A Tribute to Elvis

Je suis né dans une génération intermédiaire : la reconstruction après la guerre était faite, et bien faite, le Général tenait les rênes du pouvoir mais, un mois après ma naissance, Mai 68 déferlait (lien de causalité ?), et Nicolas Sarkozy commençait à fulminer. Et puis après, la vague hippie a inondé le monde, mes parents écoutaient « Hair » (en fait non, mais si eux et moi on s’était bien connus, je leur aurais expliqué la Vie, et leur aurais fait découvrir Jesus Christ Superstar, et eux m’auraient parlé de Bob Dylan et Joan Baez).
Quand il était jeune, mais pas si jeune (10 ans ?), mon frère écoutait Elvis Presley et Claude François. Bon, après il a tourné casaque, mais là n’est pas le propos (comme dit Jacques Higelin dans une chanson à redécouvrir absolument, c’est un total monument foutraque, un Terry Gilliam transposé à l’écriture musicale). Donc, mon frère, à l’époque, écoutait du Elvis Presley. On achetait des 33 tours chez le disquaire du coin, qui prenait une marge commack, les grandes surfaces et la globalisation n’existaient pas. Et puis elles sont arrivées (les grandes surfaces et la globalisation) et mon disquaire a disparu. (je me souviens, il jouxtait une boutique de philatéliste. Philatéliste, vous vous rendez compte ? A l’époque, un gars gagnait sa vie avec une enseigne qui vendait des timbres. C’est pas hallucinant, ça ? Pour les jeunes qui me lisent : toute notion de progrès est discutable, et la killer app que vous rêvez de découvrir sera le vieux truc has been de l’avenir, vous aurez l’air de ringards.)

Donc mon frère écoutait du Presley. A l’époque, je me souviens avoir fantasmé sur la couverture des 33 tours, notamment G.I. Blue, c’était super viril, il était en uniforme, et si, à l’époque, un sergent recruteur façon Full Metal Jacket m’avait contacté, moi, à 8 ans, je signais immédiatement.
Donc, on écoutait du Elvis, mon frère et moi, mais on arrivait déjà après la bataille. Le King s’était retiré des medias, et puis avait fait un come-back fracassant en décembre 1968. Ce que mon frère et moi-même écoutions représentait des albums d’avant, avant que le King revienne, en cuir noir, chanter son chant du cygne.
Il n’empêche : je suis en train d’écouter l’album unplugged de Paul Mc Cartney. Mc Cartney, c’est pas n’importe qui, il est à l’origine des plus grandes chansons pop du 20ème siècle (OK, c’était avec Lennon, mais je trouve que Mc Cartney est injustement réduit à un rôle de faire-valoir, tandis que Lennon, tel un Che Guevara revival, est sacralisé).
Mc Cartney est passionnant à entendre, à découvrir. Mais il n’aurait été rien du tout sans Presley. C’est amusant, tout cet enchaînement :

  • Mc Cartney est occulté, prisonnier de l’image défunte de Lennon (le vrai génie des Beatles, disent ceux qui n’ont jamais entendu Good Night) (et là, après quelques minutes de surf, je m’écrase lamentablement : Good Night, que je croyais être composé par Ringo Starr, a été en fait composé par John Lennon pour son fils Julian. Un partout, balle au centre).
  • Mc Cartney, aussi occulté qu’il l’a été (et l’est encore), doit énormément, voire tout, à Elvis Presley.
  • Et qui écoute encore aujourd’hui du Presley ? Qui dit encore « je dois tout au King » ?

Je te remercie, toi qui m’as lu jusqu’au bout, et je te donne quelques petits cadeaux : Elvis, dans son comeback de 1968 (oui, oui ! C’était il y a 39 ans !) chantant Jailhouse Rock (bien sûr que tu connais, il y a eu un film des Blues Brothers quand tu n’étais pas né) et Baby What You Want Me To Do?, par le même, en 1968 (il y a presque 40 ans…).
Et puis Guitar Man, pour finir : l’image n’est pas bonne, mais le son est là.

Un autre jour, tel un vieux grand-père du blues, je vous parlerai de la rencontre entre Eric Clapton et Muddy Waters. Que de l’humilité, puisse celle-ci nous inspirer tous : que de l’humilité…

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