Julien me demande des conseils sur la Bourse (qui turbule pas mal actuellement), tout en précisant qu’il ne va pas investir, parce qu’il n’a pas d’argent.
Je dis : bienheureux ceux qui, par quête intellectuelle, cherchent à comprendre, sans chercher automatiquement à s’enrichir.
Je vais donc donner mes opinions sur ce phénomène, avec quelques garde-fous (car vous êtes des fous, si, si !).
La suite va représenter mes opinions sur le sujet. Nous sommes donc dans le subjectif. Néanmoins, pour les contradicteurs éventuels, avant de vous exprimer : (1) lisez tout ce que j’ai exprimé sur ce blog en matière de marchés financiers ; (2) réfléchissez ; (3) éventuellement, faites un doctorat en finance.
Je ne veux pas me positionner comme un mandarin élitiste, mais je ne veux pas non plus avoir à répondre à des questions à deux balles du genre « l’action XX a fait +33% en une semaine, c’est bien la preuve que les marchés ne sont pas efficients, hein, hein ?!! ».
Maintenant que nous sommes entre nous, allons-y.
La crise des subprime
Je ne comprends pas tout. Ce que j’en saisis, c’est que des banques américaines ont vendu des crédits immobiliers à des personnes qui ne pouvaient pas rembourser, et que (c’est le point important) le risque de non remboursement n’a pas été assumé : les banques se sont refinancées auprès d’autres banques qui se sont refinancées auprès d’autres, l’information se diluant (involontairement ou volontairement ?) à chaque passage.
– « ah ouais, euh, je te refinance, mais c’est pour quoi exactement ?
– Oh, beuh, tu sais, des trucs classiques de banquier, pas de malaise…
– Ah OK alors je te fais un super taux façon banquier, on est entre nous…
– T’es sympa, vieux, j’en attendais pas moins de toi. »
La conséquence
Badaboum.
Mon opinion
Badaboum dans les journaux, ça permet de faire vendre des journaux.
Badaboum en Bourse, ça permet d’expliquer à tous que nous sommes mortels, ça emploie des traders (qui vont mouiller la chemise), et ça va générer des commissions (rappel : les courtiers touchent une commission quand on achète, ou quand on vend, bref, ils touchent une commission quand les marchés bougent).
Mon opinion 2ème niveau, qui est plus une intuition : il y a deux catégories de personnes sur les marchés financiers. Il y a toi, qui représente 90% du marché. Toi, tu es trader, tu es gestionnaire de patrimoine, tu es retraité ou tu es boursicoteur. Ton horizon : 3 jours. Ton addiction : les graphiques boursiers. Ta testostérone : quand ça monte. Ton biais comportemental : quand ça baisse, tu sur-réagis.
Et puis il y a moi, et quelques autres (10% du marché, ou moins). Moi, et quelques autres, on a fait de la recherche en finance, et on est vieux, et on investit avec de l’argent qui est déconnecté de notre rémunération, sans exigence de rentabilité à court terme. Quand ça sur-réagit, on sent que ça sur-réagit, parce que nous, tu vois, on sait qu’on va se réincarner 12 fois, alors qu’est-ce que 10 ans, hein ?
Ce que j’ai fait
J’ai vu la Bourse baisser. Je sens (intuition) que quand la Bourse fait -5% en une journée, c’est de la sur-réaction. Et qu’il suffit d’acheter à ce moment-là, puis d’attendre (parfois quelques mois, ou années) pour récupérer ce 5%. Le maître-mot est « avoir des liquidités prêtes, et être zen ».
Donc hier, vers 10h du matin, j’ai acheté de l’indice Eurostoxx.
Pouf, ma banque m’a dit (par Internet) : « Ouah, hé, coco, t’as pas les ronds pour claquer autant ! »
J’y ai répondu : « Que si ! Je te mets grave, avec mes picaillons ! »
Qu’elle m’a répondu : « Je te vois pas, minable, t’as 2 centimes sur ton compte et ta mère elle sghy les jkrvc sur le bvsjkbh (illisible) »
J’ai donc eu une discussion virile avec ma banque. Bien m’en a pris : quand enfin tout s’est débloqué, j’ai passé mon ordre, il était 14h et quelques, et j’ai acheté au plus bas (presque).
Résumé
J’ai acheté de l’Eurostoxx à 36,07 €. 23h après, aujourd’hui à 13h04, ça cotait 37,79. Je calcule ça, grmmrlmmrlrm, ça fait +4,77% en 23h. (il y a une heure, ça faisait +5,1% en 22h.)
Imagine +4,77% sur un million d’euros.
Oui, je sais, t’es jaloux. Mais pour alimenter ta jalousie : suis l’indice, divise par 100, et calcule ma performance.
Ah oui , j’oubliais : tu ne sais pas combien j’ai investi. Boh, suppose 150 euros.
Et multiplie par 100, pour voir.
Bémol
Tu crois vraiment que c’est si facile ?
Tu crois que si j’avais perdu en Bourse, j’aurais fait un Thibillet ?
Encore une fois (conseil n°2) : réfléchis. C’est gratuit, c’est en vente libre, et tu es le contrôleur du résultat.
Cela dit : Champagne !!