Pensées avec un tavernier

Ce matin, entre deux trucs faits à la va-vite et quelques urgences dans la tête, je tombe par hasard sur ce passage :

La dramaturgie européenne reste la dramaturgie du doute, le montage y est moins bouclé, moins affirmatif, comme si on laissait des points de suspension […]
(Télérama n°3148, 12 mai 2010, p. 29, interview de Bertrand Tavernier)

Voilà une analogie avec la recherche (en finance), ou avec les manuels (de finance). L’approche américaine est quand résolument sans aucun doute affiché : « j’ai une théorie, j’y crois à mort, je la défends jusqu’au bout ». Pareil dans les manuels, que ce soit en finance ou en efficacité personnelle, il n’y a pas de place pour la mesure si l’on veut un discours efficace. Mais veut-on un discours efficace ?

[…] alors qu’aux Etats-Unis le nombre de plans par film a quadruplé depuis les années 60. Les producteurs ont peur que le public, majoritairement jeune, décroche si le film n’est pas surdécoupé.
(Télérama n°3148, 12 mai 2010, p. 29, interview de Bertrand Tavernier)

On revient au zapping. Analogie avec l’enseignement. Je vois un enseignement qui – bon gré ou mal gré – a évolué vers une industrialisation à la PowerPoint, une slide, 3 minutes, et on zappe. La limite devient ténue avec l’entertainment, il faut captiver l’auditoire, c’est du Tex Avery. Et s’il y avait une voie alternative, celle qui va prendre le temps de placer des points de suspension, du doute ? Alors que certaines écoles vont vers l’industrialisation de leurs cours, je pense qu’il y a une voie vers l’expérimentation hasardeuse en pédagogie. Faire autre chose, quitte à se planter, mais par pitié, faire autre chose.

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2 réponses à Pensées avec un tavernier

  1. Benjamin dit :

    Complêtement d’accord. Je m’intéressais il y a peu à la problématique de l’attention en neuro-psychologie (ne demandez pas pourquoi) qui reprend également la densité du nombre de plans qui augemente dans un long (x 4-5 en 50 ans) comme dans un court-métrage (une pub par exemple). Certes il y a la dimension "Entertainment" de l’augmentation du nombre de plans pour ne pas ennuyer le spectateur. Plus facheux encore, le procédé, souvent combiné à la sur-utilisation du gros plan, retire beaucoup de liberté au spectateur qui n’a plus le temps de naviguer au sein du cadre…

  2. Docthib dit :

    Ben quand même, Benjamin, je demande : « pourquoi l’attention en neuro-psychologie ? » (parce que ça m’intéresse aussi, accessoirement…)

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