Alicantate

Voici donc un compte-rendu, limité, de mes vacances.
Limité, parce que

  1. j’ai promis de pas parler de tout
  2. c’est pas vos oignons

Cela dit (et ça fait pas de mal), il y a des choses dont je souhaiterais parler, tout en conservant le flou nécessaire pour protéger les innocents (?) ou les susceptibilités.

Je partis donc à Alicante (Espagne) (Europe) (à droite des Etats-Unis d’Amérique, God bless you all).
Il se trouve qu’actuellement, à Alicante, à la Ciudad de la Luz (cité de la lumière, les studios de cinéma locaux, dont la lumière tombe en panne d’électricité plusieurs fois par jour), se tournent en parallèle le prochain Asterix (Asterix aux jeux olympiques) et le prochain Jean-Jacques Annaud (Sa Majesté Minor).
J’ai vu des chars d’Asterix, j’ai vu des décors de Minor.

J’ai adoré cet oeil indiscret qu’on m’a laissé avoir, parfois avec appareil photo et camescope, parfois sans rien, sur des lieux de tournage. Le cinéma n’est que magie (point positif) et parfois poudre aux yeux (point négatif).

Je me suis promené dans une forêt dont le Satyre arpente des sentiers qui changent chaque jour. Le réalisateur (donnons-lui le nom de code JJA) dit un matin « OK, il faudrait un arbre ici et un sentier là » et des paysagistes empoignent des pelles, dans un hangar illuminé, ils déplacent de la terre,  des arbres en polystyrène, des plantations mourantes, de la mousse en plastique, hop, on saupoudre de feuilles mortes et de pignes de pin, et le sentier est là, bucolique, pédestre, tellement réel. Et on tourne, et la magie du cinéma fera le reste.

J’ai vu Vincent Cassel et José Garcia se parler dans un bar à tapas, puis aller se coucher tôt (les bons acteurs vont se coucher tôt) tandis que nous buvions des litres de Gin Tonic en mangeant des coquillages cuits à la vapeur et des asperges grillées. J’étais impressionné par ce métier d’acteur : on se rase lecrâne, on ne connaît que les lignes du scénario qu’on a bien voulu nous donner, et finalement, on ne se voit pas. Ce n’est que 6 ou 12 mois après, quand on voit le film (si on le voit, parce que je ne suis pas sûr que les acteurs aillent se voir) que l’on obtient ce que la caméra a capté (et, soyons clairs, volé) de la scène qu’on a tourné 6 à 12 mois auparavant, dans une bauge remplie de cochons, avec des murs en polystyrène, des assistants partout, et des cochons partout.

J’ai vu des starlettes aux yeux égyptiens, des assistants caméras qui croyaient être les rois du monde (sur Astérix). J’ai entendu parler de budgets, de soirées, de jets privés, que si tu vis sur la planète Terre, tu t’assieds et tu souris. Par exemple, un tournage (le plus gros budget du cinéma français, appelons-le AaJO) qui réserve le chteau fortifié d’Alicante pour sa soirée, et qui oublie la météo, donc quand il pleut, tout traîne dans la gadoue, et hop, on déplace tout, les stands, les animations, le DJ surpayé, dans des hangars à 10 km, the show must go on.

J’ai aussi vu (et photographié, et filmé) le village néolithique. Mais tu feras comme tout le monde, tu attendras la sortie du film, et à ce moment, tu ne m’écouteras plus quand je dirai « eh, mais tu sais, j’y étais ».

Et puis il y a eu la soirée du réalisateur (appelons-le JJA). Un restaurant face à la mer, la première chose que j’ai vue en entrant, c’était le bar, la deuxième chose, c’était le bol de sangria, la troisième, c’était le Centaure.

Le centaure, c’est un acteur qui fait le centaure. Dans la vraie vie, il s’appelle Guillaume, mais ça va mieux quand tu dis le centaure, pour un gars qui fait 2m05. Il avait l’air tout seul, vraiment tout seul, et moi, je voulais lui parler, à cause des chaussettes bleu incruste, je t’explique pas, c’est du jargon de cinéma. Je lui ai servi un 34ème verre de sangria, et on a parlé, j’en garde encore un torticolis.

Imagine un grand gars, vraiment grand, le visage marqué, puissant, un peu comme Wolverine dans X-men, ou bien (mais il n’aime pas la comparaison), Shark dans les James Bond d’il y a 25 ans (avec Roger Moore). Un gars très sympa, qui essaie de percer, comme nous tous, et qui est seul, comme nous tous.

Aujourd’hui, je lisais Le Roi des Aulnes et j’ai repensé à Guillaume, je me suis dit : « Quand il revient en France, je lui propose de le prendre en photo ».

En attendant le film (fin 2007 ?)

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0 réponse à Alicantate

  1. Yann dit :

    Je retire ce que j’ai dis sur la bobo attitude 😉
    Le texte est très bien, ça m’a vraiment donné l’impression d’y être (d’ailleurs le Centaure me fait penser qu’il faut que j’aille voir le Labyrinthe de Pan). Les coulisses du cinéma sans perdre le rêve; bravo!

    Quand aux photos de ces personnages "plus grands que Nature", fonce c’est une opportunité que j’espère, mais j’attends d’avoir la maturité photographique suffisante (ou dis de façon plus réaliste, j’ai toujours la pétoche de faire du portrait)

  2. Docthib dit :

    Hello Yann,
    ça me fait plaisir que tu réagisses à cela, car j’aurais besoin de conseils. On en reparle en privé si c’est mieux. Je ne me sens pas gêné par le fait de faire du portrait (j’en fais énormément), mais plutôt, par la mise en scène, les lumières ou projecteurs ou flashs, le fond, les filtres, etc. Tous tes conseils seront bienvenus 🙂

  3. Yann dit :

    Le portrait, j’en fais aussi mais j’ai beaucoup plus de mal avec le portrait de reportage avec des inconnus.

    Pour le "studio"; tout d’abord je ne suis pas du tout un expert, de très bon Chasseur d’Images sont sortis sur le studio maison et je pense qu’il y a de l’information disponible sur le Net. Voilà ce que j’ai retenu au détour de ma mince expérience et des mes nombreuses lectures ( en vrac).

    Toutefois, une pièce avec un grande fenêtre (au nord beaucoup mieux) voir plusieurs est une bonne base. Des draps blancs font de très bon réflecteurs sans investir un sou (prévoir corde et pince à linge). Le principe étant de récupérer les ombres données par le sens de l’éclairage. Pour le flash, dans un souci d’économie le plus simple est de trouver (disponible en occasion) une rallonge de flash pour déporter celui-ci. Ou sinon sans flash vers le haut pour rebond sur le plafond ou vers un des cotés pour rebonds sur les murs, avec toujours le rattrapage au déflecteur. On peut rattraper au flash la source lumière principale (éclairage sur un angle différent pour déboucher les ombres, attention à la puissance du flash). Le but est de capter un maximum de lumière pour bien faire "ressortir" la personne (faible ouverture notamment).

    Fonds et mise en scènes sont pour moi liés mais la encore les grands draps sont le plus simple et le plus facile à mettre en oeuvre. Prévoir chauffage suffisant pour le modèle parce que rester debout sans rien faire ça peut rafraichir.
    C’est tout ce à quoi je pense ce soir, je me replonge dans mes bouquins pour compléter.

  4. tu devrais demander à XXI. Il ne publie que du noir et blanc dans ses esquisses. N’est-ce pas la couleur de prédilection pour les portraits ?
    esquisses.over-blog.com/

  5. Lili dit :

    J’avoue que ,prise au piège, de la subtilité du titre, si,mi, la ré, j’ai lu votre note , si,sol,do,fa, avec dans un coin de ma tête la musique de Barbara…c’est malin!
    Donc après vos essais attendus de portraitiste ,à quand la mise en musique fa,sol,do,fa ….?

  6. Christian dit :

    La star !
    Hasards ou Coïncidences ? comme dirait un réalisateur que nous appellerons PL

  7. Docthib dit :

    @ Yann : merci pour ce premier debrief. Je me tte vraiment. J’avais déjà quelques intuitions (draps, flash au plafond) mais tu complètes bien. Je vais aussi me renseigner.

    @ La grande Loulou : je ne sais pas si j’oserai. Ce serait une application du syndrôme RTFM : je vais d’abord me documenter, ensuite tester, et finalement, je lui poserai les questions auxquelles je n’ai pas trouvé de réponse ailleurs 🙂

    @ Lili : j’ai cherché, mais je n’ai pas trouvé de chanson de Barbara qui s’appelle Alicante ou Cantate. Quant à la mise en musique, j’y pense depuis ça, mais question de temps (et d’accorder ma guitare).

    @ Christian : depuis, on s’est vus, et je t’ai expliqué comment JJA a réussi à me cotoyer…

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