Le Bonheur (I) et quelques réflexions sur les actifs immatériels

Cet été, j’ai lu avec délectation le supplément du Courrier International n° 874-875-876 (2 au 22 août). En une trentaine de pages, il traitait de ce sujet central : « Alors, heureux ? Pourquoi nous sommes obsédés par le bonheur ».
Il s’agit d’une collection d’articles, très souvent passionnants, sur lesquels j’aurais énormément de choses à dire.
Mais une chose à la fois, une idée par thibillet, et que cela soit argumenté et réfléchi, ma crédibilité est en jeu.
Ce soir, c’est Mathieu Ricard qui s’y colle, à tout seigneur tout honneur, je me devais de citer en premier L’homme le plus heureux du monde. Son interview est un modèle de luminosité intelligente, le genre de lecture que l’on devrait se prescrire plusieurs fois par an.
Ce soir, une idée parmi d’autres :

« Dans une société composée à parts égales d’égoïstes et d’altruistes, ces derniers devraient théoriquement être balayés. Mais les altruistes savent coopérer, ce qui leur donne un grand avantage. »
Mathieu Ricard, interviewé par Robert Chalmers, The Independent, repris dans Courrier International, supplément au n° 874-875-876, p. 11.

Ainsi, si l’on se cantone à une mesure factuelle (productivité, gains individuels), on oublie une composante importante. Ou comment la somme de comportements individuellement optimaux ne conduit pas à un optimum global. La confiance, la bonté, la coopération, ne se mesurent pas facilement, en conséquence de quoi ces valeurs sont le plus souvent exclues des mesures statistiques. Cela conduit évidemment à une sous-estimation, et à une incomplétude, de la mesure de la performance et des risques.
Pour paraphraser certaine proposition célèbre en finance, je dirais :
Valeur d’une entreprise = Valeur d’une entreprise sans coopération + valeur actuelle de tous les gains issus de la coopération.
Ce que j’aimerais bien, c’est une mesure raisonnée de la valeur des gains issus de la coopération. Et si ça représentait 50% de la valeur de certaines entreprises ?..
On revient encore une fois à l’opposition « gain à court terme / amélioration à long terme » ou « gains publics / coûts cachés« , mais cette fois, vu du côté de la mesure. Cela permet aussi de mieux comprendre l’engouement des chercheurs, depuis des années, pour les théories des jeux (négociation et coopération) ou la mesure des prétendues synergies lors des fusions. Et, pour sonner plus moderne, l’intérêt des réseaux sociaux de type LinkedIn ou Facebook – même si à mon avis, beaucoup reste à faire.
Le prochain thibillet sur le sujet concernera probablement la carte du bonheur dans le monde, dans Mamz’elle nous donne un avant-goût.

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0 réponse à Le Bonheur (I) et quelques réflexions sur les actifs immatériels

  1. Mamz'elle dit :

    le bonheur à Monop" c’est simple, doc!
    j’ai trouvé au rayon beauté un flacon rose avec écrit dessus " Bonheur en mousse" , la french douch’ quoi!( article en cours)
    ( sans grand rapport avec le trés sérieux thibillet juste parce que je sors de la douche et c’est vous dire combien je suis heureuse à l’idée de votre coopération )

  2. Docthib dit :

    6h45 mazette Mamz’elle, vous avez la douche matinale ! ça doit être un produit magique, votre truc, on fait le même pour les Hommes ?

  3. Alx dit :

    J’ai trouvé récemment un petit livre ("Comment réussir dans un monde d’égoïstes", écrit par Robert Axelrod, chez Odile Jacob poches) qui étudie un peu cela à partir de la théorie jeux (le dilemme du prisonnier itératif). Il vante une stratégie qu’il appelle "donnant-donnant" (c’est une forme de coopération conditionnelle) et qui permet d’obtenir les meilleurs résultats.

  4. Docthib dit :

    J’avais lu aussi (carne de mémoire qui flanche !) une étude comparative entre des étudiants d’école de commerce, et des jeunes banlieusards joueurs de basket. Dans un jeu de paris, les banlieusards jouaient « collectif » et arrivaient à gagner plus… au début. Puis un comportement individualiste s’installait, et ils se mettaient à la même stratégie que les étudiants d’école de commerce. Au final, ils gagnaient moins. « Comment réussir dans un monde d’égoïstes », c’est facile à lire ou c’est fumeux ?

  5. Alx dit :

    "Comment réussir dans un monde d’égoïstes" a un titre racoleur qui ne correspond pas à son sujet réel, bien plus sérieux que le titre : le dilemme du prisonnier itératif. C’est un livre de vulgarisation de la théorie des jeux, facile à lire, du genre de "L’Éventail du vivant" de Stephen Jay Gould (mais un peu moins réussi à mon goût : le début est très intéressant mais, peu à peu, le livre devient moins attrayant).

  6. Docthib dit :

    C’est souvent le cas : on commence en fanfare, et on finit en eau de boudin. C’est pas important, les gens qui achètent des livres ne dépassent pas le premier tiers.

  7. le bonheur c’est le marronnier quatre saisons des libraires, les marketteurs chez Bourgeois ( gentil (sweet) home) eux sont plus pragmatiques! dont acte
    herosduquotidien.viabloga…

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