Ce qui m’énerve #17

Les micros des téléphones portables sont trop sensibles. On entend la voix de l’interlocutrice (je n’ai que des interlocutrices, c’est comme ça), mais aussi, en arrière plan : des enfants qui piaillent ; des oiseaux qui piaillent ; des boeings qui atterrissent (en piaillant) ; Jean Piat, à la télé.
M’énerve.
D’autant plus que je ne peux pas dire : « euh, pourrais-tu t’enfermer dans un caisson insonorisé pour me parler ? »

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Projet Thanatos

J’aimerais bien écrire mon épitaphe, ou plutôt, mon discours d’adieu, le truc qu’on pourrait lire quand je serai mort. C’est pas tant que je me méfie de ce que mes proches diront de moi, mais comme ils livreront des versions différentes (toutes vraies en partie), j’aimerais juste rajouter ma version, une touche de peinture de plus sur le tableau.

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Aphorisme # 40

Lors de mes soirées d’anniversaire, je ne sens jamais mon ge. En revanche, le lendemain…

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Métro

La plupart d’entre eux sont laids, alors que moi, je suis juste gris.

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Magnolia Express – 3ème Partie – # 21

Les îles enchantées
 
Après son tour de chant, après qu’il eut joué du yukulélé debout sur une table en tapant du pied, qu’il eut été porté en triomphe dans toute la grange et à l’extérieur, Bob passa entre les tables, les hommes lui donnaient des bourrades affectueuses, les femmes lui parlaient en le regardant un peu par en-dessous, mais lui gardait l’air de celui qui ne voit rien, rêveur détaché du monde. Enfin il arriva vers notre table, où Vieux Bill lui faisait de grands signes. Il s’installa à côté de Conrad, qui commanda une bière et la lui servit.
– ça a l’air de sacrément dessécher le gosier …
– C’est rien de le dire, partner, c’est rien de le dire.
 
Il se tourna vers Vieux Bill :
– Comment va Théa ?
– Toujours le grand amour, je suppose. En tout cas, elle reste avec lui.
– C’est bien, sourit Bob.
Vieux Bill nous présenta collectivement (« Des pèlerins, Bob, des pèlerins ») et l’on trinqua. Conrad n’avait d’yeux que pour la guitare que Bob tenait doucement entre ses jambes :
– Sacré instrument, dit-il avec une moue admirative, la dernière que j’ai vue, c’était il y a une dizaine d’années, chez un vieux polonais brocanteur, à Petaluma, lui même la tenait d’un chercheur d’or …
Bob redressa la tête, l’oeil allumé :
– C’est celle-là même, partner. Je l’ai échangée contre le yukulélé de mon grand-père, il y a neuf ans.
– Pour une coïncidence, grommela Conrad d’un air amusé. Il se grattait lecrâne en regardant cette guitare, un peu attendri de ces retrouvailles, comme un ours sentimental qui retrouverait un vieux copain. Bob et lui se mirent à parler musique, survolant le delta du Mississippi, les bayous de Louisiane, et Conrad évoqua ces pays lointains :
– Tu devrais aller jouer là-bas, vieux, ils ont besoin de toi …
Bob soupira, fit glisser rêveusement une main sur la partie métallique de sa guitare.

– Tu sais, il y a peu de gens qui apprécient ce type de musique… J’en ai fait ma vie (je me demande parfois si la nuit, je ne joue pas pour mes compagnons de rêve), mais, par moments, j’ai l’impression … d’être un homme analogique dans un monde numérique. De ne plus vraiment avoir de place.
Et en disant cela, il tenait un pan de sa jaquette, le regardait d’un air songeur, le laissait retomber.
 
Allons bon, me dis-je, une me en peine.

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Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Le roman, dans l’ordre, est
.

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Magnolia Express – 3ème Partie – # 20

Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de Dead cat on the line, par Bob Brozman, sur le CD Blues Reflex, Ruf, 2005. Le disque est en vente ici.

Marée humaine
 
Au moins une fois dans ma vie, je le dis, j’aurai vu une assemblée se soulever comme la mer, avec un grand appel, une foule animée, chaleureuse, lançant des vivats à un petit musicien de cambrousse qui faisait résonner sa guitare sur scène.

Bob Brozman jouait des valses twistées,
des chants tahitiens langoureux,
des blues purs,
ça racontait des exploits de John Henry, le colosse qui bâtissait des voies ferrées tout seul,
ça parlait d’un fantôme qu’il avait rencontré dans le moteur d’un autocar Greyhound, « coincé là comme un génie dans une bouteille de bourbon »,
et le jour où l’on avait voulu attaquer sa guitare à l’ouvre-boîtes (mais l’ouvre-boîtes s’y était cassé les dents),
et les îles enchantées où-les-paupières-des-femmes-sont-des-rideaux-d’amour,
tout cela nous remuait les zygomatiques, la salle ronronnait doucement entre les vivats, on était comme en famille, allez, l’Homme n’est pas foncièrement méchant.

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Le roman, dans l’ordre, est
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Magnolia Express – 3ème partie – # 19

Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de One steady roll, par Bob Brozman, sur le CD Blues Reflex, Ruf, 2005. Le disque est en vente ici.

Ballade
 
Au fond de la salle, une lumière s’alluma, dévoilant une petite estrade de bois. La rumeur s’adoucit brusquement, on entendait encore un ronronnement de conversations, les bouteilles de bière qui tintaient, le bruit des chaises sur le plancher de bois. Puis un jeune gars arriva en costume, avec une jaquette sombre et une chemise immaculée, comme une gravure de mode des temps anciens. Il portait deux étuis noirs, brillants, un grand et un petit. Il s’installa sur l’estrade, à califourchon sur une chaise, et sortit de son grand étui une guitare d’acier étincelante, une de ces antiquités sonores issues du delta du Mississippi.
National Style N… 1931, souffla Conrad avec respect, et Vieux Bill hocha la tête.
 
Le gars-gravure gratta un ou deux accords, puis commença à jouer un blues javanais, une musique d’accompagnement sautillante et glissante sur laquelle il chantait avec une voix de basse ronde et chaude :
 
Quand j’ai acheté ce vieux frigo
Bon sang y faisait si chaud, si chaud
Que du Kentucky à L’Ohio ou-oh
Les bières me demandaient à boire, à boire
 
Oh mon frigo ou-oh
Mon vieux copain, mon vieux poteau
J’te porterai dessus mon dos ou-oh
Du Kentucky à l’Ohio
 
Tu sais nous on est des cheminots
Jamais d’maison jamais d’repos
Juste une galette jambon-fayots ou-oh
Dégustée su’l bord d’un trottoir, trottoir
 
Oh mon frigo ou-oh
Mon vieux copain, mon vieux poteau
J’te porterai dessus mon dos ou-oh
Du Kentucky à l’Ohio

Puis un solo époustouflant, où le gars utilisait la caisse de résonance comme une percussion tandis que ses doigts couraient avec vélocité sur le manche, ça faisait dzing dzing TAC toing tong BOUM TAC et la salle chahutait joyeusement en rythme, le plancher en vibrait.

Quand s’ra venue l’heure du tombeau
Ne pleurez pas, pas de sanglots
Enterrez-moi ‘vec mon frigo ou-ho
rempli ras-bord de bières à boire, à boire …
Oh mon frigo ou-oooooh…
 
Arriva un second solo pas piqué des hannetons, et tout en jouant, le gars-gravure se balançait légèrement, on voyait les pans de sa jaquette qui battaient la mesure. Et tandis que ses doigts glissaient le long des cordes, tandis qu’il était environné de cette musique tintinnabulante, il fredonnait pour lui tout seul, hors du temps, il lâchait juste de temps en temps un Wouap Wouap rocailleux, la musique était sa rivière de chercheur d’or.

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Le roman, dans l’ordre, est
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Mine de crayon

On nous rebat les oreilles de développement durable, et je suis comme tout le monde, je fais mes petits efforts, je remplis le lavabo d’eau chaude quand je me rase au lieu de laisser couler l’eau, je trie mes déchets, je n’imprime que le strict nécessaire.
Mais il y a des choses qui me trouent.
J’ai un crayon à papier, fourni par mon institution, avec le logo qui va bien. J’ai récupéré un taille-crayons aux fournitures, le modèle de base, une lame, corps doré, c’est l’utilisateur qui tourne d’un mouvement vif du poignet.
Eh ben merdre. La mine du crayon casse à chaque fois. Alors Zuip zuip zuip, je retaille, et snap, ça re-casse, je me retrouve avec un bout de graphite en degré de liberté.
Donc, je souligne une chose évidente : le temps où nous aurons tous une conscience environnementale, sera le le temps où nous aurons tous une conscience environnementale. Depuis le fabricant de crayons à papiers jusqu’à l’utilisateur final, en passant par le responsable des achats (à ce propos, un lien utile, hop).
Parce que ce serait tellement facile de me ruer sur les porte-mines en plastique made in china qu’on n’a pas besoin de recharger, on les jette, ils sont incinérés et deviennent des jolies petites particules dans les poumons de nos enfants. Mais moi je veux pas. Au risque de réduire ma sacro-sainte productivité.

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Caillou – Messiaen


Un vol d’étourneaux
Les ailes en hyperfréquence
Au-dessus du banc de sable.

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Spam

Après un temps de silence (qui pourrait se renouveler), devperso.fr a accouché d’un billet. Comme quoi, ça valait la peine, d’acheter un (trois) nom(s) de domaine. Je suis un financier, je m’engage dans des trucs à coup sûr !

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