie qui exige du génie. J’appelai Icare. Il me montra comment une fourmi, qui vit en deux dimensions, peut échapper à la fatalité si elle conçoit une troisième dimension. Avec les yeux d’Icare, je vis que le Labyrinthe n’était pas une succession de couloirs, mais un ensemble de motifs géométriques, un mandala, et que la vraie harmonie était de considérer le Labyrinthe dans son ensemble. Icare s’éleva, et je le suivis. Je vis des murs, des avenues, des gens perdus dans leur vie, courant après des illusions, je vis des cités imbriquées, des ambitions, des rêves. Je vis surtout beaucoup d’idéalistes, forcenés, qui passaient leur vie à chercher la Porte ultime, usant leurs semelles, leurs illusions, leurs mes. Je volais au-dessus d’eux, et ils ne me voyaient pas.
Eaux foetalesIcare volait devant moi, il s’éloignait, j’avais le soleil dans les yeux, je ne le vis pas disparaître. Au dessous de moi, des flots, à perte de vue. Et la citadelle, petite, une scorie sur l’océan. J’appelai Calypso. Elle apparut, impérieuse, carnassière, à jamais inconsolable. « Pourquoi t’aiderais-je ? » demanda-t-elle. « Parce que tu ne peux supporter d’emprisonner quiconque », répondis-je. A ces mots, son regard vira au vert profond, et je plongeai comme une pierre.
Le choc avec l’océan fut une déflagration qui m’éparpilla. Je me retrouvai au fond, couvert d’algues et de coquillages, plus maritime qu’humain. Les poumons me brûlaient, je voyais le soleil, là-haut, à travers mes yeux brûlés de sel. Je donnai un coup de talon sur le sable, et tout mon corps ne fut plus qu’une gigantesque courbature. J’arrivai gauchement à la surface, aspirai l’air comme un veau, pataugeai comme un chien. Le ressac chantait la chanson que j’avais entendue pendant des années, mais le courant me poussait au large.
Couché sur le dos, flottant entre deux eaux, je vis ma petite fenêtre et un homme barbu, suspendu aux barreaux, qui me contemplait sans me voir. Je lui fis un signe triomphant, et il disparut.

Deux jours plus tard, un bateau de pêche me recueillit et me ramena à terre. J’ai consigné ces écrits depuis lors, et demain, je les jetterai dans l’océan, pour qu’ils aillent rejoindre mes précédents papiers, ceux qui m’ont montré le chemin de la liberté.


Cette nouvelle est sous licence Touchatougiciel. Par ailleurs, Creative Commons License
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons.

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Novela – Faria [1 / 2]

Mon cachot s’étend sur trois mètres de longueur, pour deux mètres de largeur. J’y ai été emprisonné il y a trop longtemps, pour une peine oubliée. Je me souviens de mon entrée dans cette prison : des cellules à flanc de rocher, affleurant la mer, une forte odeur saline, et le fracas incessant des vagues. Peut-être à cause de ce mouvement perpétuel des éléments, peut-être à cause de l’injustice de ma condition, je décidai de me battre : je marchais dans ma cellule, je ne restais pas en place. Je pris l’habitude de me hisser aux barreaux de ma fenêtre, à deux mètres du sol, et de là, je contemplais les flots perdus dans le brouillard, indéfiniment. Avec le temps, j’y restais des heures, des jours, en contemplation, comme les moines psychistes de Chandernagor.

The Wall

Ma première erreur fut de me sentir prisonnier. Pendant des mois, j’acceptai mon sort, sans le remettre en cause, me bornant à arpenter ma cellule comme un jaguar. Mais un jour, probablement à cause de l’isolement de ma condition, je frappai violemment la porte, hurlant pour obtenir des livres, et du papier pour écrire. Mon mouvement de folie porta ses fruits : dès le lendemain, je fus approvisionné en feuilles de papier, et je pus bénéficier de quelques livres, il est vrai fort arides. Je me souviens de ce soir où, allongé sur ma couche, je consignai fiévreusement les vicissitudes de ma captivité, dans l’espoir, un peu vain, qu’on me lirait un jour. Mais l’écriture me délassait, et mes peines s’entrelaçaient dans les lignes que je traçais. Epuisé par cet effort, je laissai tomber mes feuillets et sombrai dans un sommeil profond.

Le lendemain, je m’éveillai, reposé comme je ne l’avais guère été depuis des années. Je cherchai mon journal, et ne le trouvai pas au pied de mon lit. Je fis le tour de ma cellule : sans conteste, on m’avait volé mes écrits. Je pensai à la censure, je pensai à l’espionnage, et me ruai vers la porte de ma geôle. Je réclamai en hurlant mes feuilles de papier. Le temps d’attente ne fut pas long : le judas coulissa, et une nouvelle provision de feuilles blanches me fut transmise. Je compris le message : on ne m’interdisait pas d’écrire, mais toute pensée subversive me serait soustraite. Je m’appliquai donc à rédiger de longues pages où ne transparaissait aucune animosité, même si un esprit subtil aurait pu déceler un ton moqueur. Pour me délasser de ma posture assise (étant donné que je n’avais pas de table, j’écrivais assis sur ma couche, le dos au mur), je me hissai aux barreaux, et contemplai l’étendue grise devant mes yeux. Quelques taches blanches, probablement des déchets, flottaient devant les rochers de la forteresse, mais un fort courant les entraîna vers le large. Je continuai à rédiger jusque tard dans la nuit, et m’endormis comme une masse. Au petit matin, je fus surpris : non seulement mes écrits avaient disparu, mais aussi la plume que j’utilisais, ainsi qu’un livre que j’avais posé à côté de mon journal. Les autres livres, posés sur une étagère en face de mon lit, n’avaient pas été touchés. Je décidai de rester vigilant : je couvris quelques feuillets de pensées sans intérêt, et les laissai en évidence sur le sol, tandis que je feignais un sommeil profond. La nuit s’écoula sans que je dorme. Au petit matin, satisfait de ma veille, je me penchai pour récupérer mon bien : les papiers avaient disparu dans la nuit, alors que j’aurais juré qu’aucun être n’avait pénétré cet espace. J’arpentai la cellule, à l’affût de toute cachette, trappe, fente qui eût pu laisser passer quelqu’un, ne serait-ce qu’une main, sous mon lit, sans que je réagisse. Je ne trouvai rien, malgré ma vigilance et le temps que j’y passai (de toute mes possessions, le temps était le bien dont j’étais le plus riche). Je décidai de découvrir ce mystère, et dans ce but, je me couchai sur le sol, observant fixement les quelques papiers que j’avais laissés traîner. Je vis le soleil se coucher, ses rayons imprimant de nouveaux barreaux sur le mur de ma cellule. L’obscurité vint. Je respirais lentement, comme un homme endormi, mais j’étais en état de réceptivité totale.

Le changement advint d’une manière que je n’avais pas anticipée. Aucune pierre ne bougea, aucun bruit ne m’alerta, la nuit était avancée, et seul le lancinant bruit des vagues m’accompagnait. Le changement vint de moi. J’étais allongé sur le sol froid, observant, monomaniaque, mes papiers, quand je me sentis fondre. Ma peau, mes jambes, mon torse, essayaient tout-à-coup de répondre à l’appel du sol, je m’enfonçais dans la terre battue, m’amalgamant peu à peu à la terre, comme si je passais une porte. Je voyais mes papiers se fondre de même, être peu à peu recouverts d’une couche de poussière, puis de sable, enfin de terre solide, disparaître ainsi à mes yeux, tandis que mes mains et mes membres prenaient la teinte d’une composition de Rodin. Quand je fus enfoncé de moitié, quand l’appel froid atteignit mon cœur, j’eus un sursaut de conscience, un bond de carpe, et me retrouvai, le corps baigné de sueur, sur le sol de ma cellule. Je régulai doucement les battements fous de mon cœur, inspirai longuement, puis je me suspendis aux barreaux de la fenêtre. Quand le soleil se leva, quelques heures plus tard, je vis des traces blanches, dérisoires feuilles de papier, flotter le long des rochers de la forteresse, puis être emportées peu à peu vers le large.

De ce jour, je résolus de m’évader.

à suivre…

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Caillou – Où es-tu ?

Aveugle

J’ai été saturé de tout :
saturé de chair, de boisson,
de nourriture, de pensées et d’écrits.

J’attends l’étincelle.

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Fluctuat nec dormitur

Solitude standing Si je plaçais le temps que j’ai passé en insomnies, et que je capitalisais les gains sur un PEA, de telle sorte que je sois défiscalisé au bout de 5 ans (sauf CSG CRDS)
… quelles hibernations je pourrais me payer.
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CD écouté / DVD vu : Tryo fête ses 10 ans…

Je trouvais cela très paradoxal, pour ne pas dire complètement stupide, de regarder un concert de Tryo sur un DVD. Soit on est dans la salle, soit on écoute un CD, mais regarder un concert sur un écran de télé ou d’ordinateur portable, c’était comme de faire des palmes dans un bocal à poissons rouges.
Eh bé non, voilà une expérience qui est fort intéressante.
Tryo Le DVD (Tryo fête ses 10 ans…, Salut Ô productions, 2006) est en fait constitué de 2 DVDs (le concert, et les bonus) et d’un CD du concert.
Tout cela se regarde et s’écoute avec beaucoup de plaisir. J’avais d’abord peur de la confrontation "tryo petit groupe à petites salles" et "Zenith de Paris grande salle commerciale". Le début en est impressionnant. Une foule, que dis-je, une succession de vagues de bras qui, filmés par la caméra, donnent l’impression d’une mer aux rivages très très lointains. 1er effet kiss cool d’un film de concert : on est successivement au-dessus, en face, sur les côtés, bref, c’est du match de foot dans son fauteuil, avec tous les ralentis et les gros plans qui vont bien. Bon OK, il y a la foule, dense, remuante, on entend le groupe qui a commencé à jouer, mais où sont-ils ? La scène est vide…
En fait, Tryo commence ce concert par une mise en jambes, sorte de pot-pourri de leurs différentes chansons, en partant du fond de la salle. Diablement impressionnant, parce qu’ils progressent doucement, à 4, au milieu de la foule, égrenant différentes chansons, passant de l’une à l’autre tout en se rapprochant de la scène, avec tous les spectateurs qui les voient arriver, passer devant eux, sans aucun service d’ordre visible, du genre "pardon vieux, je passe". Superbe. Comment transformer une gigantesque salle de concert, remplie comme un oeuf, en happening humain.
Puis ils arrivent à la scène, et le concert démarre. Et là encore, je suis bluffé, probablement parce que je ne vais plus aux concerts depuis des années : il y a une vraie mise en scène, des éclairages, des décors, l’utilisation judicieuse des grands écrans (non pas pour dupliquer les visages des interprètes, mais pour passer des séquences, voire permettre au groupe de jouer avec les images). Il y a du Pink Floyd là dedans, quand l’expérience était autant visuelle que sonore, bref, psychédélique.
2ème effet kiss cool : un DVD de concert, c’est comme un CD : on peut sauter des chansons, revenir en arrière, et cela procure un grand confort. Je touche du doigt, pour la première fois, l’opposition "match de foot vu depuis le terrain" / "match de foot vu à la télé", mais là, avec une dimension supplémentaire : c’est moi qui décide quelle action de jeu je vais regarder à nouveau, je file directement au solo qui me plaît, je reviens à l’intro. Mon concert personnel, en quelque sorte.
Et la musique là-dedans ? C’est amusant, parce que l’on sent le groupe qui a beaucoup tourné, qui se sent à l’aise sur une scène, probablement même plus que dans un studio. Cela me rappelle tous ces groupes qui se sont formés sur le tas, directement dans des petites salles de concert, et la notoriété est venue progressivement, après : Les négresses vertes, La mano negra, et depuis plus longtemps encore, Bill Deraime ou Paul Personne. J’aime bien ce côté "on a 10 ans de galères, de petites salles et de routes de campagne derrière nous". Du coup, cela donne des chansons très fluides, avec toutes les ruptures qu’on peut souhaiter par rapport au studio, chaque chanson est réinventée.
J’arrête là le panégyrique, mais cela le méritait : le mariage improbable d’un support pro-cocooning (le DVD) et d’un événement qui ne peut être que public (le concert) ne m’aurait pas semblé aller de soi. Je me trompais. Bien joué les ptits gars.

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