Bob
Quand nous descendons enfin, les champs commencent à être ensoleillés, et une fumée de vapeur monte de la terre, les arbres sont encore endormis, on entend juste quelques oiseaux. De temps en temps, quand on a de la chance, on voit un renard qui traverse l’herbe en trottinant et qui rejoint vite la haie dans l’ombre. Je l’ai appelé Bob.
Je me souviens de la première fois qu’Aline a vu Bob. C’était au petit matin, je ne la connaissais que depuis la veille et je ne savais pas encore comment elle dormait, ce qu’elle aimait comme café, ce qu’elle pensait du Président Nixon, enfin tout quoi. Nous dégustions notre café brûlé, les yeux dans les yeux, je regardais les paillettes dorées dans les siens, et les petits plis de sourire autour. Je la regardais froncer le nez, plonger dans sa tasse à la recherche des dernières gouttes, et puis soudain elle s’est immobilisée, le regard fixé derrière moi, vers la fenêtre de la cuisine. Je me suis retourné juste pour voir le panache de Bob disparaître dans le fourré.
– c’est Bob, lui ai-je dit. Pour expliquer.
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.
Par moment on dirait la version roman du Combat Ordinaire de Larcenet; c’est le sentiment que j’ai eu sur les trois extraits. J’aime.
Le combat ordinaire, c’est génial (critique quelque part sur ce blog), mais c’est plus grave, dans le ton et les faits. Je revendique la futilité. Par moments, je trouve mon écriture trop plichonne. M’enfin, je préfère parler des ubuntus que des batana, ça a toujours été comme ça.
C’est marrant, ta référence, tant qu’à prendre un Larcenet, j’aurais plutôt comparé à Retour à la terre.