Inbox Zero

ça y est, ma boite de réception mail (Inbox) ne contient plus un seul mail, elle est plus vide que le slip d’un ange.

Ce que j’ai appelé à l’époque le projet Augias (historique et liens dans ce thibillet) est en fait un projet de longue haleine. Les dernières fois où j’ai réussi à être en Inbox Zero ont été le 6 février 2008, le 7 novembre 2008, le 1er décembre 2008.

Cette histoire des mails est un symptôme, je trouve, de notre culture, notre société, notre siècle. Je peux le résumer en quelques idées :

  • de l’action, nous sommes passés à la contemplation. Avant, on répondait à ses mails. Aujourd’hui, on checke ses mails.
  • A la place d’une gestion systématique, on traite les mails en fonction du stimulus (plaisir, urgence, motivation…)
  • Une nouvelle vieille de plus d’une heure… a disparu de nos écrans. Un mail de plus d’un jour, idem.

Je vais essayer de maintenir cette boite de réception vide, en étant particulièrement vigilant sur la régulation du flux entrant (stratégie du dressing).

Et pour terminer, quelques stats :

  • Sur les 6 premiers mois de l’année 2011, j’ai reçu 3 127 mails « utiles » (ceux que j’ai archivés, c’est-à-dire que j’exclus les spams et les mails que j’ai détruits car inutiles – beaucoup de lettres d’information par exemple), soit 142 mails utiles par semaine. J’ai répondu avec 1 409 mails, soit un ratio d’un peu moins d’un mail envoyé pour deux reçus, ou 64 mails par semaine. Mon flux utile est donc de l’ordre de 206 mails par semaine. Cette statistique est hélas trompeuse. Comme déjà indiqué, certains mails demandent juste à être classés (touche « A »), d’autres demandent une réponse rapide (« OK, ça me va, A+ »), enfin, à l’autre extrême du spectre, on a les envois de cas à corriger, les propositions pédagogiques à bâtir (formation exécutive), ou les mails du type « Bonjour, voici notre mémoire de 3ème année (60 pages), pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez ? ».
  • 2010 :  4 321 mails envoyés (83 par semaine) ; 8 843 mails utiles reçus et conservés (170 par semaine). Ratio d’un peu moins d’un mail envoyé pour 2 mails utiles reçus.
  • 2009 : 3 906 mails envoyés (75 par semaine) ; 7 959 mails utiles reçus et conservés (153 par semaine). Ratio d’un peu moins d’un mail envoyé pour 2 mails utiles reçus.
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My ThibPad

Cela fait maintenant un mois que je pratique mon nouveau petit ordinateur, et voici le temps du bilan.

Tout est parti d’un week-end à Barcelone. Sur les 5 poilus présents, j’étais le seul à ne pas avoir emporté de solution mobile (ordi portable ou iPad). J’ai donc pu mesurer :

  • ma pharmacodépendance (forte) aux réseaux dont j’étais privé alors que les 4 autres avaient leur dose
  • l’intérêt des différentes solutions en présence

Je suis revenu de ce week-end en sachant déjà que je voulais un iPad qui ne soit pas un iPad.

iPad Pour Contre
Allumage Immédiat – tout le temps disponible
Environnement Connu – univers Mac
Connectique Nulle – une prise propriétaire, point.
Réseaux Wifi uniquement 🙁
Logiciels Mac uniquement – pas de possibilité d’installer LibreOffice, Firefox, Thunderbird…
Clavier Virtuel
Autonomie Géniale (10h ?)
Prix prohibitif pour les Contre listés ci-dessus

Ce qui me plaisait dans l’iPad (autonomie, sortie de veille immédiate, légèreté qui permet de ne même pas y penser quand il est dans la sacoche ou le sac-à-dos) devait être associé à des choses qui me semblaient indispensables :

  • un vrai clavier, un de ceux où l’on peut être véloce, donc pas un clavier virtuel. (J’ai testé le clavier virtuel de l’iPad, je n’en veux pas, merci).
  • une connectique passe-partout : de l’USB, du réseau ethernet, du VGA (eh oui…)

Je voulais surtout avoir un environnement où je n’aie pas à refaire un investissement pour savoir où trouver quoi. Je ne rajeunis pas, et malgré une vivacité intellectuelle que m’envient les jouvenceaux de 20 ans, j’en ai un peu marre de jouer avec les subtilités de 5 systèmes d’exploitation (Mac OS, Linux, Windows XP / Vista / Seven) dont certains prétendent me faciliter la tâche en créant des menus ultra-simplifiés… ce qui me pousse à chercher pendant des heures les sous-menus de configuration qui vont bien.
Le duel s’est joué (rapidement) entre le MacBook Air et un Netbook Samsung NC 110 :

MacBook Air Netbook Samsung NC 110
(Windows Seven + Linux installé par mes soins)
Allumage Non testé.
Sortie de veille ultra-rapide.
Très rapide (sous Linux…)
Sortie de veille ultra-rapide (sous Linux…)
Environnement Connu – univers Mac Connu – univers Linux Ubuntu
Connectique Très faible. 1 USB. 3 USB, 1 VGA, 1 Ethernet, casque et micro, carte SD
Réseaux Wifi uniquement… Wifi, ethernet et Bluetooth (très utile, cf. ci-dessous*)
Logiciels Mac, donc fiables
Avantage : iTunes et iPhoto
Possibilité d’installer des logiciels tiers comme Firefox, Thunderbird, LibreOffice, Kompozer etc.
Linux Ubuntu, donc fiables

Possibilité d’installer des logiciels tiers comme Firefox, Thunderbird, LibreOffice, Kompozer etc.

Clavier Rétroéclairé (mon seul regret) Non rétroéclairé
Autonomie Bonne (4-5h) Géniale (10 h ?)
Prix Prohibitif 350 €
Écran Brillant (comme 90% des portables) Mat (ce qui était un critère)**
Volume Super slim, beau, 11″ Petit (10″), donc qui tient sur les genoux dans le métro
Critère ultime Tellement beau (et qui se signale avec sa pomme lumineuse) que l’on peut se le faire tirer rapidement dans un métro ou un train de banlieue. Noir, pas très beau, petit, en plastique : peu de risque de se le faire chourer à l’arrache. Donc j’hésiterai moins à l’utiliser que si j’avais un MacBook Air en alu…

* Un ordinateur portable avec Bluetooth permet de se connecter à son téléphone mobile et ain
si de surfer en utilisant l’abonnement illimité du téléphone portable. Extrêmement pratique quand, comme souvent, on est dans une entreprise tierce dont le wifi est verrouillé.
** Un écran mat est la seule solution pour travailler sans que les reflets (néons, fenêtres…) ne perturbent la vision.

Au final, comme vous le devinez, c’est le Netbook qui a gagné. Installation de Linux Ubuntu sans problème (sauf, hum, que sans lecteur de CD, c’est un peu compliqué…), puis, 15 jours après, mise à jour vers Ubuntu 11.04 déroulée sans problème. Certaines touches de fonction du Netbook ne sont plus reconnues, OK, j’ai trouvé des raccourcis « sous le capot », c’est un peu moins pratique et glamour, mais ça marche, et ça ne perturbe pas ma productivité.

Grâce aux logiciels libres et à la synchronisation, tout mon environnement est désormais le même sur mes 4 ordis (boulot, fixe maison, Mac maison, netbook) :
– Firefox 4 avec synchronisation des bookmarks (xmarks)
– Thunderbird avec mails hébergés en IMAP (donc automatiquement accessibles partout)
– Dropbox pour la synchronisation des fichiers
– LibreOffice sur tous les ordinateurs, de même que Kompozer (pour les thibillets)
– j’ai même un dossier synchronisé avec des fichiers d’icones, pour que tous les dossiers importants (Fichiers, Téléchargements…) soient identifiés visuellement avec la même icone quel que soit l’OS utilisé.

En résumé, ça fait un mois que je n’ai plus touché Windows Seven et que je ne travaille plus que sur Linux Ubuntu (idem pour mon ordi fixe, dont le Vista occupe en pure perte des gigas du disque dur, tant il n’est jamais utilisé). Il ne reste plus qu’à attendre que Samsung corrige son bios défectueux, pour que les touches de fonction soient reconnues sous Linux. Problème bénin.

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Courir pour les enfants hospitalisés de Robert-Debré : 29 mai 2011

Il y a maintenant un an, nous terminions le défi « 5 marathons sur 5 campus » :
– 53 000 € levés en 4 ans pour aider la recherche génétique,
– des centaines de kms parcourus en entraînement
– le tout, pour culminer avec le 5ème et dernier marathon, à Paris en avril 2010.

Nous étions plusieurs à souhaiter deux choses :
– continuer sur cette lancée de « courir pour une cause »
– ouvrir ce type de course au plus grand nombre, donc ne plus proposer des marathons de 42 km, mais plutôt des courtes distances, genre 5 ou 10 km.

Voilà donc la cuvée 2011 :

En partenariat avec l'hôpital Robert-Debré, plusieurs membres de la communauté ESCP Europe participent à l'organisation d'une
Course pour les enfants hospitalisés de l'hôpital Robert-Debré
qui aura lieu
Dimanche 29 mai 2011
au parc des Buttes Chaumont (à 10 mn de l'école)

Les bénéfices de la course seront intégralement reversés à l'association Robert-Debré. L'école qui m'emploie est officiellement co-organisatrice de cette course, et nous avons besoin de toutes celles / ceux qui le souhaitent :
  • comme coureurs (deux distances : 4 km ou 7,8 km) (+ des courses pour les enfants)
  • comme bénévoles (créneau 7h-14h dimanche 29 mai).
Les coureurs peuvent télécharger le bulletin d'inscription sur www.association-robert-debre.net (FaceBook : http://tinyurl.com/6j7h4u7) ou sur le site http://robertdebreparis.aphp.fr/fr/accueil.php Les bénévoles peuvent me contacter et je les orienterai.
Évidemment, si vous ne pouvez ni courir, ni vous déplacer pour être bénévole, vous pouvez toujours donner... :-)

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Doudous

Je marchais dans la rue au petit matin, l’esprit embrouillardé de soucis, interrogations, listes de choses à faire. J’avais probablement un pli soucieux sur le front, barre verticale entre mes deux sourcils, séparant mon cerveau logique de mon cerveau créatif.
Une jeune mère amenait ses enfants à la crèche, une poussette, une bambinette et un bambin. Et j’ai entendu « Où est-ce que vous avez mis vos doudous ? Oh non, vous n’avez pas oublié vos doudous ? Eh bien tant pis pour vous, je n’y retourne pas. »
Et les deux enfants qui pleurent de vraie tristesse, la grande de 5 ans, le petit de 3 ans, parce qu’ils vont devoir se passer de leur doudou pour cette journée.
Et je me disais alors que mes soucis n’étaient pas des vrais soucis.

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Novela – Dégénérotype [2/2]

[début de la nouvelle ici]

Seuls les médias traditionnels évoquaient encore, une fois par an, puis à intervalles de plus en plus éloignés, l’affaire des 3 Kevin comme un mystère du monde moderne. Des déclarations tardives du chef de la police, ou l’intervention de témoins retrouvés à grands renforts d’enquêtes et de contrats publicitaires, firent passer ces événements tragiques au statut de divertissement médiatique.
Il fallut un accident de la route banal, quelques années après, pour jeter la dernière lumière sur cette affaire.
Un accidenté grave fut admis au service des urgences d’un hôpital universitaire. Une batterie d’examens de routine fit apparaître un besoin de transfusion sanguine, et quelques tests génétiques de base furent conduits pour déterminer la compatibilité du receveur. Mais après quelques heures de transfusion, l’accidenté disparut de sa chambre, et la police put vérifier que l’identité qu’il avait donnée était fausse. Comme c’est le cas dans ce genre de situation, les examens médicaux furent saisis par la police, et le séquençage du génotype fut menée immédiatement, pour voir si l’ADN de l’homme était répertorié dans la base EuGene.
Il l’était en effet, sous le nom de Kevin J23 Fleeting, ayant pour clone KevGi du 104. Mais KevGi du 104, le clone, finissait de purger sa peine en prison dans une cellule sous l’oeil de caméras de surveillance, et Kevin J23, qui était en liberté, fut interpellé puis innocenté : il ne portait aucune trace d’accident ou de transfusion récente et n’était manifestement pas l’homme qui avait été hospitalisé avant de disparaître.
Plusieurs experts en génétique convoqués sur cette affaire rendirent leurs conclusions après quelques semaines de travail et de remise en cause des théories. L’inconnu de l’hôpital, que l’on appela faute de mieux Kevin III, était une quasi-impossibilité statistique, mais une réalité scientifique : un clone naturel. On dit qu’un singe tapant au hasard sur un clavier a une chance non nulle, aussi infime soit-elle, d’écrire l’Odyssée d’Homère. De la même manière, même si cela semblait une impossibilité statistique, il existait une chance infinitésimale pour que deux individus d’une population disposent, par pur hasard, du même génotype. La taille de la population, plus de 1 000 milliards d’humanoïdes, avait permis cette improbable duplication.
L’anonyme Kevin III, identifié par son sang en trois occasions, ne réapparut jamais. Mais cette histoire sonna le glas des tests génétiques. Des chercheurs établirent en effet qu’il existait d’autres clones naturels dans le Réseau, et les lois ne permettaient pas de les répertorier s’ils ne désiraient pas communiquer leur génotype. Seuls certains philosophes ou mystiques trouvèrent leur profit dans cette découverte, qui remettait en cause le principe d’unicité de chaque être humain. Le clonage artificiel tomba en désuétude.
Une fois de plus, l’homme avait cru innover sur la Nature alors qu’il ne faisait que la suivre, le plus souvent à tâtons.

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Cette nouvelle, comme tout ce qui est publié sur ce blog, est sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

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Novela – Dégénérotype [1/2]

Les terriens avaient finalement réussi à coloniser d’autres planètes. Ils avaient rencontré des formes de vies différentes, et au fil des siècles, avaient même trouvé d’autres humanoïdes dans le cosmos. Les unions mixtes étaient non seulement encouragées, mais de surcroît, elles étaient incroyablement fertiles. Les humanoïdes, fruits de ces unions combinant des gènes humains et des gènes exo-terriens, étaient appelés des hybrides. Ce brassage génétique avait permis de prolonger la durée de vie moyenne, notamment grâce à une meilleure résistance aux maladies. Entre l’expansion de la nation terrienne, les autochtones rencontrés localement, et leurs descendances hybrides communes, le Réseau comptait plus de mille milliards d’êtres humains ou humanoïdes.
Le travail de législation s’en était trouvé extrêmement compliqué. Déjà, à l’époque de la Terre, les juristes s’étonnaient de la grande diversité des notions de justice entre les différentes cultures terriennes. Ils n’étaient pas au bout de leurs surprises, car l’univers leur fournit des centaines de civilisations humanoïdes, certes moins développées techniquement (elles n’avaient pas découvert le voyage interstellaires, elles…), mais très avancées, ou très différentes, sur les notions d’éthique ou de morale. Il existait notamment le zinjj, un terme inconnu sur Terre mais qui semblait exister naturellement sur une majorité des exoplanètes. La notion de zinjj postulait qu’en cas de délit ou de crime, la sanction devait être non seulement proportionnelle au contexte du crime (ce que les terriens appelaient les « circonstances atténuantes »), mais qu’on devait aussi apprécier l’impact de la sanction sur l’ensemble des personnes concernées. En effet, un emprisonnement à vie était très coûteux, car les frais d’entretien des prisonniers étaient supportés par la société entière ; mais la solution de l’exécution capitale déclenchait des manifestations, des tribunes philosophiques et des tentatives de réforme politique, c’est-à-dire des coûts sociaux et moraux qui impactaient aussi un grand nombre d’individus. Le zinjj pronait que la sanction définie par les juges devait être prise pour minimiser tous les coûts sociaux et toutes les conséquences ultérieures. Il arrivait ainsi que des délinquants soient immédiatement relâchés, car toute sanction aurait coûté plus cher à la société que le fait de ne pas sanctionner. Et les délinquants comprenaient eux-mêmes le zinjj, ce qui fait que toute récidive leur semblait trop coûteuse pour en valoir la peine. Le zinjj permettait ainsi de raisonner selon une perspective systémique.

Mais la justice devait se préoccuper de quantité de domaines : arriver à une équité sur 1 000 milliards d’individus n’est pas une chose simple, quand il y a tant de différences dans les cultures, les relations à la propriété, ou les perceptions de la valeur de la vie.
Un des domaines qui nécessitait une réflexion approfondie était le clonage. Scientifiquement possible dès la fin du XXème siècle, le clonage avait été introduit très progressivement à cause de problèmes éthiques. Mais cette éthique purement terrienne avait aussi dû composer avec les systèmes philosophiques des exo-planètes, parmi lesquels une majorité favorisait le développement du clonage des humains et hybrides. La religion Sourri, par exemple, appliquait au pied de la lettre l’idée selon laquelle les dieux avaient créé les humanoïdes à leur image. Le clonage n’était donc qu’une occasion de plus de révérer Dieu. Dans d’autres systèmes, un être ne comptait pas, car c’était la société toute entière qui contenait les souvenirs : la duplication d’un être était vue aussi simplement que l’ajout d’une unité de stockage numérique pour faire des sauvegardes. Sans compter les innombrables cultures qui chérissaient les miroirs, la symétrie, la gémellité.
La loi se devait néanmoins de protéger les citoyens. L’extension du Réseau, et les multiples différences culturelles qui en résultaient, avaient favorisé l’essor de tous types de délits ou de crimes. La propriété privée, l’égalité des chances étaient vus comme des concepts poussiéreux, voire piquants et exotiques dans des civilisations où tout avait toujours été considéré comme « c’est celui qui le prend qui l’a ». La valeur même de la vie était discutable, certains n’y voyant qu’un état d’animation suspendue duquel il fallait se délivrer (et en délivrer les autres humanoïdes, qui n’en demandaient pas tant). Le développement du clonage compliquait la tâche, en raison des empreintes génétiques. Celles-ci servaient à élucider quantité de délits, car même avec des ADNs fondés sur le carbone, l’arsenic ou le plasma, les traces – même infimes – que laissaient les criminels permettaient très souvent de les confondre. C’était là où le clonage posait un problème : par définition, par construction, un clone avait le même ADN que l’individu à partir duquel il avait été cloné. Et sur ce point, les tests génétiques pouvaient juste se borner à dire « c’est untel, ou un de ses clones, qui a commis le crime ».
Cela avait conduit à la mise en place d’un catalogue officiel de tous les clones répertoriés. Le droit de se cloner était aussi inaliénable que le droit de porter une arme, mais – comme pour les armes – tout clonage devait faire l’objet d’une déclaration officielle au catalogue EuGene. Ce catalogue, fruit d’une collaboration interplanétaire, contenait toutes les empreintes génétiques des individus originaux et de leurs clones. Les rares contrevenants qui n’avaient pas déclaré leurs clones étaient traqués sans pitié et éliminés. Quant aux personnes qui avaient décidé de conserver leur intégrité, c’est-à-dire de ne pas se cloner, la loi sur la vie privée leur permettait de ne pas déclarer leur patrimoine génétique, sauf s’ils le souhaitaient pour des raisons médicales.
C’est alors que survint le cas de Kevin J23 Fleeting.
Sur la planète TerraForma12, il y avait eu un cambriolage avec violences sur les habitants, et la police avait relevé des traces génétiques suffisamment fiables. En effet, les victimes avaient blessé le voleur qui avait perdu du sang en plusieurs endroits. Ces échantillons avaient été immédiatement collectés par la police. L’analyse génétique fut réalisée en quelques minutes, et les enquêteurs sur place purent obtenir directement les nom et adresse de l’agresseur en se connectant à EuGene : Kevin J23 Fleeting vivait seul, il avait un clone répertorié à ce jour, et résidait sur une planète distante de 1 année lumière. Le plus surprenant fut de constater que Kevin J23 et son clone étaient soi-disant présents sur leur planète au moment des faits. Compte-tenu de la distance, il était impossible que l’un des deux ait pu procéder à l’agression, puis rejoindre sa planète. Les enquêteurs interrogèrent Kevin et son clone, KevGi du 104, sans obtenir une quelconque variation dans leur alibi. De nouveaux tests génétiques furent établis, et les résultats formels : l’un des deux était l’agresseur dont les traces génétiques avaient été retrouvées sur les lieux du crime. Une confrontation holo donna des résultats identiques : les victimes reconnurent Kevin J23, ou KevGi du 104, sans pouvoir les départager, et pour cause : avec le même ADN, ils avaient la même apparence que des jumeaux génétiques. Un point de détail fut toutefois soulevé : l’agresseur n’avait pas la même coiffure au moment des faits. En effet, ni Kevin J 23 ni son clone ne portaient leurs cheveux longs en natte frisée à la céramique capillaire. Mais cela fut considéré comme un détail accessoire. L’original et son clone furent emprisonnés préventivement en attendant le jugement.
C’est alors que surgit le premier coup de théâtre de cette histoire. Une nuit, alors que les deux Kevin étaient sous bonne garde à la prison du comté, un autre cambriolage avec violences eut lieu sur TerraForma12. Les quelques cheveux et follicules trouvés sur place identifièrent formellement un des deux Kevin. Et même si la cellule de la prison n’était pas équipée de caméras de surveillance, le directeur jura sur l’être suprême qu’il ne voyait pas comment quiconque aurait pu s’évader de sa prison, puis, une fois son forfait accompli, revenir tranquillement finir sa nuit derrière les barreaux.
La possibilité la plus évidente était que Kevin J23 s’était fait établir un autre clone, et pendant plusieurs semaines, les fils d’information du Réseau gazouillèrent des bruits, rumeurs et on-dits sur la « traque du 3ème Kevin ». L’affaire était grave, et la sécurité de la société étaient en jeu. En effet, si l’on arrivait à prouver que quiconque pouvait se faire fabriquer un clone, sans que la manipulation soit déclarée, cela aurait remis en cause tous les fondements de la loi, de la police génétique, et pour tout dire, de l’identité d’un quelconque des 1 000 milliards d’individus recensés dans le Réseau interplanétaire. Hélas pour les enquêteurs, tout le monde savait que pour se faire cloner, il fallait procéder à des prélèvements sur le corps du donneur original, et cela laissait des traces facilement identifiables. Kevin J23 portait bien ces traces, mais uniquement pour un seul clonage. Quant à son clone, une inspection biologique montra sans incertitude que la copie génétique qu’il était n’avait pas servi à établir un clonage au deuxième degré.
Les journalistes se tournèrent alors vers la fameuse piste du frère disparu. Un enquêteur ayant établi que Kevin avait un frère plus jeune de 18 mois, la police et les journalistes se mirent en quête de ce frère hypothétique. La découverte de la mort de ce jeune frère, disparu en mission d’exploitation dans un monde inexploré, rajouta une part de mystère à l’affaire. Encore aujourd’hui, des pans entiers de la population pensent que ce frère encombrant avait été supprimé par la police, les forces gouvernementales, ou encore les tout puissants laboratoires génétiques. Mais le frère avait disparu des mois avant que son aîné soit accusé du cambriolage, et de toute façon, tout le monde sait que deux frères, à part des jumeaux, ne peuvent avoir le même génotype. Quant aux registres de naissance, ils étaient formels : Kevin était le fruit d’une naissance unique, il n’avait jamais eu de jumeau.
Un cousin germain de Kevin J23 fut inculpé pour trafic de semence génétique, et il fut soupçonné d’avoir répandu les traces génétiques de Kevin sur le lieu des cambriolages, mais il fut relaxé faute de preuves. Et les témoins oculaires continuaient à reconnaître Kevin ou son clone, en récusant le cousin.
Mais comme l’actualité exige un renouvellement permanent de l’attention, l’enquête mobilisa de moins en moins de journaux. Malgré les preuves indiscutables de l’impossibilité pour Kevin et son clone d’avoir été présent sur les lieux du crime, les deux hommes génétiquement identiques furent condamnés à une peine de 5 ans de prison. Le concept du zinjj ayant été appliqué, chacun d’entre eux ne passa que 2 ans et demi derrière les barreaux,  par emprisonnement alterné tous les 6 mois.
Seuls les médias traditionnels évoquaient encore, une fois par an, puis à intervalles de plus en plus éloignés, l’affaire des 3 Kevin comme un mystère du monde moderne. Des déclarations tardives du chef de la police, ou l’intervention de témoins retrouvés à grands renforts d’enquêtes et de contrats publicitaires, firent passer ces événements tragiques au statut de divertissement médiatique.

[à suivre…]

Creative Commons License
Cette nouvelle, comme tout ce qui est publié sur ce blog, est sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

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La Pile (The Stack) et la Stratégie du Dressing (the Dressing room Strategy)

Je réfléchis beaucoup, je lis pas mal, et j’écris un peu (sur ce blog et sur un autre) sur la productivité au quotidien et l’organisation au travail, depuis maintenant 3 ans et quelques mois.
Je suis passé par beaucoup de systèmes et je reste fidèle aux bases : Getting things done (S’organiser pour réussir) de David Allen, et Stephen Covey, The 7 habits of highly effective people (Les 7 habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent).

L’autre jour, j’ai eu une idée simple, et elle m’a semblé pouvoir être déclinée à quantité d’aspects du travail.

J’ai une pile de livres à lire. En fait, dans cette pile, il y a les livres loisirs (romans prêtés par des amis, livres achetés sur recommandations élogieuses, cadeaux…), et les livres travail (livres reçus comme specimen, livres achetés, prêtés…). Donc déjà, il devrait y avoir deux piles distinctes : livres boulot, livres loisirs. Et je me rends compte que les livres ne sont même pas en piles, mais disséminés dans un espace géographique (certes limité à une pièce) constitué d’étagères diverses et de coins de bureau.
1ère étape : faire une pile (en fait, deux piles), ce qui permettra de compter.

Puis réfléchir à la tactique du dressing.
Voici l’analogie : un dressing contenant des vêtements. Toute femme ayant un dressing applique, sans forcément l’avoir rationalisé consciemment (il n’y a que les profs qui font ça), quelques principes simples :

  1. Les étagères ne doivent pas être remplies totalement. Il faut des espaces vides sur certaines étagères, ou des piles qui ne soient pas trop élevées en taille. Cela permet de déplacer des piles, de les fractionner, bref, de gérer le stock et d’accéder facilement à tout vêtement. Idem pour les cintres : une tringle bien gérée, c’est une tringle sur laquelle on peut faire glisser les vêtements. Grossièrement, les vêtements sur cintres ne doivent pas occuper plus que les 4/5èmes d’une tringle.
  2. Le dressing ne peut pas contenir plus d’une certaine quantité de vêtements (cf. règle numéro 1). Cela signifie qu’à chaque fois qu’un vêtement rentre dans le dressing, un autre doit sortir définitivement du dressing. C’est le principe de gestion à taille constante, si l’on veut.
  3. La discipline de la règle n°2 étant difficile à maintenir à chaque fois, il faut de temps en temps (ex : alternances été – hiver) pratiquer un grand ménage : vider des étagères et des tringles, de telle sorte que ce qui reste puisse être géré harmonieusement. C’est l’occasion de faire le deuil sur les vêtements qu’on n’a porté une fois en un an, et cela permet de re-découvrir des tenues.

Revenons à nos deux piles de livres. Appliquons les 3 règles de la stratégie du dressing :
2ème étape : fixer le nombre maximum de livres dans une pile (règle n°1, taille de la pile). Sept. Une pile de livres à lire ne contiendra au maximum que 7 livres. Avec le temps, on se rendra probablement compte que 7, c’est déjà trop, mais ce qui est sûr, c’est que plus de 7, c’est insensé.
S’il y a plus de 7 livres dans la pile, faire un grand ménage de printemps (règle n°3). Si 7 livres ou moins, gérer la pile suivant la règle n°2 : toute arrivée d’un nouveau livre dans la pile doit déclencher immédiatement le départ d’un livre de la pile (« je ne lirai pas ce livre, point »).

Première synthèse
Les livres à lire ne sont plus un magma de bonnes résolutions. Au maximum, il y a 7 bonnes résolutions, et toute nouvelle incitation doit conduire systématiquement à faire un choix de priorités. Et une fois qu’un livre est hors de la pile, ma foi, il est hors de la vie.

Quelques ouvertures possibles, et leurs richesses futures
Le raisonnement sur la Pile, associé à la Stratégie du Dressing, peuvent être appliqués à plusieurs domaines de l’efficacité personnelle et/ou du développement personnel :

  • L’agenda sur la semaine. Un agenda ne doit pas être blindé, mais contenir des espaces de respiration. Il ne peut pas y avoir plus de X créneaux bloqués par semaine. Quand un créneau s’ajoute, il faut qu’un autre soit annulé. Et les espaces de respiration servent à déplacer certains rendez-vous : s’il n’y a pas d’espace, il n’y a pas de flexibilité, pas de respiration. Par ailleurs, l’espace de respiration sert à quantité de choses : imprévus, interactions sociales (discussions dans les couloirs), temps pour soi, improvisation.
  • L’agenda sur le week-end. Idem : Un agenda ne doit pas être blindé, mais contenir des espaces de respiration. Il ne peut pas y avoir plus de X créneaux bloqués par week-end. Quand un créneau s’ajoute, il faut qu’un autre soit annulé. Et s’il n’y a pas d’espace de respiration, il n’y a pas de flexibilité ni de repos. or le week-end c’est (aussi) repos.
  • La boite de réception mail. Il faut choisir à certains moments : « ce mail appelle une réponse, mais tant pis, je ne peux pas répondre à tous (= la pile de mails est trop élevée), donc je le sors de la boite de réception, sans y répondre ».

Tout reste à affiner, nous n’avons pas tous les mêmes contraintes. Mais j’aime bien l’idée de quelques principes simples déclinables à quantité de situations.

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Ubuntu – Abuzzer

Abuzzer : v.i. Au jardin, porter une chemise à fleurs et voir une abeille venir l’inspecter, en vol stationnaire, pour décider si c’est butinable ou pas. Se demander si c’est un bien ou un mal que ce ne soit pas butinable.

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Rango theme song – paroles (lyrics)

La musique de western compte désormais une nouvelle oeuvre incontournable : la B.O. de Rango, héros de l’authentique souffle épique de l’Ouest sauvage, quand les hommes (et les lézards) chiquaient encore virilement.
Mais étant donné que l’on ne peut pas trouver les paroles de la chanson theme du film sur Internet, je me suis lancé.

Je n’en suis pas sûr à 100%, mais cela permet de donner un premier aperçu de l’ambiance authentico-roots de ce chef d’oeuvre mariachi.
(Traduction libre en français en dessous).

From out of the dust
Came a man true and bold
Champion of the Fandango
By night he’d take whisky
By day killed bad men
And the town’s people knew him as
Rango

Coming down the mountain side
The people hailed his name
And of his legend they sang-o
With iron in his heart
And steel in his glove
He pumped their heads all full of lead
Rango

Rangoooo
Rangoooo !
Rangoooo
Rangoooo !

(Rango !)

A ladies’ man indeed
From his head down to his knee
Rango was doing the Tango
When in came Bad Bill
From his hide out in the hill
With a notion to kill
Rango

Rangoooo… (x2)

Now Rango he is gone
But his legend still lives on
In the brothels and saloons
Of Durango
He lived as he died
With a six-gun at his side
And all the ladies cried out
for Rango

Rangoooo… (ad lib)


Traduction

Surgissant de la poussière
Vint un homme vrai et macho
Un champion de Fandango
La nuit buvait des whisky
Le jour tuait les ennemis
Et les gens d’ici l’appelaient
Rango

Des montagnes aux vallées
Les paysans respectaient
Son nom, sa légende et son chapeau
Il avait un coeur d’acier
Du fer dans la poigne
Et truffait de plomb les cerveaux
Rango

Rangoooo
Rangoooo !
Rangoooo
Rangoooo !

(Rango !)

C’était un homme à femmes
De l’orteil au sombrero
Et un jour qu’il dansait le tango
Survint Bill le Borgne
Déboulant tout en rogne
Avec le projet de buter
Rango.

Rangoooo… (x2)

Rango a disparu
Mais sa légende a survécu
Dans les claques et les comptoirs
de Durango
Il vécut comme il est mort
Son six-coups fume encore
Et toutes les femmes pleurent d’amor
Pour Rango

Rangoooo… (ad lib)

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La guerre est un art tout d'exécution…

De l’excellent XKCD (je ne comprends pas toujours tout, tellement c’est de l’humour de trentenaire geek américain).

Traduction :

  • (tape sur son clavier) « La clé de la productivité, c’est la gestion du temps. »
  • (tape sur son clavier) « Choisissez vos buts, construisez un planning, et ayez la volonté de le suivre – sinon, vous serez dépassé par ceux qui l’ont fait. »
  • PLANNING : 7h : réveil ; 7h15 – 8h : poster des billets sur les blogs de productivité, en annonçant mon planning du jour ; 8h – jusqu’à point d’heure : glandouiller.
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