Livre lu – Jean Giono : Ennemonde et autres caractères

Bien à la bourre sur pas mal de sujets + petits soucis personnels.
J’ai pas mal de livres en retard, j’en reviens donc à mon propos initial : je parlais de ces livres pour garder une trace des citations qui me plaisaient (avec le tag citation, c’est rapide après coup d’en établir la liste exhaustive).

Ennemonde et autres caractères, donc (de Jean Giono, Collection Soleil, Gallimard, 1968, 172 p.)

Une puissante étude de caractères, qui emprunte à Emile Zola et à Andrea Camilleri, en se démarquant. Zola, pour faire simple, analyse du dehors. C’est l’environnement social, ou les coups du sort, qui façonnent les individus et leurs actes. Chez Giono, c’est plus la nature (forcément sauvage, indomptée) et l’entourage (la famille, le village) qui expliquent les caractères – mais Giono a la modestie de dire qu’il essaie d’expliquer, il s’y reprend souvent plusieurs fois, avec des images, et il reste toujours une facette de mystère.
Andrea Camilleri esquisse les traits à coups de dialogues. Il en arrive à définir l’homo sicilianus avec une précision qui est tout sauf scientifique, on en sent plus l’approche pragmatique, mais ô combien savoureuse (j’en dirai plus, peut-être, en parlant de L’Opéra de Vigata).

Giono, donc. Un seul passage, parce qu’il condense, sous forme d’exemple parmi tant d’autres, la poésie de Giono.

Le ciel est transparent. L’air enivré. Le vent fait dans les sapins le bruit de la mer. L’herbe se couche, la lavande tremble. Des tuiles cliquettent comme si quelqu’un marchait sur le toit. Le vent fait sonner la profondeur des citernes. Les chemins fument, les hêtres s’agitent, les bouleaux se balancent, les peupliers scintillent, le vent court dans les herbes comme un renard. L’arche des murs sifflote. Les loquets dansent dans leurs gâches. Les volets arrêtés frappent sur leurs crochets ; une porte d’étable grince. De la paille vole. Le vent roule des blocs d’étourneaux comme un torrent des blocs de serpentine. Un corbeau se noie en plein ciel et appelle. Il est déjà loin.
Jean Giono, Ennemonde et autres caractères, Collection Soleil, Gallimard, 1968, p. 104-105.

Quand cherche Serpentine dans Wikipedia, on sort de la poésie. Heureusement, les anglo-saxons ont une longueur d’avance. .

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Magnolia Express – 2ème partie – # 4

Paquebot Taxi
 
Je n’ai jamais vu Conrad sans son taxi. Je ne sais pas qui garde l’autre, mais ils se déplacent ensemble, et le taxi est toujours resplendissant, les chromes astiqués, toute la carrosserie d’un jaune flamboyant, tandis que Conrad porte le plus souvent un vieux jean crasseux, une grosse chemise de coton, et il a toujours l’air de ne pas avoir dormi les deux derniers jours. (Ce qui n’est pas possible, si l’on y réfléchit deux minutes).
Quand il s’arrête aux feux avec son taxi, ça fait une sorte de soupir, de glissement d’air, et les deux attendent doucement que le feu passe au vert. Quand on est à côté du conducteur, on voit, loin devant, le bout du capot jaune, et les gens qui passent dans la rue, il y en a qui traversent, d’autre qui marchent au petit bonheur. Puis on redémarre. Sur les rives, des coraux multicolores, des rochers grisés défilent tandis que le taxi laisse derrière lui un sillage blanc.

Quand il rencontre un autre paquebot taxi, ils échangent des signes de reconnaissance, des signaux optiques ou bien un ou deux coups de trompe. Quand ils ont le temps, ils se mettent bord à bord et échangent des informations de voyages, se racontent leurs fortunes de mer.
– Attention vieux, par devant il y a une passe dangereuse, vaut mieux prendre vers le sud.

Ou bien
– Tu as des nouvelles de l’Argentin ? Ça fait plusieurs saisons que je ne l’ai pas vu…
– Oh, maintenant il croise plus souvent vers le trentième parallèle, il en avait marre de ces eaux-là, tu le connais, il lui faut du changement.

Ou encore
– Dis vieux, je n’ai plus tellement de gazoline, tu ne sais pas où je pourrais aller me ravitailler ?
– Suis les lumières de la côte sur deux milles : à l’embouchure du fleuve, tu as un comptoir qui vend de tout.
– Ah oui, je me souviens, j’y allais souvent il y a quelques années.
 
Ce sont toujours de courtes discussions, et puis chacun cingle à nouveau vers sa destination, sur cet océan liquide où chacun crée sa propre route.


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Le roman, dans l’ordre, est
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Lapsus clavieri

De temps en temps, je commets des lapsus au clavier (je préfère penser qu’il y a un processus inconscient, plutôt que de parler de fautes de frappe). En voici un florilège :

  • Une nouvelle que tu me balkances (… d’Estonie ?)
  • Réponse typiquement félinine
  • On ne peut guère léviter
  • Induboitablement
  • Tu m’enfance dans ma médiorité
  • La performance est expérimée
  • L’ovule parfait de ton visage
  • Epinardos (au lieu de peinardos)
  • Il singifie
  • Chacun suivait de lion la vie de l’autre
  • Cela ne vaut pas la pine
  • je suis d’une ignorance grasse
  • merdi beaucoup pour ton cadeau
  • écopute les paroles
  • Je décachète les mails à la vitesse de la pesée
  • La date milite
  • J’ai cru que j’allais être électroctué
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Buzz – démarche de salubrité publique

J’ai le plaisir de vous annoncer la naissance du blog « Objectif zéro sale con », qui sert de support au livre éponyme qui paraîtra en avril (lui même traduit depuis The no asshole rule, en cours de parution aux US). Pour avoir eu la primeur de quelques pages, et du plan, j’avoue que l’auteur m’a l’air documenté, pertinent, et entomologiste dans son approche 🙂
C’est mon éditeuse maudite (déjà citée plusieurs fois dans ce bleug) qui récidive, et qui s’attaque à un gisement quasi infini : les sales cons au travail. Le terme lui-même demande à être défini, et c’est ce qu’elle s’attellera à faire dans les prochains jours.
D’ici là (publicité gratuite), n’hésitez pas à la lester de quelques histoires d’enflures, de pète-sec, de crevures au boulot, elle est comme moi : dans un boulot tellement rêvé qu’on ne connaît pas ces basses contingences humaines, tout le monde est gentil chez nous…

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Buzz – projet Mercure

Quand j’en avais parlé, c’était très vaguement (je ne parle plus de mes projets que quand ils sont en phase de réalisation), et en employant le nom de code Hermès. Mais en fait, pour des raisons plus ou moins évidentes, dans ma tête, c’est le projet Mercure.
Même si l’idée date d’il y a plusieurs mois, même si les présentations, les réunions, les rendez-vous, ont eu lieu dans les dernières semaines. Et surtout, même si la négo continue, car on en est qu’au début, pas de doute : le projet Mercure a démarré.

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Magnolia Express – 2ème partie – #3

Et ta nuit sera illuminée comme la mienne
 
Alors on a déchargé Libellule, et on a mis nos bagages dans le taxi de Conrad, Tu comprends, qu’il me dit en balançant les sacs de couchage dans le coffre, moi ma spécialité, c’est le taxi de nuit. Alors quand vous m’avez dit que vous partiez ce soir…
Ça avait l’air si simple comme ça, je ne disais rien, après tout, c’était simple : Conrad avait eu envie de venir avec nous et il était venu.

– Je suis content que tu sois là, lui dis-je.

Il me regarda en bougonnant un peu, il était content aussi, vieil ours noctambule, et il s’appuyait sur le capot de son taxi en regardant Aline qui revenait vers nous. Puis j’ai fermé la maison, et nous sommes partis sur le vieux chemin cahoteux.
 
Dans la lumière des phares,
à un tournant,
vite disparue dans les fourrés,
la tache flamboyante de Bob le renard.

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Le roman, dans l’ordre, est
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Magnolia Express – 2ème partie – #2

In the night, par Edward Hopper

– Euh, voyons voyons, qu’y a-t-il à deviner, fis-je, en prenant un air faussement songeur. Puis je m’illuminai, comme dans les dessins animés, j’aurais bien voulu qu’une ampoule s’allumât au-dessus de ma tête, J’ai trouvé, dis-je, pas peu fier : Conrad est venu nous dire au revoir !

Silence. Les deux me regardaient, souriaient, se regardaient, souriaient, je les regardais aussi, alors bon, je faisais comme tout le monde, j’essayais de sourire d’un air fin, en prenant un air du genre Oh-mais-oui-bien-sûr-quelle-bonne-blague-non-vraiment-quelle-surprise. Silence. On aurait dit un tableau d’Edward Hopper. Il y a un homme avec une chemise à carreaux rouges, genre bûcheron, il est mal rasé, on dirait un ours débonnaire, un ours qui rigole après avoir fait un festin de miel. Et puis il a sa patte autour de l’épaule d’une fille qui sourit tellement qu’on ne voit que ses yeux, tous les deux on sent bien, ce sont deux copains, mais on ne peut pas vraiment en être sûr parce qu’un tableau, c’est toujours très mystérieux, c’est peut-être son père, on ne peut pas dire. Et puis ils regardent un troisième, qui a l’air un peu bête à sourire, et qui tient une bouteille Thermos, c’est peut-être le frère de l’ours, ou bien l’ami de la fille qui sourit tellement qu’on ne voit que ses yeux, on peut pas vraiment dire.
Et puis autour, une cuisine éclairée comme dans les tableaux d’Edward Hopper ; il y a une table en bois, et puis deux chaises, par la fenêtre on voit juste un rectangle bleu nuit, mais si on se penche un peu sur le tableau, on voit quelques peupliers, plus sombres vers la rivière.

– Conrad vient avec nous, dit Aline.

Conrad ne disait rien, il hochait la tête, je le connais bien, ça voulait dire Oui, elle a raison la petite Aline, c’est bien comme elle le dit.
Alors je hochai aussi la tête, si elle le dit, c’est que c’est vrai, jamais Aline ne m’a menti.

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Le roman, dans l’ordre, est
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Magnolia Express – 2ème partie – # 1

La victoire des ours barbus
 
Il était un peu tard quand nous sommes arrivés à la maison, Aline a allumé une vieille lampe à pétrole que j’avais bricolée pour la terrasse, je voyais son ombre qui la suivait tandis qu’elle m’aidait à charger Libellule.

– ça va ? me demanda-t-elle soudain, mi-rieuse mi-grave, avec son petit sourire qui retroussait une fossette lumineuse. Je me réveillai de mes pensées, et vis son ombre qui me regardait, tranquillement adossée à un des murs de la maison. Mon ombre à moi grommela un peu, on n’avait pas vu Conrad depuis quelques jours, j’espérais qu’il passerait pour nous dire au revoir, j’en profiterais pour lui demander de venir jeter un coup d’œil par ici, de temps en temps.
Je laissai Aline finir de déposer nos affaires, et allai préparer du bon café brûlé pour la route, pour emporter un peu de la maison avec nous.
 
Depuis la fenêtre de la cuisine, je regardai les peupliers immobiles, devant la rivière tranquille. Tout le monde attendait, retenait sa respiration, mais je le savais, nous étions déjà partis, et c’est vrai que c’était agréable, ces préparatifs à la nuit tombée, les familles étaient rentrées chez elles, elles mangeaient des haricots au lard autour de la table familiale et pendant ce temps, mon petit nuage chatonneux et moi, on se préparait avec Libellule.
J’étais en train de verser le café dans la bouteille Thermos quand j’entendis le klaxon de Conrad, chic chic, Conrad est passé nous dire au revoir avant de commencer sa nuit ! (Vite, finissons de verser ce bon café brûlé, et puis allons voir Conrad et Aline). Je bouchai la bouteille Thermos, la pris à la main, et j’allais quitter la cuisine, mais ils arrivaient tous les deux, on aurait dit deux étudiants qui ont fait une bonne blague, ils se souriaient en me regardant.

– Ben quoi ? que je dis, plein d’à propos.
– Devine, me dit Aline, elle souriait de partout, ses yeux pétillaient comme des bulles dans un ruisseau, Conrad avait passé un bras autour de ses épaules, et elle paraissait toute frêle à côté de ce bon gros ours mal rasé.
(A la réflexion, je n’ai jamais vu d’ours bien rasé).

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Le roman, dans l’ordre, est
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Magnolia Express – 2ème partie

Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de Slip Slidin’ Away,
par Paul Simon, sur le CD Greatest Hits (shining like a National guitar), Warner Bros, 2000. Le disque est en vente ici.
Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de Hey Joe,
par Jimi Hendrix, sur le CD Live at Woodstock, MCA distribution, 1999. Le disque est en vente ici.

Deuxième partie :

En glissant doucement au loin

 

 

 

I’m going way down South
Way down
to Mexico
 
Jimi Hendrix

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Le roman, dans l’ordre, est
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RTFM revisited

Aux premiers temps de ce blog, j’avais parlé du syndrôme RTFM, qui depuis a été transformé en batana sous le nom poétique de Déguimpiller (que je dois mettre à jour, avec racravouci et autres casse-rétines).
En bref, c’est « ne pas lire les commentaires avant de poser sa question ».

Cela rentre en phase avec une autre observation que j’ai faite récemment, et que je vous livre en vrac.

Cela est parti de ma remarque amusée sur le ratio entre les lecteurs et les acteurs : sur un blog (pas le mien en particulier, on s’en fout), je pense que le rapport entre le nombre de lecteurs (silencieux) et le nombre de commentateurs doit être de 100 pour 1, peut-être même 1 000 pour 1.
C’est une loi plus générale d’Internet :

  • sur les blogs, peu commentent
  • quand ils téléchargent un logiciel gratuit, peu envoient des mails de remerciement
  • quand ils téléchargent un logiciel en partagiciel (shareware), peu achètent le logiciel, même s’ils l’utilisent assidument et en sont contents

Vous voyez mon propos moralisateur derrière, ou le biais que je donne à la comparaison : rien n’oblige à laisser des commentaires sur un blog, rien n’oblige non plus à acheter un logiciel partagiciel dont on se sert. Mais le devoir moral est probablement plus important dans le deuxième cas que dans le premier.

J’en arrive à un point qui est plus étonnant : les flux d’infos nouvelles annulent l’intérêt des précédents. On se gave passivement, à heures données, ou bien même, toutes les 5 mn, compulsivement. C’est une nouvelle forme de télévision.
Autrefois : « qu’est-ce que t’as fait aujourd’hui ? », « Rien, j’ai regardé la télé ». Aujourd’hui : « Rien, j’ai surfé ».
Je le constate notamment sur les mails : on est tellement content de recevoir 3 mails qu’on néglige d’y répondre – et encore moins, de répondre aux 10 mails précédents. Le fait d’avoir lu enlève la nouveauté, même si la personne en face attend toujours sa réponse…
Il y a une dissociation claire entre la frénésie passive de se gaver et l’absence d’action. Un culte de la passivité.

En synthèse : je disais dans un thibillet immémorial que nous, les êtres humains, avons probablement des jouets trop compliqués pour nous, c’est-à-dire que nous n’avons pas encore appris à vivre correctement avec eux (je crois que je prenais l’exemple de la voiture). Je vois l’e-mail comme un truc qui a été considéré comme une bénédiction, une merveille technologique (« tu te rends compte, je clique Send et dans une minute, ma connerie est à San Francisco ! »), mais plus le temps a passé, moins nous avons appris à nous en servir efficacement. De bénédiction, c’est devenu une charge, voire un absorbeur géant de productivité. Et là, on arrive à l’hypnose : les vaches regardent passer les trains, nous on regarde passer les e-mails et les billets de blogs, ce qui compte, c’est la nouveauté qui efface tous les trucs précédents. C’est en même temps l’opposé du collectionneur (qui classe, archive, étiquette… et retrouve) et cela tient de la même compulsion de nouveauté.
Je n’arrive pas à trouver l’adjectif qui résumerait cela : ce n’est pas marrant, ou étrange. Plutôt consternant.

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Out of the black

Ils en parlent, Julien et Yog, donc je les référence, comme ils m’ont référencé, et réciproquement, on va se faire un petit mouvement perpétuel. Tiens, une idée conne (je suis vulgaire aujourd’hui, et votre opinion, vous pouvez vous la), si chaque commentaire, ou chaque billet, posté sur un blog générait un électron consommable, bon sang, m’est avis qu’on aurait moins de problèmes d’énergie. A chaque fois que quelqu’un dit une connerie aussi. Les écoles de commerce deviendraient des générateurs superpuissants, surtout dans les amphis pendant mes cours, hahaha.
Grâce aux petits billets de mes deux petits camarades, j’ai non seulement appris que la conso d’électricité a chûté de 1% pendant ces 5mn (ce que je trouve être un très beau score), soit l’équivalent de 3 millions de foyers, la taille de Marseille, quoi, ou Paris intra-périph, mais aussi qu’il y a des nanards de la publicité qui se spécialisent dans l’affiche-que-plus-le-produit-il-est-polluant-plus-on-met-des-petites-fleurs-à-côté. Démontration ici, c’est consternant. Le pire, c’est que, même si vous et moi sommes bien intelligents et raisonnables (surtout moi), je suis sûr qu’au niveau du plan du vécu de l’inconscient, leurs fadaises et leurs ficelles grosses comme des cables d’amarrage (nom d’une bitte !), on se les relègue au fin fond de notre cerveau, et hop, quand on passe à côté de la vitrine d’un concessionnaire, il doit y avoir une petite lampe qui s’allume en loucedé dans notre cerveau et qui hurle silencieusement « Tu dois acheter un 4×4 avec sièges en cuir, parce que de son pot d’échappement sortent des petites fleurs et que c’est zouli, les fleux ».
Publicitaires anti-déontologiques, au gnouf !

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Air connu…

Depuis le début de la semaine (qui n’est pas encore finie, encore deux jours et 8 heures), j’ai envoyé ou reçu 155 mails. Sans compter les mails que j’ai jetés, les mailing listes collectives auxquelles je suis abonné, ni les travaux rendus par mes étudiants.
Dans ma boite Inbox, j’en ai encore 247 à traiter. Quand je faisais mon DEA, j’aurais été loin d’imaginer qu’un boulot de prof, c’était essentiellement répondre à des mails. Inutile d’insister sur le caractère desséchant de ce type d’activité : j’y passe actuellement plusieurs heures chaque jour. Putain de vérole.
Je vais tenter un truc : réinstaller chez moi ViaVoice Pro (logiciel de dictée vocale), pour voir si ça peut augmenter mon rythme de pelletage (=réponse) des e-mails.
Bac +43 et condamné au choix entre dictaphone et dactylo, bordel à cul.

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Le ciel est gris, on ne voit plus rien, il est temps d’éteindre les lumières…

Grâce au blog du bouchon, et à sa génitrice (du dit et de la dite), j’ai été informé de l’opération black-out. Certes, en ayant mes organes connectés à 200 blogs en permanence, je n’aurais pas pu ignorer ce phénomène : tous les blogs de BD en parlent.

Donc : ce soir, de 19h55 à 20h, vous faites comme moi, vous éteignez tout. Les lumières, les veilleuses. Après, dans le noir, vous faites ce que vous voulez, certains proposent de faire l’amour (ils sont nombreux, on est en France), d’autres se relient à l’actualité du jour (regardez le dessin et son animation…).
Certes, c’est pas 5 mn de consommation électrique en moins qui nous empêchera de mourir suite à la montée des eaux glaciaires (tiens, ça me rappelle une nouvelle de finance-fiction), mais c’est un geste.

Donc j’y vais de mon Dazibao et de mes réflexions sur le sujet.

Vous pouvez commencer par lire le billet de La grande Loulou, car elle est journaliste, intéressée aux choses scientifiques, et a la vocation de faire bien son métier. Un modèle de clarté (lumineuse, ouf ouf ouf !).

Vous pouvez aussi lire les contributions de Tristan Nitot, qui ne parle pas que de standards : un simple « 4×4 » tapé dans son champs de recherche donne quelques beaux billets (je ne sélectionne que les billets synthétiques, et en français) : citation du jour, Marketing viral et Chevrolet.

Tant qu’à faire, je peux parler de lui sans qu’on me taxe de proximité intéressée, car il s’est retiré de la campagne présidentielle : Nicolas Hulot soutient les 10 gestes quotidiens pour améliorer la situation. Par ailleurs, je ne sais pas si son pacte écologique , avec ses 10 objectifs et ses 5 propositions, suffisait pour un programme politique de président, mais c’est tout de même d’actualité, non ?

Mes réflexions sur le sujet :

  • encore une fois, tout passe par l’éducation. Tant qu’on ne sait pas qu’un TGV consomme 7 à 10 fois moins d’énergie qu’un avion, on n’a pas les moyens de choisir.
  • toute cette réflexion, notamment l’objectif n°1 du pacte écologique (« concevoir les produits industriels pour qu’ils durent, soient réparés ou recyclés afin de réduire les flux de matière, de déchets et d’énergie ») est totalement en phase avec le livre que je lis dans des lieux raffinés, Entrepreneur malgré moi d’Yvon Chouinard (fondateur de Patagonia, un gars qui a décrété que quand les vagues étaient bonnes, tous les employés avaient le droit d’aller surfer) et dont je vous ferai critique quand je l’aurai torché (hum hum…)
  • chaque geste compte. Chaque geste est une goutte d’eau, et l’océan est fait de gouttes d’eau.
  • mais il faut intégrer le temps passé à accomplir ces gestes, et raisonner en économie globale. Quelques exemples, je sens que vous pataugez :
    • Si je me positionne au niveau de mon nombril, je n’ai aucun intérêt à trier mes ordures ménagères : c’est fastidieux, quotidien, et ne me profite pas directement. C’est peut-être pour ça que 30% de gros baveux ne le font pas. Maintenant, je le fais, car je suis ordonné, citoyen, et que ça occupe mon vide existentiel. Ainsi, quand je vois des marguerites dans mon jardin, je les entends dire « merci, t’es le plus gentil ».
    • Remplir mon stylo-plume me donne régulièrement une grande satisfaction : j’adore écrire à la plume, je sais que je ne vais pas jeter des cartouches vides, je ne jette pas les stylos-bics (que j’utilise peu, et c’est tant mieux, je serais angoissé par La question). la contrepartie, c’est que je m’en fous souvent plein les doigts, alors qu’il serait si simple d’aller voler des stylos jetables et polluants au secrétariat. Mais je suis citoyen, et les feuilles de papier, ensemencées par ma plumes, accouchent de jolis mots Cadum.
    • N’utiliser que des piles rechargeables n’a que des avantages : moindre pollution, moindre coût.
    • Au boulot, nous recyclons les feuilles vomies par l’imprimante laser : dès qu’elles ne servent plus (c’est-à-dire après lecture), hop, on les place dans un bac, et les salariés diligents de mon école en font des blocs notes dont une face est blanche. C’est poilant, en plus d’être développement durable fashion, ça permet de ne pas s’ennuyer en réunion : on lit au dos ce que les autres ont imprimé. Ah les nains, qu’y sont cons ! (pardon)

Enfin, vous me connaissez, fallait bien que je parle de finance et d’argent. Derrière tout ça, y a des gros sous. Plein plein plein, voui. Et plein de bons sentiments, aussi.

  • Par exemple, les téléphones portables, ça se recycle, et ça donne du boulot aux gens d’Emmaüs. Un acte, deux gains.
  • Ou bien, dans un registre plus intéressé, les fonds d’investissement se spécialisent dans les énergies alternatives (biocarburant, éolien, solaire). Eh oui, quand y a du développement, y a de la croissance, donc de la rentabilité, ouéééé. Selon New Energy Finance, les transactions dans ces secteurs auraient atteint 100 milliards de dollars en 2006. Faire le bien en gagnant de l’argent, pas mal, non ? Un acte, deux gains. (source : Les Echos d’hier, p. 19).

Moi j’t’y dis, faut les tenir par le larfeuille, y a que comme ça que ça marche (on dirait du Audiard).

Bon, moi je vais pas tarder à éteindre, alors vite lu, vite fait, hop, éteignez tout ! (même la Tour Eiffel s’y mettra…)

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Ubuntu – perdroler

Ces temps nécessitent un peu d’optimisme, et rien de tel qu’un ubuntu fraichement éclos de la machine à faire des pâtes pour se requinquer. Inspiré par deux aventures, deux soirs successifs, au ski.

Perdroler : v.i. Remporter une petite victoire sur un restaurateur.
Par exemple : arguer que c’est à cause de la déficience du gel inflammable que la fondue a croustiné, et suggérer qu’une autre portion de fondue (offerte grâcieusement) serait bienvenue. Attendre avec un intérêt tempéré de patience. Voir enfin le loufiat remonter l’escalier avec un poëlon surnuméraire, et le remercier copieusement, en termes fleuris.
Autre exemple : suggérer que le prix prohibitif de la pierrade frise l’escroquerie, compte-tenu de la faible densité de viande dans l’assiette. Accueillir les excuses désolées du garçon en mettant tout sur le dos du patron. Attendre avec un intérêt tempéré de patience. Voir revenir le garçon avec une autre assiette remplie, le remercier abondamment tandis qu’il fait « chut » par gestes. Lui laisser un pourboire royal, alors qu’on a payé la note sans arrondir au centime supérieur.

Petits conseils pour avoir des chances de perdroler : ne pas sombrer dans le registre typiquement français de l’insulte et des menaces, du regard de haut et du mépris. Être courtois, l’humour marchant très souvent, le but étant de créer une connivence rigolarde à coup de termes coruscants.
Et surtout… ne pas s’entêter si on n’a pas réussi à perdroler. Mais péter la vitrine en sortant, hahaha.

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Rien du tout

307 mails dans ma boite ce matin.
256 mails ce soir.
307 – 256 = 51 mails, diras-tu, c’est pas dur de répondre à 51 mails en 10 heures.
Ben non, parce qu’il y a les 20 (30 ? (40 ? (1239 ?))) mails que j’ai traités, pour lesquels j’ai reçu des réponses dans la journée, et que j’ai classés.
Donc ça fait 51 + Réponses + XX classés. Arriver à zéro zéro zéro…
Plus personne à mes basques…
Dormir.
Ou me mettre une escalope sur mon oeil au beurre noir.

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Caillou – Blizz-Bliss


Un vent de neige
descend le long
de la crête ensoleillée.

Cascade immatérielle
Où nagent
Des truites arc-en-ciel.

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