Livre lu : Georges Simenon – Maigret et la grande perche

Toujours le même plaisir à lire du Simenon, et puis ça me délasse des livres plus compliqués que je lis en parallèle (Le Roi des Aulnes, actuellement). L’affrontement entre Maigret et un autre grand, costaud, massif, la confrontation de deux poids lourds, têtus, sûrs de leur fait.

La rue était toute dorée par le soleil. On entendait le bruissement de la brise dans les grands arbres du Bois de Boulogne.
Il y avait une grille noire, un peu plus loin, un carré de pelouse, une maison calme et ordonnée comme un couvent.
Il y avait quelque part dans cette maison une vieille femme qui ressemblait à une Mère supérieure et une espèce de Turc avec qui Maigret avait un compte à régler.
La vie était belle.

Georges Simenon, Maigret et la grande perche, Presses Pocket n°795, 1951, pp. 96-97.

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Alicantate

Voici donc un compte-rendu, limité, de mes vacances.
Limité, parce que

  1. j’ai promis de pas parler de tout
  2. c’est pas vos oignons

Cela dit (et ça fait pas de mal), il y a des choses dont je souhaiterais parler, tout en conservant le flou nécessaire pour protéger les innocents (?) ou les susceptibilités.

Je partis donc à Alicante (Espagne) (Europe) (à droite des Etats-Unis d’Amérique, God bless you all).
Il se trouve qu’actuellement, à Alicante, à la Ciudad de la Luz (cité de la lumière, les studios de cinéma locaux, dont la lumière tombe en panne d’électricité plusieurs fois par jour), se tournent en parallèle le prochain Asterix (Asterix aux jeux olympiques) et le prochain Jean-Jacques Annaud (Sa Majesté Minor).
J’ai vu des chars d’Asterix, j’ai vu des décors de Minor.

J’ai adoré cet oeil indiscret qu’on m’a laissé avoir, parfois avec appareil photo et camescope, parfois sans rien, sur des lieux de tournage. Le cinéma n’est que magie (point positif) et parfois poudre aux yeux (point négatif).

Je me suis promené dans une forêt dont le Satyre arpente des sentiers qui changent chaque jour. Le réalisateur (donnons-lui le nom de code JJA) dit un matin « OK, il faudrait un arbre ici et un sentier là » et des paysagistes empoignent des pelles, dans un hangar illuminé, ils déplacent de la terre,  des arbres en polystyrène, des plantations mourantes, de la mousse en plastique, hop, on saupoudre de feuilles mortes et de pignes de pin, et le sentier est là, bucolique, pédestre, tellement réel. Et on tourne, et la magie du cinéma fera le reste.

J’ai vu Vincent Cassel et José Garcia se parler dans un bar à tapas, puis aller se coucher tôt (les bons acteurs vont se coucher tôt) tandis que nous buvions des litres de Gin Tonic en mangeant des coquillages cuits à la vapeur et des asperges grillées. J’étais impressionné par ce métier d’acteur : on se rase lecrâne, on ne connaît que les lignes du scénario qu’on a bien voulu nous donner, et finalement, on ne se voit pas. Ce n’est que 6 ou 12 mois après, quand on voit le film (si on le voit, parce que je ne suis pas sûr que les acteurs aillent se voir) que l’on obtient ce que la caméra a capté (et, soyons clairs, volé) de la scène qu’on a tourné 6 à 12 mois auparavant, dans une bauge remplie de cochons, avec des murs en polystyrène, des assistants partout, et des cochons partout.

J’ai vu des starlettes aux yeux égyptiens, des assistants caméras qui croyaient être les rois du monde (sur Astérix). J’ai entendu parler de budgets, de soirées, de jets privés, que si tu vis sur la planète Terre, tu t’assieds et tu souris. Par exemple, un tournage (le plus gros budget du cinéma français, appelons-le AaJO) qui réserve le chteau fortifié d’Alicante pour sa soirée, et qui oublie la météo, donc quand il pleut, tout traîne dans la gadoue, et hop, on déplace tout, les stands, les animations, le DJ surpayé, dans des hangars à 10 km, the show must go on.

J’ai aussi vu (et photographié, et filmé) le village néolithique. Mais tu feras comme tout le monde, tu attendras la sortie du film, et à ce moment, tu ne m’écouteras plus quand je dirai « eh, mais tu sais, j’y étais ».

Et puis il y a eu la soirée du réalisateur (appelons-le JJA). Un restaurant face à la mer, la première chose que j’ai vue en entrant, c’était le bar, la deuxième chose, c’était le bol de sangria, la troisième, c’était le Centaure.

Le centaure, c’est un acteur qui fait le centaure. Dans la vraie vie, il s’appelle Guillaume, mais ça va mieux quand tu dis le centaure, pour un gars qui fait 2m05. Il avait l’air tout seul, vraiment tout seul, et moi, je voulais lui parler, à cause des chaussettes bleu incruste, je t’explique pas, c’est du jargon de cinéma. Je lui ai servi un 34ème verre de sangria, et on a parlé, j’en garde encore un torticolis.

Imagine un grand gars, vraiment grand, le visage marqué, puissant, un peu comme Wolverine dans X-men, ou bien (mais il n’aime pas la comparaison), Shark dans les James Bond d’il y a 25 ans (avec Roger Moore). Un gars très sympa, qui essaie de percer, comme nous tous, et qui est seul, comme nous tous.

Aujourd’hui, je lisais Le Roi des Aulnes et j’ai repensé à Guillaume, je me suis dit : « Quand il revient en France, je lui propose de le prendre en photo ».

En attendant le film (fin 2007 ?)

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Nice de servote

Je vois bien que vous êtes tous là, c’est merveilleux d’être autant aimé, et je vous répondrai (et ferai la critique du Grand détournement et autres fariboles) d’ici peu. Mais ce blog, à l’instar d’autres, subit une attaque massive de spam depuis quelques jours. J’ai bien installé un deuxième antispam (merci SpamClear), il faut maintenant l’éduquer progressivement à refuser du Viagra quand on lui en propose.
Ajoutez à cela un retour de vacances assez pêchu professionnellement (ah, la belle invention que le mail, tu tournes le dos et on t’inonde de questions précises et urgentes…), et ceci explique ce silence radio.
A part ça, ça baigne à mort.

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Batana (de vacances) – Supermanouille

Dans la rubrique « c’est en vacances que la batana se déchaîne » (exemple ici), je nomme une batana bilingue :

En français : Supermanouille (n. f.) ou en espagnol : Caparazan (n. m.) :
Rideau de douche froid qui vient se coller sur vous pendant la douche.
Par extension : ami du même sexe qui vous explique, à 5 cm, combien il vous aime, après avoir bu 15 bières.

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Questionnaire, un soir de fin de vacances

Interpellé je fus, par Vero, lors de mon congé bien mérité (détails croustillants dans les prochains jours) : il s’agirait de répondre à un questionnaire genre Proust remanié, et elle m’a nommé parmi les 4 à poursuivre la chaine (mais lisez son intro).
Je m’y colle donc, avec la fraicheur et l’ingénuité de celui qui revient de vacances (détails émiettés dans les prochains jours).

1) Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne :
« would have caved in to blackmail like that ? »
Harry Potter and the Half-Blood Prince, par J. K. Rowling, Bloomsbury, 2005.
2) Sans vérifier, quelle heure est-il ?
22h13
3) Vérifiez :
22h24
4) Que portez-vous ?
Un jean design, une chemisette brodée, un pull La Redoute, un caleçon Dim, et une seule chaussette.
5) Avant de répondre à ce questionnaire, que regardiez-vous ?
Les blogs qui ont crépité dans la semaine de mes vacances (détails farineux d’ici peu)
6) Quel bruit entendez-vous à part celui de l’ordinateur ?
Je n’entends pas l’ordinateur. J’entends le crépitement con du haut-parleur de basse facture qui équipe l’ordinateur.
7) Quand êtes-vous sorti la dernière fois, qu’avez-vous fait ?
Je suis allé à une soirée privée organisée par Jean-Jacques Annaud pour fêter le début de la fin du tournage de son dernier film. C’était hier soir et ce matin, à Altea, à 40 km d’Alicante.
8) Avez-vous rêvé cette nuit ?
Je suppose que oui.
9) Quand avez-vous ri la dernière fois ?
Ce matin, vers 3h du matin.
10) Qu’y a t-il sur les murs de la pièce où vous êtes ?
Un tableau Velleda. 4 minuscules Post-It. Un mur d’étagères chargées.
11) Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ?
Une maison de vacances, probablement sur une île en Bretagne.
12) Quel est le dernier film que vous ayez vu ?
Je ne m’en souviens plus. Ah si, « Le grand détournement » (ça compte dans les films ?)
13) Avez-vous vu quelque chose d’étrange aujourd’hui ?
Une réponse facile serait « mon visage dans la glace au réveil ». Sinon, ce n’est pas vraiment étrange, mais les pistes d’atterrissage de l’aéroport m’ont paru bizarrement illuminées : je n’imaginais pas tant de lumières vertes, bleues et rouges, ça faisait un tapis plutôt que des lignes organisées.
14) Que pensez-vous de ce questionnaire ?
Que j’avais le projet de diffuser le mien (40 questions) sur mon blog. Il me restera juste les réponses de 10 personnes à qui je l’avais fait passer.
15) Dites-nous quelque chose de vous que nous ne savons pas encore :
J’ai été élevé par mes grands parents.
16) Quel serait le prénom de votre enfant si c’était une fille ?
Aline (mais ma fille ne s’appelle pas ainsi)
17) Quel serait le prénom de votre enfant si c’était un garçon ?
François (mais mon garçon ne s’appelle pas ainsi)
18) Avez-vous déjà pensé à vivre à l’étranger ?
Oui.
19) Que voudriez-vous que Dieu vous dise lorsque vous franchirez les portes du paradis ?
« Bon, je vais te prescrire quelques années de purgatoire pour décrasser tout ça, et après, tu viendras me voir, je t’expliquerai 2-3 trucs… »
20) Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde en dehors de la culpabilité et la politique, que changeriez-vous ?
Je ne suis pas sûr que je supprimerais la culpabilité ou la politique, déjà. J’aimerais que chacun puisse, spontanément, avoir un aperçu du point de vue de l’autre, une forme d’empathie physiologique qui permettrait d’être vraiment dans les chaussures de l’autre personne.
21) Aimez-vous danser ?
Oui
22) Georges Bush ?
Je ne connais pas l’homme, je ne peux donc pas juger. Je ne connais pas précisément ses idées, son programme, et ses idéaux, mais ce que j’en entends ne me plaît pas du tout. Cela dit, c’est un pantin qu’on brandit pour que tout le monde tombe bien d’accord, ça évite de se poser des questions sur le Tibet ou le Darfour.
23) Quelle est la dernière chose que vous ayez regardée à la télévision ?
Je ne me souviens pas. Si on parle d’une émission en live, pas un DVD, c’était il y a trop longtemps.
24) Quelles sont les 4 personnes qui doivent prendre le relais sur leur blog ?
Joséphine (si elle prend le temps)
Monsieur Jean (s’il veut bien)
JulienT (s’il quitte sa quête d’Ask)
La grande Loulou (avec éventuellement l’aide du Bouchon)

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Batana – ubixkub

Ubixkub : n. m. Alors qu’on n’est pas spécialement téléphage, se rendre compte – à la dernière minute et par hasard – qu’une émission qu’on aurait bien enregistrée passera pendant qu’on sera en vacances à l’étranger.

Offre de rétribution : un bizou baveux et un verre de rosé pour les filles, ou une bière et une poignée de main virile pour les garçons (voire l’inverse, si affinités) qui pourront m’enregistrer Xu, pièce de théâtre illustrant les tracas quotidiens, Arte, dimanche 08/11, 9h25 à 10h50 (TNT ?). Un demi-verre (et la bave sans le bisou) pour ceusses qui ratent le début ou la fin.

Haha, je suis ridicule, je me rends compte 1/2h après que c’était le 8 octobre… Besoin de vacances, moi.

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Mariposé

Mañana en la mañana
Estaré en un avion
Hasta España.

Mañana en la tarde
Probaré un Sangre de Toro,
O un Rioja,
Con amigos, salchicon y chorizo.

Y despues, dormiré 30 horas.
Al menos.

PS : 8 jours sans thibillets (ni mail, ni connexion, sinon aux battements de mon coeur. Le vrai grand luxe.)

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Filogage #1 – CD gueulasse

Ce qui me plaît, dans la dématérialisation / numérisation des supports, c’est qu’ils en deviennent inaltérables. Je viens de mettre un vieux CD de Suzanne Vega dans mon ghetto blaster de djeun, et paf, la deuxième chanson ne passe plus. J’ai déjà eu le coup avec Reptile, de Clapton, ça m’énerve. Quand j’achète un disque, je n’ai pas le sentiment d’acheter un support physique corruptible : j’achète le droit de posséder, et écouter quand je veux, où je veux, un ensemble de chansons. Bref, quand j’achète un CD, je pense que j’achète 12 à 15 morceaux en MP3, copiables à l’infini (pour, et uniquement pour moi, vu que j’ai payé les droits d’auteur), donc un plaisir éternel. Ok, je devrais vérifier que mes enfants ne jouent pas au hockey avec les CDs, mais quand même, ça m’énerve.

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Google, la petite chaine qui monte…

Dans un journal peu apprécié de Renaud, car trop bobo, je lisais une comparaison entre TF1 et M6. Et je me suis dit « c’est Microsoft face à Google ».
Certes, la comparaison est facile, mais pas tant que ça.
Microsoft-Apple, OK.
Microsoft-Linux, pourquoi pas.
Microsoft-Sun, là ça commence à chercher plus loin.

On y va donc ensemble, j’ai toute la nuit devant moi.

Au début était le gros, le leader, celui qui connaissait son marché, parce qu’il l’avait inventé. TF1 ramassait de la publicité avec des émissions juste assez commerciales, et c’était bien, le cours de l’action TF1 s’envolait. Microsoft ramassait des royalties sur des trucs impalpables, mais essentiels, et faisait de la pub sur les prochaines versions, que demain on raserait vraiment gratis.
Puis est venu le petit, dans une niche : M6 a dit « je vais faire de la série TV, de la musique et des émissions pour ados ». Google a dit « je vais fait du moteur de recherche, qui recherche comme devrait chercher un moteur de recherche ».
Les gros étaient occupés à enfourner du cash-flow dans leurs granges, ils ont dit « Allez jouer, les petits », en se disant à part soi que ce n’était pas en se comportant comme un jeune rookie qu’on pouvait faire fortune.

Les années ont passé. Les petits ont commencé à engranger une première chose, qu’on a appelé l’audience. Et puis est venue une seconde chose, qu’on a appelé le business model. M6 a copié TF1 qui a copié M6 qui a copié TF1. Or, on le sait bien dans l’enseignement : quand deux élèves se copient mutuellement, même s’il y en avait un bon et un mauvais au début, ça fait baisser la qualité des deux copies à la fin.

Aujourd’hui, où en est-on ? M6 dispute à TF1 les matchs de football, les deux ont leurs séries TV américaines de grande audience, la télé-réalité avance désormais de façon moins évidente, et on a du pipol sur tous les plateaux. Par ailleurs, attrape-moi si tu peux, les deux chaines se sont développées dans la communication mobile. Certes, on est loin du succès des skyblogs, mais les émissions sont déclinées sur des sites web, des téléphones mobiles, il y a même des faux sites de fausse moquerie d’émissions (starhack) du genre « on sait bien rire de nous-mêmes, riez avec nous en appelant ce numéro surtaxé ».
Donc, en résumé : un petit qui arrive dans une niche, il a une audience, il se développe vers les marchés juteux du gros, chacun cherche des puces à l’autre, compétition frontale, même si les deux élargissent le champ de bataille, ils en sont toujours à la conquête de terrain.

Et puis il y a la comparaison Microsoft-Google. Une stratégie à la M6 aurait été de dire : nous allons développer un autre système d’exploitation, des logiciels concurrents, et à nous le terrain des PCs de bureau. Choc frontal, explication au sommet, beaucoup de pertes d’argent. Au lieu de cela, que voit-on apparaître ? Beaucoup de versions bêtas de services que Google propose. Désormais, on n’a plus besoin sur son disque dur que d’un mini système d’exploitation, et d’un navigateur internet. Les mails ? en ligne. Les rendez-vous ? en ligne. Les textes à rédiger ? en ligne. Les feuilles de tableur ? en ligne.
Je dois avouer que ce sont ces dernières applications qui me bluffent. Pouvoir rédiger directement des textes en ligne, les exporter dans tous les formats possibles (Microsoft, Open Document, PDF, HTML), ou travailler de manière collaborative sur une feuille de tableur à distance, cela signifie que la valeur s’est déplacée. Certes, ces applications en ligne ne contiennent peut-être que 20% des fonctions des logiciels correspondants (Microsoft Word ou OpenOffice Write, Microsoft Excel ou OpenOffice Calc), mais dans 90% des cas, on n’utilise que ces 20% de fonctions. Depuis MS Word 3.0 pour DOS (1986 ?), un texte peut être souligné, mis en italique ou en gras, et justifié à droite et à gauche. Que demande le peuple ?
On peut imaginer un avenir où les logiciels seront situés à deux niveaux :

  • un niveau professionnel, pour production, abrité dans les entreprises : on achètera la licence d’un tableur pour pouvoir faire des feuilles consolidées de 65 000 lignes avec des macros en Basic. Mais seuls certains départements auront besoin de cette technicité.
  • un niveau communautaire, où les applications en ligne serviront à traiter, gratuitement et rapidement, 90% des besoins bureautiques ou informatiques.

L’objection qui est faite habituellement porte sur la nécessité de garder les données confidentielles, ce qu’un site ne permet pas de faire. Cela prouve probablement que nous n’avons pas encore assez évolué pour nous mettre au niveau des inventions récentes (par analogie, je pense par exemple que nous n’avons pas encore intégré la manière d’utiliser correctement les voitures). Je veux dire par là : qu’est-ce qui est le plus facile, aller récupérer des informations confidentielles sur un site web, ou crocheter une boite aux lettres ou une serrure d’appartement ? Programmer un algorithme créateur de codes Cartes Bleues, ou pirater des conversations téléphoniques avec un petit matériel en vente libre ? L’insécurité est partout, elle est surtout dans les yeux de celui qui regarde.

Google semble continuer à aller dans la voie de la mutualisation des services : depuis mai 2006, la société met à la disposition publique un système de programmation (le Google Web Kit) qui permet de développer des applications « qui marchent dans un navigateur » (quel qu’il soit). Pour moi, c’est ça, le Web 2.0 : avant d’être un ensemble de sites communautaires où les internautes se ré-approprient l’information et sa gestion, c’est avant tout un ensemble d’applications auxquelles je peux accéder depuis mon navigateur, sans rien installer sur mon disque dur.
Le rêve ultime serait d’avoir un ordinateur sans système d’exploitation, celui-ci étant en ligne. C’est délirant, car pour se connecter à Internet, il faut un système d’exploitation. Et pourtant, certains y réfléchissent.
Microsoft proposait d’avoir un « bureau », avec Google, on me propose de ne plus rien avoir sur mon bureau. Tentant, non ?

Edit : sur le blog de Benoît Descary, mention d’une feuille de synthèse sur tous les services Google + des astuces de recherche. Une vraie petite boite à outils en 2 pages (auteur original : Eazy Rhymez).

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Nyctalope

By day give thanks
By night beware
Half the world in sweetness
The other in fear
[…]
I would shelter you,
And keep you in light
But I can only teach you
Night vision
Night vision

De jour, remercie-les
De nuit, fais attention
La moitié du monde dans la douceur
L’autre dans la peur
[…]
J’aimerais te protéger
Te garder en pleine lumière
Mais je ne peux que t’enseigner
La vision de nuit
La vision de nuit

Suzanne Vega, Night Vision, in Solitude Standing, A&M, 1987.

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Journée Café Salé Café Sucré

Hier soir, j’ai regardé « Coffee and cigarettes » de Jim Jarmusch. Superbe film de saynettes, en noir et blanc, entre volutes de vapeur du café et volutes de fumée.
Dans un des sketches, Renée est tranquille, et le serveur arrive « voulez-vous encore du café, miss ? » et lui sert du café chaud dans sa tasse. Elle le toise languidement, et dit « j’aurais préféré que vous ne fassiez pas cela. Mon café avait juste la bonne couleur, la bonne température… »
Après que le larbin se soit retiré d’un air penaud, elle dose religieusement un peu de sucre, verse hiératiquement un peu de lait, bref, elle se refait sa mixture.

Cette journée a alterné entre les différents états : j’avais un café potable, on m’a versé un café noir et bouillant, j’ai refait mon mélange, on m’a reversé un breuvage amer dedans.
Je veux voir du côté positif : ça s’est terminé, autour d’une(s) bière(s), par une discussion de recherche avec un étudiant. Sur le papier, je n’y gagnais rien, et il y gagnait tout. Dans la réalité, j’y gagnais un moment de sucre dans ma journée de café salé.

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Google, sweet Google

Ce soir, l’action Google a atteint son plus haut sommet boursier : 483 dollars et quelques. OK, ça fait un peu moins en euros, mais pour une société qui est partie de 85 $ l’action en août 2004, c’est… comment dire… enviable, comme progression.
Ce qui m’amuse, et m’étonne, c’est la capacité des analystes, aujourd’hui, à fixer des objectifs de cours à 600 $ d’ici quelques mois.

Non pas que je conteste cet objectif : je suis professeur de finance, donc, comme Jean Gabin, ce que je sais, c’est qu’on ne sait jamais rien. Non pas que je conteste la méthode pour arriver à ce chiffre (s’il y en a une) : après tout, si l’on trace une courbe de la hausse passée de Google, on devrait arriver vite à 600 $.

Ce qui m’intéresse, et là où j’avoue mes limites (heureusement, pas en public), c’est de savoir comment on peut arriver à de tels chiffres, avec tous les métiers et les acquisitions de Google. Certes, il y a des analystes hors pair, qui arrivent à jongler avec tous les business models, j’ai même trouvé un vrai génie qui anticipe le scénario que je trouve le plus juste et le plus cohérent sur les 20 prochaines années. Il n’empêche, je reviens toujours à mes bons vieux fondamentaux : le PER actuel est de 70 (l’action vaut 480 $ pour un bénéfice par action légèrement inférieur à 7 $), le PER à un an est de 30 (euh, allez, action à 600 $, bénéfice par action à 20 $), donc soit le bénéfice va être multiplié par plus de 3 en un an (argh, c’est ce qu’ils ont fait de 2003 à 2004 et de 2004 à 2005 ! Bon, d’accord, mais c’est pas parce que le baleineau grandit de 300% dans ses premières années que les baleines grandissent de 3 fois leur taille quand elles sont ados. Et puis les analystes, ils tablent plutôt sur un bénéfice par action de 10 $ en 2006, et 13,5 $ en 2007. Où c’est qu’est la différence ?) soit que ça atteindra pas 600 $, on disait ça juste pour rigoler, vous savez, les investisseurs ils aiment des chiffres ronds.
Bref, sans vouloir mégoter (en ces temps anti-tabagiques, ça ferait désordre), je me dis qu’il doit y avoir une poignée de clampins qui se disent « Google a atteint son plus haut, donc c’est la preuve qu’il peut encore monter, on achète !!! »
J’adore l’optimisme des marchés financiers, ça me requinque.
Comme le disent mes géniteurs intellectuels :

« Sachez-le, être expert financier présente certains risques, comme celui de se retrouver au milieu d’individus impatients de vous expliquer leur système pour faire fortune en achetant des actions. heureusement, ces fâcheux entrent en hibernation temporaire chaque fois que le marché baisse. »
Richard Brealey, Stewart Myers, Franklin Allen, Principes de gestion financière, 8ème édition, Pearson Education France, Chap. 4, 2006.

Mais c’est sûr, Google c’est efficace quand c’est utilisé intelligemment.

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Caillou – Microfilm

Tu viens me visiter
Aux heures les plus noires de la nuit.
Et je revis notre passé
Jusqu’à la stérilité.
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Caillou – Automne primitif

ToiEtMoi

Je t’écrivais, tu m’écrivais
Et ma vie était couverte de feuilles
De mots de baisers
Aujourd’hui les feuilles sont tombées
Je les ramasse en piles
En regardant le ciel gristre
A travers les branches nues.

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Désir d’être admiré

Avant de répondre à un test dans un magazine, il allait toujours voir les résultats, puis il faisait le test à l’encre en marquant les réponses correspondant au profil « idéal », le profil dont le commentaire commence toujours par « bravo, vous êtes tout à fait €¦ ». Puis il laissait le magazine en évidence…
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Les araignées de lumière

Comment bâtir une toile qui ne risque pas d’être détruite ?
En la construisant dans un espace hermétiquement clos,
Une bulle sous vide.
Quand on déteste le risque à ce point,
On doit accepter de jeûner longtemps…
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