Dîner des Grands de ce Monde (3)
Vieux Bill continua :
– dans le parc dehors, il y a deux ou trois cahutes pour les voyageurs égarés. ça n’est point le grand luxe, mais comme vous n’êtes pas arrivés en smoking (sourire) et robes du soir (inclinaison de la tête), ça devrait aller.
Conrad, homme pratique :
– … Et pour mon pare-brise ?
– J’ai une idée. On verra demain.
– Et … pour cette nuit, dans les cahutes ?
– On verra demain. Si vous me donnez un coup de main, on pourra s’arranger facile (et en disant cela, Vieux Bill chassait l’air avec sa main, comme John Wayne dans Rio Bravo).
Après hochements de tête réciproques, Vieux Bill se leva, attrapa une lanterne de cuivre au mur, l’alluma à une des lampes à pétrole :
– Si vous voulez bien suivre le bagagiste, il va vous montrer vos suites …
Je pris le bras d’Aline façon grand seigneur, Conrad celui d’Eileen, le cortège était constitué :
– Vous remercierez vivement le propriétaire, honorable bagagiste. Vous pouvez larguer les amarres, nous sommes prêts.
Tandis que Vieux Bill et son rond de lumière nous précédaient dans la nuit, Aline me chuchota :
– C’est quand même bien tombé, non ?
– J’ai le génie de l’organisation, répondis-je.
Et la nuit nous picorait le visage de baisers frais.
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.
Le roman, dans l’ordre, est là.