Repas d’affaires chez les oiseaux
Chaque matin, quand nous avons fini de boire le café, Aline s’étire sur sa chaise, se lève et met les grandes tasses dans l’évier, puis fait couler dessus de l’eau chaude, un petit nuage de vapeur monte vers la fenêtre.
Les oiseaux connaissent bien l’heure, et quand je sors pour secouer la nappe, ils atterrissent juste sur les dalles de la terrasse. Certains se posent à la fin d’un long vol plané, en battant rapidement des ailes, puis sautillent vers moi d’un air affairé. J’aime bien ce moment là, à déchaîner une petite fête avec ma nappe de coton à carreaux. Par derrière, j’entends les cling cling d’Aline qui finit, le soleil commence à fabriquer des ombres, et la rivière se devine derrière une rangée d’arbres, un peu plus bas. Quelquefois, je reste avec ma nappe qui pendouille, à écouter et regarder. Au bout d’un moment, j’entends qu’on pousse le battant de la porte derrière moi, et deux bras doux se nouent autour de ma taille. Je sens son visage appuyé contre mon dos, elle écoute aussi et je n’ose plus bouger.
Ça fait déjà longtemps que les oiseaux sont partis travailler.
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.