Comment désimlocker un Nokia E72 et quelques réflexions sur SFR

NB : les fureteurs qui tombent sur cette page pour résoudre leur problème (c’est le but d’avoir créé cette page) peuvent aller directement tout en bas pour avoir ma solution. Ils peuvent aussi tout lire, ce qui leur indiquera ce qui ne marche pas.

L’affaire commence en décembre 2010.
Suite à une bataille de boules de neige, l’écran de mon portable rend l’me. Las, la garantie était d’un an et il avait 13 mois… je change donc de portable.
Las (bis), le nouveau portable ne me convient pas, car avec mes doigts délicats, il faut un vrai bon clavier physique, pas un clavier virtuel, car on écrit « tepu » à la place de « amie » et après, ça fait des problèmes.

Or, j’ai un collègue (appelons-le Tarass Boulba) qui me dit « Ouah hé, vieux ! J’ai un Nokia que je m’en sers pas, il est tout neuf dans la boite, je l’ai gagné à un concours de pétanque lyonnaise, je te le donne, Calice ! »
Je frétille, je bondis, j’embrasse, et je récupère le Nokia. Nous sommes début janvier, et les ennuis commencent.

J’insère ma carte SIM, il me ricane au nez : « carte illisible ». J’apprends donc à cette occasion que les opérateurs mettent sur le marché des téléphones simlockés : ces appareils ne sont utilisables que sur le réseau de l’opérateur qui l’a vendu. « Mon » Nokia ayant été configuré pour SFR, il n’accepte que des cartes SFR. Or je ne suis pas chez SFR, mais je veux ce Nokia, et je l’aurai !

Impatient que je suis, j’essaie de passer par une société de désimlockage en ligne : il suffit, paraît-il, de donner le numéro IMEI du téléphone situé sur la batterie (ainsi que son numéro de carte bleue, bien sûr) et on reçoit « au plus tard 3 jours ouvrés après » le code pour débloquer l’appareil. Je teste cette société et lui envoie 29,49 € ainsi que le code IMEI. 3 jours après, sans nouvelle, je relance. 2 jours après, je reçois un mail : votre Nokia est un modèle qui ne peut être désimlocké, nous vous remboursons. Et le plus beau, c’est qu’ils l’ont fait.

Retour à la case départ, j’ai perdu 2h.

Je me renseigne sur Internet : les anciens Nokia pouvaient être désimlockés par des programmes informatiques, mais les smartphones sont plus coriaces. Je me tourne donc vers SFR (n’est-ce pas leur logo, sur la boite de « mon » portable ?).

Première étape : la boutique SFR. Un jeune homme charmant, quoique mal rasé (appelons-le Terence Hill), m’informe qu’il suffit d’appeler le 900 ou le 1023 et que si mon portable a plus de 6 mois, SFR le débloquera. J’indique que je ne connais pas la date d’achat, étant donné que c’est un cadeau de pétanque lyonnaise, mais Terence Hill me rassure : « avec le code IMEI, ils vont retrouver la date d’achat ». Je ressors de la boutique ravi, pour un peu je prenais un abonnement pour les remercier.

Deuxième étape : le 900 (ou le 1023). Ce sont des numéros merveilleux. Ils sont surtaxés, mais ils ont l’amabilité de le dire au départ. Et puis après, ils vous demandent votre numéro de ligne SFR. Or, je n’ai pas de ligne SFR, sinon, je ne chercherais pas à désimlocker un portable SFR, vous me suivez ? D’où l’inconvénient d’une messagerie vocale : tant que vous n’avez pas mis un numéro de téléphone SFR valide, impossible d’accéder à un menu magique du type « … ou tapez 9 pour parler à un conseiller ».

Première remarque sur SFR : si on n’est pas abonné SFR, on ne peut pas être aidé par la messagerie vocale… malgré la sur-taxation de l’appel.

Troisième étape : je me connecte sur le site de SFR, et cherche le forum de discussion. Il est en travaux, et cela durera les 15 jours pendant lesquels je cherche une solution.

Quatrième étape : je m’acocquine avec un proche (appelons-le Wilfrid Schumacher) qui, lui, est abonné SFR. On appelle ensemble, il montre patte blanche, et dit qu’il veut désimlocker un téléphone SFR. Je retranscris la conversation, c’est trop beau :
– ah mais ça on ne sait pas comment le faire, il faut voir avec Nokia
– mais pourtant, il y a votre logo sur la boite, et Terence Hill, dans la boutique SFR, il a dit que vous pouviez…
– eh bien ce sont des petits rigolos, on ne peut pas faire ça techniquement, c’est très compliqué, on n’a pas les codes chez SFR, il faut contacter Nokia, je vous donne le numéro.

Cinquième étape : j’appelle Nokia. C’est un numéro merveilleux. Il est surtaxé, mais ils ont l’amabilité de le dire au départ. Ils ont surtout l’amabilité de prévenir, avant tout menu vocal : « si vous appelez pour un désimlockage, sachez que c’est votre opérateur téléphonique qui est le seul à pouvoir débloquer votre Nokia ».

Retour à la case départ, j’ai perdu 6h.

Deuxième remarque sur SFR : cela sent l’arnaque commerciale. Pour ma part, je m’accroche, car je suis un roquet, mais mon collègue Tarass Boulba, ça fait longtemps qu’il aurait jeté son Nokia aux orties (bonjour la société de consommation) ou pris une ligne chez SFR. Ce qui est le but recherché, OK, mais la tactique est peu élégante, pour ne pas dire léonine.

Sixième étape : je retourne sur le site SFR. En utilisant les codes de Wilfrid Schumacher (numéro de ligne etc.), je navigue sur tout le site sans trouver. Invariablement, toutes mes requêtes finissent sur une page qui dit « pour un désimlockage, allez dans une boutique SFR ».

Troisième remarque sur SFR : sur le site, il y a une « assistante virtuelle », Lucie, qui incite au contact : « Posez-moi vos questions ! Je vais vous aider ! ça va être super cool entre nous ! » Mon expérience de Lucie est la suivante :
– Lucie n’est qu’une entremetteuse qui renvoie sur le forum ou sur la fameuse page « passez en boutique »
– Lucie ne comprend que les requêtes très simples
En résumé : Lucie ne répond qu’aux questions de neuneus, celles qui ne nécessitent justement pas de solliciter l’assistante virtuelle, genre « comment changer de mobile » ou « comment changer de forfait ». Et quand je pense aux équipes projet qui ont développé Lucie, je me dis que c’est de l’argent foutu en l’air.

Septième étape : je trouve enfin, dans une sous-page, un lien pour faire une demande de désimlockage en ligne (tiens, la rombière que j’avais eue au téléphone était pourtant si catégorique…). Je remplis toutes les coordonnées nécessaires, y compris ce fameux numéro IMEI. L’après-midi suivante, à 14h01 (vous allez voir, c’est utile de s’en souvenir), je reçois un e-mail de confirmation de ma demande. « Cher Wilfrid, nous allons désimlocker ce téléphone dans les 5 jours ». J’attends donc.
5 jours après, à 14h01 précises, je reçois un e-mail qui dit « Désolé, ça ne marche pas, car nous ne trouvons pas la ligne à laquelle est rattaché ce téléphone, il faut que vous nous envoyiez une facture originale par courrier ».

Quatrième remarque sur SFR : le fait qu’ils répondent pile-poil au bout de 5 jours, à la minute près, me fait penser que tout est géré informatiquement sans intervention humaine. Et que, dès réception de ma demande, le process a été engagé : envoyer un mail dans 5 jours (pas avant…) pour le réorienter dans les limbes du courrier papier. J’appelle ça une manoeuvre dilatoire. Une simple discussion avec un être humain aurait permis de dire « je n’ai pas de ligne attachée à ce téléphone, c’est un cadeau, ca-deau, comprendo ? Alors maintenant, comment fait-on ? »

Huitième étape : j’a
vise, près de l’école qui m’emploie, une boutique de téléphonie mobile. Je me renseigne : oui, ils désimlockent, non, ils n’ont besoin de rien, juste du téléphone, oui, ce sera prêt dans 48h, non, rien à payer maintenant, je paierai dans 48h. Et 48h après, je me retrouve enfin avec « mon » Nokia désimlocké.

Conclusion : il y a 10-12 ans, aux premiers balbutiements de l’ADSL, j’avais eu une mauvaise expérience avec France Télécom : j’avais suivi toutes les étapes de commande d’un modem, et je me retrouvais avec un matériel clairement incompatible. Le technicien s’était mis en quatre, il avait même dérangé un collègue qui était de repos, et j’avais été frappé de l’opposition entre le côté très « humain, service » de ces hommes et la surdité de la société qui les employait (je n’ai jamais reçu de réponse à mes lettres argumentées). Dès que je l’ai pu, j’ai quitté France Telecom et suis passé en dégroupage total chez Free.  Je constate la même chose aujourd’hui chez SFR : tout a été rationalisé pour dégager le maximum de marge et réduire les coûts au minimum, la communication est opaque, et finalement, il s’est créé une niche : les petites boutiques de téléphonie multi-enseignes sont celles qui font désormais du service client et de la proximité. Il va sans dire que si SFR était cotée en Bourse, je vendrais mes actions illico.

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Le casier à courrier d’un prof…

SandwUn sandwich entamé en train d’attendre son maître

Trois barrettes de capsules Nespresso (=30 doses) dont deux entamées, la ration quotidienne quoi

Une enveloppe au contenu douteux mais rebondi : calmants ? le dessert ?

… le casier à courrier d’un collègue, qui prend de plus en plus, chaque jour, l’allure d’un garde-manger. J’attends avec impatience la cloche à fromage.

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Facemoulox

Je suis revenu sur Facebook, malgré tout ce que j’en ai dit (dans l’ordre) :

Ce que je vois depuis que je suis revenu, c’est la même chose qu’auparavant, avec quelques variantes :

  • les jeux ont l’air de se calmer (j’engrosse un pigeon, je détruis des vampires, je farme des personnages…)
  • il y a fécondation des univers entre eux : des twitters deviennent des statuts FB, et une bonne proportion des statuts sont postés depuis un téléphone mobile.

Mais il y a un nouveau truc : les clubs privés de communication, les jeux sur le langage et les statuts.
Depuis quelques jours, je remarquais que des filles / femmes postaient un mot désignant un alcool (bière, tequila, etc) et je me disais « Chouette, des luronnes ! »
Point du tout, innocent que j’étais, c’était en fait une conspiration des reptiliens pour asservir le monde (et exclure les hommes de toute compréhension, ce qui n’est pas trop dur). Chaque mot correspond à un code, et quelque part sur internet, il y a une machine Enigma qui permet de retranscrire ce code (« bière ») en signification (« heureuse en couple » par exemple). Tout le secret consistant à garder la signification cachée.

Bon, j’aime comprendre. Donc première étape : trouver l’emplacement de la machine Enigma. Quelques mots-clés sous Google, premier résultat de recherche, voilà, ça c’est fait.
Deuxième étape : lire la page et essayer de comprendre. Analyse :

  • C’est parti d’une intention louable : faire du buzz pour lutter contre le cancer du sein
  • mais les garçons, qui ne comprenaient rien quand une fille postait comme statut « diabolo-menthe » alors que sa meilleure amie disait « picon bière », ont lancé des contre-jeux
  • Il y a désormais quantité de jeux, lancés par des filles, puis des contre-jeux lancés par des garçons, c’est la guéguerre filles-garçons
  • Les mots peuvent se contredire entre eux, cela dépend des pays et des périodes. Par exemple, une fille qui poste « bière » signifie « femme mariée », mais il y a quelques mois, ça signifiait « séparée ». Vous me direz, elle a eu quelques mois pour se marier, c’est peut-être ça la logique…

Troisième étape : le grand n’importe quoi. Comme il y a plusieurs jeux, on peut poster des statuts complexes, par exemple « thé rouge » (je suis libre, je suis attirée par un mec), avec les risques de mauvaise traduction (cela peut aussi signifier « je suis libre et j’ai un soutien-gorge rouge » ou encore un truc de ouf du type « je bois du thé rouge »).
Et il y a des constructions de phrases suivant le jeu du cadavre exquis, en fonction de la date de naissance. Par exemple, Napoléon Bonaparte, né le 17 août 1769, écrirait sur son statut : « J’ai déjeuné avec ta maman sur mon compte bancaire parce que je suis TROP COOL ! »
Ce à quoi je réponds : Kamoulox !

Depuis ce jour, je regarde avec méfiance les statuts sur FesseBouc. Quand un gars dit (apparemment innocemment) « Je reviens d’aller acheter des Pampers, quelle foule ! », je me dis qu’il existe quelque part sur le web une page Enigma qui me permettrait de décoder ce qu’il a effectivement envoyé comme message.

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Book suggestions for students

I was asked by a student – for the purpose of a school newspaper – to suggest to students « A BOOK THAT WILL CHANGE YOUR LIFE and WHY. »

Tricky question indeed.

I answered with the following :

Dear Student,
I have not one, but three (four) books in mind, none of them being a Finance book unfortunately 😉
The order is not important. If I were to advise only one, I would choose #3 The Mind Gym, but that would be a shame not to mention the others.

1) David Allen – Getting things done – the art of stress-free productivity
http://tinyurl.com/457jdvp
(in French :
S’organiser pour réussir
http://tinyurl.com/4ljuur5 )

David Allen presents and helps devise a system to organize yourself at work. Know what to do, in which order. How to access data, how to deal with projects, how to make sure nothing is forgotten. A very practical book that can save you hours in organizing yourself by finally focusing on the one important thing : doing things. Surprisingly enough, this is not taught in Business Schools…

2) Stephen Covey – The 7 habits of highly effective people
http://tinyurl.com/4f7yxuf
(in French :
Les 7 habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent
http://tinyurl.com/4qsnbpj )

Bestseller. This book is a more profound version of the Getting Things Done book. Here, focus is made on Principles and Values, not on operational effectiveness. This is a very useful complement of the preceding book, not asking « what should I do next », but « what is important for me to do, and how to identify it ». It takes more time to digest, but it is definitely worth a read.

3) The mind gym (collectif)
http://tinyurl.com/5susrzx

Devised in 22 independent chapters, and based on research in neuroscience and sociology, the Mind Gym helps you « re-train » your brain to be more effective. Themes include the effects of optimism, the impact of visualization, the reduction of stress, how to be listened to, how to announce bad news, how to be more creative / do brainstorming… Every chapter is filled with real-life illustrations and ends up with exercises to « muscle up » your spirit. A must read for future executives.

4) I have other books in mind, but I feel they are more oriented for older people (35-40 years). Based on Carl Jung’s theories, they deal with personality type, and help to better understand how our personality is constructed, and how to deal with other personalities (e.g. at work, in teams). The operational tool is the MBTI test of personality type. The best book, but somewhat hard to digest, is Gifts differing, by Isabel Briggs Myers, http://tinyurl.com/6e2jqy4 . A much easier book (in French) is Deviens qui tu es, by Cauvin and Cailloux, http://tinyurl.com/4r8payt .

Sincerely,
Christophe Thibierge

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Idée de startup – Bling Blong

Les opérateurs de téléphonie mobile (thibillet saignant à venir) proposent de personnaliser les sonneries en fonction de l’appelant. Pour les marges qu’ils se font (thibillet horripilé à venir), ils pourraient introduire une nouvelle feature pratique : quand on reçoit un SMS qui annonce une bonne nouvelle, la sonnerie fait « Bling » ; quand le SMS annonce une mauvaise nouvelle, la sonnerie fait « Blong ».
Pour l’implémentation (lecture sémantique, interprétation, définition de la relativité d’une bonne et d’une mauvaise nouvelle, traitement des SMS farceurs du type « ce SMS va faire Blong »), ils se démerdent, j’apporte l’idée, c’est déjà bien.

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Livre lu : M.A. Shaffer & A. Barrows – The Guernsey Litterary and Potato Peel Pie Society

Il y a quelques années, une collègue m’avait dit à propos d’un film (c’était Ghost, en 1912) : C’était un film où ils auraient pu écrire « pour (son nom) » sur l’affiche, il était vraiment fait pour moi.

C’est le même sentiment que j’éprouve à la fin de la lecture de The Guernsey Litterary and Potato Peel Pie Society, par Mary Ann Shaffer & Annie Barrows (Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates en français).

  • Déjà, j’aime bien la forme : un roman épistolaire, qui reprend un peu le rythme et le style de 84 Charing Cross Road, d’Helen Hanff.
  • On y retrouve le même humour so british, subtil, fait d’understatement, de jolies tournures, sans jamais se prendre au sérieux avec des mots ronflants. Pour moi, l’exemple typique de ce style est Trois hommes dans un bateau, dont je viens de relire quelques pages aujourd’hui, à la recherche d’une citation. Ce livre est un délice d’humour et de légèreté.
  • Parlant d’humour et de légèreté, j’apprécie dans The Guernsey … ce côté « on parle de l’après-guerre et donc (beaucoup) de la guerre, mais en alternant avec des scènes et situations amusantes ». Je trouve qu’au lieu d’affadir le propos, cela le rend d’autant plus présent et poignant. Quand, au détour d’une page qui parlait de falaises et de myrtilles, on tombe dans une anecdote terrible de l’occupation, on est littéralement saisi.
  • C’est un livre profondément humain. Tous ceux qui ont vécu des deuils, des douleurs, le savent : il faut bien continuer, la vie est comme une route que l’on suit, et personne ne peut vraiment prétendre s’arrêter sur le bas-côté.
  • Et pour conclure, c’est un livre qui finit bien, ce qui devient rarement le cas des ouvrages que l’on lit actuellement. Au mieux, les personnages sont laissés à leur existence – ni bonne, ni mauvaise – au pire, ma foi… c’est pire. 

Plus j’avance dans la vie, plus j’aime les plaisirs simples. Et ma foi, j’apprécie de plus en plus ce genre d’ouvrages. Derrière son discours tout simple il y a probablement… des pépites de ce petit minerai qu’on appelle l’humanité.

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Les dents de la terre

Je suis dans un lieu éloigné de toute civilisation, travaillant lentement mais opiniâtrement à mon projet Prométhée.

Loin de toute civilisation, mais non loin de toute vie.

Voici les 3 mails que j’ai envoyés aujourd’hui :

1er mail, état des lieux

Sujet : Rats and Roaches (Calvin Russell)

On se croirait loin de tout, et voilà, pas le moyen d’être tranquille. Si je récapitule :
– 2 perdrix hier, à la première, je bondissais (figurativement) de joie, là elles sont 4 à picorer près d’un tas de neige, c’est rien que des poules cons.
– des pies, des geais, et un drôle de petit oiseau tout petit tout rond bedonnant, j’ai envie de le dessiner, mais je suis sérieux, je bosse d’abord.
– un mulot dans la cuisine. Il m’a chouravé des pâtes (sèches) et s’est réfugié dans la cafetière Nespresso. J’ai essayé de le virer (sans le tuer), mais il connaît la maison mieux que moi, alors que finalement, c’est moi l’intrus, non ?
– des araignées, c’est-à-dire des faucheux cons et des araignées plus… consistantes, ouais, c’est le mot. C’est comme le mulot, ça ne me dérange pas trop tant que ça ne me touche pas 🙂

2ème mail, action militaire

Sujet : week-end à Zuydcoote (Robert Merle)

Fusilier Marin Commando Thibierge au rapport.
Ai vu l’individu (Joe le Mulot), mais n’ai pu l’appréhender. Ai néanmoins collecté un ensemble d’observations pour alimenter le dossier.
– l’individu a ses habitudes dans l’armoire jouxtant la cafetière, que nous appellerons niara 1.
– l’individu a été vu au rez-de-chaussée de niara 1, mais a probablement une entrée secrète. En effet, maintenant qu’il m’en souvient, l’été, quand j’étais en permission sur la table du jardin, j’entendais des petits grattements près de la porte, dans le mur extérieur de niara 1. Je ne suis pas payé pour penser, aussi je suggère à mes supérieurs de penser au fait que peut-être l’individu a creusé une galerie qui aboutit du monde extérieur à niara 1, et inversement. Ceci expliquerait non seulement sa disparition de niara 1 quand je l’ai investiguée, mais aussi comment l’individu a pu arriver dans ce lieu sécurisé qu’on appelle cuisine et qui est mon QG (l’hypothèse « amené avec les potirons » est risible à la lumière de la froide logique)
– ai inspecté l’armoire en face (niara 2), et l’individu y a causé quelques déprédations. Il aime les bouillons cubes, le café et les pâtes. Ai jeté les emballages (vides) et sécurisé le reste du café dans la boite Kellogg’s, en l’assurant que les secours arrivaient.
– Ai déplacé potirons sur le sol, car faisaient moisir le plan de travail. N’ont pas eu l’air d’objecter.
Ne vois rien à ajouter. Insert Formule de Politesse (« Biz »).


3ème mail, action-réaction

Sujet : Ratatouille (Linguini et al.)

Cet après-midi, pendant que je travaillais dans la salle à manger, ce petit galapiat a rongé ma brique de soupe (par le haut) et s’est probablement trempé les moustaches dans mon velouté 9 légumes. Je pense que l’animal a fait cela sciemment, pour bien m’expliquer que toute intrusion de ma part dans SA vie serait irrémédiablement suivie d’une réaction d’égale force dans MA vie.
Ce n’est pas pour me déplaire.
De même que les bébés qui ont été nourris au même sein sont frères de lait, Trotte-menu et moi-même sommes désormais frères de soupe.
Biz

Mail de réponse de la propriétaire : « Vous avez l’air de bien vous entendre. Ramène-le chez toi. »

Je ne suis pas aidé.

[edit de 20h45]

Sujet : Geek 1 – Mulot 0

Je l’ai eu. J’arrivais dans la cuisine, et il a filé se cacher dans la cafetière (NB : il se faufile par le trou de la grille, qui fait au max 2 cm de diamètre).
Je transporté la cafetière dehors, et l’ai désossée méthodiquement. Joe le Mulot a filé se cacher dans les plates-bandes, j’en ai profité pour rentrer et fermer la porte *à clé* (ne jamais sous-estimer un rongeur affamé). J’avais prévu de monter la garde dans la cuisine, car j’intuite qu’il va utiliser l’entrée secrète dans Niara 1 (l’armoire à vaisselle) pour revenir. Mais j’ai une meilleure idée, ô Crocodile Dundee que je suis : j’ai laissé deux pâtes sèches (Torti), dont je sais qu’il est friand, à côté de la cafetière. Si les pâtes ont disparu demain matin, c’est que Joe m’a fait la nique.
Je vais aller regarder Stuart Little, tiens.
Biz

[/edit]

[Update de 22h05]

Joe le Mulot is back. Non seulement une des deux pâtes à disparu, mais Joe s’est même montré. Il n’est pas allé jusqu’à danser le tamouré sur la cafetière, mais toute son attitude clamait la désinvolture ironique d’un hobereau qui se sait sur ses terres.
Je suis content de ma démarche analytique, toute sherlockholmesienne, autant dans l’intuition qu’il y avait une entrée secrète dans Niara 1, que dans la conception de mon piège diabolique (deux nouilles).
L’affaire repose désormais entre les mains de la Justice, c’est-à-dire la propriétaire, qui décidera (ciment à prise rapide ? gazage assassin ?) comment interdire les lieux au filou à moustache.

[Update de 22h05]

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T9 roulette russe

Une autre forme de T9 roulette que je découvre à l’instant : le correcteur orthographique. C’est bâteau pourtant.
Mais je l’aime bien dans son côté divinatoire, à la limite de l’insultant. Dans un document, il tombe sur mon adresse e-mail et me dit (sans trop de surprise) : « absent du dictionnaire ». Et là, en remplacement de ce qui est tout de même mon identité numérique, ce qui me définit et me caractérise avant tout dans les mondes virtuels, il me propose : petites-bourgeoises, neuropsychologique, neuropathologie, neuropsychiatrie.
Je me doutais que je n’étais pas top top équilibré, mais de là à me proposer des électrochocs, il y a de la marge. Et puis petit-bourgeois (encore plus insultant, je trouve, au féminin), rah, je vais lui péter ses bits à ce programme.
« Correction » aurait dû s’entendre au sens de « Aide », pas de « Chtiment »…

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Ce que je voeux

Voici à nouveau ce temps de l’année, avec son déferlement de voeux (mails, SMS, et même, c’est dingue, cartes de voeux par la poste). Je me suis déjà exprimé à ce sujet. J’en rajoute une couche : ce qui fait fureur, c’est le SMS-envoyé-à-250-personnes-mais-que-tu-crois-que-tu-es-le-seul-à-le-recevoir, ou comment lyophiliser la sincérité.

Avec les voeux viennent les résolutions (cf. le même thibillet). Alors à défaut de résolutions, une même idée, déclinée de 3 manières différentes.

Présentation 1, ou « de la sagesse des tortues supposément ninja »

Hier, c’est déjà de l’histoire. Demain est un mystère. Mais aujourd’hui est un cadeau, c‘est pourquoi nous le nommons le Présent.

Maître Oogway, dans Kung Fu Panda.

Présentation 2, ou « du lien entre le conseil en management et le dernier samouraï »

Suivant le conseil de Peter Bregman, je saisis chaque instant où je bois du thé (et cela arrive souvent dans une journée) pour me recentrer sur le présent, les sensations du moment, et ainsi, m’extirper de cette fuite en avant qui consiste à ne pas vivre le présent, trop occupé qu’on est par l’avenir.

Présentation 3, ou « le MBTI est partout dans ma vie actuellement »

L’inconvénient d’être N, c’est justement de vivre totalement dans le potentiel, de fantasmer des scénarios, ce qui va jusqu’à ignorer / abolir la situation présente. Avec une Ne en Dominante, j’ai tout intérêt à entraîner ma Si (en Inférieure) avec tout ce qui est détail, instant présent, concentration sur une seule chose à la fois. Exemple du jour : reconstruire le Chteau de Poudlard (pardon, de Tygrelis) en Lego. 2 heures à nouveau à chercher des petites pièces, consulter des plans, et monter très progressivement cette merveille architecturale qu’un anniversaire de garçons décomposera à nouveau en éléments simples.
C’est important, d’entraîner son Inférieure : je sors de plusieurs jours où j’ai pu voir une personne totalement sous l’emprise de son Inférieure (non éduquée, non maîtrisée) : ça fait vraiment peur à voir…

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Hymne à la nuit

(à lire en écoutant, par exemple, Nuit, de Goldman Fredericks & Jones).

Suite à un certain commentaire sur ma vie diurne, et pour répondre pas tout-à-fait à côté, pas tout-à-fait en el blanco, voilà pourquoi j’aime la nuit.

La nuit, les loups sortent

Il existe des personnes qui ne sortent que la nuit. Le jour, elles sont en train de dormir, réellement ou figurativement parlant. Tel employé de bureau, a priori sans aspérités, revêt certains soirs son habit de lumière, et va faire la fête. Il rentre, entre chien et loup, pour prendre quelques heures de sommeil (ou d’amour) avant de repartir à son travail. Pour ceux de ma génération, c’était le thème du clip de High on emotion (Chris de Burgh). J’ai rencontré de véritables noctambules, qui sont peut-être des anonymes que j’ai à peine remarqués le jour, et qui se révélaient être des seigneurs, ou des philosophes, de la nuit.
De même que les morts vivent de l’autre côté du Styx, certains vivants ne prennent véritablement vie que de l’autre côté du Crépuscule : leur vie diurne n’est qu’un ectoplasme, la projection dans la Matrice de leur moi social. Leur vraie identité, ce n’est pas Thomas A. Anderson, c’est Neo.
Mais ce n’est pas pour rien que la nuit est sombre : à défaut d’entraîner sa vision de nuit, on voit trop tard les dents acérées, les éclairs de violence dans les regards, les coups d’oeils qui vont vite devenir des coups de poings.
Et quand j’ai tendance à l’oublier, la Nuit me le rappelle dans ma chair.

La nuit, tout est possible

J’ai vu les soleils de nuit d’Oslo avec des fêtards qui plongeaient dans l’eau glacée du port (avant de se cavaler devant la police locale), des fins d’enterrement de vie de garçon à la soupe à l’oignon aux Halles, j’ai vu l’aube se lever des quantités de fois, seul, à deux, à plusieurs, que l’on soit sobres, ou pas tout à fait sobres. Il y avait dans cet infini bleuté, dans ces quelques heures de no man’s land, une sensation de potentialité pure : la nuit serait ce que nous en ferions, ni plus, ni moins. Et plus d’une fois, c’est mon moi social qui a refusé les potentialités qui ne demandaient qu’à s’offrir. Parce que la nuit abolit beaucoup de règles, elle nous permet, exactement aux mêmes endroits, ou sous les mêmes latitudes, d’être en décalage horaire total.
J’ai traversé des places désertes de Venise, et dieu sait si elles peuvent être belles en plein jour, mais Venise la nuit, c’est encore une dimension supérieure, qui touche au métaphysique.
Et je garde des souvenirs de tous ces moments, certains dont je sais qu’ils ne reviendront jamais, mais que je peux rejouer à l’envi sur le gramophone de mes souvenirs. Je me souviens d’un lit où j’ai fumé, dans un pull qui n’était pas le mien, face à la fenêtre ouverte, tandis que la conversation s’effilochait de bouffées : c’était un tableau qu’Edward Hopper n’a pas eu besoin de peindre, puisqu’il est, et reste, dans ma tête, avec toute ma collection privée.

La nuit, je m’entends enfin

Que ce soit exprimé en termes psychologiques ou technologiques, j’ai toujours souhaité avoir, au moins pour un temps, un asile loin du fracas. Mais le Klondyke, c’est loin. Or, dans cette retraite spirituelle, qu’est-ce que je recherche avant tout ? Une coupure du monde et de son flot de sollicitations. Pour filer la métaphore du décalage horaire, il n’y a pas besoin de me déplacer dans l’espace, par exemple en faisant 1h30 de voiture pour rejoindre une maison isolée : il suffit de pratiquer le décalage horaire (seul bénéfice réel des insomnies) et de profiter de ces 2 heures de liberté, de 5h à 7h du matin. Sans en faire un système (se lever tous les jours à 5h), j’en apprécie la flexibilité.
Pendant ces heures, je sais que ça ne sert à rien de vérifier compulsivement mes mails, c’est la trêve des confiseurs, et c’est le moment idéal pour lire un livre qui demande de la concentration et le mettre en notes, ou encore, prendre le temps de rédiger ce thibillet qui me trottait dans la tête depuis des jours.
Un autre avantage à se lever dès que l’insomnie est avérée : cela fait taire la petite voix. Celle qui rejoue le (mauvais) film de la soirée de la veille, celle qui invente les dialogues du lendemain (et s’il me dit ça, je lui dirai ça), celle qui, toujours, est teintée de pessimisme voire de catastrophisme.
Je préfère me faire un thé et cramer deux heures de sommeil putatif plutôt que de laisser cet alter ego prendre le contrôle de mon cerveau.

Il y a probablement d’autres raisons. Mais j’aurai toujours ce sentiment de liberté quand je vois l’obscurité bleutée qui s’étend sur les nuages et fait disparaître les rouges et violets du soleil déjà couché.
De la même manière qu’il y a – paraît-il – un changement d’air à chaque changement de marée, l’air de la nuit me semble toujours plus pur que celui de la journée.
Voilà pourquoi j’aime la vie nocturne.

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