Luxmanie

Faisant un feu, j’écoutais un ami qui m’expliquait que c’était bizarre, ce sentiment d’apaisement qu’on avait devant les flammes. Je lui répondais que 450 000 ans passés à regarder le feu, ça marque. Pendant ces centaines de milliers d’années, le feu était le symbole du repos, de la chaleur, de la sécurité, de bonnes bouffes aussi. Je pense que cela laisse des traces. Il y a ce parallèle dans une nouvelle de Jack London. Pour lui, le fait de rêver que l’on tombe, et se réveiller en sursaut, vient de l’époque où nous vivions dans les arbres : seuls ceux qui se sont réveillés en sursaut (et qui se sont raccrochés aux branches) ont pu survivre, léguant à leurs descendants un rêve inachevé. La preuve : dans ces rêves, on n’atteint jamais le sol, on se réveille avant.
La fascination du feu, je la retrouve dans l’hypnose (fixez un point brillant et détendez-vous…) ou dans la télévision ou les jeux vidéos. Entrer en transe devant des images lumineuses qui bougent, c’est retrouver une sensation vécue pendant des dizaines de milliers de générations d’être humains.
Pas facile de faire abstraction de cet héritage, qui fait de nous, encore, des animaux très instinctifs – malgré nos iPhones et nos dépressions.

Ce contenu a été publié dans Réflexions. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Luxmanie

  1. Atchoum dit :

    J’avais vu une conférence sur TED qui portait en partie sur le même thème.
    Cela expliquait pourquoi nous aimons les gteaux aux chocolat, les jolies femmes et les bébés. Instinct de survie. Ce qui était intéressant, c’est le renversement dans le rapport de causalité.

    Prenons une part de gteau au chocolat. Miam, miam, ça fait envie. Mais pourquoi ? Parce que c’est bon ? En fait, on n’en sait rien : il a peut-être un goût affreux ! Mais il a l’air bon. Pourquoi avons-nous cette impression ? Parce que notre cerveau nous dit "mange ça, il a l’air délicieux ce gteau". Et pourquoi ? Parce qu’il a identifié que ce gteau, c’est de l’énergie pour tout de suite et des réserves de graisse plus tard. Instinct de survie.

    Une jolie fille : pourquoi on la trouve désirable ? Parce que, instinctivement, notre cerveau nous signale une partenaire de reproduction potentielle. Instinct de survie de l’espèce.

    Et idem pour les jeunes enfants ou les bébés : on les trouve beaux et attendrissants. Ce n’est pas parce qu’ils sont beaux et attendrissants, c’est parce que si on ne les voyait pas de cette façon, on aurait beaucoup moins tendance à les protéger. Survie de l’espèce.

    Autrement dit : si nos enfants étaient de répugnantes choses verdtres et à tentacules, nous penserions tous que les choses verdtres à tentacules sont a-do-rables.

    Cet instinct primitif nous conditionne beaucoup plus que nous n’en avons conscience…

  2. Docthib dit :

    Si ça se trouve, tes enfants SONT de répugnantes choses verdtres et à tentacules. Cela dit (ça, c’est fait), cela m’intéresserait de filer la métaphore du cerveau préhistorique sur les conflits au boulot, la conquête du pouvoir, qui commence d’abord par des choses aussi insidieuses qu’imposer sa voix dans la discussion.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.