Magnolia Express – 3ème partie – #8

Cargo cabane
 
A l’intérieur, il faisait assez sombre, pas de cette obscurité qui mange tout et laisse les petits enfants frissonnants, non Monsieur, de la belle obscurité tiède, qui atténuait les reflets du cuivre (du cuivre patiné, dans cette bicoque ?), qui absorbe totalement les bois sombres (ébène, teck) et qui souligne juste les bois clairs, comme des bouées apparaissant dans la tempête. C’était un bateau, amarré à jamais, ancré au-dessus de dix mille pieds de terre, immobile, puissant, un bateau en cale sèche mais un bateau tout de même. Le vieux s’était installé dans un fauteuil à bascule en bois sombre, avec des ferrures dorées, et toute la pièce semblait rayonner autour de lui :

un compas à cardans,
un tonnelet de rhum des îles,
un compas à huile,
des marines accrochées aux murs, encadrant
deux lunettes d’approche, dont l’une avait dû servir de massue à un fier corsaire
(un peu tordue, quoi),
un sextant posé sur une table à cartes, et jouant le rôle d’un presse-papiers
une figure de proue dans un coin, taille humaine, représentant un gabier barbu
une autre figure de proue, en bois plus sombre, lui faisant vis-à-vis. Une superbe femme des îles, et (je me permets de le souligner) pas une de ces images tentatrices issue d’un cerveau masculin embrumé par l’alcool et les vices. Non Monsieur. Une reine.

Creative Commons License
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Le roman, dans l’ordre, est
.

Publié dans Romano | Commentaires fermés sur Magnolia Express – 3ème partie – #8

Magnolia Express – 3ème partie – #7

Vieux Bill Horseshoe (3)
 
Le vieux alla frapper à la porte : « Vieux Bill ! Y a du monde pour toi ! ». Puis il entra tout naturellement, on entendit un peu de remue-ménage, un grommellement, et un pas lourd qui s’approchait. Le même vieux ressortit sur le seuil en s’étirant et en baillant :

– Mouaaahhh … Vous m’avez réveillé, les gars.
– C’est vous, Vieux Bill Horseshoe ? a demandé Conrad.
– Eh oui, Vieux Taxi. Alors, quel est ton problème ?

Conrad passa la main dans ses cheveux et pointa dans son dos, sans se retourner. On voyait bien que ça lui faisait du mal de voir son taxi tout abîmé. Vieux Bill se haussa sur la pointe des pieds et ses yeux s’étrécirent comme s’il voyait le taxi pour la première fois. Il marmonna pour lui-même :

– Hmmm… Pare-brise … Dodge 1964
– … 63, dit Conrad, en fixant ses pieds.
– Hmmm… Faut voir. Pas facile.

On restait tous sur un pied, baignés par un rayon de lune, comme des fantômes mal rasés.

– Restez pas là, les gars, entrez manger un morceau.

Creative Commons License
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Le roman, dans l’ordre, est
.

Publié dans Romano | Commentaires fermés sur Magnolia Express – 3ème partie – #7

Caillou – Giboulées

Les marronniers
Et leurs branches en moignons
Chandeliers mortuaires du printemps.

Publié dans Caillou | Commentaires fermés sur Caillou – Giboulées

Magnolia Express – 3ème partie – #6

Vieux Bill Horseshoe (2)
 
Conrad avait garé son taxi sur le terre-plein devant, pendant que le vieux allait ranger le tracteur le long de la bicoque. A travers la clôture, on pouvait voir

des carcasses de voitures,
des réfrigérateurs,
une antenne radar,
une rangée de sièges fixés à une longue plaque de tôle,
deux baignoires en fonte,
des essieux,
des engrenages hauts comme un homme,
un petit avion sans ailes,
des miroirs avec des moulures dorées,
un fauteuil de dentiste.
Un vrai terrain de jeux, quoi.

Creative Commons License
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Le roman, dans l’ordre, est
.

Publié dans Romano | Commentaires fermés sur Magnolia Express – 3ème partie – #6

Démarrage de ce blog

[edit du 30-10-2013 : après avoir hébergé un blog de développement personnel sur Devperso.fr, je rapatrie désormais les articles du blog devperso.fr dans la rubrique « productivité » de blogthib.com – un edit de ce type signalera de tels articles]

Après avoir ouvert une rubrique « Productivité » dans mon blog personnel, j’ai ressenti le besoin au bout de quelques mois de créer un blog dédié à ma recherche de meilleure productivité / meilleure attitude dans mon travail. Voilà qui est chose faite grâce à ce présent blog, hébergé par LeWebPédagogique sur les excellents conseils de l’excellent Julien.

Dans un premier temps, ce blog reprendra des billets déjà publiés sur mon blog personnel, mais aussi des liens et des ressources liées aux différentes catégories identifiées de la productivité au travail (e-mails, agenda, to-do listes, etc.)

Publié dans développement personnel, Productivité | Marqué avec , | Commentaires fermés sur Démarrage de ce blog

Projet Moomle

J’ai découvert récemment Doodle, qui permet de faire des sondages du genre « on doit se voir à 10, quels sont vos dispos ». Le mot Doodle existe en anglais, je crois (= »glander, bayer aux corneilles » ?) mais le plus intéressant est que c’est une variante de Google, ce qui permet, à peu de frais, de profiter de la notoriété du géant américain.
D’où le projet Moomle (moumeul’) : identifier tous les petits malins qui ont déposé un nom en .com du genre Booble ou Zoozle. A vos claviers…

Edit du même jour, 8 heures après : Merci à Julien pour sa participation, et sinon, j’ai fait le boulot :

  • site business (ô combien) : booble
  • moteurs de recherche : c, l, p, q, t (coocle, loolle, poople…)
  • annuaire de cross-référencement : voovle
  • sites en vente (donc, dont le nom a été réservé) : j, m, n, r, w, y, z
  • sites possédés par google, et redirigeant vers google : f et h (normal, ces lettres encadrent le g sur un clavier, donc protection contre les fautes de frappe)
  • site personnel : kookle

NB 1 : Je n’ai pas cherché avec les voyelles (aooale…) mais oooole est pris et en vente, je soupçonne que les autres aussi.
NB 2 : Je ne me suis cantonné qu’aux répétitions de la même lettre. Julien propose moodle, et je suppose que *oogle.com est toujours pris, de même, probablement, que goo*le.com
enfin, cerise sur le gâteau :

  • soosle et xooxle sont encore libres (en tout cas, l’adresse en .com donne une erreur).

A vos porte-monnaies…

Publié dans Projets | Commentaires fermés sur Projet Moomle

Projets – point d’étape

  • Projet Mercure : Marathon de Turin dans moins d’un mois, et je n’ai pas tenu mes résolutions. Entraînement trop insuffisant, je vais souffrir comme un damné.
  • Projet Prométhée : je suis dans le Chapitre 2 (et il y en a 10 de prévus…), donc ça avance, certes, mais lentement 🙁
  • Projet Phénix : totalement dans les choux. Pas encore abandonné, mais inerte.
  • Projet Magnolia : à relancer vite, pour terminer avant l’été.
  • Projet Augias : sous contrôle.

(liens rajoutés après, sinon, le champ de recherche de ce bleug sert à ça)

Publié dans Projets | Commentaires fermés sur Projets – point d’étape

Caillou – Fast foule

Quai de la gare
Des trains illuminés comme des gargotes
Odeurs de sueur et de chaleur
Pendant la livraison.

Publié dans Caillou | Commentaires fermés sur Caillou – Fast foule

Nucléologie

La République Française s’est dotée d’un nouveau sous-marin nucléaire. Soit. Il a été nommé Le Terrible. Alors là je dis non. Y en a marre de cette litanie de noms censés faire peur à l’ennemi, ou nous rassurer nous-mêmes, comme des peintures de guerre.
Un tour sur Wikipedia, et voilà la liste des noms passés :
Le Redoutable
Le Terrible
Le Foudroyant
L’Indomptable
Le Tonnant
L’Inflexible
… et maintenant, le Terrible à nouveau.
Manque d’imagination, volonté passéiste de rétablir la menace des oriflammes, on peut mieux faire.
Alors je vais proposer quelques noms, en bon citoyen et en bon français ett je vais pousser l’effort civique jusqu’à les classer en catégories. En notant que c’est pas mal quand le nom finit en -ble, mais c’est pas obligatoire.

Catégorie « Shériff fais-moi peur »

  • Le fier à bras
  • Le Tiranic
  • Le Bilieux
  • Le Teigneux
  • L’Hypersensible
  • L’Irascible
  • L’Implacable (mention rugby)

Catégorie « Nom qui en jette »

  • Le Coruscant
  • L’Immarcescible
  • L’érémitique
  • L’éburnéen
  • L’Héméralope
  • L’Imputrescible

Catégorie « Typically French »

  • Le Gras-Double
  • Le Jovial
  • Le Fringant
  • Le Tripou
  • Le Râleur

Catégorie « Typically french qui en jette comme Artaban »

  • L’Imbitable
  • Le Rétractable
  • Le Décalquable
  • Le Torchable
  • Le Comestible
  • Le Regrettable

Catégorie « Mes préférés »

  • L’Imperméable
  • Le Soluble
  • Le Gonflable
Publié dans Réflexions | 6 commentaires

Ubuntu – Dardayonner

Dardayonner : v.i. Prendre un chemin plus long juste pour rester au soleil. Se placer sur la portion du quai qui est ensoleillée, même si cela nous mettra loin de la sortie.
Par extension : accepter de reprendre un café parce que la serveuse est jolie.

Publié dans Ubuntu | Commentaires fermés sur Ubuntu – Dardayonner

Novela – Qua sono (4/…)

Nous allmes nous promener sur le bord de la plage, j’avais emporté mon enregistreur.

– Quel est votre secret pour savoir comment découper ?
– Chaque être a ses fissures. Le couteau ne fait que révéler la fissure.
– Dites, c’est un peu philosophique, je ne vois pas bien l’application.

Nessu ramassa un galet, le fit sauter dans sa paume, puis l’observa en silence. Il sortit son couteau, appuya brièvement en un point de la surface polie, et le galet tomba en petits morceaux entre ses doigts. Je le saluai avec respect.

Nous marchions le long des flots. Je commençais à connaître le silence de Nessu, mais ce qui était plus étonnant était mon propre silence. J’avais une centaine de questions à poser, mais je préférais marcher, profiter de la brise de la fin d’après-midi, regarder le soleil qui envoyait des flèches de rayons dans les vagues en pâte de verre. J’arrêtai mon magnétophone. Nessu s’assit, et je m’allongeai à ses côtés, les yeux dans le bleu liquide du ciel. Je crois que je dormis un peu, et je rêvai que Nessu me parlait. Voilà ce qu’il me dit.

– J’ai une histoire à vous raconter. Cette conserverie existe depuis une cinquantaine d’années, et elle constitue le poumon cancéreux de la région. C’est une malédiction polluante, et un bienfait économique. Nos vies dépendent de son activité, et bien qu’elle continue à faire semblant de l’ignorer, son activité dépend de nos vies.
Il y a 20 ans, un nouveau directeur d’usine arriva. Ils se ressemblent tous, et celui-là ne faisait pas exception. Il était dur, il avait ses têtes, et exigeait toujours plus. Il avait le pragmatisme brutal de ceux pour qui l’argent gouverne tout. Il avait plusieurs femmes, plusieurs voitures, et c’était un fin manipulateur. Mais il était aussi très travailleur. Il arrivait tôt, travaillait longtemps, il avait l’oeil à tout.
Les années passèrent, et son succès augmentait. Le groupe dont il dépendait exigeait une productivité accrue, mais lui obtenait encore plus, et recevait des primes importantes à la fin de chaque année. Mais il était déchiré de responsabilités. De plus en plus de personnes dépendaient de lui, et comme il ne faisait confiance à personne pour faire son travail, il se levait plus tôt chaque matin pour répondre aux demandes de tous. Il avait perdu jusqu’au goût de la vie, mais il ne le savait pas, il estimait être responsable, et fustigeait les faibles qui n’arrivaient pas à suivre son rythme. Il se disait toujours « dans trois semaines, j’aurai un moment de calme, je pourrai faire le point ». Mais ces trois semaines s’enfuyaient toujours plus avant, et il n’atteignait jamais le moment de calme. La nuit, son coeur battait furieusement pour s’échapper de sa poitrine, et il ne dormait quasiment plus.
Et puis un jour, il ne vint pas au travail.
Son assistante appela chez lui, et le téléphone sonna dans le vide. Ses maîtresses n’avaient pas de nouvelles, toutes ses voitures étaient garées devant chez lui, et son appartement était déserté. Mais il n’avait rien emporté, il s’était juste abstrait de la vie. Comme il n’avait pas d’héritier, tout son argent revint à ses parents.
Le groupe envoya un directeur intérimaire, et la vie de l’usine continua. Tout le monde oublia vite cet accident de parcours.

Le silence dura. Je me dressai sur un coude.

– Pourquoi me racontez-vous cette histoire ?
– (il continuait à regarder l’horizon)
– Vous l’avez revu ?
– Souvent au début, puis de moins en moins souvent.
– Vous savez où est ce directeur aujourd’hui ?
– Je ne sais pas où est le directeur. Mais je sais où est l’homme qui autrefois était un directeur d’usine.

Je le regardai. Ses cheveux gris étaient emmêlés par le vent, mais propres, sa chemise était un modèle bon marché, mais repassée avec soin. Derrière l’ouvrier, j’essayais de retrouver le profil de l’homme qu’il était autrefois, par exemple il y a vingt ans. Je vis un profil carnassier. Je l’imaginai en costume, arpentant les travées de son usine, son domaine de pouvoir absolu. Assis à son bureau, dès l’aube, convoquant des agents de maîtrise, congédiant des employés. Entretenant plusieurs femmes, et buvant des whiskies coûteux. Épuisant tous ses collaborateurs à la tâche, debout sur un amoncellement de corps exsangues. Je vis un visage osseux, les orbites profondément enfoncées dans la boite cranienne, aucune chair superflue ne venant adoucir ce visage.

Nous rentrmes dans l’air qui fraîchissait.

(à suivre…)

Creative Commons License
Cette nouvelle, comme tout ce qui est publié sur ce blog, est sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Publié dans Novela | Un commentaire

Et le jour ou je mourrai…

… le nombre de personnes qui diront « je le connaissais bien ».
Pfuh.

Publié dans Perso | Commentaires fermés sur Et le jour ou je mourrai…

Time bankruptcy

Aux US, quand une personne ne peut plus répondre à tous ses e-mails, il arrive qu’elle se déclare en « e-mail bankruptcy » (faillite d’e-mails). Cela consiste pour la personne à détruire tous les mails de sa boite et à repartir à zéro. Jusqu’à la prochaine faillite.
Je propose une extension de ce concept : le time bankruptcy. Je pourrais définir cela comme suit : malgré tous les conseils de productivité appliqués, malgré une gestion qui essaie d’être saine des e-mails, malgré la prise en compte de priorités (important vs. urgent), il peut arriver que l’on y arrive pas, tout simplement parce que le travail qui tombe est supérieur au temps dont on dispose. Et pour étendre encore le concept : évidemment, on ne parle pas que du travail direct, mais il faut inclure les interactions, les réunions. Et tant qu’à faire, inclure aussi la sphère personnelle.
Alors voilà, là, maintenant, je suis en time bankruptcy. Trop de boulot, trop de mails, trop de projets perso, trop d’interactions. Plus envie de rien faire. C’est la limite de toute réflexion sur la productivité : et si, même après avoir appliqué les règles, on a encore trop de choses à faire ?
La solution est probablement dans l’art du bonheur 2, ce livre d’entretiens avec le Dalaï Lama que je suis en train de lire. Mais bon, ce qu’il dit, c’est qu’il faut travailler sur soi-même. Chouette, encore du travail.

Publié dans Productivité | Commentaires fermés sur Time bankruptcy

Novela – Qua sono (3/…)

J’étais partagé : il fallait que je prenne du recul, et que je réfléchisse à l’ordre des différentes questions qui se bousculaient dans ma tête. Mais aussi, mes vacances se terminaient d’ici quelques jours. Je proposai à Nessu de me consacrer son dimanche : j’achèterais un panier entier de poissons au marché du matin, et Nessu me montrerait, au ralenti, comment il faisait.

Il accepta tout, mais me regarda avec étonnement quand je lui proposai de lui payer son dimanche :

– Et pourquoi donc, grands dieux ?
– Parce que je vous fais travailler.
(il resta silencieux un long moment. Puis il dit 🙂
– Non, puisque vous m’aiderez à mieux voir en moi. C’est moi qui devrais vous payer.

Voici la transcription de nos différentes conversations de ce dimanche :

– Bon, Nessu, voici le panier, nous avons recréé à peu près les conditions de votre atelier dans votre cuisine, les distances sont correctes. Avant même de vider le premier poisson, dites-moi ce que vous allez faire.
(il regarda le panier d’un air détaché, puis il me dit comme une évidence : ) – Je vais commencer par le mulet d’un an, là.
– Pourquoi lui ?
– Parce qu’il m’appelle.
– Comment allez-vous le vider ?
– Pointe du couteau dans l’oeil, virole à droite, fente jusqu’au méridien, coup de pouce, le couteau en se retirant projetera le mulet dans l’assiette.
– Allez-y.
Je n’entendis rien, j’eus l’impression d’avoir cligné des yeux tandis que le poisson sautait dans l’assiette. Une demi-seconde plus tard, j’entendis le bruit mou des entrailles qui tombaient sur le carrelage.
– Et le poisson suivant ?
– L’épinette argentée. Pique la queue, enroule autour de la lame, tranche l’air, l’épinette fera le reste.
– Allez-y.
Cette fois je vis le reflet du couteau dans les yeux de Nessu, et son épaule droite qui s’était effacée. L’épinette était vidée dans l’assiette, le couteau au repos dans l’étui, une trace rouge sur le sol.
– Quel poisson ?
– La sardine en-dessous.
– Pourquoi pas le poisson au-dessus, il est plus accessible.
– Après l’épinette, il faut la sardine, sinon le couteau donne un goût amer.
– Mais Nessu, après c’est congelé, pasteurisé, mis en conserve, vous ne reverrez jamais ce poisson, vous ne le mangerez pas, que vous importe le goût amer ?
Il me regarda, je crois qu’il faisait des efforts pour comprendre mon point de vue. Il répondit enfin :
– Si j’ai choisi de faire ce métier, ce n’est pas pour mettre de l’amertume dans la vie des gens.

La matinée se passa en discussion décousue. Aucun poisson n’avait le même traitement qu’un autre.

– Vous n’utilisez jamais deux fois la même méthode.
– Parce que je n’ai jamais deux fois le même poisson. Donnez-moi des poissons jumeaux, et je vous dirai lequel était le plus faible, le plus audacieux, le plus rêveur. Chacun a le droit, dans sa mort, d’être traité en temps qu’être unique.

Bientôt, il ne resta plus qu’un panier vide, plusieurs assiettes pleines, et un sol souillé. Nessu fit sauter les poissons dans une poële brûlante, vida deux citrons sur les chairs blanchies, et trancha un fenouil en cubes minuscules. Un repas équilibré, délicieux, et préparé en moins d’une minute. 
(à suivre…)

Creative Commons License
Cette nouvelle, comme tout ce qui est publié sur ce blog, est sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Publié dans Novela | Commentaires fermés sur Novela – Qua sono (3/…)

Caillou – Trilogie préhistorique

7h12 ce matin, à courir sur la plage.
Des traces de sabots, parallèles aux empreintes griffues d’un chien-loup.
Je cours au milieu, le cheval à ma gauche, le loup à ma droite.
L’herbivore puissant, le carnivore infatigable, et au centre,
L’omnivore, si pitoyable en comparaison.

Publié dans Caillou | Commentaires fermés sur Caillou – Trilogie préhistorique

Caillou – Bacall

C’est lui qu’on voit, je ne suis qu’une doublure.
Il te protège, mais je suis là.
Comme toutes les doublures, collé contre ton corps, en secret.

Publié dans Caillou | Commentaires fermés sur Caillou – Bacall