Typewatching the stars – James Bond

CraigCette rubrique a démarré par le Commissaire Maigret, et consiste à essayer de deviner le Type de personnalité d’un personnage, réel ou de fiction, en m’appuyant sur l’indicateur MBTI (voir cette catégorie sur ce bleug) dont je suis désormais praticien certifié (MBTI niveau I). En sus de Jules Maigret, j’ai ainsi essayé de typer Sherlock Holmes ou Eric Tabarly.

James Bond, comme le commissaire Maigret, est un personnage de fiction. Je m’appuie ici autant – sinon plus – sur les films, notamment les 3 derniers avec Daniel Craig, que sur les romans de Ian Fleming.

Les deux premières caractéristiques qui me sautent aux yeux sont : Se et T, qui sont donc probablement la paire de fonctions centrales, c’est-à-dire que l’une est la Dominante, et l’autre l’Auxiliaire.

Se : fonction sensorielle extravertie. Les personnes qui ont la Se en dominante accumulent les expériences sensorielles (les 5 sens) – par exemple des bons vivants – et parfois dans l’extrême – la recherche de sensations fortes comme le parachutisme ou la course automobile. On reconnaît là les caractéristiques essentielles de James Bond : buveur, fumeur (dans les romans), adeptes de sensations fortes (déjà dans les romans, il aime conduire vite, et puis c’est un espion de terrain, quasiment un homme de main). Si l’on visite la préférence opposée (Ni), on ne peut pas dire que James Bond soit dans le symbolique, qu’il cherche des sens sous-jacents, ou qu’il soit intéressé par le monde des idées : il est factuel, concret, et tourné vers l’action. Donc Se.

T : aussi bien dans les romans que dans les films, James Bond ne se caractérise pas par sa fibre humaine. Bien sûr, les T ne sont pas des êtres inhumains : si l’on veut parler de ce profil de façon positive, il suffit de dire que les T ne souffrent pas, comme les F, d’une recherche (parfois obsessionnelle) de l’harmonie humaine ou du consensus – les T prennent des décisions objectives et logiques. Pour les T, l’humain fait partie de la décision, mais n’est pas l’unique critère de décision.

Là se pose le problème de l’orientation de cette fonction de décision. Si c’est Ti, cela veut dire : conception de systèmes intellectuels, la mise en production étant accessoire – voire perçue comme non nécessaire. À l’opposé, Te : agir sur le monde pour changer les choses, apporter des solutions. Dans ce sens, on voit bien plus James Bond comme acteur (j’apporte des solutions) que comme penseur (j’échafaude des systèmes et des théories qui permettent de mieux comprendre le monde qui nous entoure).

On se trouve face à un problème : deux fonctions tournées vers l’extérieur. Donc ce ne peuvent être la Dominante et l’Auxiliaire, l’une des deux étant obligatoirement tournée vers l’intérieur. Si on retient par exemple Te, cela donne comme complémentaire Si = indexation précise de sensations pour son usage propre, sans volonté de partager. Mais ça ne cadre pas avec le côté jouisseur et extrême de James Bond. Donc Se, clairement. Mais Se impliquerait une auxiliaire en Ti, dont on a vu qu’elle ne cadre pas avec le côté « en action » du personnage.

La seule possibilité : ces deux fonctions sont la Dominante et une Tertiaire très développée, toutes deux tournées vers l’extérieur. C’est très intéressant, car cela illustre bien le fait que les observateurs ne voient jamais que les fonctions « e ». Il y aurait donc une fonction cachée (cachée, car en i, monde des idées, monde intérieur), mais néanmoins fondatrice dans la personnalité de James Bond.

JB - ENTJOn aboutit à deux possibilités : Dominante en Te ou dominante en Se. Regardons les deux croix possibles, ci-contre. JB - ESFP

J’avoue qu’intuitivement, je sens la Se tellement présente que j’ai envie d’en faire la Dominante.

Ayant à l’esprit l’analyse façon Sherlock Holmes, essayons de procéder par élimination. Une Auxiliaire en Ni se matérialiserait par une tendance à rechercher des liens, des symboles, dans le monde des idées. Se reconstruire, mentalement, une représentation du monde dans une quête qui n’en finirait jamais, chaque nouvel élément s’intégrant dans la réflexion en l’enrichissant ou en la modifiant. Même si c’est une fonction du monde intérieur, donc a priori peu visible à l’observateur extérieur, je ne la vois nulle part, ni dans les romans ni dans les films. Il suffirait peut-être de quelques réflexions de James Bond, du type « voyez comme les situations comme celle-ci s’apparentent à d’autres contextes » ou bien « on voit un courant d’événements qui aboutit clairement à cette conclusion » : je n’ai jamais lu ou entendu ce genre de pensées chez le flegmatique espion anglais.

Passons à l’hypothèse qui a ma préférence intuitive : Se en dominante, Te en tertiaire, soit ESFP.

Fi en Auxiliaire contient des arguments positifs, mais en contre-poids, autant de choses étonnantes.

  • Du côté correspondant à James Bond, on peut voir dans Fi une grille de valeurs personnelles extrêmement fortes, et qui guident ses décisions, quitte à récuser un règlement ou une procédure. Un T pourrait faire de même, mais il ne serait pas guidé par des valeurs personnelles : il récuserait le règlement ou la procédure qui lui sembleraient illogiques ou mal conçus. Alors que James Bond, avec un entêtement parfois énervant pour « M », se fie à ses propres valeurs, et contrevient souvent aux règles du système.
  • Du côté étonnant chez James Bond, on a cette fonction F en auxiliaire, qui signifie une prééminence des valeurs humaines et du consensus. Heureusement pour mon analyse, ce n’est pas une Fe (aider les autres, s’exprimer sur ses sentiments) mais bien une Fi, qui est plus orientée vers l’harmonie intérieure. Certes, cela reste du domaine du mystère : on n’entend jamais parler d’un James Bond qui rechercherait un équilibre personnel, et qui utiliserait sa vie comme quête de cette harmonie interne. Mais j’ai deux arguments de plus pour justifier ce choix.
  •  Un argument MBTI. Le Se signifie une préférence accordée à la Perception sur la décision, donc P en dernière lettre. Et les personnes de type P sont réputées adaptables, flexibles, prêtes à changer de décision en fonction des événements : or, quand on voit la réactivité de James Bond (dans les situations « où il faut décider en quelques secondes »), j’y vois bien un SP : souple, non bloqué sur une voie à suivre, et qui va se décider en fonction des informations sensorielles qui lui parviendront (exemple typique : les poursuites en voiture, ou les combats). Un J serait plutôt fondé sur l’anticipation, la préparation, et l’improvisation n’est sa préférence naturelle. Or, même si je n’ai pas vérifié dans les films, ça ne m’étonnerait pas qu’il existe des scènes où Daniel Craig sourit face à M ou Vesper Lynd en lui disant « j’improviserai » ou « je verrai bien ».
  • Un argument personnel. Il reste l’histoire problématique de cette Fi, qui tendrait – normalement – à pousser James Bond à avoir plus d’égards pour le consensus et l’harmonie entre êtres humains. J’ai un argument qui n’est en fait qu’une hypothèse fondée sur les éléments de son histoire personnelle. James Bond est orphelin, et élevé dans un milieu dur (orphelinat puis bizutage de la part de personnes mieux nées que lui – cf. la discussion dans le train dans Casino Royale). J’y vois que cela aurait pu étouffer la fonction F dans son côté « je fais attention aux autres », aux dépens d’une activation précoce de la Tertiaire (Te, bien adaptée à la survie dans ces conditions), qui devient alors une auxiliaire bis. La Fi reste, mais devient égoïste : elle se btit des valeurs internes, et les suivra avec entêtement, sans se préoccuper des sentiments des autres.

En conclusion, je penche fortement pour ESFP, avec des choses apparemment étonnantes chez James Bond, mais qui pourraient s’expliquer. Il reste une ligne d’enquête possible : voir ce que l’Inférieure déclenche en situation de stress. Mais cela me semble difficile avec un personnage comme James Bond : comme indiqué dans Goldfinger (le livre), il est habitué à vivre des situations de forte tension, ce qui fait qu’il aborde des tournois (poker, golf) avec beaucoup moins de tension qu’un individu moyen. Dans ce cas, cela voudrait dire que l’Inférieure ne surgit pas souvent – ou pas du tout – en cas de stress, car elle a été « dressée ». Cela mériterait quand même d’analyser la réaction de Bond quand il est mis hors circuit au début de Skyfall, car même pour lui, c’est probablement un stress majeur : dans sa réaction excessive (disparition, beuveries, rancœur), on pourrait peut-être voir l’irruption de l’Inférieure… Je creuserai cela plus tard, éventuellement.

Des réactions à cette analyse ?

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4 réponses à Typewatching the stars – James Bond

  1. Cyrille dit :

    Serait-il possible de tomber sur une combinaison de type impossible ? Je me doute que la réponse est négative, mais on voit bien que parfois il faut poser des hypothèses ou faire entrer le rôle de l’éducation…

    Moi ça me va bien que James reste ESFP (comme moi) et qu’il ait été « contrarié » par son éducation, je me sens pareil !!

    • Docthib dit :

      Bonsoir Cyrille,
      non, en effet, je ne pense pas qu’il y ait des combinaisons impossibles, au sens de la permutation : 4 axes, 2 poles par axe, donc 16 possibilités de « classes de personnalité », et pas 17… Maintenant, 2 ESFP partagent des points communs, souvent ils s’entendent bien, mais chacun a une personnalité unique, et comme tu le dis bien, les accidents de jeunesse, l’éducation, et quantité d’autres choses font de nous des êtres uniques.
      Donc, quelle que soit la personne, elle appartient à une des 16 classes.
      Cela dit, il y a certaines personnes pour lesquelles le Typewatching (c’est-à-dire le diagnostic vu de l’extérieur) sera difficile, voire impossible. Je prends rapidement deux exemples auxquels je pensais aujourd’hui : Batman/Bruce Wayne et Bane, dans le dernier opus. Bane, ma foi, est extrêmement difficile à cerner, il pourrait réserver énormément de surprises. Et ce n’est pas un mystère : il a été élevé dans l’enfer sur terre, à tel point que sa « vraie » personnalité est très difficilement observable de l’extérieur. Mais il y a fort à parier que si un praticien MBTI (comme ton serviteur) lui faisait passer un entretien de découverte du Type, Bane se positionnerait très clairement, parce que lui, il sait assez clairement qui il est et comment il fonctionne. Le rôle du praticien MBTI n’est donc pas de diagnostiquer, mais plutôt de s’assurer que le « client » dispose de tous les moyens pour s’auto-positionner clairement et sans biais de présentation.

  2. Laurent K dit :

    Je questionnerais l’hypothèse d’un ESTP pour 007, par le type de « Mécanicien de l’Action », de type « convertisseur » d’opportunités (=sauver le monde, éliminer les ennemis de sa majesté la reine, …) en missions concrètes réalisées avec une certaine dose d’adrénaline. Cela se retrouverait dans les livres que je n’ai pas lus ?

    • Docthib dit :

      ST sonne bien, définitivement, c’était ma première « paire » centrale, donc on est d’accord. Mais ESTP, ça donne Se en dominante et Ti en Auxiliaire, ça me semblait une Ti trop « théorique », non orientée vers l’action. Mais on a le E de la Se pour ce qui est de l’action 🙂
      Dans les livres, Bond apparaît comme un homme pragmatique (S), factuel (S), objectif (T) et nullement « social » au sens F du terme. Je me souviens dans « Entourloupe dans l’azimut » (ah, ces traductions de titres, il faut chercher pour retrouver « Moonraker » 😉 ) d’un passage où il se fait livrer une poudre alors qu’il est en train de dîner avec M, le passage dit « Bond ne s’excusa pas. Après tout, il était en train de faire son travail ». Ça sonne très T, et pas F, pour moi.
      Donc ESTP est une très bonne combinaison, qui a du sens. Et comme ça, on garde le P de l’homme qui improvise dans l’action 🙂
      L’inférieure en Ni pourrait peut-être expliquer sa dépression dans le livre Casino Royale, quand à la fin, il est très amer sur le rôle – insignifiant selon lui – qu’il peut jouer en tant qu’espion. Une Ni en inférieure qui part en vrille sous le coup du stress, ça donne de la parano, de l’insécurité. Dans le cas de Casino Royale, j’entendais plutôt un côté désabusé, proche de « je ne suis pas reconnu, j’ai perdu mes valeurs », bref, plutôt une inférieure en F.
      C’est pas simple, tout ça !! 🙂
      Enfin, pour conclure ma réponse, Laurent, je te dirai que là, on a fort à faire : un héros imaginé par un auteur, ça peut se tenir, mais quand il est incarné au cinéma, ça veut dire qu’on a le héros initial dont la personnalité est « re-sculptée » par les scénaristes. En toute rigueur, il faudrait ne se fonder que sur les livres (que tu n’as pas lus ! 😉 )

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