Réforme de l’orthographe – One step beyond

Donc, la réforme de l’orthographe supprime des lettres des mots (et ceux qui en sont pas d’accord peuvent se le carrer dans l’ognon) et des accents circonflexes.

Mais il faut le dire haut et fort : la réforme est timide, tiède, elle ne va pas assez loin. Quand on réforme, il faut avoir le courage de ses opignons, pour faire un truc vraiment aux petits ognons.

Donc voici quelques propozicions pour aller plus loin. N’hésitez pas à rajouter vos simplificacions en comentair.

Avant réforme Après réforme Mais allons plus loin et proposons
bientôt bientot bien tot (ex : je viens bien tot)
blême bleme blem’ (ex : c’est lui, le blem’ !)
châtiment chatiment chat piment (vous allez voir, si ça ne châtie pas un chat, de lui charrier du piment, c’est un vrai châtiment)
chômage  chomage  chaud mage (ex : ouah, il est trop fort, ce chaud mage, je l’avais pas calculé !) (cf. réforme du calcul, à venir)
contrôle controle troll (parce que « con troll », c’est un pléonasme)
gâteau gateau gato (cf. chat piment espagnol)
geôle  geole jol (ex : quelle jolie jol enjolivée, Jo !)
hâte hate hat (ex : il était tellement en hat qu’il en oubliait d’enlever son chapeau)
impôt impot un pot (le truc qu’on boit jusqu’à la lie)
pêche peche pecho (ex : question à poser en retour de soirée : « tu as fait bonne pecho ? »)
poêle poele poil (ex : viens te réchauffer auprès de mon poil)
relâche relache lache (un lache ne devient jamais courageux, donc il reste lache, alors relache, c’est un pléonasme)
rêve reve rave (ex : qu’est-ce que j’ai plané dans c’te rave !)
salpêtre salpetre truc
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It’s that time of the year again :-(

Est-ce que c’est moi, ou j’ai certaines copies qui sont vraiment illisibles ?

Is it me or do I really have some indecipherable writings ?

CopieA

CopieC

CopieB

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Pensées de lumbago

Life can be a pain sometimes !En 48h de repos forcé, j’ai le temps de réfléchir aux conséquences du lumbago.

  • Le premier avantage, c’est qu’avec un lumbago, on marche exactement comme C3-PO. Exactement. C’est merveilleux.
  • Le deuxième avantage, c’est que cela conduit à une grande inventivité dans les gestes de la vie courante. Enfiler ses chaussettes, c’est trivial en temps normal, on n’y pense même pas. Mais la combinatoire lumbago + chaussettes devient comme un jeu à la Perec : il y a une contrainte, mais on sait (on sent, plutôt) que ce n’est pas impossible, qu’il doit y avoir une solution. Cela dit, il vaut mieux le faire en ayant du temps, et sans que personne ne soit présent…
  • Le troisième avantage, c’est ce côté fataliste auquel on est forcé de se plier : tout est suspendu, on ne sait pas si on va pouvoir honorer ses rendez-vous. Dans mon cas, les 6h de cours demain (+1h30 de transport) vont être une expérience intéressante de lâcher-prise… 🙂

Et bonne année, hein, et la santé avant tout, hein…

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Ubuntu – Musiconnexer

Musiconnexer : v. i. Des années après, apprendre enfin quelle était cette musique entendue dans un film ou une émission.

Par extension : sur FIP, aller consulter le site pour savoir ce qui se joue en ce moment (dans cette acception, « musiconnexer » est une forme désuète du verbe actuel « Shazamer »)

Musideconnexion : n. f. Sentiment bizarre que l’on éprouve en se disant que « ce truc que j’ai entendu pendant des années dans cette émission / ce film, c’est en fait une œuvre, et peut-être que le compositeur se retourne dans sa tombe d’être associé à ce nanar ».

Quelques exemples de mes musiconnexions personnelles :

  • Celle qui vient d’inspirer ce Ubuntu : dans L’incorrigible (avec Jean-Paul Belmondo, Julien Guiomar et l’éternellement belle Geneviève Bujold), c’est un air d’opéra qui fait tomber Julien Guiomar de son escabeau pendant leur cambriolage de pieds nickelés. Et cet air, je musiconnexe ce matin, c’est Vesti la giubba, dans Paillasse. Et ma foi, je musidéconnexe aussi, parce que pour moi, dès que je l’ai entendu, c’était « l’air d »opéra gueulant qui fait tomber le gars de son escabeau » 🙂
  • Pendant des années de ma jeunesse, j’ai été abreuvé aux Grosses Têtes, essentiellement sur des trajets de vacances en voiture, et je n’ai appris qu’assez récemment (i.e. dans les dix dernières années) que la musique des grosses têtes, c’était la B.O. de Rocky (Gonna fly now). Une écoute intensive de cette B.O. pendant mes entraînements de marathon m’a permis de me soigner, et je ne musidéconnexe plus sur ce morceau.
  • Idem pour la musique de l’émission « L’heure de vérité » : à l’époque, ça m’évoquait une émission politique avec des journalistes chiants, mais une écoute intensive des B.O. de James Bond (et de la musique de Wings) m’a permis finalement de quitter cette musideconnexion, merci à Paul McCartney pour le thème de Live and let die.
  • Plus subtil : qui saurait dire d’où venait la musique de l’émission « Les dossiers de l’écran » ? Ce sifflement de violon assez angoissant ? Réponse en fin de ce message*.

La musidéconnexion a un autre avatar : c’est quand elle déclenche un conflit des générations. Pour ma progéniture, cette musique, c’est Chimpanzés de l’espace, et je passe pour un vieux crouton à leur parler d’Axel Fowley et d’Eddie Murphy

*La réponse, qui correspond à une musiconnexion personnelle : il y a un peu plus d’un an, sur un vol Paris-Boston, j’ai opté pour un vieux film de référence. J’avais trouvé le livre de Kessel extrêmement bien écrit, d’une écriture sèche comme les faits racontés, et je me disais que Melville à la réalisation, Lino Ventura au rôle principal et Simone Signoret à ses côtés, ça ne pouvait être qu’une valeur sûre. L’armée des ombres, de Jean-Pierre Melville, dans lequel cette musique obsédante apparaît quelques poignées de secondes, à un moment particulièrement dramatique… Superbe musiconnexion, pour un très beau film sur la Résistance en France.

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Le réflexe dévissage

Je suis en train de corriger des copies d’examen, en utilisant un stylo rouge (comme la couleur du sang, de la sueur et des larmes)(oui, les larmes de Le Chiffre sont rouge sang, c’est bien la preuve).

Et j’en viens à contempler mon stylo (cf. Exhibit #7), qui est sur la fin de sa vie. pilot_rougeTous les autres stylos de ce type, quand ils arrivaient en fin de vie, je les jetais (enfin, s’ils ne s’échappaient pas avant). Mais cette fois-ci, j’ai eu une idée : j’ai essayé de dévisser le stylo. Bien m’en a pris : il est conçu pour se dévisser, et ô surprise, dedans, il y a une « cartouche » d’encre (cf. Exhibit #12). recharge_rougeCertes, cette cartouche d’encre est sur la fin de sa vie, mais elle est parfaitement remplaçable, il suffit de chercher en ligne, et hop, voilà.

Deux arguments pour « le geste dévissage » :

– argument durable : cela évite de jeter un stylo entier, donc économie sur recyclage et polluage

– argument économique : racheter un stylo coûte 1,91€ (par 12), racheter une cartouche coûte 1,48€ (par 12)

Du coup, emporté par ma découverte, j’avise un autre stylo apparemment jetable (cf. Exhibit #1). pilot_bleu Et là, miracle, il se dévisse aussi, et fait apparaître une cartouche.

Donc faites comme moi désormais, ayez le réflexe dévissage. Et si ça fait partie des fournitures de votre entreprise, essayez de convaincre le responsable des achats de commander des cartouches plutôt que des nouveaux stylos…

Et je retourne à mes copies d’examen.

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Pourquoi n’y a-t-il pas de daech chrétien ?

(Ce thibillet est le 3ème d’une série de 4 qui m’ont été inspirés par les événements tragiques de la semaine du 11 janvier – je ne l’ai pas posté à l’époque et hélas, il est plus que jamais d’actualité)

Derrière la question un peu simpliste du titre, il y a une interrogation personnelle : pourquoi les attentats des 15 dernières années se réclament-ils tous, ou quasiment tous, d’un Islam radical ? Pourquoi n’y a-t-il pas des terroristes se réclamant d’un christianisme intégriste, ou des juifs terroristes commettant et revendiquant leurs actes au nom (de leur vision) de la religion juive ? En cherchant, je suis sûr qu’on pourra trouver des exemples, mais la question demeure : pourquoi l’islam est la religion – et la raison invoquée – de la majorité des terroristes ?

On peut incriminer la religion, ou des facteurs extérieurs à la religion. Allons-y ensemble.

Est-ce que les écrits de l’islam sont plus violents – ou incitent à plus de violence – que la Bible ou le Talmud* ?

Il ne me semble pas. Chaque religion, dans son livre, a des passages qui incitent à la violence, et d’autres passages qui incitent à la paix. Pour la Bible, par exemple, on peut voir une distinction entre l’ancien testament, où Dieu apparaît souvent comme un dieu de colère, et le nouveau testament, où Jésus prône un message d’amour. Or, l’interprétation qui est faite des textes varie suivant les époques. Par exemple, à une certaine époque, l’église catholique, avec sa mission évangélisatrice et son Inquisition, a conduit à des massacres, voire des génocides, tout cela au nom d’une certaine interprétation des textes. La question devient alors : qu’est-ce qui fait qu’un texte immuable (si l’on met de côté le problème des traductions, ce qui est aussi une vraie question) peut être interprété différemment suivant les époques ?

Prenons un exemple qui m’est familier : le prêt d’argent avec intérêt. Dans la Bible, il est interdit de pratiquer un taux d’intérêt, et c’est mentionné au moins 3 fois (Ezechiel 18:8, Lévitique 22:25, Deutéronome 23:19 et suivant, et on en retrouve des mentions dans le nouveau testament). Mais l’interprétation qui en est faite depuis plusieurs siècles permet à tout chrétien de pratiquer le taux d’intérêt. De même, dans le Talmud, le prêt à intérêt est interdit à au moins 3 endroits (Chémot 22, Vayikra 25, Dévarim 23). Or, depuis des siècles, les juifs se prêtent à intérêt, même entre coreligionnaires. Sur ce thème, le Coran donne la même consigne (ne pas prêter à intérêt, 2ème sourate, verset 275), mais elle s’illustre par une pratique beaucoup plus stricte : l’interdiction de prêter à intérêt est réellement appliquée, à tel point qu’a été créée une finance islamique, c’est-à-dire une finance particulière qui tient compte de ces contraintes des textes sacrés. En résumé grossier, les 3 textes sacrés donnent la même injonction, mais les 3 religions n’appliquent pas cette injonction de la même manière aujourd’hui.

Venons-en à la violence.

Les écrits religieux, quels qu’ils soient, alternent les recommandations à la paix, et les exhortations à la violence. La première question est simple : le Coran est-il plus violent que les deux autres livres sacrés ? À ma connaissance, la réponse est non. L’ancien testament ou encore la bible hébraïque contiennent quantité d’exhortations à la violence, et si l’on raisonne en terme de « quantité », le Coran n’a pas « plus » d’écrits incitant à la violence que les autres livres. Mais il peut être intéressant d’adopter une approche chronologique. L’ancien testament, ou la bible hébraïque, sont le fruit de siècles de création et de transmission, tandis que le Coran en tant que livre* s’étend sur la fin de la vie du prophète, soit un peu plus de 20 ans. Il y a donc un temps de production long pour les bibles, et beaucoup plus raccourci pour le Coran. Néanmoins, dans les deux cas, les exégètes reconnaissent une évolution dans les textes. Les textes les plus anciens de la tradition chrétienne et juive sont plus violents, les textes les plus récents dans la chronologie sont plus modérés. Dans le Coran, c’est l’inverse : les sourates de Médine (celles de la fin de la vie du prophète) sont plus dures vis-à-vis des infidèles que les sourates de la Mecque (début de la révélation par Mahomet).

L’évolution de la violence dans les textes sacrés, quelques idées

Chez les chrétiens et les juifs, le fort étalement dans le temps des écrits permet de présupposer que les textes se sont peu à peu adaptés à des conditions de sociétés qui changeaient. L’ancien testament aurait été rédigé entre le VIIIème siècle et le IIème siècle avant JC, soit une période de 6 siècles ! Et encore, on parle ici de rédaction, on peut supposer qu’il y a eu une production et une transmission orale auparavant… sur combien de temps ? Aussi, aux premiers temps de la production des textes, on peut imaginer des contraintes qui se sont peu à peu allégées, et qui ont été remplacées par d’autres contraintes au fil du temps.

Par exemple, dans les premiers temps, il s’agit d’imposer un seul dieu, là où les traditions reconnaissaient et pratiquaient des dieux. Donc, pourquoi pas un dieu terrifiant, qui impose sa loi et punit les incroyants.

Il y a aussi, aux premiers temps, des questions de survie : survie du groupe en tant que groupe (lois, traditions, interdits, culture et mythes fondateurs), et survie face à d’autres groupes (esclavage, guerres, mais aussi culture dominante vs. culture minoritaire). Les textes anciens reflètent probablement ces priorités. Puis, quand la religion commence à être établie, les problèmes deviennent autres, ils se déplacent, et les textes plus récents traitent de cette évolution. Ça ne me semble donc pas aberrant de voir que la violence des premiers textes (quand il s’agit de survie, non seulement de la religion en tant que telle, mais aussi des pratiquants de cette religion) évolue, dans les textes produits des siècles après, en des considérations plus pragmatiques, et plus modérées : il ne s’agit plus d’imposer une religion, mais de vivre harmonieusement au sein d’une religion. Et par exemple dans la religion chrétienne, Jésus est un grand modérateur : il prône l’amour du prochain, il condamne la lapidation, bref, il « réécrit » les textes anciens avec une nouvelle interprétation, non seulement plus modérée, mais aussi, semble-t-il, plus adaptée aux conditions temporelles du moment (le nouveau testament dans sa production écrite date du Ier siècle après JC, soit 2-3 siècles après la fin de la production de l’ancien testament).

Qu’en est-il du Coran ? Étalé sur une période de production plus limitée, il est révélé et transmis par Mahomet sur une période d’une vingtaine d’années, au VIIème siècle, et sa transcription écrite / sa compilation datent de ce même siècle. Si l’on adopte ici aussi une approche chronologique, on distingue les sourates de la Mecque (avant l’Hégire, donc avant que Mahomet ne devienne un chef politique) et les sourates de Médine (après l’Hégire). Les sourates de la première catégorie sont (j’utilise mes propres mots) plus religieuses, inspirationnelles, synthétiques sur cette religion. Dans l’expression « l’esprit et la lettre », on serait plutôt du côté de « l’esprit ». Les sourates de la seconde partie sont plutôt pragmatiques, précisées, codifiées. On serait plutôt du côté de « la lettre ».

Cette distinction entre les deux périodes, reconnue par les exégètes, conduit à des questionnements de la part des fidèles : quand on constate des contradictions apparentes entre différents textes du Coran (y compris dans leur interprétation), si l’on doit choisir, doit-on se conformer plus à l’esprit ou à la lettre ? La question n’est visiblement pas tranchée clairement, ou en tout cas, pas aussi clairement que dans les autres religions, qui ont l’avantage (si je puis dire) du temps extrêmement long qui sépare les premiers textes des derniers. En résumé, ma perception :

– tous les textes sacrés parlent de violence

– dans les textes chrétiens et hébraïques, cette violence est plutôt cantonée aux temps anciens, et les écrits récents montrent un adoucissement, très probablement issu de l’évolution des sociétés.

– pour le Coran, le texte sacré est séparé en deux périodes historiques distinctes : quand le prophète n’était pas encore un leader politique (et où il parle moins de violence) et quand il est devenu un leader politique.

– Ainsi, suivant que l’on adhérera plutôt aux premières sourates, ou aux dernières, le Coran prendra des valeurs différentes. Et compte-tenu du fait que l’ensemble des sourates est ramassé sur un temps très court, il est compréhensible que des croyants optent pour une orientation, ou l’autre… ou prennent le Coran dans son ensemble.

En conclusion, ce qui me semble important à préciser – tout ça pour ça, me direz-vous – c’est de se rendre compte que derrière ces interprétations de la violence des textes sacrés, il y a, dans le cas du Coran, tout un rapport avec le rôle politique de la religion. C’est à partir du moment où Mahomet devient leader politique que les textes montrent une inflexion plus marquée vers la violence. Et qu’on ne fasse pas dans le simplisme. Je ne suis pas en train de dire que la politique amène la violence. Je veux juste dire que dans ces 3 religions, l’Islam m’apparaît comme la seule qui, dès sa construction, contienne une dimension politique de la religion.

Note :

* Pour chaque livre sacré, je prends des raccourcis de langage. On sait que chaque livre sacré est un corpus composé de texte écrit, de texte oral, de jurisprudences ou d’épitres. Pour les juifs, quand je parle de Talmud, je parle en fait de l’ensemble des livres sacrés juifs : d’une part la bible hébraïque qui contient notamment la Torah, d’autre part le Talmud, mais aussi la jurisprudence rabbinique – halakha. Pour les musulmans, quand je parle du Coran, je parle aussi de la Sunna, des hadiths et de la charia. Pour les chrétiens, quand je parle de la Bible, il s’agit de l’ancien et du nouveau testament – en toute rigueur, je devrais aller jusqu’aux bulles pontificales et papales. Cela dit, force est de constater que tous mes exemples viennent essentiellement des textes sacrés fondateurs : bible hébraïque, ancien testament, nouveau testament, coran.

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La vendeuse de Corse Matin et le Rabbin

"Cromos" street sellerDurant cet été, j’allais acheter tous les matins mon Corse Matin, et la vendeuse était – comme chaque année – peu aimable. C’est un fait connu à l’endroit où je prends mes vacances que cette vendeuse est aimable comme une porte de prison. Ou plutôt : ce n’est pas qu’elle est ouvertement désagréable, c’est juste qu’on a l’impression que tout l’embête, surtout son métier, et que nous, les clients, ne sommes que des nuisances à évacuer au plus vite.
Face à cette attitude, j’avais adopté l’attitude classique du parisien : ton de voix neutre, sans enjouement, pas un mot qui ne soit strictement nécessaire, on est ici pour une transaction commerciale, bonjour, merci, au revoir.
Et un matin, je me suis rendu compte que ça ne marchait pas. Ça ne marchait pas pour elle, car mon attitude n’avait aucune chance de lui faire changer la sienne ; ça ne marchait pas non plus pour moi, car ce moment était… parisien, c’est-à-dire sans aucune relation humaine, et ça me gênait.
J’y suis donc allé en me mettant d’emblée en mode « sympa, ouvert, détendu ». Notez qu’avec la pratique, ça peut devenir presque aussi simple que de basculer un interrupteur. J’ai plaisanté avec le client qui attendait avant moi et qui prenait du temps à ranger ses pièces (mais n’étions-nous pas tous en vacances, où le temps n’a plus la même signification ?) et puis mon tour est arrivé, j’ai acheté mon Corse Matin, et je suis reparti. Apparemment, rien n’avait changé dans son attitude à elle, mais tout avait changé en moi. J’étais plus joyeux, plus détendu, content d’avoir acheté mon journal à cet endroit. Parce que j’avais pris le contrôle d’une partie de la relation : j’avais influé sur ce que ça me faisait à moi. Et le lendemain, avec le même état d’esprit, j’ai ainsi réussi à la faire parler et même à lui arracher un sourire.
Ce week-end, j’étais à une Bat Mitsva (non, ce n’est pas la Bar Mitsva de Batman, c’est une Bar Mitsva pour une jeune fille) et comme ce n’est pas ma religion, j’écoutais plus attentivement que d’habitude. Le rabbin a dit un truc intéressant : quand on parle de « bénédiction » dans l’imagerie populaire, cela signifie souvent que ça change l’objet béni, par exemple l’hostie accueille le corps du Christ par transsubstantiation, ou l’eau se transforme en vin. Chez les juifs, la bénédiction vient du terme « genou » et se caractérise par le fait de ployer les genoux devant Dieu. Donc, poursuivait le rabbin, la bénédiction juive ne transforme pas l’objet en face, elle nous transforme nous, à l’intérieur. J’y ai vu un signe. La vie, on ne la choisit pas. Il nous arrive des choses un peu au hasard, certaines sont aimables comme un sermon hébraïque qui ouvre à la connaissance, d’autres sont moins agréables comme une vendeuse de Corse Matin. Mais étant donné que nous ne maîtrisons pas ce qui nous arrive, nous pouvons au moins nous focaliser sur ce que ça nous fait. Et ça, dans une grande mesure, nous pouvons le modifier, par un travail en nous-mêmes. Paradoxalement, il se peut que désormais, cette vendeuse se soit attirée ma clientèle exclusive, alors même que je pourrais aller acheter mon journal ailleurs, car elle me permet chaque matin de travailler sur le bon état d’esprit.

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Ubuntu – Shlurfer

frigoShlurfer : v.i. Alors qu’on a passé sa journée à dépiler des mails et passer des coups de fil tandis que c’est la canicule sans clim’ ni ventilo, se souvenir tout à coup qu’il y a un pot de crème glacée au frigo. Sourire, et faire la pause.

Par extension : lors d’une conversation avec un fâcheux, voir une connaissance au loin, et dire « excusez-moi, il faut que j’aille voir Untel ».

On peut shlurfer élégamment, ou shlurfer comme un porc, le principal, c’est de shlurfer.

 

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Ubuntu – (Se faire) Rapetouzer

(Se faire) Rapetouzer : v.t. dans notre ère tout informatisée, constater que l’ordinateur / le site web / le programme que l’on utilise peuvent aussi être les victimes d’irrationalité. S’en réjouir. (Exemple dans l’image ci-dessous)

Par extension : comprendre après coup que l’argument « logique » de l’interlocuteur était en fait une grosse stupidité. Après coup.

 

Capture

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Ubuntu – Zombise

Zombise : n.f. Lettre (ou mail) que l’on reçoit et qui contient une faute de frappe (« typo ») qui en altère puissamment le sens. Exemple du jour : un mail d’un de mes étudiants qui commence par « Dead Professor, … »

Par extension : claquer la zombise = croire qu’on reconnaît une personne dans la rue, lui sourire, mais c’est finalement quelqu’un d’autre.

 

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Beurreux

Curled ButterEntendu dans le métro : « Tu vois, ce gars, là, le Reubeuh… » (j’écris Reubeuh avec un H à la fin, pour éviter de réfléchir au pluriel : des Reubeux ? Des Reubeus ? Des Reubeuh !)

Donc, aujourd’hui, on appelle Reubeuh ce qu’on appelait autrefois des Beurs. Reubeuh, c’est Beur en Verlan.

Mais les Beurs, on les appelait comme ça, parce que c’était Beu-Ara, donc le Verlan de Arabe (comme keuf = keu-fli, keum = keu-mé, etc.)

Si je résume les transmutations de langage, avec le symbole « => » qui signifie « transmutation par le Verlan », on a donc :

Arabe => Beur => Reubeuh

Or, chaque transmutation par le Verlan conduit à un changement sémantique.

Arabe = maghrébin immmigré, dans la sémantique française des années 70

Beur = maghrébin de deuxième génération (né et élevé en France)

J’ai alors plusieurs questions qui me vrillent la veine cave :

1) Quel est aujourd’hui le sens de Reubeuh qui a justifié qu’on crée ce nouveau mot ? Y a-t-il une définition, quelque part ?

2) Quelle est la prochaine évolution ? Reubeuh va-t-il à son tour passer en Verlan ? Verra-t-on bientôt des Beurreux ? Ça ne va pas nous rajeunir

3) Et si Beurreux s’impose, quelle sera la prochaine étape : Reubeuh à nouveau ? C’est très inquiétant, comment reconnaîtra-t-on alors un Reubeuh 2ème transmutation d’un Reubeuh 4ème transmutation ?

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Ubuntu – Sgrabulence

wtf Sgrabulence : n. f. Mot qu’on n’ose pas jouer au Scrabble, et puis quand même, on y va parce que ça rapporte des points.

Par exemple, ce matin, j’ai fait une sgrabulence en plaçant PROUT (43 points).

Par extension : figure ratée à ski ou à en plongeant à la piscine.

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Caillou – Celsius

Où est passée la ville ?Dimanche matin tôt
Le brouillard qui pique la peau
Réverbères au loin.

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Pensée républicaine #2 – de l’information

J’ai, comme beaucoup de concitoyens, suivi le déroulement de la semaine passée par tous les moyens mis à ma disposition (télés, réseaux sociaux). N’étant pas familier des chaînes d’information en continu, j’ai eu beaucoup de surprises qui m’amènent à quelques réflexions sur notre société de l’information.

Les chaînes d’information en continu et leurs travers

une relation au temps difficile

  • Quand il se passe beaucoup de choses, c’est tant mieux : le présentateur n’a qu’à zapper d’un reporter sur le terrain à un autre, il distribue les temps de parole comme des biscuits, et l’information utile est diffusée rapidement. En revanche, quand il ne se passe rien, ou plutôt, comme c’était le cas ici, quand le journaliste n’en sait pas plus que lorsqu’il a été interrogé 20mn auparavant… on meuble. Le présentateur continue à jongler entre ses reporters sur le terrain, à charge pour eux de paraphraser les faits connus de tous, en brodant, tout en attendant la prochaine nouvelle.

Or, la construction du modèle de ces télévisions, c’est qu’il faut diffuser de l’information en continu. Cela conduit donc mécaniquement à plusieurs choses :

  • toute information nouvelle est bonne à prendre, et plus on est en pénurie d’information, moins on va prendre le temps de recouper. C’est une recherche du scoop, mieux vaut être le premier à publier une information, fut-elle fausse, que le deuxième à diffuser une information avérée. Et dans les cas d’information fausse, je n’ai pas noté que les journalistes s’excusaient de leurs erreurs… (Pour une liste des reproches, deux articles de Telerama.fr et L’Obs/Rue89 font le point).
  • Les prises de risque vont aussi augmenter, car si les scoops n’arrivent pas, autant les provoquer. Je suis sidéré de voir que certains journalistes ont été en contact téléphonique avec les meurtriers, puis ont diffusé leurs informations. Dans le cas de l’Hyper cacher, c’est le terroriste lui-même qui a contacté BFM TV, car il n’était pas satisfait de l’information diffusée, il leur a demandé de corriger leur bandeau d’information. Je ne sais pas si BFM TV l’a fait, ce qui serait très grave. Il me semble que dans ces cas-là, quand on est une chaîne d’information (1) on en réfère aux forces de l’ordre, qui ont besoin de toute conversation enregistrée pour nourrir leur information et leurs réactions et (2) on ne corrige pas ses titres. Sinon, la demande de médiatisation du terroriste risque d’être nourrie par la chaîne, qui va ainsi légitimer – et encourager – le terroriste et ses potentiels successeurs. Et surtout, à mon sens, il devrait y avoir un (0) qui éviterait le (1) et (2) : quand on est journaliste, on ne communique pas avec un terroriste qui a des otages, c’est le rôle de la police, point. Un journaliste d’une rédaction n’est pas formé à parler avec un terroriste : il ne s’agit pas d’une simple conversation téléphonique, il s’agit de la formation d’un lien de communication entre deux personnes, où chaque mot est important, puisque des vies humaines sont suspendues à l’état d’esprit du terroriste. Sans être formé aux techniques de communication avec les terroristes, il est fort possible qu’un journaliste envoie « les mauvais messages » sans même se rendre compte de la terrible responsabilité qu’il a endossée. En ce qui concerne l’imprimerie de Dammartin, je ne sais pas si des journalistes ont essayé d’appeler les terroristes, mais France 2 et RMC ont commis l’erreur grave d’annoncer qu’un salarié était caché dans l’imprimerie. Donc, les terroristes peuvent prendre des notes pour la prochaine fois : lors d’une prise d’otages, regarder la télé, et surveillez Twitter : on pouvait voir les chaînes de télé filmer la mise en place des équipes du GIGN, avec leur position. On dit que pendant la guerre du pacifique, les généraux japonais suivaient la trace des navires américains en lisant la presse US…

les canaux d’information se diversifient, tout le monde devient journaliste, avec un flou du métier et de la notion d’information

  • Les chaînes d’information, les journaux, les journalistes ont tous leur fil Twitter, d’accord, c’est une adaptation à un nouveau média. Mais vous, moi, beaucoup de personnes ont aussi un compte Twitter. Autrefois, si un journal recevait une dépêche AFP, il savait que cela venait… de l’AFP. Aujourd’hui, quand un journaliste reçoit un tweet… il sait, ou ne sait pas, d’où ça vient, qui est à l’autre bout du « fil », et ne peut mesurer à chaque fois le professionnalisme journalistique de l’émetteur. Pour 10 journalistes sérieux qui vont recouper leurs sources – c’est-à-dire temporiser le temps qu’il faut – avant de diffuser, combien y en a-t-il qui vont succomber à la stratégie du preum’s à faire un scoop ?
  • D’autant plus que cette fièvre du scoop gagne tous les citoyens, puisqu’ils ont été habitués à être nourris ainsi. On peut comprendre qu’une personne, voyant les assassins de Charlie Hebdo en pleine rue, ait décidé de filmer depuis son balcon. Mais pourquoi a-t-elle publié cette vidéo sur Internet, sinon par désir de scoop, le désir de preum’s ? (J’espère que son premier geste a d’abord été d’aller donner la vidéo aux forces de l’ordre). Et franchement, que ce soit pour cette vidéo, ou pour le décompte des morts à Vincennes, alors que personne n’en savait encore rien : est-ce vraiment de l’information indispensable, qui nécessite une diffusion immédiate ? Sous le couvert de la mission d’informer le public, on oublie que ces chaînes ont un business model, qui est d’avoir le maximum d’audience pour vendre des coupures publicitaires.

En fait, l’information, c’est comme la dépendance au sucre. Même si la notion d’addiction au sucre est encore controversée, il y a un phénomène diététique attesté : dans l’alimentation, les sucres lents fournissent une énergie « sur la durée » tandis que les sucres rapides sont brûlés très rapidement… ce qui amène à en consommer tout le temps si on a opté pour une alimentation essentiellement en sucres rapides (sodas, bonbons, desserts…). Les informations, c’est un peu ça : soit ce sont des informations « sucre lents », c’est-à-dire :

  • livrées sur un rythme moins fréquent
  • avec une « digestion » (analyse, recoupements, mise en perspective, confrontation de points de vue, explication…)
  • et dans ce cas, cela va favoriser la production d’une réflexion plus profonde, et plus permanente dans les esprits.

Soit ce sont des informations « sucres rapides », et on aura alors :

  • une avalanche de nouvelles brèves pour remplacer les précédentes
  • pas de digestion, mais des faits bruts assortis d’une tentative d’interprétation rapide, ou encore des analyses simplistes menées par de faux experts (ah, les quartiers de Paris vus par Fox News « comme en Irak ou en Afghanistan »).
  • Et surtout, la succession des nouvelles rapides fera que rien ne durera… et qu’on aura un effet de manque permanent (hyper connectivité).

Quelle aura été la durée de vie du Hashtag #JeSuisCharlie ? Sucre rapide ou sucre lent ?

Néanmoins, dans ce déferlement d’informations en continu, plus ou moins vérifiées, je vois deux signes positifs. Premièrement, c’est la marque d’une démocratie, avec les deux revers de la médaille (overdose et scoops non vérifiés, mais aussi une diffusion extrêmement rapide, alimentée et relayée par les internautes). Deuxièmement, la conscience de plus en plus aiguë pour tous que l’information transmise peut être sujette à discussion, à distorsion, voire être totalement fausse. J’y vois le développement d’un esprit critique, et mon côté optimiste se dit que pour une dépêche fausse, on aura 1 000 réactions qui rétabliront progressivement la vérité, par des discussions et des échanges. Donnez-nous une information parfois critiquable, que nous puissions nous exercer à la critiquer.

Et c’est aussi cela, une démocratie qui fonctionne.

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Pensée républicaine #1 : les caricatures de Mahomet

Il me semble qu’il y a une incompréhension importante dans les discussions actuelles, entre musulmans et non musulmans, au sujet des caricatures de Mahomet. Je me permets d’apporter ce que j’ai cru comprendre, car cela permettrait peut-être de faire évoluer les discussions et le respect mutuel.

Argument n°1 : « dans la bible aussi, il était dit de ne pas représenter Dieu, mais nous avons évolué depuis »

On sait quel était l’argument initial des textes sacrés : empêcher l’idolâtrie, qui avait lieu si l’on faisait des représentations, car alors les humains se prosternaient devant l’idole / la représentation. Or Dieu était ineffable, donc non représentable. Pour ce qui est de l’évolution, chaque religion a suivi son propre chemin, et certains courants majeurs de l’islam ont autorisé des représentations du prophète à partir du XIIIème siècle. Pour autant, le retour en arrière (non représentation du prophète aujourd’hui) ne doit pas forcément être analysé comme une régression. Critique-t-on les protestants, qui ont souhaité retourner aux sources du texte biblique, pour en retirer les sur-couches ajoutées par l’église catholique de l’époque ? On est ici dans une querelle sans fin : doit-on contextualiser une religion en fonction de son temps, ou rester fidèle au texte nu, au texte originel ? Et si une certaine contextualisation ( = adaptation à l’époque) est souhaitable, jusqu’où peut-on changer ou ignorer le texte sacré ? La réponse n’est pas simple…

Argument n°2 : « chez nous, on tolère bien les caricatures du Pape »

Cet argument est plus subtil, parce qu’il place les non musulmans (dans la phrase de mon exemple, les catholiques) comme étant supérieurs, « plus tolérants », et qu’il y a donc une critique sous-jacente comme quoi l’islam serait plus rigide. Je crois que c’est là que se trouve l’incompréhension la plus manifeste, car elle frustre les uns et les autres. D’un côté, les « bons français » qui demandent le respect des notions de laïcité et d’intégration sociale. De l’autre, la majorité des musulmans qui se sentent insultés par des caricatures qui touchent à leur sacré.

L’incompréhension, à mon avis, vient d’une différence culturelle, et de nombreux raccourcis. Prenons l’exemple du fait de se moucher. En France, vous pouvez faire ça en public, et si vous évitez les coups de trompette tonitruants, cela ne choquera personne. Au Japon, se moucher en public est considéré comme étant extrêmement impoli. Imaginez alors le bon Français qui expliquerait que « chez nous, on le tolère, donc on est plus évolués » : c’est juste une différence de sensibilités que l’on doit accepter, et respecter. Revenons aux caricatures. Celles-ci choquent les musulmans, elles les atteignent dans leur conception du sacré : cherchons alors de notre côté ce qui nous, nous atteindrait dans notre conception du sacré – puisque les caricatures ne nous gênent pas autant. Pour un(e) catholique, je suppose que la mise en scène d’une scène choquante dans une église serait considéré comme insultant et comme une provocation. Ou la profanation d’hosties (aidez-moi, les cathos). Dans les deux cas, on obtiendrait les mêmes discours « nous ne voulons pas ça, nous nous sentons insultés, nous prenons cela comme un manque de respect de nos croyances ». Dans les deux cas, ces discours n’iraient jamais jusqu’à « et nous vous punirons par les armes », car les deux religions prônent le respect de la vie humaine. Les discours se limiteraient à « s’il vous plaît, si vous nous respectez, ne le faites plus, vous nous attristez en faisant cela ».

Ainsi, comparer « caricature contre caricature » n’est probablement pas la bonne manière de raisonner. Il s’agit de se demander quelles sont les choses qui nous choqueraient vraiment, nous, si on nous les faisait. Ces choses qui seraient répétées, qui arriveraient non pas une fois, mais plusieurs fois, et, nous semblerait-il, qui arriveraient de manière de plus en plus délibérée. Et dans une société désacralisée, ce pourrait être des choses qui ne sont pas forcément liées à la religion, mais à des valeurs profondes.

Je ne veux pas être donneur de leçon. J’aimerais juste que chacun(e) essaie d’élargir sa compréhension du monde pour se mettre à la place de l’autre, ce voisin, ce frère humain.

Et je suis à l’écoute de vos commentaire… pour mieux comprendre.

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Caillou – Avent

nov13-09imprintselms01Les ombres du soir

Marchent vite sur les feuilles mortes

Gare à la glissade !

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