Voici la suite de mon expérience sur le Bullet Journal (BuJo). Dans un premier thibillet, j’ai expliqué ce que c’est, et comment et pourquoi j’y suis venu. Voici maintenant comment j’ai adapté l’idée originale du BuJo, avec notamment ce que j’ai gardé du concept, et ce que j’ai abandonné.
Qu’est-ce que j’ai gardé du BuJo original ? Less is more…
En fait, j’ai gardé très peu de choses ! Le BuJo original sert en même temps d’agenda et de carnet d’organisation, et le côté agenda papier ne m’arrangeait pas. Je préfère avoir plusieurs agendas en ligne (perso, pro…) synchronisés avec mon smartphone, et je ne vois pas pourquoi je ré-écrirais à la main des dates et des plannings alors que des outils numériques me les fournissent automatiquement, avec la portabilité qui va avec. J’ai donc supprimé les pages « mois » dans mon BuJo, ainsi que tout ce qui faisait référence à des plannings.
Pendant un certain temps, j’ai tenu des pages de métriques. C’était intéressant, car je choisissais ce que je souhaitais suivre : combien de méditations j’avais faites dans le mois, combien de fois j’étais allé courir, combien d’heures de cours chaque semaine, combien d’heures de coaching, combien de restaus, combien de jours sans alcool… J’avais même une métrique hebdomadaire sur le nombre de mails dans la boîte de réception et dans la boîte d’envoi. Mais en fait, cela représentait plus de contraintes que d’avantages : le temps que j’y passais toutes les semaines était plus fastidieux et consommateur de temps (car il faut noter, revenir en arrière pour compter…) que l’avantage que j’aurais éventuellement pu retirer de ces statistiques mensuelles – et je n’ai pas eu la patience de continuer cet enregistrement sur plusieurs mois, donc je ne suis pas arrivé au point de pouvoir exploiter des statistiques d’évolutions ou de tendances.
Enfin, je constate que pour beaucoup de personnes, le BuJo devient un petit objet d’art : ils/elles mettent du temps à dessiner les titres, se forment à la calligraphie, ajoutent des guirlandes de festons ou de la washi tape, des couleurs… Une recherche sur Qwant Images donne une idée, cliquez sur ce qui vous attire l’œil, et imaginez le temps passé… 😉
J’en vois bien l’avantage : du plaisir, de la personnalisation d’un objet qui est en fait un compagnon du quotidien, et donc des très jolies pages bien léchées. Pour ma part, je fais le strict minimum :
- un peu de crayon de couleur pour égayer toutes ces pages d’écriture, et surtout repérer les encadrés de notes ;
- quelques images stylisées (je suis plus Keith Haring que Delacroix) ;
- quelques emojis de base ;
- et c’est tout.
À une époque, j’avais réalisé un marque-page supplémentaire (pour pouvoir en même temps marquer l’Index, et la page courante), mais mes BuJo récents ont désormais deux marques-pages inclus dès l’usine. Voilà pour la personnalisation 🙂
Qu’est-ce que j’ai ajouté ou amélioré par rapport au concept original ?
Trois points : la signalétique, l’Index, les Brain Dumps.
La Signalétique
C’est visiblement une signalétique qui plait à Ryder Carroll, le concepteur du BuJo original, mais pour ma part, je suis habitué depuis des années à noter une chose à faire sous forme d’une case que je pourrai cocher plus tard (c’est visuellement beaucoup plus facile de voir ce qui reste à faire, plutôt que de traquer des points…) Or, au fil des années où je notais ces cases, mon trait s’est arrondi, et maintenant je fais des cercles, c’est plus rapide et plus harmonieux. Donc voici ma signalétique :
Comme on peut le voir, c’est la pratique qui conduit à des choix personnels.
L’Index
L’index est pour moi la grande force du BuJo. L’utilité des pages numérotées, c’est de pouvoir retrouver facilement que les réunion sur le projet Beta sont consignées dans les pages 8 à 13 et 35-36. Mais l’index du BuJo original est trop simple à mon goût : on le remplit au fur et à mesure qu’on remplit les pages. C’est donc un Index chronologique. Cela va donc donner, par exemple :
Notez que les entrées d’index suivent les numéros de pages. C’est donc facile à remplir au fur et à mesure, mais pour retrouver une entrée d’index donnée, il faut balayer tout l’index, puisque l’entrée des rubriques se fait au fil du temps, au fur et à mesure qu’on remplit les pages du BuJo. Je suis donc passé pour ma part à un Index alphabétique : quand je démarre un nouveau BuJo, je consacre les 3 premières pages à préparer l’Index, avec les lettres A-F réparties sur la première page, G-M sur la deuxième page et N-Z sur la troisième. Cela prend littéralement 5mn. Puis je remplis au fur et à mesure mon BuJo en reportant les pages dans l’Index, et avec l’habitude, j’ai souvent les mêmes entrées qui reviennent. Au bout de quelques semaines, cela donne quelque chose comme suit :
C’est donc plus conforme à un Index de livre. Et en cas de doute sur le libellé à inscrire, je fais un renvoi. Par exemple, pour des vacances en Ecosse, je vais inscrire
- « Vacances : 45-57 » à la lettre V
- « Ecosse, voir Vacances » à la lettre E
Ma pratique est que ces renvois sont finalement assez rares. Cela dépend clairement de la taille souhaitée pour une rubrique d’Index, et ça vient avec la pratique. Par exemple, mes cours ne sont pas classés dans une rubrique fourre-tout « Cours », car elle aurait trop de pages de référence sans lien clair entre elles. Mes cours sont donc identifiés dans l’Index par programme ou nom de cours (AnaF, EMIB, MBA…), c’est bien plus simple.
Les Brain Dumps
Initialement conçu par David Allen dans sa méthode GTD, le brain dump consiste à marquer tout ce qu’on a en tête (c’est-à-dire, toutes les tâches à faire) au fur et à mesure qu’on y pense. Littéralement, c’est donc un « vidage de cerveau » qui consiste à mettre toutes ses préoccupations sur le papier. Dans le cadre du BuJo, voici ma manière (simple) de procéder :
- à un moment donné, j’ai besoin d’avoir une méga todo list sous les yeux. J’ouvre donc une nouvelle page que j’intitule Brain Dump, et je liste, sous forme de tâches, tout ce qui me passe par la tête. Souvent, le fait de noter une chose fait penser à un autre projet, donc la liste se remplit vite et sans effort de réflexion. Cela prend facilement 10-15 minutes. C’est la phase de vidage du cerveau.
- Je vérifie alors si je n’ai pas des tâches non encore faites (donc restées marquées O ) dans les pages du BuJo et je les rajoute au Brain Dump. C’est la phase de vérification (tout collecter).
- Puis vient la phase d’organisation. Le but est de transformer une liste longue, donc déprimante, en un ensemble de tâches à accomplir dans les prochains heures ou semaines. Chacun(e) a sa méthode de priorités, pour ma part j’utilise 3 crayons de couleur, et j’applique bêtement la Matrice d’Eisenhower (Urgent vs. Important, que j’avais raffinée avec une troisième dimension) sans passer des heures à raffiner les priorités : le but est de faire ressortir les 3-4 choses à faire en premier, et le reste viendra après.
Voilà en quelques idées comment j’ai adapté les idées originales (et bien utiles) du BuJo pour répondre à mes besoins. Et vous, avez-vous fait des modifications à la méthode de Carroll Ryder ?
Dans un prochain (et avant-dernier) thibillet sur le thème du BuJo, j’indiquerai les chausses-trapes et difficultés du quotidien avec un BuJo, les critiques du système, et comment j’ai trouvé mes méthodes de résolution de ces problèmes.