New York, New York… (Part One)

Première partie de mon compte rendu du Marathon de New York

C’est un projet depuis plus de 4 ans. Et hier, j’ai réalisé mon rêve. Voici mon récit du Marathon de New York (qui fêtait son 40ème anniversaire, un peu plus jeune que moi, le marathon…)

(Toutes les photos en haute définition ici).

« Start spreading the news, I’m leaving today »

1er novembre 2009. Réveil à 4:49, Laurent déjà parti depuis 3/4h, j’ai tout mon temps, je me suis réveillé avant mon réveil (5:30). Thé, céréales, préparation de l’équipement de cosmonaute (2-3 couches de vêtements, gels de glucose, électronique de jogging, walkman, appareil photo, piles, clés, …)

Je sors dans la rue vers 6:00, et je trouve tout de suite un taxi sur 1st avenue. Il prend la Highway vers le terminal des ferrys, New York est encore dans la nuit. Il pluviote un peu.

Le terminal ressemble à Ellis Island à l’époque des immigrations massives vers les US, il y a une foule assise,
debout,
qui déambule,
qui dort,
va aux toilettes,
mange,
boit du café au gobelet,
se déshabille,
s’habille,
s’interpelle,
ça parle anglais français italien allemand suédois swahili…

Je prends le ferry de 6:30, 1/2h à traverser ce petit bras de mer et à faire un coucou à la Statue de la Liberté, avant d’aborder à Staten Island.
Puis la queue pour prendre un bus,
encore 1/2h de trajet,
à nouveau la queue pour entrer dans Wadsworth Fort, 
en tout, il m’aura fallu plus d’1h30 pour rejoindre la zone de départ.
Et là, c’est un peu Woodstock sous la pluie :
des tentes,
des coureurs étalés partout sur l’herbe dans le froid,
des enfilades de cabines de chiottes avec des gens qui font la queue,
des camions UPS,
des annonces en 5 langues,
des pancartes, des panneaux
des drapeaux de toutes les nationalités…

Je me trouve un coin un peu tranquille et je m’installe, tel un mini-bouddha moderne, emmitouflé dans ma couverture de survie.
Je lis quelques pages de Steinbeck sur ce gène de l’espèce humaine qui la pousse périodiquement à (se) détruire, puis sur le début de son expédition dans la Mer de Cortès.
La couverture de survie est une bénédiction, car il y a du vent et le sol est mouillé. Je vois des coureurs qui sont en short et en T shirt, bon sang, on est 2h avant le départ et il doit faire 11° C… Gros contraste entre certains coureurs vêtus d’une simple couche de tissu, et mon empilement de couches de polaire. Je suis à 37°, juste bien 🙂

« These vagabond shoes are longing to stray »

Je vais me placer à l’entrée de mon corral, il y a comme d’habitude l’énervement positif, les échanges de plaisanteries avec les bénévoles, l’attente impatiente.
Les gars qui négocient pour passer, qui expliquent, qui se fchent.
Ceux qui essaient de franchir la clôture grillagée (2 m) en sont quittes pour quelques contusions + une engueulade. Tout ça pour franchir la ligne 30 secondes plus tôt, c’est attendrissant. Pour ma part, j’attends, centré sur ma respiration, mon temps viendra.

On attend, on attend, on attend, d’abord à l’entrée du corral, puis dans le sas.

9h40, j’ai une pensée pour Laurent, qui doit être en train de prendre le départ sur le Pont du Verrazzano.
Ultime pipi, j’abandonne mon pantalon en polaire, mais je garde toutes mes autres couches, y compris la couverture de survie.

Nous avançons vers la ligne, beaucoup de personnes courent, comme si elles ne savaient pas qu’elles vont en prendre pour plusieurs heures de course, et que CHAQUE molécule de glycogène économisée peut faire une différence.
Tassement du peloton immobile avant le départ. La modestie américaine des commentaires au micro : « Welcome to the most important event in the universe ! » (véridique)
Je quitte ma fidèle couverture de survie, j’abandonne aussi les gants (trop difficile de manipuler l’appareil photo avec).
Une chanson qui glorifie l’Amérique, et c’est parti !

« Right through the very heart of it, New York, New York »

Et c’est la montée du Pont du Verrazzano. 
ça grimpe honnêtement, l’asphalte est humide, l’air est frais, chacun mouline des gambettes à son rythme.
Des hélicoptères tournoient dans le ciel, ou restent en stationnaire pour filmer, il y a des énormes Sikorsky qui passent, on se croirait dans Apocalypse Now.
A gauche, les gratte-ciels de Manhattan, superbe vue pour démarrer… mais à une distance si lointaine ! On y croit, on y va…

Le pont dure longtemps, plus d’un mile, on a le temps d’ajuster sa vitesse. Je commence à avoir bien chaud, je me débarrasse peu à peu de mes couches, mais avec parcimonie, je ne veux pas brûler des calories juste pour me réchauffer, elles seront mieux employées ailleurs.

Le pont se termine et on rentre dans l’énorme Borrow de Brooklyn, où nous allons passer la première moitié du marathon. Des maisons qui ne font pas plus d’un étage, des rues déjà bien remplies, et toujours un ciel gris au-dessus de nos têtes.

J’essaie de maintenir un rythme à 5:15 au km (11,5 km/h), ce qui, si je le tiens toute la course, me mènera vers un nouveau record.

La suite ici

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8 réponses à New York, New York… (Part One)

  1. medhi dit :

    Argh
    Je veux la suite maintenant, pourquoi tu aimes nous faire languir ?

  2. Docthib dit :

    Parce que c’est du boulot, que de se reposer ! Tant de rues à arpenter, tant de steaks à ingérer pour se venger du régime, ça laisse peu de temps pour bosser ! 😉 La suite dans l’avion, donc postée probablement mercredi soir…

  3. Jerome dit :

    Et Docteur, c’etait le 40eme marathon de NY et donc le 39e anniversaire dudis marathon de NY, la premiere epreuve ayant eu lieu en 1970… (relis ta medaille). Plus serieusement, merci pour ce reportage fidele dans les emotions et les annecdotes. J’etais l’un des 43475 et je m’y retrouve completement.
    C’etait un grand plaisir de te revoir. Essayons de courir Berlin our Londres avant 20 ans!
    JLJ

  4. Yann & Barbara dit :

    Une question (peut-être un peu naïve) nous brûle: qu’as-tu fait de ton livre, ton pantalon en polaire, ta couverture de survie, tes multicouches, et tes gants…?
    Signé "les ignorants du marathon".

  5. Docthib dit :

    @ Jerome : Ach ! Tu as beau être américanisé, tu manies mieux la langue française que moi ! Erreur impardonnable, quand un bébé naît, on ne fête pas son anniversaire… Cela dit, j’étais content de courir le 40ème marathon de NY. Comme tu l’auras vu, notre prochain objectif, c’est Paris. Londres est super sympa, mais difficile d’accès (loterie ou packages de tour operators), Berlin est beaucoup plus simple et la ville est belle. Septembre prochain ?

  6. Docthib dit :

    @ Les tourtereaux : le livre a été rangé soigneusement dans le sac en plastique « NYC 40 » et déposé au vestiaire ambulant (belle logistique des marathons, sacs individuels identifiés au numéro de dossard, collectés au départ et apportés à l’arrivée) ; le pantalon en polaire, la couverture de survie et les gants en polaire ont été laissés avant le départ, et récupérés par les bénévoles pour des sans-abris. La veste coupe-vent, le haut en polaire et le bonnet en polaire ont été posés sur le bas-côté du parcours, et vu le nombre de vêtements déposés par ailleurs, ils ont aussi été récupérés pour des sans-abris. Donc ça recycle à mort (et je ne jette pas les livres !)

  7. Yann dit :

    C’est digne de la conquete spatiale, on brule tout derrière pour arriver, si possible, entier.

    (Ce choix est d’ailleurs tres bien decrit dans le roman de James A Michener – Space / La Course aux etoiles)

    Yann

  8. Isabelle PERNA dit :

    Christophe,
    Quelle émotion en lisant vos commentaires
    On ne peut être que fier de vous.
    BRAVO !
    Isabelle

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