La douceur du repos
Mes doigts sur sa nuque
Blé noir et argile tiède.
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.
Le roman, dans l’ordre, est là.
La douceur du repos
Mes doigts sur sa nuque
Blé noir et argile tiède.
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.
Le roman, dans l’ordre, est là.
J’ai toujours adoré les mots. Mais c’est assez récemment, à l’échelle de ma vie, que je me suis rendu compte du pouvoir manipulatoire des mots. Je ne suis pas expert en linguistique, donc je me positionne comme le pékin lambda, qui perçoit des mots, croit en comprendre le sens, mais peut être manipulé à son insu. Oui oui, même avec mes beaux diplômes et ma pseudo-rationalité.
Les mouvements extrémistes ont régulièrement détourné des expressions, ce qui favorisait leur rhétorique. Dans un registre moins extrême, regardez l’actualité des dernières années : les termes Combattant, Terroriste, Indépendantiste, Milicien ou Résistant ont tous une connotation très forte, à tel point que notre sens critique s’efface devant l’étiquette.
Qu’on me comprenne. Je ne cherche pas dans cette série de thibillets à dénoncer des mouvements ou à défendre des causes. Je m’interroge beaucoup plus sur notre capacité à traiter correctement l’information qu’on nous donne, et encore plus, à critiquer l’information pré-mâchée qu’on ne demande instamment de ne pas remettre en cause.
Changeons de sujet, restons dans le thème.
Pour revenir à une réflexion plus prosaïque, j’ai toujours été étonné par le terme « Pur jus de fruits sans sucres ajoutés conformément à la législation en vigueur« . Parce que je suis pragmatique, et que je connais la théorie de l’agence : quel est l’intérêt des industriels à mettre ce texte sur leurs étiquettes ?
Je me figurais (à tort) que la législation en vigueur était assez permissive, du genre « si vous ne rajoutez pas plus de 1kg de sucre par litre, on considèrera que c’est sans sucre ajouté ». En fait, sans sucre ajouté signifie bien sans sucre ajouté. Mais encore une fois, voici le poids des mots :
Je me méfie des mots. Dans Le Parfum, Patrick Süskind disait en substance « De tous les sens, l’odorat est le plus ouvert, car nous sommes obligés de respirer pour vivre, et donc les odeurs entrent en nous sans que nous puissions les refuser ». J’en viens à penser que les mots, et le sens qu’ils véhiculent, entrent aussi en nous, et font aussi leur travail manipulatoire sans que nous en soyions conscients. Tiens, le terme Guerre froide vient de refaire surface, après des dizaines d’années de disparition. Approprié ? Contextuel ? Manipulatoire ?
Allez, je finis par de la détente, oublions tout cela.
Grâce à monsieur Google, dont l’image avait changé aujourd’hui, j’ai découvert (je suis bien le dernier) que le CERN a lancé aujourdhui le Grand Collisionneur de Hadrons.
Alors déjà ça, Grand Collisionneur de Hadrons, ça rappelle Jarry ou le Collège de ‘Pataphysique avec ses Transcendants Satrapes. Sans parler de la Guilde des Honnête Ober Marchands. Bref, on est dans la fantasmagorie. Mais ça continue, et la mission du Grand Collisionneur de Hadrons englobe notamment :
Enfin, cette phrase, que j’adore : « Les détecteurs observeront des collisions quark-quark, quark-gluon ou gluon-gluon. »
Quack quack quack, says the duck.
Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de River Boat Song, par JJ Cale, sur le CD Travel Log, Jive, 1990. Le disque est en vente ici. |
La chanson du bateau de rivière
Le matin quand je me réveille, sa place est vide à côté de moi. Je descends à la cuisine, la brume se lève à peine, la rivière est encore tranquille, glacée comme un miroir et transpercée ça et là par quelques roseaux pointus. Quand je descends vers la berge, j’entends un petit tchik tchik tchik, elle doit taper à la machine au grenier, écrivant son livre avec la fenêtre ouverte. L’herbe me chatouille les pieds, et que le ciel soit gris ou bleu, j’entends arriver le bateau du vieil homme, comme une horloge qui ferait Touk Touk Touk Touk. Quelquefois je me suis fait un café, et je descends avec ma grande tasse serrée dans les mains, d’autres fois j’ai juste les poings au fond des poches, les yeux plissés à attendre l’apparition de son vieux bateau au tournant de la rivière.
Il passe chaque matin, pour aller pêcher plus bas, vers la mer, on se fait juste un signe, ça nous suffit pour la journée. J’aime bien le voir glisser doucement vers la mer. Il ne pourra rien m’arriver tant que le vieil homme passera chaque matin devant ma maison.
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Le roman, dans l’ordre, est là.
Staflon : n.m. réforme qui vise à simplifier la vie de 10% des personnes, et qui complique l’existence des 90% restants. Procédure interne qui a été pensée sans se préoccuper des utilisateurs finaux.
Par extension : staflonner : faire une réponse longue et circonstanciée (ou très enflammée) puis se rendre compte que ce n’était pas la question posée.
Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de Aspen Colorado, par Tony Joe White, sur le CD Polk Salad Annie, Intermusic, 1993 (album original : Black and White, 1969). Le disque est en vente ici. |
But there comes a time in everybody’s life
When you have to search for peace of mind
Tony Joe White
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.
Le roman, dans l’ordre, est là.
Ce soir, je constate que j’ai été poké sur Plaxo, il faut que j’accepte l’invitation de ce sympathique inconnu qui dit me connaître.
Je n’utilise pas ces sites à titre personnel, je ne cherche pas vraiment à changer de métier, celui que j’ai me va bien, je m’éclate, et à part prix Nobel de la paix ou saxophoniste au Birdland, je ne vois pas ce que je pourrais souhaiter de mieux. Mais il semble que je puisse aider mes prochains en servant de relais : j’accepte toutes les connexions raisonnables, ainsi, je mets des gens en relation, c’est ma Mission In Life.
De Plaxo, j’allais passer à mon compte LinkedIn, mais un scrupule me retient : je ne vais pas passer à un concurrent le même soir, préservons les sentiments de ces sites qui croient m’avoir pour eux tous seuls.
Je me rabats donc sur FesseBouc. Et là, grand moment d’ubiquité. Moi, là, tel que tu me vois (à 23h23, je te tutoie, profites-en, mais j’embrasse pas), moi qui avait décrété qu’on ne me verrait plus sur Fesse Bouc, non seulement on m’y voit, mais deux fois. J’ai deux identités, deux photos, avec deux réseaux d’ « amis », c’est dingue.
Rien n’était prémédité, évidemment, c’est quand je me suis ré-inscrit pour avoir des news des happenings en course à pied que j’ai dû utiliser une autre adresse e-mail, résultat : j’ai deux identités.
Alors Monsieur Seguin de Fesse Bouc, je te fais une remarque : quand un gars il donne le même nom, le même prénom, le même rhésus sanguin, le même numéro de compte bancaire (ils sont comme ça chez Fesse Bouc désormais) et une adresse e-mail différente, peut-être que tu pourrais avoir un algorithme écrit en Basic qui essaierait d’émettre un message du genre
INPUT "Ne seriez-vous pas le même Christophe Thibierge que Christophe Thibierge ?" TO REP ; IF REP = OUI, THEN MERGE BOTH ACCOUNTS ELSE PRINT "Ah, dingue, cette coïncidence, je me disais bien, tu avais plus de cheveux !"
Question aux spécialistes : est-ce que je garde mes deux comptes qui vivent leur vie en parallèle ?
Pas plus qu’un autre
Je ne sais pas comment tourne le monde, je ne sais rien, j’ai souvent l’impression d’être né à la mauvaise époque, ou sur la mauvaise planète. Je ne sais pas prévoir les réactions de mes semblables et je m’en réjouis, cette part d’imprévisible me remplit de joie, pas plus qu’un autre je ne peux y faire.
Je ne sais pas grand chose du monde, je vois des ambitions et des misères en chacun, et pas plus qu’un autre je n’ai trouvé le chemin.
Je ne suis qu’un arbre charrié sur un fleuve boueux, je m’en remets à ce flot qui m’emporte toute ma vie, je ne désire rien et j’accueille tout, chaque être humain m’apporte un nouveau bonheur, un nouvel enrichissement, une nouvelle incertitude.
Je ne suis sûr de rien, ni de mes actes, ni de mes renoncements.
Mais toujours,
de plus en plus,
pour des motifs futiles et grands,
sous le givre d’hiver et dans la touffeur de l’été,
sous le vent, les embruns et la brise,
sous ce ciel bleu et éternel,
éternellement changeant,
je sens, je pressens, je devine,
je vois dans les herbes sauvages,
ou sur les ailes des hérons,
ou dans les yeux des chats
que j’aime Aline.
Que j’aimerai toujours Aline.
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.
Le roman, dans l’ordre, est là.
Suite à mon entorse, à mes inscriptions à des compétitions, et à la déprime subséquente, je suis allé voir un podologue et un rebouteux (en attendant le médecin du sport, mon 3ème rendez-vous).
Le podologue m’a rassuré intellectuellement, mais le rebouteux m’a remis sur pied physiquement.
La question ne serait pas « pourquoi ai-je pris des rendez-vous chez un podologue, un rebouteux et un médecin tout à la fois? », parce que la réponse est simple : diversification et paiement de primes de risque pour me couvrir.
La question est : quand un diplômé me rassure sur la théorie, tandis qu’un autodidacte non-reconnu officiellement me guérit en pratique, puis-je continuer à former des élites intellectuelles, et à les diplômer ? 😉
(en fait, le podologue a fait un bon diagnostic, et sa prescription aura des effets à plus long terme, mais indéniablement efficaces)(mais le rebouteux fumeur de Gauloises m’a clairement remis d’aplomb)
[edit du 30-10-2013 : cet article était publié sur mon blog de développement personnel (Devperso.fr), je l’ai rapatrié désormais dans la rubrique « productivité » de blogthib.com – un edit de ce type signalera de tels articles]
C’est une note rapide, mais je préfère la faire incomplète que de l’oublier 😉
Après tout, si je me conforme aux canons de David Allen (GTD), toute tâche qui prend moins de 2 minutes doit être faite immédiatement… Donc je fais, même si je vais l’écrire en plus de 2 mn (mais c’est de ma faute, ça fait des mois que je dois me mettre à 10 mn de dactylo quotidienne).
Voilà mon idée :
Toute tâche devrait pouvoir être classée sur ces 3 axes. Détaillons-les :
Exemple : soit 3 tâches de ma to-do list, qui sont (1) appeler ma tante pour prendre des nouvelles (2) payer ma taxe professionnelle (3) rédiger ce billet de blog.
Remarquez que dans le deuxième cas (qu’on suppose plus évolué), je vais traiter en premier des tâches que je traitais en dernier dans le premier cas. Mais si rajoute « capacité de nuisance », je vais tout de suite voir que payer ma taxe professionnelle, c’est la tâche à faire en premier ! Parce que l’approche Allen / Covey est une approche instantanée : c’est en fonction de ma perception d’aujourd’hui que je classe mes priorités.
Mais si je rentre dans la troisième dimension, j’essaie aussi de juger quelles sont les choses qui sont susceptibles d’évoluer négativement pour moi. La question devient « si je le fais plus tard, est-ce que je le paierai plus cher ? » (pas uniquement au sens financier).
Prenons l’exemple de la taxe professionnelle. Elle est exigible dans un mois. En toute rigueur, elle n’est donc pas urgente. On va dire par ailleurs que c’est un enjeu peu important dans ma vie (parce que, dans mes objectifs de vie, « payer mes impôts » n’est pas le plus important), donc je décide de reléguer le paiement à plus tard. Et en termes financiers, j’ai raison de ne pas payer maintenant : si je paie aujourd’hui, je suis débité un mois en avance, alors que si j’attends la date limite, j’aurai un mois de trésorerie (et d’intérêts de placements) en plus.
Maintenant, raisonnons en rajoutant le 3ème critère, celui du pourrissement de la situation. « Si j’attends de payer, que peut-il se passer ? »
Je me connais : une fois sur deux, pour avoir voulu ruser sur ma gestion de trésorerie, je me retrouve à payer trop tard. Il suffit de peu : un gros boulot par ailleurs, quelques jours où je ne classe pas mes papiers, une pile oubliée dans un coin…
Donc je décide de payer tout de suite ma taxe professionnelle. Non pas parce qu’elle est urgente (j’ai un mois) ni importante (dieu merci, j’ai d’autres choses qui m’importent plus) mais tout simplement parce que, dans ma liste, c’est la chose qui risque de me coûter de plus en plus cher au fil du temps qui passe.
Il y a comme ça quantité d’exemples.
Les impôts et factures à payer, évidemment.
Les réparations sur la voiture. Exemple : je fais changer mes plaquettes de frein à temps, ça me coûte les plaquettes ; je les fais changer trop tard, ça me coûte les disques de freins, qui valent 5 à 10 fois le prix des plaquettes.
Et pour sortir du discours financier, il y a le même raisonnement sur le temps passé. Il y a certaines tâches qui vont me prendre 10 minutes aujourd’hui, mais les mêmes tâches me prendront 1h si je les fais dans un mois, parce que les choses auront évolué, la tâche sera devenue plus complexe, ou elle aura pourri, et dans un mois, je regretterai amèrement de passer autant de temps dessus.
Par opposition, certaines tâches n’ont pas une valeur temps dramatique : que je les fasse aujourd’hui ou dans un mois, cela me coûtera le même prix.
Savoir distinguer ces différentes tâches peut donner un ordre de priorité.
Pour conclure : quelle est la situation dans laquelle je peux utiliser ce 3ème critère ?
Réponse : quand j’ai 12 tâches urgentes & importantes, mais que je ne peux en traiter que 8, faute de temps.
Lesquelles choisir ? Celles qui me le feront payer cher si je les traite plus tard.
Les Truandes.
Grande Pensée ?
Je fis demi-tour, me sentant tout seul, j’entendais encore les mêmes cris, les mêmes rires, la vie continuait autour de moi, je me demandais si je l’avais perdue, si elle n’avait pas tout simplement disparu après m’avoir donné un peu de lumière.
Je marchais dans l’allée, tout gris tout triste, et repassai devant le court où j’avais vu cette jeune fille (jeune femme ?) qui rayonnait de vie et d’assurance. Je m’arrêtai, appuyai mon front sur le grillage, essayant de grappiller un peu de cette clarté avant de repartir. Elle me tournait toujours le dos, superbe et libre, et je l’enviai douloureusement. Puis elle se retourna vers moi, me vit, et me fit signe en souriant. C’était Aline.
Et je me suis dit …
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Le roman, dans l’ordre, est là.