Livre lu – Nick Hornby : Haute Fidélité

Je commence aujourd’hui le long trajet de mise à jour de mes critiques de livres / disques. Les mails viendront après, puisque je suis toujours en over-danaïdes.
Haute Fidélité (10/18, n°3056, 1999, 254 p.) fait partie de ces livres à listes, je trimbalais ce titre dans ma tête depuis plusieurs mois (années ?), car je l’avais coché dans mon petit guide Fnac des 200 livres des 10 dernières années. Au passage, c’est une merveille, ce petit guide Fnac (j’en avais parlé ici), avec son système de correspondances (« si vous avez aimé untel, vous aimerez untel »).
Donc, qu’ai-je aimé dans Haute Fidélité, et quelles sont les correspondances spontanées qui me viennent à l’esprit ? C’est un livre à la première personne, qui, plus qu’une autobiographie, est une mise au point de la vie du héros, anti-héros trentenaire qui baigne dans la musique, étant donné qu’il a un magasin de disques. Le style est évidemment pince-sans-rire (tout cela est très anglais), avec de très bonnes observations, et puis une histoire qui, ma foi, balaie 30 ans de déconvenues personnelles sur fond de musique pop et R’n’B.
Cela me donne envie (tout livre bien écrit me donne envie de faire quelque chose) de refaire des listes, comme ce soir d’il y a quelques années, où sur le comptoir d’un bar estudiantin, j’avais fait la liste des plus grandes intros de rock…
De voir ce personnage se dépatouiller de ses histoires pourrait être uniquement drôle, mais il y a un fond plus profond, plus personnel : on hésite à rire de sentiments, de pensées, dont on se dit qu’on pourrait les avoir un jour, ou bien, qu’on en est pas passé loin… Je m’attendais aussi à ce que la musique soit plus présente, mais la vérité est que la musique est très présente dans ce livre, simplement, je ne connais pas tant de morceaux que cela, à mon grand dam. Avis aux musicophiles…

Les gens s’inquiètent de voir les gosses jouer avec des pistolets, les ados regarder des films violents ; on a peur qu’une espèce de culture du sang ne les domine. Personne ne s’inquiète d’entendre les gosses écouter par milliers – vraiment des milliers – de chansons qui parlent de coeurs brisés, de trahison, de douleur, de malheur et de perte. Les gens les plus malheureux que je connaisse, sentimentalement, sont ceux qui aiment la pop music par dessus tout.
Nick Hornby, Haute Fidélité, 10/18, n°3056, p. 25.

Correspondance : David Lodge, s’il s’était focalisé sur un gars qui aime bien la musique pop, aurait pu écrire ce genre de livre. De l’analogie avec David Lodge, je retiens aussi la pratique d’effets de style qui changent, c’est-à-dire, l’utilisation d’un style particulier à un moment donné, pour transmettre des sensations patriculières (par exemple, dans Thérapie, David Lodge utilisait à un moment des « rapports » (rapport de police, compte-rendu à une psy, etc.) pour retransmettre les points de vue des différents personnages.)

Ce contenu a été publié dans Livres, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

0 réponse à Livre lu – Nick Hornby : Haute Fidélité

  1. Yann dit :

    J’avais vu le film, très bon d’ailleurs, je vais donc me plonger dans le livre.
    Par ailleurs le dernier Nick Hornby semble avoir de très bonne critiques.

    J’ai récemmetn lu de Kazuo Ishiguro, "Never Let me Go" et c’est vraiment superbe!!
    A lire impérativement.

  2. Vero dit :

    j’ai vu le film et lu le livre ainsi que tous les autres de Nick Hornby (ou presque) et j’ai le dernier qui m’attend sagement sur mon etagere ! Si vous abvez aime Nick Hornby, vous aimerez aussi Jonathan Coe (Le Testament a L’Anglaise, La Maison du Sommeil) et Paul Auster (alors la je suis fan et son dernier "Brooklyn Follies" m’attend aussi sagement sur mon etagere !!)
    @Yann: Never Let Me Go est aussi sur ma liste, ma mere l’ayant devore cet ete
    C’est marrant, moi qui ai toujours l’impression d’etre inculte niveau bouquin, pour une fois que je sais de quoi tout le monde parle !!

  3. Yann dit :

    @Vero, double coincidence, j’ai aussi lu récemment What a Carve Up! de Jonathan Coe que j’ai adoré (je ne connais pas le titre français… edit: Ce doit être Le Testament à l’Anglaise)

  4. Cuné dit :

    Le dernier, je n’ai pas accroché du tout, mais celui-ci, et La bonté : mode d’emploi, j’avais bien aimé. Je me souviens du parallèle Réservoir dogs/Ian-Laura qui était vraiment marrant.
    Correspondance aussi (et moins "intello" que Lodge) : Damien Owens, Les trottoirs de Dublin

  5. Docthib dit :

    C’est rare qu’une de mes critiques (?) de livres attire autant de bonne matière… Je repars avec Kazuo Ishiguro, Jonathan Coe, Paul Auster (euh Véro, Paul Auster, je le lis depuis 1988…) et Damien Owens. Venant de la papesse des blogs littéraires (Cuné), c’est une référence ! (je me réfère à une certaine soirée, décrite par un certain Ari, ici et sa suite…)

  6. L'inconnu du 3ème étage dit :

    Le film est effectivement vraiment pas mal. Il rend bien le coté autobiographique du bouquin et donne une vision finalement assez réaliste du collectionneur psychorigide (qu’il s’agisse de bouquins, BD, disques…)(cf notamment le personnage joué par Cusack et Black).

    Pour les correspondances, Le dernier des Savages (Jay Mc Inerney) et Euréka Street (Robert Mc Liam Wilson).

  7. Yves Duel dit :

    je me rappelle vaguement le Lodge, qui m’avait paru un peu procédé. Je me rappelle avoir supposé qu’il cherchait à "se débarasser" de son style trop constant d’un livre à l’autre de la série du "si petit monde".

    Dites donc, comment faites vous pour lire autant de livres, vouzautres ? Vous êtes tous retraités ? ou rentiers ?

  8. Docthib dit :

    @ l’inconnu du 3ème étage : merci pour ces correspondances, c’est cela que je recherche, et hop, deux références de plus… Pour le film, c’est génial d’avoir un blog, on apprend la sortie de films tirés de bouquins qu’on lit. Quelle misère culturelle !

    @ Yves Duel : j’ai repéré cette tactique dans plusieurs Lodge. Echange d’e-mails et enregistrement de conversations dans « Pensées secrètes », il y avait aussi cela (je ne me souviens plus du procédé) dans « Nouvelles du Paradis », donc je pense que c’est le fruit d’une vraie construction littéraire. Quant à la lecture, j’ai encore 3 critiques à pondre… Mon secret ? J’ai 2 x 50 mn de transports en commun par jour. Et ce n’est pas forcément sûr, par les temps qui courent.

  9. Yann dit :

    @ Docthib; puisqu’on parle de construction littéraires je m’attelle en ce moment à lire "On Literature" de Umberto Eco, un recueil des différences conférences qu’il a pu donner sur le littérature. C’est complexe mais compréhensible ce qui permet d’avoir un sentiment d’effort récompensé. C’est d’ailleurs ce qui, je trouve, caractérise l’ensemble des livres de Umberto Eco. Ce n’est pas facile d’accès mais pas non plus impossible et ça donne? l’impression d’être moins inculte ensuite.
    Un livre passionnant surtout lorsqu’Eco analyse sa propre "méthode" de création littéraire en reprenant les pistes d’Apostille au Nom de la Rose. De lui je retiens aussi le très bon Voyage avec Un Saumon.

  10. Docthib dit :

    J’avais lu « voyage avec un saumon », que j’aimais bien pour son côté « billets de blog » : c’était la compilation d’une chronique qu’il avait rédigée au fil des semaines pour… La Stampa je crois. Erri de Luca, dans un autre style (poétique et souvent mystique) a aussi publié une compilation de ses chroniques (Alzaia). Oui, je lirais bien ce livre d’Eco. Pour moi, le livre le plus « récompensant » d’Eco est Le pendule de Foucault, livre facile à commencer, mais difficile à continuer (je connais quantité de gens qui l’ont commencé), et pourtant, que de surprises vers la fin… (teasing + buzz). Cela dit, dès qu’on me parle de « méthode de création littéraire », je suis renvoyé à mes propres manques, et je ne suis pas loin de souffrir de Marceau Lilès. On en reparlera dans ces colonnes.

  11. Vero dit :

    @Yann: effectivement double coincidence, il semblerait que nous ayons les memes gouts litteraires; What a carve up est effectivement Testament a l’Anglaise en Francais. Et il a meme un 2e nom en anglais "The Windshaw Legacy". 3 noms pour un seul roman !
    Evidemment Doc je vous les conseille en anglais plutot qu’en francais si l’experience vous tente; la VO est toujours meilleure.
    @Docthib : moi aussi je lis Paul Auster depuis 1988 ;o) …..enfin disons depuis que je sais lire quoi !

  12. Docthib dit :

    Allez, va pour l’anglais. (mais il faut d’abord que je me coltine un Douglas Kennedy dans la langue de Robert de Niro).

  13. almost parisian dit :

    une correspondance, j’aurais dit aussi eureka street
    une musique écrite, il y a billard blues de maxence fermine
    nick hornby, il y avait ce blog ludique dont le seul thème des posts était de créer des listes, que je viens de rechercher pendant une demi heure sans succés, parce qu’il a du disparaître au moment de la migration de 20six
    un style particulier, ce sont ces touches du magnétophone qui permettent à williman boyd de passer du présent au passé du passé au futur du futur au présent et de s’arrêter sans avoir à se justifier: écrire ce qui passe par la tête sans autre construction que celle du spontané (adult video, in fascination)
    "Les gens les plus malheureux que je connaisse, sentimentalement, sont ceux qui aiment la pop music par dessus tout." c’est la citation la plus souvent retenue de l’ouvrage. Moi, je sais pas pourquoi, ma mémoire me remonte plutôt: "This is great. I’m going to cultivate friendships with people who have dead parents, or dead friends, or dead partners. They’re most interesting people in the world. And they’re accessible, too! They’re all around us!", p.182. Enfin, si, en fait, je crois que je sais pourquoi. Cela dit, j’ai toute une page de citations de High Fidelity que je relis fréquemment.

    ça donnait quoi alors, cette liste des plus grandes intros de rock?

  14. Docthib dit :

    @ almost parisian : c’est marrant, parce que les lecteurs se répondent : on m’avait déjà cité Eureka Street, quand je cherchais de nouvelles choses à lire. Pour la musique écrite, je note, mais c’est souvent difficile. J’avais bien aimé « Be Bop » de Christian ??
    William Boyd, je ne sais pas, je n’ai pas accroché plus que ça. J’avais bien aimé Brazzaville plage, et encore…
    Quant à la liste des intros de rock, OK, je m’y (re) mettrai. Mais je sens déjà les querelles poindre : je mettrai donc un déclameur de garantie, expliquant que ce sont les intros de pop-rock, et pas de rock « puriste ».

  15. almost parisian dit :

    "Quant à la liste des intros de rock, […] ce sont les intros de pop-rock"
    vale, ça marche aussi docteur

  16. Docthib dit :

    OK, je m’y colle. Prochain thibillet sur le sujet.

  17. almost parisian dit :

    😉
    :-*

  18. shada dit :

    Oui, on se reconnais bien dans ce passe-temps un rien compulsif qui consiste à lister ses préférences, ainsi que le fantasme d’être interviewé et appelé à faire un hitparde perso des titres qu’on préfère (CD ou livres).
    Voilà quelques-uns des bouquins "du même type" – avec pas mal de guillemets" que j’ai aimés :
    €¢Une vie francaise – Jean-Paul Dubois
    €¢Les cerfs volants de Kaboul – Hosseini
    €¢Dalva – Jim Harrison
    €¢Histoire de Pi. – Yann Martel
    €¢La maîtresse des épices – Chitra Banerjee Divakaruni
    €¢A marche forcée – Slavomir Rawicz
    €¢Le Grand Cahier – Agota Kristof
    €¢La tache – Philippe Roth

    Sinon, quelqu’un aurait-il eu la bonne idée de compiler les titres de CD qui s’égrènent tout au long du bouquin de N. Hornby ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.