Vide

Gros sentiment de vide.
J’ai envie de dire :
itou.

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Magnolia Express – 1ère partie – # 13

Conrad et son taxi
 
Comme tous les matins, Conrad arrive et donne un petit coup de Klaxon avant de descendre de son taxi. Conrad, c’est notre deuxième lever de soleil, avec son taxi jaune vif, briqué, lavé, bichonné, toujours brillant même après une nuit de travail.
Il arrive en faisant sonner la porte, il cligne un peu des yeux, il dit bonjour à Aline (Comment ça va Aline, Bonjour Conrad, venez prendre un p’tit truc chaud avant d’aller dormir). Et on reste tous les deux, Conrad et moi, à regarder Aline qui va vers le réchaud, et qui prépare un p’tit truc chaud.
 
Un jour, j’avais demandé à Conrad pourquoi il faisait le taxi de nuit, ça n’était pas vraiment par curiosité : j’imaginais souvent des raisons diverses, et c’était suffisant.
Il a hoché la tête, les yeux un peu dans le vague tandis qu’il faisait tourner la cuillère dans sa tasse.
– Tu sais, il n’y a pas vraiment de raison.

C’était une chose à laquelle je n’avais pas pensé.
A la réflexion, c’était la seule réponse.

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Caillou – Histoire de fantômes

(comme il s’en passe dans le Montana)

C’était une vieille maison abandonnée.
Un jour, passa un fanthomme qui n’aurait pas dû passer.
Il y trouva une fantfemme qui n’aurait pas dû être là.
Il était un pur esprit,
Elle était un pur esprit :
Ils s’embrassèrent.

Un baiser de fantômes,
C’est un pétillement magnétique,
Une bulle d’étincelles,
C’est doux comme de la fumée froide,
Comme une haleine dans le brouillard.

Ils revenaient de temps en temps dans la maison abandonnée.
Parfois, il venait seul, et flottait en l’air, indécis.
Souvent, elle le rejoignait
Et ils dansaient un ballet aquatique.
Mais le lever du soleil interrompait toujours trop tôt leur rencontre.

Un an après s’être rencontrés,
Ils se quittèrent,
Pour aller vivre leurs vies fantômatiques
Ailleurs.

Nulle trace sur le sol, nulle profondeur dans les canapés
Ou sur les lits poussiéreux.
La vieille maison abandonnée fit comme si
Rien ne s’était passé.

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Magnolia Express – 1ère partie – # 12

Deux auditeurs souriants

  Je suis retournée au magasin quelques jours après, je ne savais pas très bien quoi lui dire. J’étais sûre que ça n’était pas le livre que je cherchais, mais…
Enfin, j’avais beaucoup aimé « Les loups et les hommes », une suite d’histoires où l’on retrouvait souvent les mêmes personnages, sous des éclairages différents, tantôt loup tantôt homme, tantôt sympathique tantôt dangereux. L’autre livre, c’était un recueil de poèmes, « Broken leaves across the cliff ».

  – et le demi-livre ?
– Ben, vous savez, c’est un livre pour enfants…
– Oui (il sourit). Mais c’est un bon livre pour enfants, un qui finit bien.

  Je regardai un peu le magasin autour, ça n’était pas une de ces librairies avec néons blancs qui mettent les livres en prison, il y avait même deux fauteuils en vieux cuir. Il suivait mon regard :

  – C’est pour que les gens goûtent sur place avant d’acheter.
– Mais vous n’avez jamais de vols ?
– … Beaucoup de gens aiment mes livres.

  Il souriait bien, on voyait des petits plis tout autour de ses yeux, de sa bouche et ses yeux avaient l’air de beaucoup s’amuser. Un peu comme s’il se racontait des bonnes histoires, et que ses yeux s’amusent à l’écouter.
Finalement, on n’a jamais besoin d’un grand auditoire.

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Tronches de cake

Voilà le fruit de ma réunion avec huit collègues.

Il y a encore du chemin à parcourir…

ça n’est pas pour me déplaire.

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Sérénorbitude

C’est une semaine un peu étrange, et une fin de semaine discutable. Je sors de 2h30 de réunion, ce qui aurait normalement le don de m’anéantir totalement. Mais j’en ai profité pour faire des dessins (enfin, des esquisses) en essayant de mettre en pratique les premiers conseils que j’ai lus dans les deux livres de dessin que j’ai reçus pour Noël.
Je viens de décider de ne pas aller à l’aïkido ce soir.
Le texte réclamé par la grande Loulou met du temps à être écrit, car il en dit finalement beaucoup sur moi.
Il fait nuit, je tombe – sur Pandora.com – sur une vieille chanson de David Crosby.
J’aurais été étonné, si on m’avait dit « ce soir, à 17h20, tu te diras ‘allez, je vais encore faire 40 mn de calculs financiers pour la mise à jour de ce livre’, et tu l’envisageras calmement, sans frustration ni envie d’être ailleurs ».
Les secondes sont des petits caillous posés sur ma sérénorbitude.

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Squelette

J’avais été invité à dîner chez lui. Nous passmes à table : il y avait six squelettes assis à table, plus nous deux, soit huit convives. Il m’expliqua que les Romains dînaient toujours avec un squelette à table, pour se rappeler la présence de la mort.
Pour lui, c’était l’inverse : il invitait de temps en temps un convive pour essayer de se convaincre qu’au milieu de toute cette mort qui nous entourait, il existait peut-être encore un peu de vie.

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Magnolia Express – 1ère Partie – # 11

Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de Mississippi River, par J. J. Cale, sur le CD Grasshopper, Mercury, 1982. Le disque est en vente ici.

Mississippi River
 
Quand on arrive à la librairie, il est encore assez tôt, le soleil découpe des triangles de lumière sur les façades et les rues sont plutôt vides. Mais le temps que j’ouvre la porte, que je sorte les étalages et qu’on passe un coup de balai, on dirait que les gens se sont donné un signal, ils sortent tous dans la lumière et passent devant la vitrine, comme un fleuve. La rue était une rivière calme dans le matin, le brouillard y flottait encore quand le soleil s’est levé, on entendait des oiseaux chanter. Tout à coup, elle se colore, s’anime, et s’emplit d’une rumeur bourdonnante, elle devient fleuve animé, charriant des sentiments, des problèmes, des préoccupations, certains passants trottinent, d’autres remontent lentement le courant, le sourcil froncé et le regard fixé au ras de l’eau.
Aline et moi, on a choisi de rester sur la berge.

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Batana – Blö (et quelques autres)

Blö : n.m. Personne qui marche sans regarder où elle va. Ex : qui regarde les vitrines de Noël ; qui regarde les étagères Ikéa ; qui consulte son portable.
Par extension : véhicule de la voirie qui arrose le trottoir avec un jet puissant destiné à catapulter les crottes dans toutes les directions, déclenchant une sensation de brumisateur merdeux sur le visage et les mollets du quidam (et de la Qui-Dame) qui passe.

Et voici les contributions récentes d’Atchoum :

  • Batana – Stymphaler : v.i. Enumérer une liste bien connue, par exemple les 7 Merveilles du Monde, les 9 planètes du système solaire (encore que la 9ème fasse débat), les 12 Travaux d’Hercule, … s’apercevoir qu’il nous en manque un. S’énerver. « J’ai encore stymphalé sur les 7 Nains ».
  • Ubuntu – Ensolminé(e) : adj. « Une journée ensolminée ». Se dit d’une journée où, s’éveillant dans un train, on ouvre les yeux et découvre un paysage particulièrement enchanteur, comme le soleil levant sur la Loire par un matin d’hiver. Voir cette boule d’un rouge ardent et graver dans sa mémoire les couleurs insensées du ciel et de l’eau qui se confondent. Se dire que le dormeur en face de soi ne verra jamais cela. Croire qu’on a compris Monet.
  • Batana – Sépojuste : n.m. Sentiment de frustration qu’on éprouve devant une machine ou un appareil quelconque, lorsque les mêmes causes, reproduites plusieurs fois, ne semblent pas avoir les mêmes effets. Typiquement ressenti dans la file d’attente d’un magasin, alors que votre carte de crédit a été refusée pour la troisième fois, et que les 17 personnes derrière vous montrent des signes d’impatience (les 14 personnes devant vous, elles s’en fichent, car elles ont déjà quitté le magasin). « Sépojuste, elle a très bien marché au distributeur de billets y’a 1/2 heure… » « Ah, ben alors vous pouvez payer en liquide ».

Tout cela a évidemment été enregistré dans l’Encyclopedia Batanica.

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300ème thibillet – Magnolia Express

Pour marquer d’une pierre blanche ce 300ème thibillet, je constitue un thibillet modifiable, à l’instar du 200ème billet.

Le projet Magnolia, d’abord hum hum évoqué (presque) fuligineusement, a repris du souffle, puis s’est allumé le 14 décembre, 5 mn avant que je ne descende fêter ça en offrant une heure open bar dans le lieu de mes perditions.

Voici donc la table des matières, que je complèterai régulièrement, de telle sorte que l’internaute nouvellement arrivé(e) puisse lire les chapitres dans le bon ordre.

Titre et début de la première partie : Prélude en fugue

Le vieil homme et la rivière
Café brûlé
Bob
Repas d’affaires chez les oiseaux
Tout sauf Joe Schlabotnik
Caletown
Deux livres et demie d’inconnu
Libellule
L’aigle de la route
Les loups et les hommes
Mississippi River
Deux auditeurs souriants
Conrad et son taxi
Des nuages et des chats
Prélude en fugue
Prélude en fugue (2)
Nouvelles de la région
De pancartes jalonner notre vie
Jack Kerouac, et quelques paysages

Deuxième partie : En glissant doucement au loin

La victoire des ours barbus
In the night, par Edward Hopper
Et ta nuit sera illuminée comme la mienne
Paquebot Taxi
Joe le bûcheron et les bouches d’incendie
Il faudrait que j’en parle à la NASA
Petit guide à l’usage des durs d’oreille
Papillons de nuit
La quête (1)
La quête (2)
Fort Zinderneuf
Breakfast dans l’air surchauffé
Maîtriser sa vie
Plongée sous-marine
Déchirement
Rhapsody in wood
Rendez-vous au paddock
Eileen
Rêve nocturne au milieu de l’été
Wells Fargo Inc.
Etape de nuit
Stuffy Beans
Repos
Tribunal de lapins
Lac
Gros Bêta
Vénus
Big Salmon Inc. (1)
Big Salmon Inc. (2)
Pas de mots pour ça

Troisième partie – Tijuana

Lait et crème fouettée
Pluie d’argent dans la vallée
Vieux Bill Horseshoe
Le convoi de la Rivière Sanguine
Mouvements syndicaux chez les lettres
Vieux Bill Horseshoe (2)
Vieux Bill Horseshoe (3)
Cargo cabane
George et Théa
Dîner des Grands de ce Monde
Dîner des grands de ce monde (2)
Pensées de Conrad
Dîner des Grands de ce Monde (3)
Un rêve d’Aline
Cahutes
Cahutes (2)
ça marche
Anecdotes
Ballade
Marée humaine
Les îles enchantées
Âmes en peine
ça marche (?)
Gloire à nos courageux pilotes
Et ta peine sera lavée dans les eaux d’un fleuve boueux

Quatrième partie – Magnolia

Quelque part au sud
Hauteurs du Tamalpais, 3h du matin
Grande pensée (1)
Grande pensée (2)
Grande pensée (3)
Grande pensée (4)
Grande pensée (5)
Cailloux blancs
Train fantôme
Train fantôme (2)
Assis sur ce train
Union Station
Si tu passes un jour en Oklahoma
Traces
Sautillons sautillons
Expectative
Haïku du vide
Grande pensée ?
Pas plus qu’un autre

Epilogue

La chanson du bateau de rivière

14 poèmes pour Aline

I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV.

Voilà, c’est fini. Un thibillet final se trouve là.

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Prise de poids… numérique

Je suis en train de ranger mes photos argentiques. Toutes mes photos argentiques. Cela fait des mètres et des mètres linéaires de photos. Une folie, bien plus que je n’aurais cru. Je vous régalerai du calcul, mais à vue de nez, ça ne peut pas être inférieur à 20 000 photos.
J’en viens à mon propos du jour. Je suis, comme tout le monde, passé au numérique. Certes, j’ai encore mes Nikon argentiques et les Leica (hin, hin, voui, voui !) argentiques de feu mon oncle, mais désormais, le numérique a pris le pas.
Ceux qui ne réfléchissent pas (mais je sais que mes lecteurs et lecteuses ne sont pas du nombre) diraient « très bien, ce passage au numérique, ça évitera de rajouter des cartons de photos ». Las, les photos numériques prennent de la place… numérique. Pour l’année 2005, 1,33 Go. Pour 2006, 15,4 Go (car changement d’appareil). 15 milliards 400 millions d’octets, soit plus de 120 milliards de bits. Certes, les disques durs se font tout petits, et une carte flash contient désormais l’équivalent d’un millier de disquettes 3″ 1/2 (3 000 disquettes 5″ 1/4).
Mais les capteurs des appareils augmentent en capacité. Une photo « pèse » 3 mégas actuellement dans mon Nikon, mais le même type de photo pèsera plus lourd dans les générations futures d’appareils. Quant aux vidéos numériques (format DV), elles pèsent 200 Mo pour une minute, 1 Go pour 5 minutes… Je vous laisse imaginer quelqu’un qui filme, non-stop, l’anniversaire de son fils.
Aussi, tandis que certains auteurs sympathiques réfléchissent sur les problèmes d’identité numérique, je m’inquiète pour ma part de l’espace numérique occupé dans la vie de chacun. De même que, il y a quelques années, on a commencé à voir des loueurs de boxes (espace physique) pour désengorger les garages, greniers, caves (pour les maisons individuelles), verra-t-on des désengorgeurs numériques ? Après Weight Watchers, data watchers ?

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Fulgurance

En écoutant des B.O. de films, notamment de westerns, notamment « Eldorado » :

Cyrano de Bergerac au siège d’Arras, c’est un peu John Wayne (et Richard Widmark) au siège d’Alamo. Certes, pour le premier, on pourrait dire qu’on lui a forcé la main (« vous aurez la bonté de vous faire tuer »), mais ce diable d’homme de Cyrano aurait refusé si cela avait été contraire à son sens de l’honneur. Dans les deux cas, il s’agit de cela : « les caves parlent d’un cas de conscience, nous on dit : un point d’honneur » (Pascal, dans Les Tontons Flingueurs). Voilà, ces hommes admirables se font tuer (ou blesser) à cause d’un point d’honneur. Ou est-ce à cause de ce point d’honneur qu’ils sont admirables ?

Je retourne à mon Souvaroff de steak haché. (mais bon sang, il faut que j’apprenne à peler les tomates, ça gâche tout, ces petites peaux).

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Magnolia Express – 1ère partie – # 10

Les loups et les hommes
 
Alors je suis rentrée avec ces deux livres et demi sous le bras, j’étais plutôt embêtée, j’aurais préféré acheter un livre et puis voilà. Quand je suis sortie de la librairie il souriait toujours gentiment, puis il s’est penché à nouveau vers l’étagère du bas.
 
Quelques blocs plus loin on voyait une devanture avec des étalages de fruits, je me suis acheté une pomme verte et une pomme rouge, et je me suis assise sur un banc à côté. Il y avait juste un petit souffle de vent, et on entendait un peu de musique dans une maison en face, là où un rideau bleu ciel bougeait doucement à une fenêtre. J’ai croqué dans la pomme verte en ouvrant le premier livre et j’ai commencé à lire, dans ces cas-là on ne sait pas du tout ce que ça va être, et puis après on ne se souvient plus de rien, on se laisse juste entraîner, il y a des livres bien, et puis il y a les autres, jusqu’à la dernière page on attend ou on espère.
Le livre s’intitulait « Les loups et les hommes » (j’aime bien les loups) et il commençait comme ça : « Dans un système écologique, les prédateurs ne peuvent jamais être plus nombreux que leurs proies, sous peine de mourir de faim rapidement. La régulation cyclique des espèces (un être naissant prend la place d’un être mort) assure la survie harmonieuse de chaque groupe : dès qu’un point d’équilibre est rompu entre prédateurs et proies, on assiste à un mécanisme de régulation. L’une des espèces se développe jusqu’à un nouveau seuil d’équilibre, ou bien se réduit, faute de nourriture. L’observation d’une pyramide alimentaire permet de comprendre qu’il existe un équilibre naturel entre chasseurs et proies ».
En fait, je devais m’en apercevoir, ça n’était pas un livre sur les loups, enfin pas ceux auxquels je pensais.

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Magnolia Express – 1ère partie – # 9

L’aigle de la route
 
J’ai toujours aimé rouler, en voiture, en camionnette, à moto. Je me souviens, quand j’avais quatorze ans j’avais acheté une mobylette avec mes économies, évidemment c’était pas le dernier modèle, et tous les garçons du quartier, ils me prenaient cent mètres dès le feu vert, et puis ils se croyaient en sécurité, ils ne savaient pas que l’Aigle de la Route était derrière eux. Dès qu’on avait une ligne droite un peu longue, je n’avais même pas besoin de la pousser, ma mob les rattrapait doucement, ils ne se doutaient de rien avec leurs pétrolettes couleur rose bonbon. Et puis tout à coup, leurs cheveux se hérissaient, et ils se courbaient vite sur le guidon, espérant m’échapper. Mais on n’échappe pas à l’Aigle de la Route sur son Speedster Compensé, voilà ce qu’il en coûte de se croire infini. Je les dépassais l’air dégagé, les yeux fixés loin devant, sur une trajectoire enfin digne de moi et bientôt je n’entendais plus que le ronflement du Speedster, tandis que leurs plaintes s’envolaient dans le vent, tout ça c’était déjà du passé.
 
Je me souviens avoir téléphoné chez moi, le jour où on m’a volé mon Speedster, j’avais couru partout autour du collège, il ne restait plus que l’antivol rouge vif.
– Manman…
– Qu’est-ce qu’il y a, tu vas bien ? Dis-moi, il ne t’est rien arrivé ?
– Manman…
– Pourquoi as-tu cette voix, ô mon dieu, mais dis-moi ce qui s’est passé, est-ce que tu es encore entier ?!
– on m’a volé le Speedster…
– le quoi ?
– … ma mobylette…
 
Je n’y peux rien, je m’attache très vite. J’aurais aimé présenter le Speedster à Libellule, ils se seraient bien entendus, et Aline en aurait fait un copain.
Alors je regarde souvent dans la rue, si je ne le vois pas. Un jour, peut-être, je le retrouverai. J’espère.

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Trêve des confiseurs

Je prends des vacances, ce blog prend des vacances, il n’y a que les spammeurs qui sont actifs 24h/24.
Rendez-vous en 2007, profitez des nuits bleutées de fin d’année.

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Caillou – Résolution

J’ai décidé d’arrêter de subir la pression
je suis désormais l’oeil à l’intérieur de l’oeil.

A chaque battement de paupière,
le monde extérieur se réinvente,
mes priorités se réajustent.

la saveur d’une gorgée de café pourra valoir plus que dix années de travail,
si la gorgée arrive au bon moment.
Le tout est d’être disponible,
ce qui n’est pas facile.

Je vis et je respire,
je cligne souvent des yeux,
et le monde se fixe
comme une photographie.

Désormais, je suis l’apostrophe du mot Aujourd’hui.

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