Citation – Riesling Connection, par Christophe Vergnaud

« On reconnaît souvent un intellectuel en cette capacité de déclarer noble et supérieure la solution qu’il est de toute manière obligé de suivre. »

Christophe Vergnaud, Riesling Connection, La table ronde, 2003, p. 72.

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500 pages

Pour ce 500ème billet, je vais faire ce que je n’avais pas fait pour le 400ème : rédiger un thibillet à géométrie variable, qui s’enrichira au fil des mois.
Le 100ème thibillet n’était pas du type « rapport d’étape », mais tout bien réfléchi, il était – et reste toujours – d’actualité. Le 200ème thibillet faisait le point sur les Batanas et Ubuntus collectés, glânés, inventoriés, par tous et toutes (et c’est pô fini). Le 300ème thibillet regroupait (et c’est pô fini) les pages de mon roman en ligne, que je ferais bien de reprendre un de ces jours (mais je bloque sur une illustration musicale, vous saurez tout…).
Le 400ème thibillet a eu lieu, mais n’a pas été un thibillet « récapitulatif », je l’ai regretté après coup, mais bon, hein, ho.

Donc, de quoi qu’on cause maintenant, hein ? De livres. Un peu de synthèse, que diable, parce qu’il y a livres et livres. Et c’est donc parti pour une liste à géométrie variable.

  • Les livres que j’avais lus, et commentés, faisaient l’objet d’une rubrique « Livre lu », maintenant en sommeil. Archives ici.
  • Les livres professionnels auxquels j’ai participé sont rarement mentionnés ici, car ce n’est pas le lieu (sauf quand ils me dépriment, me lancent dans des abîmes de réflexion insondables, ou que j’en suis amusé, diverti, voire fier, ou enfin, qu’ils ne disent pas que des conneries). Y compris les livres des autres. Ceusses qui sont intéressés peuvent se connecter vers ça ou ça, sans garantie de mise à jour régulière.
  • Le roman, unique pour l’instant, de ma vie rêvée, est , mais vous le saviez déjà.

Enfin, et c’est le plus important : je m’étais dit qu’il fallait que je recense quelque part les recommandations qu’on m’avait faites dans ce bleug (car j’avais demandé de l’aide). Voici donc la liste, par essence évolutive, de tout ce que l’on m’a recommandé (avec, si j’ai lu depuis, une critique lapidaire et consternante dudit ouvrage recommandé) :

  • Kazuo Ishiguro, Never Let me Go
  • Jonathan Coe, Le Testament à L’Anglaise ou La Maison du Sommeil
  • Damien Owens, Les trottoirs de Dublin
  • Jay Mc Inerney, Le dernier des Savages
  • Robert Mc Liam Wilson, Euréka Street – lu. Pas mal, des bonnes idées, mais je n’ai pas accroché plus que ça. Il y a de l’humour, c’est détendant, mais je ne sors pas en me disant « bon sang, quel bon livre »
  • Maxence Fermine, Billard blues (ou Neige ?)
  • Une vie francaise – Jean-Paul Dubois
  • Les cerfs volants de Kaboul – Hosseini
  • Dalva – Jim Harrison – dans ma bibliothèque depuis des années, vanté par quelques uns, il attend toujours mon bon vouloir…
  • Histoire de Pi. – Yann Martel
  • La maîtresse des épices – Chitra Banerjee Divakaruni
  • A marche forcée – Slavomir Rawicz
  • Le Grand Cahier – Agota Kristof
  • La tache – Philippe Roth. Lu, pas jusqu’au bout. M’est un peu tombé des mains.
  • Waltenberg d’Hedi Kaddour – imbitable. Ce genre d’écriture syncopée me perd totalement. Je suis pas assez multichrone, je comprends rien.
  • Selby Jr. Hubert Le démon
  • Samuel Beckett, Molloy
  • Paco Ignacio Taïbo II – A quatre mains, ou Nous revenons parmi les ombres

Les polars

  • Michael Connelly – Les Egouts de Los Angeles, Le Dernier Coyote, Le Cadavre dans la Rolls (lu, apprécié, mais beaucoup moins inquiétant que Le Poète), Deuil Interdit

Pour les lieux particuliers,

  • « Passing time in the Loo », auteur à trouver

Et puis les « incontournables » de Cuné :

  • Pat Conroy Le prince des marées
  • Richard Powers Le temps où nous chantions
  • Harry Mulisch La découverte du ciel
  • Martin Winckler La maladie de Sachs
  • Ian Levison Un petit boulot
  • David Adams Richard La malédiction Henderson
  • Laars Saabye Christensen Le demi-frère
  • Au moins un de leurs romans, n’importe lequel :Russel Banks, André Brink, Richard Russo, Christopher Priest, Ernest Hemingway,
  • Les québécois : Michel Tremblay, Gabrielle Roy, Francine Noël, Mordecaï Richler, Yves Thériault,
  • Les rigolos :
    • Will Ferguson Bonheur, marque déposée
    • Helen Hanff 84, Charing Cross road – oui, très joli, et poignant, finalement.
    • Philippe Jaenada – j’avais bien apprécié son « Chameau sauvage » mais le début était trop prometteur, et la fin trop classique.
    • Mathew Beaumont E-mail story

Enfin, les BDs (merci à l’inconnu du 3ème étage), et mes commentaires, sont (encore un thibillet à faire évoluer).

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Batana – Spongiard

Spongiard : n. m. Point de non-retour. Moment à partir duquel on ne peut plus retirer sa veste, parce qu’on a trop transpiré dessous, et que les auréoles vont se voir. Donc on garde la veste et on continue à dégouliner.

Ousse-Spongiard : n. m. Moment à partir duquel on ne peut plus retirer sa veste, parce qu’on a trop transpiré dessous, et que si on l’enlève, ça va sentir. Donc on garde la veste et on continue à dégouliner et à puer.

J’ai adopté ici la syntaxe du Baleinié, le livre grâce auquel cette quête a commencé, à propos du Ousse (qui sert à définir le paroxysme du souci).

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Le prof de…, étiquette sociale

« Picard s’était servi un nouveau verre. Il n’aimait pas parler de lui, surtout pour entendre les mêmes anecdotes, les mêmes sarcasmes sur la typologie du professeur de philosophie. Car c’était toujours la même ritournelle depuis quinze ans. Il suffisait qu’il révélt sa profession pour que ses interlocuteurs se remémorent leurs années-lycée. […] aux yeux d’autrui, il y a des professions qui vampirisent la vie privée, la rendant exsangue de toute autonomie. Le professeur de philosophie fait partie de ces professions-vampires. On n’imagine pas un professeur de philosophie faire autre chose que de la philosophie, même dans des moments intimes de sa vie. On imagine au contraire un homme sans cesse absorbé par ses pensées, grignotant ses tartines beurrées en lisant fiévreusement du Nietzsche et poussant son caddie dans les rayons blafards du supermarché en songeant à l’obscurité de la caverne de Platon. »

Christophe Vergnaud, Riesling Connection, La table ronde, 2003, p. 55.

Outre le fait que ce roman – que je relis avec délectation – est un pur ovni jubilatoire, mêlant philosophie, méditations sur les mouches ou les garagistes, et style mordant, cette citation a aussi le mérite de faire sonner quelques cloches familières.

  • On n’est pas loin du bovinage, cette tentative d’étiqueter les personnes à une seule dimension (c’est aussi le début de Transluxion, je sais, je me répète).
  • Il y a certaines catégories sociales qui sont étiquetées, avec quantité d’a prioris. « Les journalistes écrivent n’importe quoi », « Les agents de la SNCF sont toujours en grève », « Les employés d’état-civil sont désagréables », « Les routiers sont sympas » (bon, ça date…). Je manque d’exemples, mais il y en a d’autres, probablement. Certains métiers sont des fardeaux, car quand on se présente, on sait qu’on va avoir droit à la même litanie, les mêmes questions (ma première question, à moi, est toujours : « Et tu donnes combien d’heures de cours par semaine ? »).
  • Il y a, comme souvent, confusion entre le métier et le domaine. Je suis professeur de finance (mais pas que…), et même chez mes collègues professeurs de marketing, je suis « un financier ». J’ai beau expliquer que dans « professeur de finance », le mot le plus important, c’est professeur, ça n’a pas l’air de rentrer…

(Non, Mamz’elle, ce n’est pas une jérémiade. Et s’il ne fallait retenir qu’une chose : lisez donc cet excellent livre de Christophe Vergnaud – je me rends compte qu’il en a écrit un autre depuis, hop, Amazon, 3 clics, ce sera dans ma boite aux lettres dans une semaine).

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Ce qui m’énerve – gérer les ratés des autres

Dans une matinée où on se dit « bon, y faut pas mollir, j’ai 10 000 trucs à faire », toc toc, un(e) collègue qui débarque, avec deux visiteurs extérieurs (heureusement, j’ai une cravate), et me laisse. Improvisation du genre « mais bien sûr, je vous attendais », et donc 1h30 de réunion non prévue, d’abord juste eux et moi, puis un collègue qui arrive au bout de 20 mn.
Pression du visiteur extérieur : on ne peut pas dire « Ta réunion, tu te la fous où je pense, ça t’apprendra à utiliser un agenda et le mail ». Enervement important. Pas bon pour une matinée de lundi, ça.

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CQFD

Hier, je forgeais Wouifer, et ce matin, j’ai eu mon aéropage :

[à propos des preneurs de son qui, à la radio, doivent donner un « paysage sonore » aux émissions] « … Elle ne dispose que d’une journée pour réaliser toutes ses prises, donner l’impression du printemps, de l’hiver. Elle se souvient surtout de l’automne. « Michael Lonsdale marchait sur un chemin de cailloux. Devant lui, le technicien reculait avec sa perche. Lonsdale disait ‘la vie n’a aucun sens’, et un coucou s’est mis à chanter : cou-cou cou-cou… Le comédien a levé les yeux au ciel et repris : ‘la vie n’a aucun sens’. L’oiseau a recommencé son cou-cou cou-cou. ‘Et comme la vie n’a aucun sens…’a poursuivi Lonsdale, avant d’être interrompu par un ultime cou-cou, cou-cou… C’était extraordinaire ! »

Catherine Lemire, citée in Telerama n° 3004, 1er août 2007, p. 43.

Donc, Lonsdale et le coucou, ça wouife.
Certes, cela m’était déjà arrivé avec Cyrano, mais c’est toujours agréablement surprenant, ces coïncidences livresques.

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Ubuntu – Wouifer (ou bliper)

Je reprends, après de nombreux mois, la taxonomie des petits bonheurs quotidiens (ubuntus), et leur pendant obscur, les petits tracas quotidiens (batanas) (Rappel : de quoi s’agit-il ?).

Wouifer (ou bliper) : v. i. Se rendre compte qu’une musique qui passe est parfaitement en rythme avec une sonnerie domestique. Par exemple, She moves on, de Paul Simon, ça wouife avec les bips de mon micro-ondes qui disent que le plat est prêt.
Par extension : plusieurs fois de suite, prévoir les objections qu’on va recevoir, et avoir une réponse.

Les vrais aficionados (?) de cette rubrique verront (?) une filiation sonore revendiquée avec le « Wouiner » de Yog, à cause de proximité sémantique.

Certains esprits, moins positifs, demanderont « et comment nomme-t-on la sonnerie domestique qui n’est pas en rythme avec la musique, et qui gâche tout ? ». Pour cette batana, je propose le nom d’Assommance.

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Let’s put a new coat of paint on this lonesome old town (Tom Waits)

Ce matin, j’ai l’oeil attiré par des taches de couleur le long des voies de chemin de fer : les tagueurs ont repeint leurs tags en couleurs plus pimpantes. Il est vrai que les anciens tags dataient un peu. J’admire cette conscience professionnelle des tagueurs à la rentrée.

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Rhaa !!

Merci à l’excellentissime Boulet (en vente dans toutes les bonnes librairies) pour cette référence à point nommé. Rédiger des polys de cours, ça commencer à me briser les amandons. Des heures pour un graphique. Et c’est pas fini. J’irais bien courir, tiens, mais faut que je finisse ce bouclage de poly de mes marmites à deux poignées…

– ça va ?
– comme une rentrée…

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Dessiner à l’écran

Cela irait bien dans la rubrique « productivité », mais je trouve qu’il manquait une rubrique « prof », alors…
J’utilise des petits outils pour mon enseignement, tels que souris radio (télécommande, quoi), horloge qui se met en transparence par dessus, lecteur rapide de PDF, et il me manquait un utilitaire de dessin sur écran, qui me permette de dessiner sur n’importe quel type de document affiché à l’écran (notamment du PDF, mais aussi du tableur, une page web…). Comme tous mes petits utilitaires, le cahier des charges était le suivant :

  1. Freeware (ce qui ne m’empêche pas de donner quand j’utilise intensivement, je n’ai jamais vu quelqu’un refuser un don)
  2. Ne doit pas demander une installation ou des programmes additionnels. Doit être auto-exécutable depuis ma clé USB.
  3. Doit être simple.
  4. Doit être léger. Plus de 1 Méga, c’est lourd, moins de 100Ko, c’est le paradis.
  5. Doit tourner sur Windows, parce que c’est ce que j’ai en environnement professionnel.

J’ai passé plus d’une demi-heure à chercher l’oiseau rare et à tester différents utilitaires. La recherche a été tellement fastidieuse que je me suis dit que cela méritait une petite note, pour augmenter la visibilité du sujet (je ne suis pas le seul enseignant à chercher ce type de programme).

De manière étonnante, il existe des dizaines de programmes sous MacOS, très peu sous Windows. Et les programmes sous Windows demandent des modules complémentaires (.NET) ou ont vraiment des problèmes d’ergonomie. (dessiner à la souris « au-dessus » d’un document ne devrait pas empêcher de reprendre la main).

Je suis enfin tombé sur une petite merveille, simple, léger, discret. Qui plus est, c’est un programme Microsoft, on ne dira pas que je ne suis pas oecuménique. (enfin, c’est une société indépendante qui offrait ce genre de services, et elle a été rachetée par Microsoft, c’est donc presque un programme Microsoft.)

Il s’agit de ZoomIt, qui fait 44 Ko, et qui répond à tous mes besoins de scribouilleur invétéré. Il ne reste plus qu’à trouver une télécommande Wii et wifi pour dessiner dans l’air…

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Semi – satisfait

Tous les blogs importants en ont parlé : nous nous sommes retrouvés hier matin pour un run un peu particulier. Dans le cadre de la préparation du Marathon de Berlin (30 septembre, c’est demain), il est intéressant de se tester un mois avant sur une distance de semi-marathon. C’est pour ça que les organisateurs, dans leur grande sagesse, programment le semi-marathon de Paris en mars, un mois avant le Marathon de Paris.
Mais étant donné que les semi-marathons ne sont pas légion en septembre, nous avons décidé de nous faire notre propre semi-marathon, au Bois de Boulogne. Grâce aux technologies de l’information (wiki et Google maps), c’était lancé.
Bilan très positif. Malgré un cafouillage au départ (je me suis retrouvé avec des gros bruns poilus qui couraient à 4’30 » au km, moi qui visais plutôt 6’00 » / km) et la batterie de mon lecteur MP3 qui était en rade, j’ai couru mon semi-marathon dans mon meilleur temps depuis… que je suis né.

1h 53′ 52″, c’est-à-dire mieux que mes performances historiques (il faut que je mette ma page à jour) ou récentes d’il y a un an ou 6 mois.
Certes, il y a des quelques points à améliorer, mais le moral est plutôt bon. Pour les points à améliorer :

  • Parti trop vite, à un rythme inférieur à 5′ au km, pendant 35 mn, avant que je ne décide de ralentir. Cela a dû consommer de l’énergie qui m’a fait défaut sur la fin.
  • Néanmoins, beau maintien sur la deuxième moitié (13 km) : du 5’30 » au km, régulier, même si c’était de plus en plus dur.
  • Une douleur dans le pied droit sur les derniers 10 km. Ce n’est pas la première fois, et c’est embêtant.

Donc : satisfait, vigilant, et affûté. On verra bien dans les semaines qui vont venir.

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Business model

Vu dans le Télérama de cette semaine : Prince donne ses CDs, et se fait de l’argent avec les concerts. Certes, le modèle n’est pas trasnposable à tous, encore faut-il avoir foi dans ses prestations scéniques. Mais quand même, ça m’amuse : certains artistes se sont cantonés dans le statu quo (« les internautes sont des voleurs, les maisons de disque sont un mal nécessaire, je continue à faire mon métier »), d’autres se sont ouverts au dialogue (« pourquoi pas une license globale, où les abonnements à Internet sont facturés plus cher, et la SACEM reçoit le surplus »), d’autres ont décidé de s’affranchir des maisons de disque, partiellement ou totalement, en utilisant le diabolique Internet : MySpace a réduit la distance entre l’artiste et le consommateur (en supprimant quelques intermédiaires au passage…), et puis là, le Prince, royal, donne ses disques.
Jeune créateur d’entreprise, cherche le business model !Appâte avec du gratuit, bâtis-toi une audience, puis trouve le moyen de faire du blé avec quelque chose quelque part. Zoho a l’air de réussir ce tournant. Netvibes, à moins d’avoir comme ambition d’être racheté, je ne vois pas encore comment ils peuvent gagner de l’argent… mes 2 centimes de réflexion, avant d’aller dîner chez des potes (j’ai choisi le vin, donc ça va être Chteau Gloria 2004, et Clos du Marquis (deuxième vin de Léoville Las Cases) 1998). Pas plus de deux verres, demain matin un semi-marathon m’attend…

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La phrase du jour

A midi, déjeuner de travail avec des collègues. On évoque des possibilités, une collègue dit « Oui, mais il va toujours y avoir des chieurs qui seront contre. » Et Pierre répond alors « Les chieurs, tu me les envoie. »
J’interviens : « Eh, Pierre, je peux t’envoyer les miens aussi ? Parce que j’en ai des semi-remorques… »
Et cet homme admirable répond, imperturbable : « Pas de problème, tu me les envoie aussi ».
Il m’a sauvé ma journée.

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Novela – Transluxion

Je voudrais parler d’Enzo Korzyb. Il a tellement défrayé les tabloïds qu’on peut se demander ce qu’il y a encore à en dire. Probablement rien. Mais sous l’abondance d’information, la vérité disparaît souvent. C’est comme un prisme optique : vu de côté, il ne fait apparaître qu’une tranche d’un gris mat, sans épaisseur. Certains de nos contemporains fonctionnent ainsi : ils ne peuvent voir que la tranche d’une personne, comme la tranche d’un livre. Untel sera catalogué comme rêveur, et malgré les années qui passent, ou nonobstant son insertion réussie dans la société, il restera « le rêveur ». Car, de même qu’il y a de moins en moins de personnes qui lisent des livres, de même, de plus en plus de personnes lisent les tranches. Et si « le rêveur » commet l’erreur de vouloir affirmer une seconde dimension, c’est-à-dire outrepasser son rôle unidimensionnel de tranche, la société se chargera vite de l’émonder, de raboter ce relief inopportun. Après tout, comment ranger une tranche dans la grande bibliothèque, si elle se met à avoir la fantaisie de changer de forme ? Korzyb aurait aimé être comparé à un prisme, lui qui aimait tant les jeux de lumière, les irisations, et qui aurait rêvé de voir une aurore boréale en vrai. Vous vous étonnez ? Cela ne correspond pas à l’homme des tabloïds ? Ah oui, j’oubliais, Korzyb n’était qu’une tranche, et sur la tranche, on lisait « Scientifique génial (et donc torturé, évidemment) qui a découvert la transluxion ». Inutile de lire le livre, le titre sur la tranche est censé vous avoir repu. Mais pour ceux et celles qui daigneraient déplacer un peu leur angle de vue, le prisme peut offrir quelques couleurs diffractées. Je ne vous propose pas l’effort épuisant de lire le livre Enzo Korzyb, je sais que vous n’y êtes pas préparés. Je veux juste rendre compte de quelques notes que j’ai prises dans la marge du livre de sa vie.

Chapitre 1. L’isolé.
Tout est connu de lui, sauf l’essentiel. On l’étiquette comme Polonais, orphelin, né à la fin du XXème siècle, jeune chercheur, boursier laborieux. La vérité n’est pas loin, il suffirait, pour une fois, de le traiter comme un être humain. Korzyb n’a jamais eu de famille, probablement pas d’amis, et moi qui ai été son directeur de laboratoire pendant sa thèse – et je crois, un proche au cours des années qui ont suivi – je ne saurais l’aimer. Il n’était pas de notre monde, et personne n’a jamais été du sien, à part Celia. On a beaucoup glosé sur le pauvre étudiant polonais qui est arrivé, déraciné, dans notre pays pour y poursuivre ses études. Mais on ne peut pas déraciner ce qui n’a aucune attache. Korzyb n’a jamais eu de compatriote, car sa patrie, s’il en avait une, était un pays imaginaire dont il était à la fois le roi et le plus humble vagabond, en un mot, le seul citoyen.

Chapitre 2. La lumière.
A la racine des grandes découvertes, il y a toujours des choses simples. Derrière une formule abstraite, un concept, se cache toujours une première intuition, un désir. Vous voulez aller au-delà de la tranche d’un chercheur ? Demandez-vous ce qui l’a attiré dans son sujet. Car on ne choisit pas par hasard de travailler sur les corpuscules, ou la sociologie des tribus, ou encore l’excitabilité des arthropodes. La plupart d’entre vous en sont restés au titre sur la tranche de la thèse de Korzyb, en croyant sincèrement que quelqu’un dans le monde pouvait s’intéresser aux « mécanismes ondulatoires et chroniques des photons ». La vérité est que Korzyb était fasciné par la lumière, qui représentait pour lui la perfection en terme de couleur (toutes les couleurs réunies en une seule, aveuglante) et de vitesse (la référence absolue de notre monde et de son échelle de temps). Toute sa vie, Korzyb a recherché la lumière, et ce qu’il y avait derrière.

Chapitre 3. Spéculations scientifiques.
Les résultats des recherches d’Enzo Korzyb lui ont valu le prix Nobel de physique à titre posthume, ils sont donc connus de tous, et ils ont fondé notre société actuelle. Je me borne donc à résumer les grandes étapes de sa démarche. Mais pour cela, il faut d’abord se replacer dans le contexte pré-Korzyb, que nous avons trop vite oublié, tant notre monde a été modifié en profondeur par ces découvertes. Autrefois, toute référence au Temps était fondée sur la vitesse de la lumière, qui non seulement était une constante, mais aussi réputée être une barrière infranchissable. Selon le paradigme de l’époque, un vaisseau spatial qui atteindrait la vitesse de la lumière verrait le temps s’arrêter totalement. Je me souviens ainsi, dans mon encyclopédie d’enfant, de l’illustration d’un voyageur spatial chevauchant un rayon de soleil, et regardant la trotteuse de sa montre, définitivement figée sur le cadran. Korzyb se refusait à penser à la lumière comme à un phénomène électromagnétique fixé de toute éternité, il y voyait des variations. Et qui dit variable, dit transformable. Si la lumière était un livre, le mérite de Korzyb aura été d’en changer le nombre de pages. Il a commencé par accélérer les particules de lumière, là où tous les autres chercheurs se demandaient comment ralentir les photons pour pouvoir mieux les observer. J’en ai retiré une idée : la meilleure manière d’observer un animal sauvage, ce n’est pas de le domestiquer, mais de le remettre en liberté. Il en va de même pour tous les concepts. Enzo a non seulement remis les photons en liberté, mais en leur donnant un supplément de vitesse. C’est lui qui a fixé l’étalon lumière : la vitesse standard de la lumière étant de 300 000 km par seconde, cela correspondait, selon lui, à 1 Lux. En six mois de travail sur des accélérateurs de particules, Korzyb arrivait à des vitesses de 3 Lux, soit presque 1 million de kilomètres à la seconde. La lumière s’enfuyait toujours plus vite, mais Korzyb s’entêtait à la poursuivre.

Chapitre 4. Spéculations temporelles.
Ce passage des travaux de Korzyb est celui qui est le plus ardu à comprendre, mais peu importe d’en saisir la subtilité, il suffit d’en comprendre les fondements. En accélérant la lumière, Korzyb avait changé notre référentiel de temps, tandis que les distances restaient les mêmes. Par exemple, un photon à Lux 1 parcourait 900 000 km en 3 secondes, tandis qu’un photon à Lux 3 parcourait cette même distance en 1 seconde. Mais il pouvait s’agir du même photon. En d’autres termes, la vitesse de la lumière était variable, mais le temps aussi : pour un photon donné, une seconde valait trois secondes. Korzyb a prouvé que l’illustration de mon enfance était vraie : un spationaute voyageant à la vitesse de Lux 1 verrait la trotteuse de sa montre s’arrêter. Mais il est allé plus loin, et il a démontré qu’un spationaute voyageant à une vitesse supérieure verrait la trotteuse de sa montre se mettre à reculer. A Lux 2, une seconde de voyage fait reculer dans le temps de 2 secondes. Une année de voyage nous ramène deux ans en arrière. Korzyb avait inventé le principe du voyage dans le temps.

Chapitre 5. Spéculations commerciales.
De grands groupes de télécommunication finançaient notre laboratoire depuis des années. Les recherches de Korzyb les intéressaient particulièrement, car tout ce qui augmentait la rapidité de transmission des signaux les intéressait. Puis vinrent les fabricants de fibres optiques, les concepteurs de circuits imprimés… et l’industrie aérospatiale. Etant donné que Korzyb n’avait rien à gagner (si je dois m’exprimer en termes journalistiques, il méprisait l’argent), il imposa ses conditions, et tous les groupes s’y plièrent : mettre en commun leurs bases de connaissances, sans limitation aucune, pour faire progresser la recherche. C’est ce que l’on a appelé Le Club des Neurones. Korzyb n’était pas le scientifique naïf qu’on a présenté : il était extrêmement lucide, et cynique, sur les opportunités commerciales qu’il offrait ainsi à ces grands groupes. Mais pour lui, rien ne valait l’accélération des connaissances. Un jour que nous parlions en privé, il me fit cette remarque « Pour aller jusqu’à Lux 5, il faudra qu’ils déboursent Milliard 5 ». Tous les moyens sont bons, pour le vrai croyant. En deux ans, nous disposions d’un prototype d’engin spatial atteignant Lux 1,1. Encore une année, et le mur de Lux 2 était franchi. Il allait s’écouler dix ans avant que les premiers engins « grand public » voient le jour, mais entre temps, les voyages spatiaux avaient décollé. On ne parlait plus de translation (dans l’espace), chacun, pour une somme comparativement modique, pouvait désormais s’offrir une transluxion (dans le temps).

Chapitre 6. Spéculations financières.
Dans l’histoire humaine, les premières applications des inventions ont toujours été, soit militaires, soit intéressées. Les voyages transluxiens n’y ont pas fait exception. Les premières déviances ont été discrètes, et le phénomène n’a été identifié que tardivement. Entre temps, des centaines de milliers de personnes s’étaient enrichies. Les terrains de jeu de ces aventuriers étaient les marchés financiers. Il suffisait d’analyser comment les cours boursiers avaient évolué sur l’année passée, puis de faire un discret voyage dans le temps pour prendre une position favorable. Evidemment, la prime allait aux plus riches : pour revenir une année en arrière, un voyage à Lux 2 prenait 6 mois, un voyage à Lux 1,1 (moins coûteux) prenait presque une année. Divers scandales financiers démontrèrent que les dirigeants des plus grands groupes avaient profité de leur position pour « emprunter » les prototypes qui étaient encore en phase de développement, le temps d’une excursion de quelques semaines en arrière. Comme souvent, la réponse des gouvernements fut lente et inefficace. Mais les marchés se régulaient eux-mêmes : les prix des voyages à Lux 2 augmentèrent, les voyages à Lux 3, déjà onéreux, devinrent inaccessibles, tandis que les Lux 1,1 voyaient leurs prix dégringoler avec l’arrivée de compagnies low cost. Il devenait de plus en plus difficile de spéculer en arrière : un investisseur qui arrivait à – 6 mois avait de grandes chances d’avoir été devancé… ou alors il rencontrait des dizaines d’investisseurs débarquant du même vol. Il n’y avait plus d’argent facile : les vols standard (- 1, – 3, – 6 mois) étaient saturés, et les vols sur mesure (- 1,17 mois) coûtaient cher. Les gains potentiels étaient faibles, et ne couvraient plus les coûts de transaction. L’époque de la spéculation effrénée était terminée.

Chapitre 7. Régulations.
J’inclus ce chapitre, juste pour montrer un aspect paradoxal, et probablement inconnu, de Korzyb. Autant il ne reconnaissait aucun intérêt aux individus en tant que tels, autant il avait foi dans la masse. Selon ses propres termes « ils ont probablement un neurone chacun, mais s’il y en a un million, ça fait un million de neurones ». Il n’y a peut-être qu’une reine dans une fourmilière, mais c’est la masse des ouvrières qui assure la survie du groupe. Korzyb a été la reine de son temps, quelques princes aventureux ont pu profiter du système, mais la masse des individus a annulé toute opportunité de gain. Puis sont venus quelques roitelets, chacun avec une petite idée, et la masse de ces idées a donné un système à nouveau régulé. L’idée régulatrice la plus amusante a probablement été la création du Marché Passé, qui était le double, symétrique, du marché à terme. Désormais, il n’y avait plus besoin de voyager en transluxion pour aller prendre des positions dans le passé : il suffisait de passer une transaction sur le Marché Passé. On achetait dans le passé pour revendre aujourd’hui, ce qui annulait les gains de ceux qui voyageaient dans le passé, aussi le Marché Passé a très vite été renommé pour sa très faible volatilité.
Korzyb s’amusait de tout cela, sans y prendre part, il s’émerveillait de l’intelligence collective sur des motifs aussi futiles. A propos du Marché Passé, il a eu ce genre de phrase : « On dirait que j’aurais acheté dans le passé, et que j’aurais eu espéré gagner dans le futur antérieur, avant que les autres n’auraient eu racheté. Mais j’ai été mouru avant. »

Chapitre 8. Disparition.
Korzyb, le solitaire, l’homme de toutes les frasques (copieusement organisées par les journaux) a disparu il y a maintenant 2 mois. J’ai constaté que les journaux couvrent de moins en moins cet événement, avantageusement remplacé par les nouvelles émissions télévisées ou le lancement d’une startup révolutionnaire. Je n’ai jamais été à l’aise devant les micros, je me réjouis donc de cette déshérence dans laquelle je suis laissé. Pourtant, j’aurais un scoop. Je sais, non pas où est Korzyb, mais pourquoi il est parti. J’utilise à bon escient le terme « parti », car je n’ai pas été abusé par son corps, privé de vie, retrouvé dans son appartement modeste. Je sais où il allait, car il me l’a dit. Mais il faut, pour expliquer cela, repartir dans le passé.

Chapitre 9. Illumination.
Korzyb n’a pas été toujours solitaire. Je ne veux pas parler de ses multiples liaisons, utilisées pour alimenter le tirage de la presse à scandales, alors même que je sais que Korzyb a toujours été solitaire. Croyez-en mon expérience, un directeur de labo passe plus de temps avec ses chercheurs qu’avec sa femme. Korzyb pouvait être exubérant, voire charmant, mais il a toujours été seul. Cette solitude, c’était en même temps une armure et une prison, dont les murs tombaient pour un moment, à la faveur d’une soirée arrosée, mais je le voyais, il n’était pas avec nous, il jouait juste un rôle d’animal social, parce qu’il le voulait bien. C’est lors d’une de ces soirées qu’il m’a parlé de Celia.
Celia a été une de ses groupies, une fille qui lisait les journaux grand public, et qui rêvait de rencontrer le jeune génie de la physique, celui qu’on voyait dans des cocktails avec la cravate de travers et les yeux au loin. J’ai dû rencontrer Celia, sans la remarquer, dans la foule. Il y avait toujours dix jeunes filles (et trente jeunes chercheurs) à la porte de notre labo, et je dois avouer que les jeunes filles ont trouvé plus souvent du succès dans mon labo que les jeunes chercheurs. Mais Korzyb était inexpugnable. Jeune homme ou jeune fille, il écoutait tous et toutes, pendant quelques minutes ou plusieurs heures, mais aucun ne trouvait grâce à ses yeux. Je pense aujourd’hui qu’il aurait aimé rencontré un autre Korzyb, mais comment cela peut-il arriver ? Puis est venue Celia. Je ne me souviens pas d’elle, je ne l’ai jamais remarquée aux côtés de Korzyb, mais un soir, il m’a avoué sa passion. Lui, le génie, l’homme de la lumière, le maître du temps, était allumé par une jeunette qui ne comprenait même pas ses théories. Elle aimait faire la fête, et il la suivait comme un gamin, poursuivi par des photographes avides de sensations.
Les travaux de recherche se poursuivaient, le Club des Neurones fonctionnait selon tous les critères apparents de l’honnêteté intellectuelle, mais Korzyb passait ses nuit dans des night clubs, à entretenir une troupe de fêtards qui lui étaient étrangers et familiers en même temps.
Puis, je retrouvai un matin Korzyb dans mon bureau, le corps glacé, livide, prostré. Celia était morte dans la nuit, sous les lumières d’une boite de nuit à la mode, victime d’un mélange de substances qu’elle avait ingurgité de son plein gré, un petit cocktail de fêtard comme elle en prenait tous les soirs, mais qui avait été fatal ce soir-là. J’ai cru que c’était une passade, j’ai pensé qu’il avait eu un choc en étant présent à côté de cette inconnue mourante, je l’ai pris pour un enfant qu’il fallait consoler. Pour un temps, le temps m’a donné raison. Korzyb s’est repris, il s’est investi dans ses recherches avec une intensité renouvelée, et j’étais content de voir qu’il délaissait ses anciennes connaissances nocturnes pour se consacrer à nouveau corps et me à son travail. C’est à cette période que nous avons sorti le prototype de Lux 1,1. Les industriels se félicitaient, tandis que Korzyb et moi étions déjà en train de nous pencher sur Lux 2 et Lux 3.

Chapitre 10. Accumulation.
Korzyb a disparu il y a deux mois, laissant une enveloppe corporelle exsangue, des piles de notes manuscrites, et un mystère insondable. L’autopsie n’a révélé aucune trace de violence, aucune substance chimique toxique, et j’aurais été surpris s’il en avait été autrement. Je peux maintenant révéler où il est allé.
Korzyb n’aimait pas l’argent, mais il en comprenait le pouvoir. Durant toutes ces années, il n’est pas resté l’inventeur désintéressé qu’on a voulu vendre au grand public : à chaque contrat, il exigeait sa part. Et ses colères étaient sans égales, pour obtenir ce qu’il voulait. Il m’avait confié un jour « Je vaux ce que je vends. Si je me donne gratuitement, je ne vaux plus rien ». Je suis probablement le seul à comprendre que l’argent que Korzyb exigeait, c’était une manière d’obtenir de l’amour. Et je ne crois pas me tromper en disant qu’il n’a jamais obtenu ce qu’il voulait. Excepté à la toute fin de sa vie.

Chapitre 11. Transluxion.
Korzyb n’a jamais voulu profiter de l’argent qu’il gagnait. Cet argent, c’était une preuve d’amour, cela n’était pas destiné à la consommation. Il le laissait sur un compte, juste pour en sentir la présence distante, symbolique, amassée. Puis Celia est morte. Alors Korzyb a commencé à investir. Pas seulement son propre argent, mais aussi celui des sociétés partenaires du Club des Neurones. A chaque fois que Korzyb parlait, les compagnies signaient un chèque supplémentaire. Il leur promettait des voyages aux confins du cosmos, et elles achetaient ce rêve. Puis il investissait l’argent, sagement, rationnellement, dans son projet secret. Je le dis sans honte : nous avions plusieurs années d’avance, et à chaque point d’avancement, nous fournissions de nouveaux résultats scientifiques. Tout le monde était content.
Puis, il y a quelques mois, Korzyb m’a annoncé qu’il était prêt. Il avait mené à bien la réalisation du prototype Lux 10. Tout son argent – et, à ma grande honte, tout l’argent des sponsors – avait été consacré à ce projet, qui ne verrait jamais le jour. Je fus le seul, un dimanche soir, dans la solitude du labo, à voir Korzyb monter dans ce vaisseau, pour un trajet dont je savais qu’il ne reviendrait pas.

Chapitre 12. Annonciation.
Le calcul de Korzyb était simple. Il a utilisé toute sa fortune, et sacrifié sa vie pour retourner dans son passé, au seul moment digne d’intérêt selon lui : sa rencontre avec Celia. Il a développé un prototype ultime, qui lui permette de revivre ces quelques mois en sa compagnie. A l’heure où je parle, Korzyb est déjà présent dans notre passé, il vit instantanément, et éternellement, aux côtés de Celia. Je retranscris, pour mémoire, notre dernière conversation, ce fameux dimanche soir où il nous a quittés :

– Mais vers quoi veux-tu partir ?
– Vers les uniques moments de bonheur de ma vie.
– Sais-tu ce que tu abandonnes ?
– Oui (il sourit) et ça n’en vaut pas la peine.
– Mais tes découvertes…
– Je vous les laisse.
– Et tes futures découvertes ?
– Appartiennent au passé.
– Tu es fou, Korzyb, tu ne te rends pas compte.
– Oui, c’est possible. Il faut que j’y aille, maintenant. Le temps n’aime pas qu’on le fasse attendre.
– Attends ! Qu’est-ce que je vais dire aux journalistes, comment je vais expliquer ton départ ?
– Dites-leur qu’il y a quantité de domaines de la recherche qui mériteraient d’être explorés. Les mécanismes du coeur. La mémoire. Le temps des souvenirs passés. L’attachement. La perception de la présence. Cette histoire ne fait que commencer.

Il me fit un dernier signe de la main, sourit, et enclencha le réacteur de départ.


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Burn-Out

Hier, 21,8 km en course + longueurs de piscine en nocturne. Aujourd’hui, totalement cramé. Dimanche prochain, un semi marathon pour tester ma forme.
Je suis en burn-out, un point de grande fatigue physique. Le point positif est : je pense que je n’ai jamais été aussi bien entraîné. Le point négatif : peut-être un peu trop entraîné.
D’ici dimanche : calme et décontraction, de toute façon, les journées sont remplies de travail et de soucis.
Impression de porter tout le monde sur mon dos. On me sollicite par mail, par téléphone, mais, c’est marrant, quand j’ai répondu, j’ai rarement un « merci » en retour.
Burn-Out.

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C’est la rentrée des classes

Les nouvelles se bousculent dans la boite aux lettres. Je reçois des épreuves relues de mon « monument » (je ne m’en lasse pas, c’est surtout impressionnant quand c’est vu dans une perspective cosmique), une nouvelle édition de Analyse financière va sortir d’ici quelques jours (mon premier vrai livre rien qu’à moi), mais c’est surtout un troisième livre qui m’amuse. En janvier dernier, un de mes éditeurs m’a demandé de participer à un ouvrage collectif. Je n’étais pas chaud. Il s’agissait d’expliquer la gestion à des lycéens qui n’y connaissent rien. Et il y avait un chapitre sur la finance. Et ça, j’ai adoré le faire. Cela m’a pris pas mal de temps (faire simple, c’est long), mais j’ai réussi à y condenser beaucoup de choses. Alors, certes, oui, il y a des « monuments » de 1 200 pages, et puis il y a des petits chapitres de 20 pages, péniblement terminés dans un train Turin-Oulx (heureusement, le train avait du retard), et là ça y est, le livre est enfin sorti. Ne l’achetez pas, vous n’êtes plus lycéens depuis longtemps (et ça se voit), c’était juste histoire de dire que pendant qu’il y en a qui dorment sur les plages…

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