MBTI (Myers Briggs Type Index) – quelques réflexions d'un praticien (très) fraîchement certifié

A l’issue d’un programme de formation chez OPP, je viens d’être certifié aujourd’hui, avec le titre – je crois officiel – de « Praticien Certifié MBTI niveau I ». Les quelques lignes qui suivent sont rédigées pour servir d’aide-mémoire personnel, mais aussi pour donner mon ressenti sur cette formation, à toutes fins utiles.

  • J’avais déjà une certaine connaissance des modèles et théories sous-jacents. Mon premier thibillet sur le MBTI date d’il y a un an, mais cela fait 2-3 ans que je lis et me forme sur le modèle. Plus récemment, j’en ai fait des amusettes bloguesques comme la rubrique Typewatching the stars ou un dazibao enflammé sur les introvertis.
  • Je ne me définis donc pas comme un débutant total : j’abordais ces 5 jours de formation à la certification MBTI avec une détente amusée, parce que j’avais le sentiment que je connaissais, ma foi, 80% du contenu. Or, en fait, malgré ce bagage, j’ai énormément appris, et énormément corrigé ce que je croyais savoir, et qu’en fait, j’avais mal assimilé. J’en retire donc une première idée fondamentale : le MBTI ne peut pas s’apprendre uniquement en lisant un livre (ni même plusieurs livres). Les livres, les discussions avec des coachs, les lectures sur Internet : tout cela est bel et bon pour dégrossir le sujet, mais ça ne suffit pas, et c’est vite dangereux. Je croyais savoir, alors que même sur certains éléments assez basiques, je faisais mal (tout en étant persuadé de maîtriser le modèle).
  • La formation à la certification, et les examens finaux, peuvent apparaître très formels, procéduriers, voire ttillons, mais il faut voir aussi l’environnement dans lequel on baigne : quand on a suivi la formation de façon sérieuse, on ne peut être qu’étonné (pour ne pas dire plus) par tous les à peu près que l’on peut entendre dans les entreprises. Non, l’indicateur MBTI n’est pas un test. Non, on ne peut pas l’utiliser en recrutement, il n’a pas du tout été conçu pour ça. Non, un questionnaire en ligne ne peut pas remplacer un entretien de découverte du type : ce n’est pas seulement incorrect, c’est aussi dangereux. Non, les types de personnalité ne sont pas des stéréotypes, et un extraverti n’est pas forcément quelqu’un qui parle fort. En fait, je trouve que ces fausses images sont tellement implantées dans le milieu professionnel qu’il n’est pas mauvais d’avoir une vraie présentation objective et en profondeur du modèle, de sa genèse, de sa validité statistique et de tous les efforts qui ont été faits pour que ce modèle soit correctement construit. Et j’ai pu mesurer combien il était facile de revenir à la pente facile, celle des raccourcis, des stéréotypes et des facilités que l’on prend avec le modèle, même quand on est certifié ou en passe de l’être.
  • Enfin, sur une note plus positive, c’est un vrai plaisir de partager avec des personnes passionnées, qui voient les différences de manière positive. Quand je regarde ma conception du modèle – et ce que je croyais en savoir et comment je l’appliquais – avant la formation, puis que je compare avec aujourd’hui, j’en rougis rétrospectivement. C’est si amusant de jouer à l’apprenti sorcier. Mais je viens de découvrir que « apprenti » et « sorcier » sont deux mots qui ne vont pas bien ensemble…

Je vais maintenant souffler un peu, et laisser décanter toutes ces connaissances, ou pour reprendre les termes de ma formatrice, je vais « nourrir ma Dominante » 🙂

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Caillou – Sculpture

Le mur écaillé
A côté du tableau de maître.
La beauté n’est pas où l’on croit.

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Propos d'un économiste sur la finance… et quelques propositions sur la crise de la dette

Période de rentrée oblige, j’ai pris du retard dans mes lectures. Je découvre donc seulement aujourd’hui un entretien dans Télérama du 10 au 16septembre. Il s’agit d’un entretien avec l’économiste Yann Moulier Boutang. Disons-le tout net : j’ai des préjugés. Quand j’entends parler d’un économiste nourri d’idées d’extrême gauche, et essayiste, je me dis « brrrr, aussi brillant soit-il, il va encore nous sortir le coup du grand méchant capital ». (NB pour les fous furieux : je n’exprime jamais ma couleur politique en public, c’est une affaire privée entre l’isoloir et moi. Mais j’ai du mal avec les extrêmes, car ce sont des endroits où l’on ne cultive pas le doute.)
Je me disais donc « aïe aïe aïe, que va-t-il dire, ce Yann Moulier Boutang ? »
Et puis j’ai lu. Et je me suis dit « c’est intelligent ce qu’il dit ». Puis j’ai compris que ce que je taxais d’intelligence de sa part était en fait assez égocentré : il pense comme moi, donc il est intelligent. Un peu pauvre comme appréciation.
En fait, cet homme dit des choses que j’aurais pu dire, que j’ai dites (mais lui les dit mieux, de manière bien plus synthétique), et auxquelles je crois profondément. Par exemple, à propos de la finance :

« J’aimerais que l’on comprenne que ce n’est pas la finance en elle-même qui est scandaleuse, mais un certain nombre de pratiques que l’on peut combattre par des stratégies intelligentes » (Yann Moulier Boutang, entretien à Télérama, 10-16 septembre 2011, p. 14).

ou bien

« [la finance est indispensable, car] Elle détermine le prix immédiat de la valeur du futur. C’est une opération fondamentale, sans laquelle les projets ne peuvent se faire. » (ibid.)

Au sujet des mutations économiques, Yann Moulier Boutang pense que les banques sont passéistes, le symbole d’un siècle passé, tant

« ce qui a de la valeur désormais, ce sont les opérations d’interaction complexe entre les gens, l’intelligence, la capacité à réagir, à créer des éléments de coopération et de confiance » (id. p. 16).

Au sujet de l’endettement :

« Quel était en 1945 le taux d’endettement des États-Unis, puissance qui allait tirer pendant trente ans la croissance mondiale ? Entre 250 et 300% du PIB. Donc il faut arrêter d’avoir ces réflexes stupides » (ibid.)

Et enfin, les éléments de réforme évoqués, dans l’air du temps certes, mais avec une dimension qui transcende – enfin- les frontières :

« alors qu’on évalue la richesse productive quotidienne à 150 milliards, il y a dans le même temps 1 500 milliards de transactions financières destinées à se protéger des variations des taux de change, et 3 700 milliards en échanges de produits dérivés [… il faudrait] taxer toutes les transactions financières ! Plutôt que de débattre d’un niveau d’impôt applicable à ces 150 milliards, on prélèverait 2% sur toutes les transactions, du retrait par carte bancaire à l’achat d’actions ». (ibid.)

Comment ?

« commençons par l’Europe ! Nous ne nous en sortirons qu’avec une vision fédérale. Dotons-nous enfin d’un vrai budget européen, donnons-nous la possibilité de faire du déficit pour lancer des plans d’équipement écologiques, par des emprunts, libellés en euros, monnaie qui bénéficie du triple A » (id. p. 20).

Et enfin, deux idées qui concluent l’article. La première est optimiste, donc je l’aime bien.

« Quand une utopie [cette taxe] est reprise par des tas d’hommes politiques y compris des ministres de l’Économie et des Finances, j’ai tendance à penser qu’on est sorti du domaine de l’utopie, qui d’ailleurs est une chose noble car elle prépare les réalités de demain. » (ibid.)

La deuxième est pragmatique :

« Prenons la dette japonaise : 200% du PIB d’endettement. Aucune agence de notation n’a déclassé le Japon, parce que la dette du Japon est détenue à 95% par les ménages japonais. Si un emprunt européen était fait à la hauteur de la richesse de l’Europe, autour de 700 milliards d’euros, si l’affectation de cet emprunt était connue à l’avance, je ne doute pas que l’investissement populaire sera là ». (ibid.)

Et à ce sujet, en guise de conclusion, j’ai vu aujourd’hui une nouvelle grce à l’excellent journal électronique ESCP Europe community : un groupe d’étudiants d’ESCP Europe a établi, dans le cadre d’un cours, la compensation des dettes d’État en Europe. Le résultat est là, et je vous en livre la primeur : étant donné que les États européens sont endettés, certes, mais détiennent des emprunts de leurs voisins européens – qui eux-mêmes sont endettés vis-à-vis des premiers, que se passerait-il si l’on pratiquait une compensation des emprunts (tu me dois 30, je te dois 20, donc tu ne me dois plus que 10 et je ne te dois rien) ? Réponse : les pays européens cités pourraient réduire leur dette de 64%…
Si ça, ce n’est pas une incitation au fédéralisme européen…
Bref, je commande dès ce soir le livre de Yann Moulier Boutang, L’Abeille et l’Économiste, éd. Carnet Nord, 2010, 256 p.

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2ème Interview sur CCTV – Dégradation de la note des banques et impact sur la zone Euro

Après l’interview du mois dernier, la chaine chinoise CCTV m’a interviewé à nouveau (reportage diffusé samedi et grce à Olivier D., le fichier MP4 de l’interview est accessible ici). Deux rapports d’étonnement, l’un structurel et l’autre plus conjoncturel.

  • étonnement récurrent : je suis – comme toujours – étonné par le contraste entre ce que j’ai pu dire et ce qui a été cité. Il faut dire aussi que, ne maîtrisant pas le chinois, je ne peux savoir ce qui est dit pendant que de belles images d’enseignes bancaires apparaissent.
  • étonnement ponctuel : c’est la deuxième fois que cette journaliste chinoise m’interroge sur « est-ce que la zone Euro va survivre ? » Il y a une vraie inquiétude, et un vrai scénario catastrophe, chez nos amis d’extrême-orient… (cf. la liste des questions posées ci-dessous).
  • Pourquoi Moody’s a-t-il dégradé la Société générale et le Crédit Agricole?
  • Est-ce qu’il va encore dégrader la BNP Paribas dans un proche avenir?
  • Et les autres banques françaises risquent-elles également la dégradation?
  • Quelles sont les conséquences de la dégradation? Est-ce qu‘elle aurait des impacts sur l’économie française ou même sur l’économie européenne? Et la dégradation signifie-t-elle que la France est déjà dans le tourbillon de la crise de la dette?
  • Et comment la France doit-elle faire pour résoudre les problèmes?
  • Maintenant, est-ce que vous avez changé votre opinion sur l’avenir de la zone Europe?
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Le parisien est aveugle aux autres

Je viens de guider un aveugle dans la cohue des escaliers et des couloirs de Saint Lazare.
P*** de ville et p*** d’état d’esprit qui m’ont fait hésiter à l’aider, avant qu’un minimum de bon sens, et un minimorum d’humanité, ne m’aident à prendre la bonne décision. Je ne savais même pas que dans cette gare, il y avait un Accueil qui a l’habitude d’aider ces personnes. Il aura son train, et je n’ai même pas raté le mien. P*** d’état d’esprit.

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Ubuntu – Sloumer

Sloumer : v. i. Se déplacer pour avoir un joli visage en vision directe.
Par extension : bisloumer, utiliser le reflet de la vitre pour regarder un visage sans être remarqué.

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Reprise de la course à pied et courses prévues

Depuis la fin de 5 marathons sur 5 campus (le dernier a été le Marathon de Paris, avril 2010), j’ai presque totalement arrêté de courir. Les courses que j’ai faites (Marathon de Dublin, octobre 2010, Saintélyon en relais, décembre 2010) ont été mal préparées, et j’ai souffert sur les 10 derniers kilomètres de chacune. Il était donc temps de reprendre tout cela en main.
Deux semaines de Corse ont donné 6 entraînements : 10 km, 10 km, 20 km, 10 km, 10 km, 20 km, puis un nouvel arrêt, jusqu’à avant-hier (10 km avant-hier, 12 km ce soir).

Le programme des courses prévues est le suivant :

  • Le Marathon de Vannes (15 octobre 2011). Eh oui, j’avais dit que j’arrêtais à 10 marathons, eh bien ce sera le onzième… sans préjuger d’une quelconque suite. Mais cela sera bienvenu comme « sortie longue » avant… :
  • La Saintélyon (décembre 2011), 68 km de route et chemins entre minuit et… 10h du matin (?), départ à la lampe frontale avec couverture de survie au cas où, bref, l’Aventure. (Malgré mon très mauvais souvenir, et mon intention de ne plus jamais approcher ce parcours).
  • Mon premier triathlon l’été prochain ? Le Tri d’Annecy ? Histoire de (1) rentabiliser mes cours de natation et (2) passer à autre chose que des marathons ou des 20 km.

Compte-tenu des échéances (notamment le Marathon de Vannes, dans 1,5 mois), j’ai intérêt à cler mon agenda selon les principes de la Stratégie du Dressing (the Stack Strategy) 🙂

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Pastel – Rivière sur la route de Bavella

Le genre de dessin à poster un jour de pluie parisienne…

avec la bande-son :

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Retour sur les CDS (Credit default swaps)

Suite au thibillet d’avant-hier, Fernand a fourni un tableau en commentaire. Il s’agit de la cotation des CDS (Credit default swaps) sur les différentes banques et gouvernements, comparée à leur notation de solvabilité annoncée par Standards and Poors. Ce tableau étant peu lisible en commentaire, je l’ai remis en forme et le fournis ici. (il faut descendre dans la page…)

Issuer Name S&P CDS Country
Germany AAA 83,69 DE
France AAA 158,42 FR
United-Kingdom AAA 84,21 GB
USA AA+ 47,94 US
BNP-Paribas AA 231,56 FR
HSBC AA 121,58 GB
Royal-Bank-of-Canada AA- 59,96 CA
Toronto-Dominion-Bank AA- 64,93 CA
Barclays AA- 261,11 GB
Japan AA- 111,88 JP
Deutsche-Bank A+ 189,72 DE
DZ-Bank A+ 123,84 DE
Credit-Mutuel A+ 245,9 FR
Credit-Agricole-Corporate-and-Investment-Bank A+ 238,22 FR
Credit-Agricole A+ 244,36 FR
LCL A+ 245 FR
Natixis A+ 227,29 FR
Societe-Generale A+ 319,02 FR
Bank-of-Scotland A+ 235,5 GB
Barclays A+ 256,01 GB
Lloyds A+ 326,84 GB
Royal-Bank-of-Scotland A+ 349,76 GB
Intesa-Sanpaolo A+ 329,66 IT
Mediobanca A+ 307,41 IT
Italy A+ 373,88 IT
Bank-of-Tokyo-Mitsubishi A+ 174,41 JP
Bank-of-America A+ 381,07 US
U.S.-Bancorp A+ 84,83 US
Commerzbank A 271,47 DE
Deutsche-Postbank A 123,86 DE
Standard-Chartered A 149,89 GB
UniCredit A 370,55 IT
Bank-of-America-Corporation A 379,68 US
Citigroup A 235,34 US
Goldman-Sachs A 244,71 US
Morgan-Stanley A 309,58 US
Norddeutsche-Landesbank-Girozentrale A- 193,83 DE
Banca-Monte-dei-Paschi-di-Siena A- 417,38 IT
Banca-Popolare-di-Milano A- 489,26 IT
Banco-Popolare-Societa-Cooperativa A- 650,38 IT
WestLB BBB+ 379,78 DE


Pour les non familiers des CDS, leur cotation indique le prix que le marché est actuellement prêt à les payer, qui est lié à l’estimation du risque de faillite (plus le CDS est cher, plus les investisseurs parient (littéralement) sur la faillite.

Si l’on prend comme hypothèse que les notes de Standards and Poors sont raisonnablement correctes, on constate des divergences de prix étonnantes : certains actifs sont estimés par le marché comme étant beaucoup plus proches de la faillite que d’autres. Pour simplifier les comparaison, j’ai fait deux classements : par note décroissante (de AAA à BBB+), c’est le tableau à gauche, puis par prix de CDS croissant (de celui le moins cher, donc moindre probabilité de faillite estimée par le marché, jusqu’au plus cher). Cf. ci-dessous.


Voici maintenant le tableau classé par prix de CDS croissant : les États (ou banques) considérés comme étant peu en risque de défaut sont en haut, les autres en bas.

Issuer Name S&P CDS Country
USA AA+ 47,94 US
Royal-Bank-of-Canada AA- 59,96 CA
Toronto-Dominion-Bank AA- 64,93 CA
Germany AAA 83,69 DE
United-Kingdom AAA 84,21 GB
U.S.-Bancorp A+ 84,83 US
Japan AA- 111,88 JP
HSBC AA 121,58 GB
DZ-Bank A+ 123,84 DE
Deutsche-Postbank A 123,86 DE
Standard-Chartered A 149,89 GB
France AAA 158,42 FR
Bank-of-Tokyo-Mitsubishi A+ 174,41 JP
Deutsche-Bank A+ 189,72 DE
Norddeutsche-Landesbank-Girozentrale A- 193,83 DE
Natixis A+ 227,29 FR
BNP-Paribas AA 231,56 FR
Citigroup A 235,34 US
Bank-of-Scotland A+ 235,5 GB
Credit-Agricole-Corporate-and-Investment-Bank A+ 238,22 FR
Credit-Agricole A+ 244,36 FR
Goldman-Sachs A 244,71 US
LCL A+ 245 FR
Credit-Mutuel A+ 245,9 FR
Barclays A+ 256,01 GB
Barclays AA- 261,11 GB
Commerzbank A 271,47 DE
Mediobanca A+ 307,41 IT
Morgan-Stanley A 309,58 US
Societe-Generale A+ 319,02 FR
Lloyds A+ 326,84 GB
Intesa-Sanpaolo A+ 329,66 IT
Royal-Bank-of-Scotland A+ 349,76 GB
UniCredit A 370,55 IT
Italy A+ 373,88 IT
Bank-of-America-Corporation A 379,68 US
WestLB BBB+ 379,78 DE
Bank-of-America A+ 381,07 US
Banca-Monte-dei-Paschi-di-Siena A- 417,38 IT
Banca-Popolare-di-Milano A- 489,26 IT
Banco-Popolare-Societa-Cooperativa A- 650,38 IT

Je cite Fernand « Sans surprise, le CDS des USA côte le tiers de celui de la France, malgré un AA+ contre un AAA. Et, il représente environ la moitié de celui de l’Allemagne. Le marché est donc indifférent aux états d’âme de S&P, et se demande pourquoi la France est encore AAA. Par ailleurs, le CDS du japon (AA-) reste nettement inférieur à celui de la France.

Même le CDS de Standard Chartered (A) est inférieur à celui de l’Etat français. Là, on peut se poser des questions sur le raisonnement du marché. A titre personnel, je pense encore qu’il y a bien moins de risque que l’Etat français soit en cessation de paiement que StandChart ne fasse faillite.

Autre incohérence, plus facile à appréhender au niveau national : le CDS de Natixis est légèrement inférieur à celui de CA SA, et même à celui de BNP Paribas. La différence n’est pas bien grande, mais il est de notoriété publique que Natixis a été en quasi faillite et est perfusé par BPCE. Dans le cas présent, le marché anticipe probablement que le fonctionnement du système bancaire français est conçu de telle façon que Natixis ne pourra pas faire faillite, quitte à appeler l’Etat ou les autres banques françaises à son secours. Curieusement, dans le cas présent, S&P et le marché sont d’accord.

Bon, je ne vais pas vous commenter toute la liste, je vous laisse regarder et relever vous-mêmes les écarts qui peuvent vous surprendre. »


Une belle illustration de la prétendue rationalité des marchés en ces temps troublés. Tiens, en parlant de ça, comme je le pensais, l’action Apple a bien ouvert en baisse : -2% à cette heure… Cela dit, la perte est faible, le marché digère bien l’information.

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Est-ce que la démission de Steve Jobs va faire baisser le cours d'Apple ?

(Avertissement : ceci n’est pas un conseil boursier, c’est une opinion ouverte pour discussion. Chacun doit être responsable de ses actes. Alors ne venez pas pleurer après, si jamais vous avez fait des moins-values, ou raté des plus-values).

Apple est typiquement la glamour stock. On aime, on déteste, mais beaucoup d’investisseurs achètent plus la valeur sur la foi de convictions que sur un calcul rigoureux de cash-flows prévisionnels. En gros, Apple, ils y croient (« Non mais t’as vu le succès de l’iPad !! ») ou ils n’y croient pas (« C’est complètement surévalué, c’est Steve Jobs qui fait tout »).

Cette annonce nous donne donc, en live, un petit cas d’école. Les marchés américains ouvrent à nouveau demain, aussi vous aurez la matinée pour méditer sur « vais-je acheter de l’Apple ou pas ».

Voici mes opinions :

  • Apple est un très belle machine à cash. Non seulement ils arrivent à vendre leurs produits avec des marges indécentes, mais leur concept de magasin en ligne (iTunes store, Mac App store) a été littéralement dopé par leurs produits mobiles : iPod puis iPhone et maintenant iPad. Cela a commencé avec la musique, et continué avec les applications (Angry Birds, ça vous parle ?) Avant Apple, personne n’aurait eu l’idée d’acheter des applis pour 1 € pièce en ligne (je ne compte pas les geeks barbus au fond de la classe). Et encore aujourd’hui, Apple est loin devant en termes de nombre d’applis et de qualité de l’offre en ligne.
  • La valeur intrinsèque de Steve Jobs est positive, il a contribué et contribue toujours au cours boursier d’Apple : conférencier charismatique (ou vendeur qui arriverait à vendre de la neige à des eskimos, suivant que vous êtes pro-Jobs ou anti-Jobs), il a une réputation de perfectionniste pénible au sein de son groupe. Il est quand même un des rares personnages cités dans le livre Objectif zéro sale con (the asshole rule), au sein du chapitre « Les sales cons ont aussi leurs vertus ». Car ce perfectionnisme extrémiste (je vous renvoie au livre et à ses anecdotes) conduit à des employés qui disent « je n’ai jamais aussi bien travaillé que sous ses ordres« . (Steve Jobs le définit lui même, en répondant à la question « que ferait Apple sans vous »)
  • Ceci n’est pas un thibillet hagiographique à la gloire de Steve Jobs. La question est sur la réplicabilité de l’homme : est-il irremplaçable, et à ce titre, un actif unique qu’Apple est en train de perdre ? Ma réponse en deux temps. La première réponse, évidente, est qu’un groupe comme Apple compte plus de 46 000 employés, et que Steve Jobs n’est ni designer ni ingénieur, bref, il reste du monde aux manettes, de la conception à la production. La deuxième réponse, c’est que si Steve Jobs est effectivement le perfectionniste extrêmiste qui nous est présenté, un homme qui « a une très haute opinion de ses qualités et une grande exigence, pour lui-même comme pour les autres » (ibid.), à votre avis, lequel de ces deux scénarios s’est produit dans les dernières années :
    • Scénario 1 : « Moi, Steve Jobs, je crois beaucoup à la complémentarité, car j’ai les défauts de mes qualités. Je vais donc faire attention à recruter des cadres qui me soient complémentaires, et je vais les écouter ».
    • Scénario 2 : « Il n’y qu’une seule manière de faire, la mienne, je vais donc recruter des clones de moi-même (en moins bien, évidemment) pour continuer ce business et alléger un peu mes épaules amaigries. Mais je reste vigilant ! »
  • A votre avis, quel scénario est le plus probable. Je dirais 2. Apple compte donc aujourd’hui probablement une dizaine de cadres dirigeants « à la Steve-Jobs », et le successeur annoncé, Tim Cook, n’est pas vraiment une surprise.

Mon pari (et ça m’amusera de le gagner autant que de le perdre) : l’action Apple va baisser à la suite de cette nouvelle (7% me paraît un bon chiffre symbolique en effet) mais cette baisse sera de courte durée : quelques jours, peut-être plus à cause de ces marchés turbulents. Et puis le cours remontera à ses anciens niveaux, ou plus haut. (Rappel : Steve Jobs reste au conseil d’administration).

[edit du lendemain] J’avais globalement tort, par excès de pessimisme sur mes frères humains. La veille de l’annonce, le cours avait ouvert à 373,47 et cloturé à 376,18. Puis était venue l’annonce, et sur le marché parallèle, l’action avait enregistré une baisse de 5% à 7%. Le lendemain de l’annonce, le cours a ouvert à 365,08 (suite aux ordres constatés pendant la 1/2h de la pré-ouverture du marché). Après 1h de volatilité très limitée (368-372) le cours a monté progressivement pour atteindre 373,72 en cloture. Contre 373,47, la veille, avant l’annonce. Donc le marché a totalement intégré la nouvelle, sans variation notable. Je me cite « Mon pari […] : l’action Apple va baisser à la suite de cette nouvelle […] mais cette baisse sera de courte durée […]. Et puis le cours remontera à ses anciens niveaux, ou plus haut. » J’ai eu raison sur la tendance, mais pas sur les ordres de grandeur : la baisse a été uniquement de 2% (au lieu de 7%), et pendant quelques heures (au lieu de « quelques jours peut-être plus »). Cet exemple ne peut servir à établir une généralisation, mais je le retiendrai comme exemple de communication financière bien maîtrisée. [fin d’edit]

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