Caillou – Titan-ice

Du paquebot-montagne
Sortent des nuages
Par la cheminée.

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Film vu – Pars vite et reviens tard

J’ai donc vu ce film dont j’attendais avec impatience la lecture, étant donné qu’il est adapté d’un roman de Fred Vargas, déjà abondamment analysée, et citée, voire encensée, en ce lieu.

Quelques idées, et une esquisse :

Les points forts (à mon sens)

  • Une bonne adaptation, très fidèle au texte, qui réussit l’exploit de résumer un livre de plusieurs centaines de pages en 2h. Merci Régis Wargnier.
  • Un Paris bien capté, nocturne et angoissant.
  • Une musique qui colle au film et à la tension. Merci Patrick Doyle.

Les points plus discutables, mais clairement subjectifs

  • Danglard n’est pas Danglard, mais il est très bien capté, et finalement, il est parfaitement et totalement plausible. J’aurais quand même aimé pouvoir me dire « C’est lui ! Bon sang, c’est génial ! »
  • Retancourt n’est pas Retancourt, pour des raisons évidentes (pour ceux qui ont lu les livres), mais qui importent peu (on verra si c’est la même actrice pour « Sous les vents de Neptune », ça m’étonnerait fort…)
  • Camille n’est certainement pas Camille.

Le point le plus discutable, et farouchement non subjectif

  • Adamsberg n’est pas Adamsberg.
  • José Garcia joue très bien, comme souvent, mais il campe un personnage à mi-chemin entre José Garcia (mais qui est José Garcia ? haha) et Jean-Baptiste Adamsberg
  • C’est évident pour toute personne qui a lu un des livres où le commissaire Adamsberg apparaît : il y a des traits physiques tellement marqués qu’ils s’impriment dans la mémoire, et puis, aussi, un caractère éminement particulier

Mais pour appuyer mon propos, rien de tel qu’un petit croquis : sortant du cinéma, j’étais en même temps très satisfait du film (cf. points positifs) et gêné (cf. ultime point). J’ai donc dessiné ce que je pense être le visage d’Adamsberg.

Deux commentaires sur ce dessin, et j’en ai fini :
– on se rend compte que, sans que je l’aie fait exprès, Charles Denner aurait probablement fait un très bon commissaire Adamsberg
– je ne suis pas entièrement satisfait du dessin, mais j’ai fait au mieux. Mon Adamsberg de pensée a des sourcils plus fins, pas broussailleux, et un visage plus large. Je suis content du nez, des pommettes, des cheveux, de l’oreille. Je ne suis pas content de la perspective, qui montre tous les progrès restant encore à faire… Eh quoi, je débute, mon bon monsieur, je débute…

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Equaskion

PS : Pour ceux qui essaieraient de résoudre l’équation, ou au moins d’en préciser une inconnue, je rajouterai : « il n’y avait pas qu’un seul arc ».
PPS : en revanche, le lumbago est quasiment guéri.

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Ah, ptit beurre, Zdé

On peut toujours ergoter sur sa date de naissance, mais ce blog a connu son premier thibillet il y a maintenant un an. Ouéééé.
Ce thibillet étant le 322ème, je vous laisse calculer la moyenne hebdomadaire. N’oubliez pas que :

  • je ne poste jamais le week-end (ou alors très rarement, par exemple les matins de marathon…)
  • j’ai énormément de vacances

Ce qui me permet, par une transition diaboliquement subtile, de vous annoncer que ce bleug prend quelques jours de vacances, et moi itou. Mettez cela sur le compte du lumbago (qui se résorbe doucement, merci), de la fin de la première partie de Magnolia Express, et de l’angoisse de nouveaux cours qui vont commencer lundi prochain.
Je remercie mes 1500 visiteurs uniques quotidiens, et mes 372 000 visiteurs uniques sur un an (auxquels on doit défalquer quelques 170 000 qui venaient pour se goinfrer des morceaux musicaux, reste un gros 200 000, et là dedans, combien sont d’opinitres vendeurs de viagra et d’assurance auto ?).
Mais là je vais dormir.

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Magnolia Express – 1ère partie – # 19

Jack Kerouac, et quelques paysages
 
– Alors c’est vrai, vous allez fermer ?
– Temporairement, ne vous inquiétez pas.

Et Aline ajoutait : « ça lui fait autant de mal qu’à vous, vous ne voyez pas ? ». Elle venait se blottir contre moi, elle savait que je faisais ça pour elle, mais comment eût-elle pu savoir que cette Librairie, c’était toute ma vie, comme si j’étais le capitaine d’un bateau un peu rafistolé, avec lequel j’avais parcouru les mers du globe si longtemps que désormais, je ne savais plus rien faire d’autre, j’étais juste bon à scruter loin devant en prévision des typhons, car je savais que nous coulerions ensemble, que les fonds marins nous accueilleraient dans un feu d’artifice de bulles dorées.
Mais comment eût-elle pu deviner que cette maison, cette rivière, ce renard qui passait étaient les seuls garants pour moi d’un monde qui tournait aussi vite que les pales d’un ventilateur, j’étais passé une fois à travers sans me blesser, il ne faut pas tenter le sort plus d’une fois.
Comment eût-elle pu deviner que sous ce masque insouciant, mon esprit déjà tourné vers le départ comme un ours qui se prépare à hiberner, mon âme enfermait un ouragan de passions, une flamme qui me disait « Attrape chaque objet, chaque paysage, regarde-les jusqu’à satiété, tu pars au pays des rêves brisés. »
Mais comment eût-elle pu deviner, dans ces tourments, que cela ne représentait rien à côté de partir avec elle, à me dire que chaque matin, après avoir dormi ensemble, rêvé ensemble, partagé ce qu’il y a de plus intime, nous nous réveillerions face à un paysage différent, un paysage de poussières ocres et de soleil vertical, un paysage de déserts où la route s’étend en tremblant dans la chaleur, un paysage de nuit avec le bruit des herbes saguaro qui roulent vers l’infini.
 
En fermant la librairie cet soir là, j’ai eu comme un doute. Aline m’attendait sur le trottoir, silencieuse, j’avais déjà donné un tour de clé, mais je suis rentré à nouveau, ai grimpé à l’échelle, ai pris Sur la route de Jack Kerouac. C’était dans les premiers chapitres, j’ai relu les quelques lignes, c’était bien ça.
Je me retournai vers la porte, Aline était dans l’embrasure, un petit sourire consolateur aux lèvres, et la lune nouvellement levée projetait l’ombre de la pancarte « Fermé pour un peu plus de trois jours » sur le plancher de la librairie. J’ai su que nous étions déjà partis.
« Somewhere along the line, I knew there’d be girls, visions, everything ; somewhere along the line the pearl would be handed to me ».

Fin de la première partie.

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Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Le roman, dans l’ordre, est
.

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Défi, fa, sol

Atchoum s’y est collé, suite à une de mes tentatives illusoires de cerner le plaisir.
A mon tour donc, en essayant de réintroduire du radioblogclub dans ces pages. (rappel : si vous aimez ces morceaux, achetez-les).

Liste d’intros à cappella (ou presque) que j’aime bien : (sans ordre)

  • Kiss from a rose – Seal

    (et Violet, unplugged)
  • I will rise – Ben Harper
  • Les parfums de sa vie – Art Mengo
  • Que reste-t-il de nos amours ? – Charles Trenet, reprise d’Eddy Mitchell (ben oui, il la commence a cappella et j’aime bien Monsieur Eddy)
  • Louie Louie – Beach Boys, version de Pow Wow
  • Barbara Ann – Beach Boys
  • Don’t worry be happy – Bobby Mc Ferrin (déjà atchoumé)
  • I want it all – Queen (presque atchoumé)
  • Why don’t you do right – Jessica Rabbit (en fait, Amy Irving), dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ?.

    C’est la version la plus sexy qui soit de cette chanson, un peu comme le « Happy Birthday Mr. President » de Marylin Manson Monroe (plutôt le début…).
  • Merci France Telecom – Tryo

    (ou l’hymne de nos campagnes, atchoumé)
  • Moon over Bourbon Street – Sting (ok, je triche un peu, mais c’est essentiellement à capella)
  • Down to the river – Alison Kraus, B.O. de O’Brother where are thou
  • Lean on me – Hootie and the blowfish
  • Slip slidin’ away – Paul Simon
  • Asimbonanga – Johnny Clegg
  • Classic – Adrian Gurvitz (bon, pareil, un peu exagéré…)
  • If we ever – Take Six (impossible à trouver, je vous en mettrai un extrait audio de 19 secondes en mono si vous insistez)

Et puis une qui a ma préférence, vous comprendrez peut-être pourquoi (c’est très subliminal) :

  • Vive le vin – Chanson Plus Bifluorée
  • et des mêmes, pour nous rajeunir : Petit Pasqua Noël – Chanson Plus Bifluorée

Et enfin, ça ne qualifie pas tout à fait, mais ça m’aurait fait mal (aïeuh) de ne pas les mettre :

  • Sugar Baby Love – The Rubettes
  • Good vibrations – Beach Boys
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Magnolia Express – 1ère partie – # 18

De pancartes jalonner notre vie
 

Ça c’était vraiment un problème. Ça n’est pas facile d’abandonner quelques lecteurs fidèles, qui viennent vous voir régulièrement, avec dans les yeux une petite attente. Ils vous posent des questions, expliquent leur recherche, et puis on se retrouve penchés ensemble à réfléchir, on tâtonne un peu, c’est très délicat, à la fin on tombe d’accord sur un livre et ils l’emportent, un peu rassurés, un peu anxieux. Certaines fois ils reviennent souriants « Oh oui vraiment, il était bien, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit pour le finir ». Ou bien ils ne disent rien, ou bien, avec un petit ton désolé « Non, je n’ai pas tellement aimé, je suis peut-être un peu difficile, j’imaginais autre chose ». Souvent, ils réinventent le livre qui leur aurait plu, puis on cherche à nouveau ensemble.
Alors c’était vraiment un problème de savoir quoi leur dire sur la pancarte. Nous sommes rentrés à la maison, et on discutait, nous n’avions pas les mêmes idées.
 
Voilà ce qu’Aline proposait :

Fermé pour un mois
Fermé pour cause de recherche d’identité
Fermé pour travaux intérieurs
Fermé pour cause d’inventaire
Fermé pendant la mousson (elle aimait bien celui-là, et ses yeux pétillaient quand elle me l’avait dit)
Fermé
 
Pour ma part, je pensais plutôt à :

Fermé pour un mois, peut-être moins
Fermé pour cause de mission
Nous ne sommes pas partis définitivement
Fermé temporairement
Fermé pendant les vacances libraires

Nous étions au moins d’accord sur un point : le point justement. Il ne fallait pas mettre de point après l’inscription, même pas trois petits points. Juste une pancarte ouverte sur l’avenir.

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Le roman, dans l’ordre, est
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Aïeuh

Il y a deux types de personnes dans la vie : ceux qui ont déjà couru un marathon, et les autres ; il y a aussi ceux qui ont déjà eu une crise de calculs (rénaux, hein, pas financiers) et ceux qui ne savent pas ce que c’est ; il y a aussi ceux qui ont déjà eu un lumbago, et les autres. Je fais partie de ce Grand Chelem tant envié, de connaître / avoir connu les 3 situations.
Les points communs, évidemment, sont :

  • la douleur
  • l’impotence / l’incapacité à se mouvoir
  • la douleur
  • l’impression que ça n’en finira jamais
  • avoir mal à des endroits qu’on oubliait tous les jours, qu’on savait même pas qu’il y avait des veines des artères des globules qui pulsaient dans ces coins-là du corps

(et ai-je mentionné la douleur ?)
Je me disais « chic, chic, je suis comme Gurney Halleck dans Dune, jamais à court d’une citation appropriée » et paf, je me rends compte que j’ai prêté Echine (de Philippe Djian) et que je n’ai donc pas accès à ce passage sur le lumbago du narrateur.
Le plus marrant (oui, je suis joueur), c’est l’ensemble des postures :

  1. allongé sur le canapé, 112 coussins sous les jambes, ça va, royal, sauf quand il faut changer le CD
  2. pivotation tel le cloporte moyen, jambes repliées, basculer sur le côté
  3. instant délicat où on reste à l’affût de son corps, tout en se disant « faut pas que je reste trop longtemps dans cette position ». Le grand paradoxe. Par exemple, ce matin, j’ai eu droit 4 fois au Glong, ça mériterait une batana, mais c’est trop compliqué à expliquer.
  4. se relever raide comme une planche à pain inclinée à 20°
  5. marcher comme un petit (vraiment petit) vieux (vraiment vieux)
  6. de temps en temps je croise mon reflet dans un miroir, j’hésite entre m’apitoyer et me foutre de ma gueule. Mais si je rigole de moi, ça va me déprimer, ou me reprimer, je ne sais plus. Paradoxe de nouveau.

Glong : n.m. lors d’un lumbago, sentir tout à coup un muscle dans le bas du dos qui se déplace brutalement (idéalement, en laissant une sensation de brûlure), et ressentir comme si une corde à piano avait donné un bon coup dans la vertèbre S2. Vivre un moment qui semble éternel, une infinité de temps compactée en un seul atome. Avoir le sentiment que si on éternue, les vertèbres vont dégringoler sur le plancher. Illusion d’être un squelette de Brachyosaure dans la Grande Galerie du Jardin des Plantes.
Se fendre d’un « Ayeuh » propitiatoire (à défaut d’adopter une attitude hiératique, j’essaie d’attendrir les dieux avec quelques rites).

Et puis tout ça, c’est sauter de la poële pour retomber dans le feu : je vais enfin avoir le temps de répondre à mes mails (plus de 260 au compteur), ayeuh, et de mettre à jour le livre numéro 1 (ayeuh), en attendant de m’attaquer au passage du livre numéro 2, vingt pages, une paille (ayeuh), une payayeuh.

‘Reusement que j’avais eu une frénésie d’achat de CDs : Chris Réa, Arthur H, Higelin, Bill Deraime, les Notting Hillbillies, Jamiroquai (bon, pas tout, il est un peu énervant), Paul Personne, Coco Robicheaux…

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C’était couru

Somatisation depuis des mois, tentatives d’évasion, grosse grosse déprime, toutes les conditions étaient bien réunies, elles avaient tenu leur conseil de guerre, échangé leurs codes façon commando, et puis, au moment où je m’y attendais le moins, probablement aussi, le moment où ça devait m’embêter le plus :
Lumbago.

Un vrai, un méchant, le père des lumbagos de la terre.
Piqûre de Voltarène, annulation probable du ski, et je ne parle pas du Marathon de Madrid (avril 2007).
Je n’en suis évidemment pas à planifier la suite mais qui sait, peut-être que depuis un canapé, le portable sur les genoux, je pourrai écrire un peu ?
Toujours voir le côté positif, mon frère…

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Désolitude

Je commence à être inquiet.
Au milieu de tous,
supposément bien ajusté,
Je m’enfonce dans une grande solitude.
De moins en moins de contacts,
beaucoup de futile, d’évanescent.
J’appréhende les prochaines années avec inquiétude.

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Magnolia Express – 1ère partie – # 17

Nouvelles de la région
 
« Comme chaque année depuis maintenant plus d’un siècle, la Fiesta va animer la ville de Tijuana pendant quelques jours. Des processions, des spectacles en plein rue, mais aussi des forains, des gens du cirque qui reviennent chaque année pour le plus grand plaisir des habitants. Enfin, cette année, en sus du traditionnel marché de la brocante, un gigantesque marché aux livres permettra aux amateurs de mettre la main sur l’exemplaire qu’ils cherchaient depuis des années. Trois jours sans dormir, pour bien passer l’année. »
Je savais qu’en lui tendant cet article, je n’avais pas vraiment le choix : nous allions partir vers ce pays des rêves brisés, à la recherche de son Eldorado, sans savoir vraiment ce qu’il y avait au bout. Mais j’étais content, sûr de moi, sûr d’elle, c’était un voyage qu’il fallait faire parce qu’elle en avait besoin, mon petit chat aventureux.
 
Elle inclina sa tête vers moi, je voyais ses cils qui battaient un peu sur sa joue, son regard clair et sa petite fossette qui se préparait à sourire. Il était temps de parler, de lui montrer que j’avais tout prévu, arrangé, calculé, pesé, soupesé à la balance de l’existence :
– si tu veux, on y va. Je n’ai rien prévu, arrangé, calculé, pesé ou soupesé, parce que tout est simple : on ferme la maison, on charge Libellule, et on s’envole dans le soleil couchant.

Elle sourit en me regardant en coin :
– et la librairie ? et les oiseaux ?

Silence songeur. Je savais bien que j’oubliais quelque chose.

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Magnolia Express – 1ère partie – # 16

Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de Preludin Fugue, par Eric Clapton, sur le CD Rush (B.O. du film), Warner Bros, 1992. Le disque est en vente ici.

Prélude en fugue (2)
 
Un soir, nous étions assis sur les marches de la terrasse, on voyait le vent qui courbait un peu les grandes herbes, emportant un petit nuage de poussière dans le soleil. J’avais un bras autour de son épaule, sa tête reposait sur la mienne et nous regardions les martinets qui cerclaient dans le ciel.
 
– Tu sais, quand ils veulent dormir, il leur suffit de monter à plusieurs milliers de mètres, et puis de se laisser planer toute la nuit, dans le vent. Et au petit matin, ils sont réveillés les premiers, le soleil s’occupe d’eux avant de s’occuper de nous.
– …Mmm.
 
On était bien, joue contre joue, la joue d’Aline c’est comme une douceur tiède, une sensation de Floride contre ma peau, mais bon il fallait bouger, de ce Geste dépendait – qui sait – le bonheur d’Aline et son Apaisement. Je me tortillai un peu et sortis un bout de journal de ma poche, je l’avais trouvé ce matin, l’avais soigneusement découpé, et l’avais porté avec ma jubilation durant toute la journée, en me disant que j’avais trouvé ce qui ferait plaisir à ma rêveuse. Maintenant j’avais un peu peur, alors je lui ai tendu comme ça, en regardant le champ d’herbes dorées pendant qu’elle le prenait, le lisait, le retournait.
Puis me souriait. Un sourire d’Aline c’est comme une certitude qu’il ne peut rien nous arriver, assis sur les marches face au soleil déclinant, tandis que les grillons attaquent le Prélude en Fugue.

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Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Le roman, dans l’ordre, est
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Et allez donc, un coup d’oeil sous le capot…

C’est reparti pour les misères blogiques. Hier, comme un petit apprenti sorcier, j’avions viré des plugins (brrr que ce terme est odieux, disons des cramplogiciels) de mon DotClear, car je ne m’en servais pas (comback) ou que je souhaitais tester ma bravitude sans eux (spamplemousse. Mieux vaut un blog sans spamplemousse, mais avec les commentaires de Lili et la Grande Loulou, que l’inverse).
Las, Monsieur Jean revenu des morts, et Lili, ne peuvent plus visualiser mon bleug. La faute doit en être à un bidouillage aphteux dans un des fichiers PHP de config du bouzin, il fallait mettre des lignes abstruses dans des paragraphes abscons, et maintenant, ces lignes sont orphelines de leur cramplogiciel, alors elles plantent tout le bleug.
C’est assez perso, comme comportement.
Le plus poilant, c’est que je ne suis pas affecté par tout ça. Le bleug tourne toujours, pour moi, sous Opera, Firefox, et même, surprise, sous Internet Explorer.
Néanmoins, comme je tiens à la présence électronique de Monsieur Jean et Lili, je rétablis le cramplogiciel comback. Tenez-moi au courant, mes soeurs Anne : ne voyez-vous rien venir ?
Edit, mise-à-jour et autres pestouilles : Je n’ai pas réussi à réinstaller ComBack, car le site du concepteur est dans les nouilles. M’en fous, j’ai supprimé la ligne 95 de post.php dans DocTheme, j’espère que ça rétablit les compteurs. D’autant plus que Camille est aussi tombée dans la marmite à malices. Rah !

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Livres lus – Dennis Lehane : Shutter Island et Prières pour la pluie

Je n’ai jamais fait qu’effleurer mon plaisir à lire Dennis Lehane. J’ai rencontré l’individu à deux reprises, avec deux media différents. D’abord, je suis allé voir au cinéma Mystic River, réalisé par Clint Eastwood, avec Sean Penn et Tim Robbins. Le film était une tragédie antique, qui aurait pu dériver d’une chanson de Bruce Springsteen (je pense à The Indian Runner). Or, sans que je le sache à l’époque, le film était tiré d’un roman de Dennis Lehane.
Ma seconde rencontre avec Dennis Lehane a eu lieu avec un roman. J’étais en vacances (?) à un endroit où j’essaie souvent de fuir certaines personnes, par exemple en me réfugiant aux goguenots. Dans cet endroit, j’avais non pas une de mes lectures habituelles (celles-ci sont plutôt réservées aux gogues de mon lieu de travail), mais Ténèbres prenez-moi la main (Rivages, 2005, 512 p.).
J’aime bien les romans noirs, c’est une évasion somme toute assez commune, partagée par tous les voyageurs de trains de banlieue. Mais là j’ai eu peur. Ce qu’écrit Dennis Lehane est troublant, inquiétant, ça laisse des images en tête. Et j’avoue que cela m’a bien plu, avec un cocktail que je serais infoutu de décomposer : ce sont des images frappantes, des situations de poursuite ou d’attente angoissée, mais rien de racoleur, rien de gratuit. Je déteste, par exemple, les outrances, que ce soit du sexe ou de la violence, cette complaisance à décrire de manière malsaine des compulsions négatives. Ici, rien de celà, il s’agit le plus souvent d’un ennemi inconnu, dangereux (vraiment dangereux), insaisissable, face au détective privé et sa collègue.
De même que j’avais dit d’Erri De Luca qu’il me nettoyait la tête, je dirais la même chose de Dennis Lehane, mais dans un sens différent évidemment : Dennis Lehane, c’est le bain d’eau glacée après le sauna.
Depuis, j’ai lu Un dernier verre avant la guerre (Rivages, 2005, 343 p.), qui est en fait le premier de la série, puis Sacré (Rivages, 2005, 410 p.) – les esprits sagaces auront remarqué que l’auteur a publié 3 romans en 2005, meuh non, c’est l’éditeur français qui les sort en salves.
J’arrive aux deux derniers. Shutter Island, à l’instar de Mystic River, délaisse le tandem Patrick Kenzie – Angela Gennaro, pour se focaliser sur une autre histoire, d’autres personnages. Shutter Island (Rivages, 2006, 392 p.) est inquiétant au possible. Très peu de violence comme dans les autres romans, mais toute une analyse intérieure. L’enquête d’un agent du gouvernement dans un hôpital psychitrique coincé sur une île devient un parcours obsédant vers la vérité. Tout est chausse-trappe, tout est mensonge, et l’ambiance est franchement inquiétante. Un de ces livres qui m’a fait rater ma station plus d’une fois (et pourtant, le coucou dans ma tête est habituellement réglé à l’heure atomique). Et le dénouement en vaut vraiment la peine.
Que dire après de Prières pour la pluie (Rivages, 2006, 477 p.) ? On retrouve avec plaisir le tandem Kenzie-Gennaro, avec en sus ce psychotique de Bubba, pour une histoire encore une fois très inquiétante, qui met mal à l’aise, et ne laisse personne indemne. Du vrai polar bien noir. Et puis, une fois n’est pas coutume, j’y ai déniché une citation :

« Les bestioles nous en voulaient. C’était encore une journée humide, suffocante ; l’eau s’évaporait sous la chaleur à la surface du marécage et les canneberges sentaient plus que jamais les fruits pourris. le soleil cognait fort et les moustiques attirés par notre odeur devenaient fous. […]
Pendant un moment, j’ai moi-même opté pour une attitude zen consistant à les ignorer, à faire comme si mon corps ne présentait aucun intérêt pour eux. Mais au bout d’une centaine de piqûres environ, j’ai renoncé. Confucius n’avait jamais connu de journées à trente-cinq degrés présentant un taux d’humidité de quatre-vingt-dix-huit pour cent. Dans le cas contraire, il aurait probablement coupé quelques têtes et dit à l’empereur qu’il ne lui offrirait plus de petites phrases bien tournées tant qu’on n’aurait pas installé la clim’ dans le palais. »

Dennis Lehane, Prières pour la pluie, Rivages, 2006, p. 435-436.

Correspondance : sans grande originalité, je dirais que cela m’évoque Michael Connelly, dont je n’ai lu pour l’instant que Le Poète (Seuil, Points policiers, 2004, 541 p.).

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Magnolia Express – 1ère partie – # 15

Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de Preludin Fugue, par Eric Clapton, sur le CD Rush (B.O. du film), Warner Bros, 1992. Le disque est en vente ici.

Prélude en fugue

Ça faisait longtemps que je cherchais, je commençais à désespérer : je savais qu’il existait quelque part, ce livre, ça faisait si longtemps que je le cherchais. De temps en temps, je tombais sur une phrase, un paragraphe qui me plaisait, quand j’étais petite je les notais dans un cahier, et puis je les relisais le soir dans mon lit, cachée sous la couverture avec juste une petite lampe de poche.

Un soir, nous étions sur la terrasse, avec la prairie pleine d’herbes folles devant nous, et le soleil qui se couchait dans les arbres, loin derrière la rivière.

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Le roman, dans l’ordre, est
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Magnolia Express – 1ère partie – # 14

Des nuages et des chats
 
Depuis quelques jours, je sentais qu’Aline ruminait quelque chose. Elle restait de temps en temps les yeux dans le vague, ni gaie ni triste, un peu pensive, et puis soudain elle s’ébrouait et je la retrouvais, un peu comme si un petit nuage floconneux était passé dans sa tête. Ça n’est pas très facile, quand on est un peu pataud, de savoir comment réagir avec ce genre de nuages, s’il faut attendre tout simplement, ou bien quoi.
Je me souviens d’une petite dame au yeux clairs, elle avait eu un chat comme ça, elle me disait : « Vous comprenez, il était bien chez nous, et pourtant, de temps à autre, il partait dans les bois, on ne le revoyait pas pendant une semaine, il ne pouvait pas s’en empêcher. Pourtant, il avait tout chez nous, il aurait pu être heureux comme ça… « .
Puis sa voix s’était un peu brisée : « Et quand il revenait, il était si affectueux… ».
Elle restait les yeux dans le vague, avec une petite ombre de larme au bord des cils, parce qu’elle l’aimait trop pour l’enfermer, elle comprenait qu’il avait malgré tout besoin de sa liberté, et qu’il ne lui appartiendrait jamais entièrement.

– Aline ?
– … moui ?
– Tu es libre. Je ne te tiens pas.

Elle a souri, puis elle m’a ébouriffé les cheveux en riant, elle fronçait son petit nez en me regardant, en riant toujours. On peut toujours poser des questions, les mots les plus importants sont ceux qu’on ne dit pas.
Si, si.

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