BD lue – Convard et al. : Le triangle secret (7 tomes)

Je me suis appuyé la lecture des 7 tomes du Triangle secret (Le testament du fou, Le jeune homme au suaire, De cendre et d’or, L’évangile oublié, L’infme mensonge, La parole perdue, L’imposteur), ouvrage fruit d’un unique scénariste (Convard) mais de multiples dessinateurs, à ne pas confondre avec sa « suite » (qui le précède), Le triangle secret – INRI : tome 1 et suivants… Oui, je sais, c’est compliqué, c’est comme Star Wars, la fin arrive avant le début, qui lui même a été tourné après la fin, mais l’important, c’est que moi je m’y retrouve (parfois).

Mes réactions :

  • Sur le fond : l’intrigue est bien étayée, on se laisse entraîner, en se demandant quel peut être le dénouement de cette énigme qui a commencé il y a 2 000 ans, et dont le dénouement aura lieu de nos jours.
  • Sur la forme : je n’ai pas aimé les dessins. C’est d’autant plus étonnant que je lis que plusieurs dessinateurs ont collaboré aux 7 tomes. Cela n’a pas le charme de la ligne claire de Tintin ou du Tueur, et c’est loin derrière – à mon avis – les superbes dessins de De cape et de crocs ou de Blacksad (je relisais ces derniers jours les deux premiers, c’est superbe).

Et surtout…

Je trouve que nos temps sont empreints de mysticisme à gogo, c’est la thèse du Grand Complot revisitée, et tous les scénarios tournent autour de la même recette. Donc, si demain je veux écrire un scénario ou un roman à succès (à Dieu ne plaise…), j’y mettrai :

  • Un début qui commence, comme de bien entendu avec la secte des esseniens (contemporains du Christ) et un manuscrit/trésor caché. Variantes possibles, et déjà vues : Sumer et « le berceau de l’humanité », les manuscrits de la Mer Morte, voire la Kabbale.
  • Des templiers, ou des rose-croix, des franc-maçons ou une secte occulte, gentille mais hermétique, bref, des « gardiens du secret ». Un petit coup de croisade au passage, juste pour faire exotique.
  • Des chercheurs en égyptologie, documentalistes ou journalistes, des gens comme vous et moi, avec leurs petites préoccupations et leur café au comptoir qui tout-à-coup basculent dans le Grand Mystère, « bon sang, on nous a menti, nous allons mettre au jour un terrible secret »
  • Des militaires en quête de l’arme absolue, mais bornés et désespérément cartésiens (« ces choses-là ne peuvent exister, ça doit être un coup de paludisme »)
  • Des meurtres, forcément, avec énigme policière à la clé, et tout le monde qui met du temps à comprendre que Les Autres sont en route pour exterminer les audacieux chercheurs de vérité
  • Une intrigue amoureuse, pour mettre du sexe. Idéalement, une intrigue à connotation d’interdit (voeu de chasteté, divorce, deuil, religion différente…)
  • Le Vatican, l’Opus dei ou l’Inquisition
  • Le dénouement serait, le plus souvent : « on enterre » (dans tous les sens du terme)

Exemples en vrac dans ce que j’ai pu voir / lire :

  • Le pendule de Foucault, d’Umberto Eco
  • Le troisième testament, BD (scénario de Dorison, dessins d’Alex Alice, pseudo qui cache un ancien de l’escp)
  • Sanctuaire, BD (scénario de Dorison)
  • et, pour autant que je sache, plusieurs autres BDs dont Dorison a fait le scénario
  • Uruad, les américains ont-ils envahi l’Irak pour protéger un secret… de Jean-Christophe Issartier
  • et l’omniprésent Da Vinci Code de Dan Brown / Ron Howard, qui a vraiment atteint la célébrité depuis que sa bande-annonce est parodiée (vu sur le blog de Tristan Nitot)
  • (Mise à jour) ce matin, sous la douche, j’ai pensé aussi à ce merveilleux navet avec Nicolas Cage, Benjamin Gates et le trésor des templiers

Avec des variantes plus éloignées, qui peuvent n’avoir qu’un parfum lointain :

  • La peau du tambour, d’Arturo Perez-Reverte (polar avec l’Inquisition version moderne)
  • L’anneau du pêcheur, de Jean Raspail (superbe enquête documentaire sur les antipapes et leur survivance récente)
  • Les aventuriers de l’arche perdue, de Steven Spielberg, avec ce dialogue halluciné : « l’Arche est un émetteur-récepteur pour parler avec Dieu ! »

Ce n’est pas que je sois lassé, mais quand on a lu Le pendule de Foucault, on a du mal à retrouver un équivalent en terme de recherche et de qualité. Comme le dit la citation attribuée à Paul Newman :
– le journaliste : « Vous avez été régulièrement nommé comme l’un des hommes les plus sexy du XXème siècle, comment se fait-il que vous soyiez marié depuis 25 ans à la même femme ? »
– Paul Newman : « Je ne vois pas pourquoi j’irais manger du paté ailleurs, quand j’ai du foie gras à la maison ».

Et moi, je ne vois pas pourquoi je lirais ou j’irais voir le da Vinci code quand j’ai Blacksad à la maison.

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0 réponse à BD lue – Convard et al. : Le triangle secret (7 tomes)

  1. Da vinci YoG dit :

    Bien joué votre Altesse,
    après ton livre de finance, tu pourras penser à rédiger un "Ecrire un livre/scenario pour les nuls.".

    Il te manque pourtant un chapitre essentiel dans ton florilège de recettes: les jeux de mots dans les dialogues et/ou didascalies;

    C’est un peu ta marque de fabrique non?

  2. Da vinci YoG dit :

    Paul Newman est très bon car la comparaison culinaire est assez subtile.
    En effet, il avoue dans cette phrase que c’est un homme fidèle parce qu’il a du foie gras chez lui et que le paté peut aller se coucher.

    Mais qui lui a demandé si c’était du canard ou de l’oie? Implicitement il confesse donc avoir au moins deux types de foie gras "chez lui";
    Alors qui fait le canard et qui fait l’oie?

  3. Docthib dit :

    Hello YoG, merci pour didascalie, dont je ne connaissais pas le sens,voilà, ça, c’est fait. Je retiens, et revendique, cet élément de style, dans mes recettes. Ce qui nous amène directement au foie, pas le mien, mais celui du canard ou de l’oie. Je ne saurais répondre à ta question métaphyisque, mais je me rends compte, tout à trac, qu’on n’entend jamais parler de foie gras de cane. Et ça ne peut pas être du sexisme, car on n’entend pas non plus parler de foie gras de jars. Quid ?
    On est loin de la BD sus-analysée…

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