Livre lu – Eric Clapton, the autobiography

Je viens de terminer l’autobiographie d’Eric Clapton (livre en anglais ici, en français là).

Eric Clapton m’accompagne depuis fort longtemps. Je crois que je l’ai découvert sur M6 (oui, ça existait déjà au XXème siècle…), chantant « Forever Man » en long manteau de cow-boy, et ça pétait grave. (c’était en 1983, ou un truc comme ça, c’est dire…). Et puis j’y suis venu progressivement, j’ai acheté Slowhand, 461 Ocean Boulevard, bref, j’ai fait mes classes.
J’ai beaucoup parlé de Clapton à mes amis, parce que ce n’était pas juste qu’un guitariste chanteur, c’était (je l’avais perçu déjà à cette époque) un homme, un humain sensible, un frère.
Et donc je l’ai suivi pendant des années, j’ai acheté tous les disques. Des copains me disaient que c’était de la soupe, les journaux disaient que c’était bien, ou commercial, ou new wave, bref, c’était du n’importe quoi si j’écoutais les autres. Mais moi, je savais que je soutenais ce gars, que je lui payais des royalties, et que sur chaque disque, j’allais trouver 2, 3 (4 ?) chansons qui allaient me plaire, et me rémunérer d’avoir acheté l’album. Et le rémunérer.
Et voilà, j’ai lu son autobiographie. J’en retire quelques idées :

  • C’est génial d’avoir quelqu’un qui essaie de décrypter sa vie. C’est le « connecting the dots » dont j’avais déjà parlé à propos de Steve Jobs. Un homme se pose à un moment donné, et dit « OK, je vais tenter d’expliquer, après coup, les conneries, ou les merveilles, ou plus simplement, les actes, de ma vie ». Ce que j’ai beaucoup apprécié chez Clapton, c’est ce côté « mon gars, je vais pas t’enjoliver l’affaire, je te livre les faits, et ma perception, mais là, ce que tu vois sur la table, ce sont mes tripes (même si je suis anglais, donc un peu limité dans mon expression, je suis pas du genre exhibitionniste). »
  • Certains albums que j’adorais sont expédiés en une demi-page, voire quelques lignes. Et plus globalement : sur chaque album, au moins au début de sa carrière, les chansons sont plutôt le fruit du hasard. J’en rigole, parce que moi j’ai écouté ces albums en boucle, et je me disais « j’aime bien telle facette de Clapton, mais cette autre facette, non, je n’adhère pas » alors qu’en fait, *je ne me trompais pas*, il y avait des chansons qui étaient imposées, ou pas de lui, ou n’étaientpas mentionnées après coup dans son autobiographie.
  • De toute façon, résumer une vie entière en 364 pages, franchement…
  • Quand il dit qu’avec « Pilgrim », il a voulu faire « l’album le plus triste de tous les temps » (p. 295), je comprends mieux. Et j’ai envie de le réécouter, cet album où 4 chansons m’avaient bien marqué. Des chansons existentialistes, oui, j’assume le terme, et je vous emmerde si vous ne comprenez pas.
  • Quand il dit que « Old Love » est une chanson dont il est très fier, moi qui me suis arraché le coeur plusieurs fois sur cette chanson qui me parlait tellement, je me dis que cette connexion que j’ai avec lui n’est pas juste le fruit d’une mode.
  • Je connaissais les drames, et l’errance de sa vie. Cette autobiographie replace les choses à leur juste endroit, avec les dates. Et surtout : ce que j’avais senti dans ses derniers disques : la recherche – et la découverte – du bonheur. Je ne suis qu’un fan de base, Clapton n’entendra jamais parler de moi, mais *je suis content pour lui*. Vient un moment dans la vie où l’on doit déposer les armes. Certains ratent cet instant, et meurent décomposés de frustration. J’espère que chacun d’entre nous (enfin, les meilleurs) pourra atteindra cet instant de grce.

Il y a des choses qui sont très présentes dans cette autobiographie, et dont je n’ai pas parlé. Elles me sont trop proches. Clapton m’est trop proche. Mais je le salue, profondément, respectueusement.
Et pour paraphraser Djian (que j’avais bien aimé) à propos de Brautigan (que j’ai adoré), le jour – lointain j’espère – où quelqu’un me dira « T’as entendu que Clapton est mort ? », j’aurai ma réponse toute prête : « Tu crois qu’un homme comme Clapton peut mourir ?! »

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