CD écouté / DVD vu : Tryo fête ses 10 ans…

Je trouvais cela très paradoxal, pour ne pas dire complètement stupide, de regarder un concert de Tryo sur un DVD. Soit on est dans la salle, soit on écoute un CD, mais regarder un concert sur un écran de télé ou d’ordinateur portable, c’était comme de faire des palmes dans un bocal à poissons rouges.
Eh bé non, voilà une expérience qui est fort intéressante.
Tryo Le DVD (Tryo fête ses 10 ans…, Salut Ô productions, 2006) est en fait constitué de 2 DVDs (le concert, et les bonus) et d’un CD du concert.
Tout cela se regarde et s’écoute avec beaucoup de plaisir. J’avais d’abord peur de la confrontation "tryo petit groupe à petites salles" et "Zenith de Paris grande salle commerciale". Le début en est impressionnant. Une foule, que dis-je, une succession de vagues de bras qui, filmés par la caméra, donnent l’impression d’une mer aux rivages très très lointains. 1er effet kiss cool d’un film de concert : on est successivement au-dessus, en face, sur les côtés, bref, c’est du match de foot dans son fauteuil, avec tous les ralentis et les gros plans qui vont bien. Bon OK, il y a la foule, dense, remuante, on entend le groupe qui a commencé à jouer, mais où sont-ils ? La scène est vide…
En fait, Tryo commence ce concert par une mise en jambes, sorte de pot-pourri de leurs différentes chansons, en partant du fond de la salle. Diablement impressionnant, parce qu’ils progressent doucement, à 4, au milieu de la foule, égrenant différentes chansons, passant de l’une à l’autre tout en se rapprochant de la scène, avec tous les spectateurs qui les voient arriver, passer devant eux, sans aucun service d’ordre visible, du genre "pardon vieux, je passe". Superbe. Comment transformer une gigantesque salle de concert, remplie comme un oeuf, en happening humain.
Puis ils arrivent à la scène, et le concert démarre. Et là encore, je suis bluffé, probablement parce que je ne vais plus aux concerts depuis des années : il y a une vraie mise en scène, des éclairages, des décors, l’utilisation judicieuse des grands écrans (non pas pour dupliquer les visages des interprètes, mais pour passer des séquences, voire permettre au groupe de jouer avec les images). Il y a du Pink Floyd là dedans, quand l’expérience était autant visuelle que sonore, bref, psychédélique.
2ème effet kiss cool : un DVD de concert, c’est comme un CD : on peut sauter des chansons, revenir en arrière, et cela procure un grand confort. Je touche du doigt, pour la première fois, l’opposition "match de foot vu depuis le terrain" / "match de foot vu à la télé", mais là, avec une dimension supplémentaire : c’est moi qui décide quelle action de jeu je vais regarder à nouveau, je file directement au solo qui me plaît, je reviens à l’intro. Mon concert personnel, en quelque sorte.
Et la musique là-dedans ? C’est amusant, parce que l’on sent le groupe qui a beaucoup tourné, qui se sent à l’aise sur une scène, probablement même plus que dans un studio. Cela me rappelle tous ces groupes qui se sont formés sur le tas, directement dans des petites salles de concert, et la notoriété est venue progressivement, après : Les négresses vertes, La mano negra, et depuis plus longtemps encore, Bill Deraime ou Paul Personne. J’aime bien ce côté "on a 10 ans de galères, de petites salles et de routes de campagne derrière nous". Du coup, cela donne des chansons très fluides, avec toutes les ruptures qu’on peut souhaiter par rapport au studio, chaque chanson est réinventée.
J’arrête là le panégyrique, mais cela le méritait : le mariage improbable d’un support pro-cocooning (le DVD) et d’un événement qui ne peut être que public (le concert) ne m’aurait pas semblé aller de soi. Je me trompais. Bien joué les ptits gars.

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0 réponse à CD écouté / DVD vu : Tryo fête ses 10 ans…

  1. Anass dit :

    En plus d’avoir un blog badin, notre cher professeur d’AFB écouterait du Tryo ! J’en suis pantois !

  2. Docthib dit :

    Sorry… (I hang my head in shame). J’écoute aussi la chanson du dimanche, c’est vous dire si je suis vendu aux jeunes…

  3. Kate dit :

    … dit l’homme capable de citer les titres des 13 épisodes de Los Angeles Années 30, et sans Wikipedia à portée de main… 🙂

  4. Docthib dit :

    Vous me flattez, Kate. Je peux chanter la musique de Los Angeles années 30, me rappeler du nom du héros (il doit l’épeler à chaque fois qu’ils se fait annoncer, Jack Axminster), mais hélas, je n’ai pas mémorisé les 13 titres. C’est l’ge, ma pauv dame…

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