Dans le métro, il y a les préhistoriques, ceux qui sortent un petit morceau de carton coloré, qui l’insèrent dans la fente, qui récupèrent (ou vitupèrent en cas de petite lumière rouge) et qui passent. Et puis il y a les immatériels, les évanescents, qui laissent flotter leur Pass Navigo d’un air dégagé (ou préoccupé, du genre « je pense à autre chose, je suis multi-tche »). Dans les immatériels, il y a les femmes. Et là, je vais te dire, ça le fait pas du tout. C’est une des rares fois où les hommes sont fluides et grâcieux (dans les limites de leurs limites) et les femmes sont à la traîne. Le problème vient de la technologie « sans contact », qui facilite la vie, mais aux dépens de l’esthétique cinétique :
- La femme typique (j’allais dire moyenne, c’est montrer d’où je viens, et le chemin qui me reste à parcourir) ne sort pas le Pass Navigo de son sac à main, elle entend bien profiter de la technologie sans contact ;
- Elle pose donc son sac à main sur la zone de détection, et ça fait Pof-bling ;
- Le plus souvent, ça ne marche pas. Alors vient le touillage : la femme, tenant son sac à (deux) main(s), lui fait opérer un mouvement circulaire sur le détecteur, elle voudrait lustrer le métal poli qu’elle ne s’y prendrait pas autrement et ça fait Ziouip ;
- Le plus souvent, ça marche, mais il y a quand même les cas où il faut renverser latéralement le sac, comme une peluche qu’on martyriserait, parce qu’à l’intérieur, le flacon de Chanel était entre le Pass Navigo et le détecteur, et les ondes fluchtrales ne passent pas au travers du Chanel (ce serait une chose à améliorer pour la version 2.0 de la technologie sans contact). Et ça fait Bling-clonk ;
- Et puis à un moment, ça fait Tilou ! et le monde se remet en place, les jambes des femmes redeviennent des compas qui arpentent le globe terrestre en tout sens, lui donnant son équilibre et son harmonie.
Au final, les femmes ont l’air de caissières de supermarché devant leur code-barre, et même Ariane Ascaride dans « Marie-Jo et ses deux amours » a du mal à garder son charme dans cette posture (et dieu sait si elle a du charme).
Ce qui m’énerve depuis des années, c’est la charnière des CDs. Je ne sais pas quel est l’ingénieur qui nous a bati ça, mais c’est du beau et du bon. Moi avoir CDs, un peu (400 ?) et moi habiter sur planète avec gravité. Ce sont des choses qui arrivent. Quand je lâche le boitier du CD, il a généralement tendance à tomber vers le sol (sauf en fin de soirée, genre dimanche matin vers 4h, dans ce cas-là, le boitier se met à flotter dans l’air, et je chante comme George Michael jusqu’à l’arrivée de la police).