Sad eyes

Dans « Pédale douce », il y a ce moment où Jacques Gamblin fait son aveu, et puis se retrouve seul, au milieu de cette soirée mousse. Et il se laisse couler dans la mousse, seul le haut du visage affleure, on a l’impression qu’il s’anesthésie. J’aurais voulu retrouver cette scène, avec son regard absent : on a l’impression qu’il refuse d’y penser.
Sad eyes

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Caillou – Aujourd'hui

Aujourd’hui
J’avais un tas de neige derrière les yeux
Isolant mon cerveau de mes sens.

Je ne pouvais écouter
Ce qu’on me disait
Et regarder en même temps
Les bobines de film dans ma tête.

Aujourd’hui j’ai beaucoup parlé
Sans qu’un mot passe mes lèvres
Je rejouais le passé
J’écrivais plusieurs futurs
Sauf le mien.

Aujourd’hui j’avais les yeux morts.

Dieu se fout de nous

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Sérendipité et aéropage

Je ne crois pas à la chance. Mais il y a parfois des coïncidences étonnantes. Voilà le seul jour où j’aimerais bien pouvoir Twitter, pour voir l’évolution de mes réflexions.

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Caillou – Lobe-trotter

Ce matin
Le sol gris
C’est la gare.

Mais le ciel bleu
Filtrant la lumière
C’est l’Arizona.

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Caillou – Opium

C’était il y a longtemps
J’ai brûlé ma vie
En ta compagnie
Et j’ai vécu des rêves fous.

Et j’ai souffert de l’état de manque
Pendant longtemps après.
Il ne me restait plus que les cendres
De la poussière
Et un drôle de truc dans les poumons.

Et le temps a passé,
Lentement.
Un jour, je me suis retourné,
J’avais arrêté de penser à toi
Pendant un jour.

J’avais même oublié ces pépites d’opium
Au fond de ce tiroir
Que j’ai ouvert ce soir.

Et tout m’est revenu.
La caresse de tes volutes
Au repos.
L’élasticité de tes idées.
Le dragon qui se réveille
Dans ma poitrine.
Les ruines fumantes.

Ne plus jamais ouvrir ce tiroir.

La nuit est noire et froide
Ce soir.

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Linux Ubuntu – avoir les dernières versions de Firefox et Thunderbird

Thunderbird 3 est sorti. Il a désormais des fonctionnalités qui rendent caduques mes extensions Seek (recherche « faceted », je ne sais pas comment on traduit) et Nostalgy (pouvoir classer un mail dans mon sous dossier Archives d’une frappe de touche).
Le seul problème : alors que les versions Windows et Mac se mettent à jour automatiquement, cela n’a pas l’air d’être possible sous Ubuntu. Dans Thunderbird, le menu « rechercher des mises à jour » est grisé, alors que je sais que la version 3.0 est dispo. Cela vient, semble-t-il, de la politique de Ubuntu : chaque version du système d’exploitation est figée sur des versions de logiciels, et n’évolue pas (il faut attendre la prochaine sortie d’Ubuntu, tous les 6 mois). Ceci pour assurer la stabilité rock-steady du système.
Heureusement, je suis tombé sur cette page, qui explique comment faire : télécharger un package debian, lancer l’installation (en double-cliquant dessus, il y a plus compliqué…) puis taper dans le terminal la séquence cryptique indiquée dans la page web. Il n reste plus qu’à suivre les questions (en anglais). J’ai désormais Thunderbird 3.0, et Ubuntu me proposera automatiquement les mises à jour dès qu’elles apparaîtront.
Je vais faire de même pour Firefox, et voilà, je ne suis plus leading edge, à ce niveau-là, c’est geeking edge.

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Cinétique du pékin – Maquereaux et morues

Comme déjà vu dans la chronique Cinétique du Pékin, une foule qui se déplace suit généralement une direction. Même dans une place carrée, ouverte à tout vent, il y a des volontés, des désirs : le marchand de glace ou le bistrotier, la bouche de métro, le kiosque à journaux sont autant de destinations qui canalisent les flux. Contrairement aux actions cotées en Bourse, la marche au hasard n’existe que rarement, presque jamais, dans une foule.
Les flux seront encore plus marqués s’ils sont délimités par les parois d’un couloir. Tel le tuyau de plomb qui véhicule la fange vers les égouts, le couloir de métro digère son lot de pékins, bol alimentaire qui progresse dans un œsophage de céramique. Mais ce groupe, apparemment compact, est doué de vie propre. Chaque élément profite du flux, tout en gardant son indépendance motrice.
L’analogie est évidente : un banc de poissons. Ou un peloton de cyclistes. Tous se déplacent ensemble, et certains utilisent celui de devant pour se protéger, ou fendre l’eau / le vent / la foule. Il y a les chasse-neige et les skieurs qui suivent.
Ce qui est intéressant dans un premier temps, c’est le concept de covariance. Dans un portefeuille boursier, on regarde la covariance d’une action avec une autre. Deux actions qui ont une forte covariance vont donc, littéralement, varier de la même manière. Dans une foule, ou un banc de poissons, la covariance entre les éléments est extrêmement importante. Un poisson malade, ralenti, qui a perdu le sens de l’orientation ; un pékin qui n’est pas dans le flow : c’est l’ensemble de la fourmilière qui en souffre.
Donnons ici quelques fondements de la covariance en mouvement :

  1. Personne ne doit se toucher
  2. Le différentiel de vitesse règle la distance. Si je n’ai pas du tout la même vitesse qu’une personne, je me maintiens à distance ; des personnes qui vont à la même vitesse (donc différentiel de vitesse faible, voire nul) peuvent se suivre à distance très proche (mais respecter la règle n° 1).
  3. Dans les zones de compacité, la distance est inférieure (mais respecte la règle n° 2).
  4. Chacun observe les règles 1, 2 et 3 de manière dynamique, et le plus souvent inconsciente. Mais cela nécessite d’être attentif. Maintenir une inconscience consciente.
  5. Les mouvements brusques sont à éviter autant que possible. L’idéal est de maintenir un état de flow, où l’anticipation calme permet d’éviter de fracasser la règle n°1.

Une foule en état de flow est une foule heureuse.

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Caillou – Sierra Selva


Ma ville est dans une vallée de nuages.
Au bout des rues
Je vois leurs frondaisons.

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Caillou – Reste encore

Cet espace tiède
Dans ton cou
Cookie à grignoter.

Reste encore

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Conclusion – Fantômes

Voici le troisième thibillet sur ce qui m’est arrivé il y a une semaine (le fait divers est ici, l’analyse est là).
Hier matin, j’ai porté plainte.
1h30 de temps passé au commissariat.
3 certificats médicaux (dont une radiographie du visage ; aucun traumatisme osseux, pour ceux qui s’interrogeaient ; les marques sont restées au niveau superficiel – bosses, oedeme – et psychologique).
Comme l’a dit le jeune brigadier en me raccompagnant : « C’est rare qu’on aie une plainte de 4 pages ! »
Mais surtout, j’ai identifié mon agresseur sur photos.

Je savais qu’il y allait avoir identification sur photos, et j’y allais avec appréhension. Je me méfiais de ma mémoire une semaine après, je n’avais pas vu le troisième type (excellent, mamzelle 🙂 ), et j’avais presque envisagé de dessiner les visages des deux premiers, pour les fixer sur le papier. Et en effet, cela a mal démarré : il y a peu de choses communes entre un visage mouvant, agressif, sous une capuche, dans la nuit, et un visage découvert pris dans un commissariat, à la lumière artificielle, sur fond clair. Nous avons passé une première planche de photos, et s’il était facile d’en éliminer plusieurs, cela allait difficilement plus loin. Et puis sur la seconde planche, j’ai commencé méthodiquement, en haut à gauche, et je commentais chaque photo. Jusqu’à la 5 : « c’est lui ! »
Et au visage fantôme que j’avais porté dans ma tête pendant une semaine, s’est superposé un visage un peu différent, mais qui me rappelait des choses que j’avais oubliées de ce soir-là. A revoir ses lèvres, je me souvenais de ses insultes. A revoir ses yeux et ses sourcils, je revoyais son regard. C’était bien lui, celui qui m’avait agressé et frappé. Mais ce n’était pas exactement le visage que j’avais porté dans ma tête. Les policiers m’ont demandé de préciser à quoi je le reconnaissais, et ont vérifié je le reconnaissais formellement. Pendant cette confrontation, les deux visages – le souvenir et le réel – se sont fondus en un seul. Et quand je suis sorti du commissariat, l’image fantôme avait été remplacée dans mon cerveau par l’image plus précise, plus réelle, du vrai individu.
Il y a donc désormais un nom, une enquête, et une procédure, sur un individu du monde réel.
A partir de maintenant, cette histoire ne m’appartient plus, j’ai passé le relais à quelqu’un d’autre. Mais j’ai la satisfaction d’avoir clôturé ma partie sur une fin nette. Comme une photo.

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