Feuille d'absence

Comment réagir, face à un étudiant qui est mort ?

Constater d’abord qu’il n’était pas présent à l’examen final, ni au dernier contrôle continu.
Et puis regarder le « trombino », et voir son visage, et se dire « il n’est plus là ».
La feuille de présence atteste de 7 présences, au moins, sur 10 séances. Se dire : lui ai-je parlé ? M’a-t-il parlé ? Et pourquoi je ne me souviens pas de lui, alors que la feuille de présence me dit que nous avons passé au moins 21h ensemble ?
Il y a très longtemps, avant Internet, un étudiant avait publié un article anonyme dans un journal de l’école, disant qu’il avait le sida. Je lui avais répondu par une lettre publiée, ainsi qu’un autre collègue, et aussi l’étudiant en charge du journal. Je lui disais que, depuis que j’avais lu son article, j’avais désormais le « regard qui embrasse ». Une manière de se dire « celui ou celle qui est en face de moi est forcément plus complexe que je ne pense. Je ne vais pas m’arrêter à mes préventions. Je vais essayer d’embrasser tout ce que cette personne peut être. L’aimer, avant coup, et par défaut, avant de la juger. »
Pourquoi est-ce qu’il faut qu’un jeune d’une vingtaine d’années soit fauché par la mort, pour que je me souvienne de tout cela ?

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