L’autre jour, coincé dans l’antichambre d’un praticien, j’ai lu un Gala (le numéro de fin février). Une fois qu’on a passé la couverture, on tombe sur les pubs. Et puis d’autres pubs. Et encore d’autres pubs. je ne me plains pas, ce sont des mannequins filiformes au regard blasé, dans des tenues qui représentent de quelques semaines à quelques mois de salaire, c’est selon. Du beau linge qui fait rêver en attendant le dentiste.
J’ai donc compté : il y a 30 pages de publicités entre la couverture et le premier article. Puis une paginette d’article sur le petit ventre rond de Katie Middleton. Puis quelques pages de pub. Et enfin, non pas une, non pas deux, mais 5 pages de sommaire (sommaire Actu, sommaire Beauté, etc.), évidemment placées en vis-à-vis d’autres publicités. Donc, si je compte bien, pour arriver au début officiel du journal, c’est-à-dire l’Édito situé en page 47, et en excluant la paginette sur Pippa Windsor et les 5 pages de sommaire, on a donc 41 pages de publicité sans contrepartie éditoriale pour se reposer les yeux.
Conclusion numéro 1 : très bon business model. Les pubs (nombreuses) avant le contenu, voire dans le contenu (toutes les tenues des stars sont identifiées dans les articles, bonjour le branding). Je serais intéressé de connaître la répartition des revenus de Gala entre les ventes de numéros et abonnements (il doit bien y avoir des gens abonnés à Gala) et les ventes de pages de publicités.
Conclusion numéro 2 : un numéro de Gala est une oeuvre d’art ultimo-post-moderne, éphémère, avec une esthétique luxueuse mais jetable, un happening permanent d’infotainement. Un peu comme si on payait une place de cinéma pour voir deux heures de pubs (ce qui serait délirant, avouons-le). J’imagine ce que Salvador Dali ou Andy Warhol aurait pu faire comme collages avec cette esthétique de papier glacé.