Libellule
Pendant qu’Aline s’installe, je nettoie vite le pare-brise de Libellule, c’est ma camionnette. Je le fais rapidement, en surveillant Aline parce que temps en temps elle me pique ma place et j’ai perdu mon tour de conduire. Non, ce matin, elle farfouille juste dans la boite à gants, et elle pêche sa paire de lunettes fumées, un truc qui lui cache tous les yeux, on se demande comment elle fait pour voir à travers. Elle a mis un T-shirt clair et on voit ses bras bronzés et elle me regarde et je souris, allez c’est bon, il est propre ce pare-brise, de toute façon on connaît bien la route, Libellule et moi.
Comme d’habitude, Libellule refuse de démarrer d’abord, on dirait qu’on la réveille, et je sens qu’Aline sourit, parce qu’elle, elle n’a jamais de problème, elle est bonne copine avec Libellule. Dans ces cas-là, je prends un air sérieux en donnant des petits coups d’accélérateur, allons allons, dépêchons-nous, voyons, pas d’enfantillages.
VROUM, VROUUUUM, Vroummmmm…
La main d’Aline vient juste se poser sur ma nuque comme un petit animal, et je fais attention aux cahots, pour ne pas effrayer cet oiseau-mouche que je sens tout chaud, palpitant. Pourquoi aller chercher plus loin ?
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.
j’adore.