Cela fait maintenant plus de 2 ans que j’utilise un Bullet Journal (en abrégé, BuJo), et il est donc temps de témoigner, car la preuve de la durabilité de ce moyen d’organisation est faite pour moi. En effet, j’ai vu beaucoup de personnes démarrer en fanfare, poster des billets de blog pendant quelques mois… et puis passer à autre chose. C’est l’apanage de beaucoup de systèmes d’organisation personnelle comme la méthode GTD : une des difficultés principales est de continuer à les utiliser dans la durée.
Au terme de plus de 2 ans de pratique, j’ai donc entamé récemment mon 6ème BuJo, et cela me semble intéressant de rendre compte de ma pratique de cet outil.
Qu’est-ce que le BuJo, en général ?
Le Bullet Journal est un carnet qui sert à tout, mais qui vise à une organisation personnelle sur un mode chronologique, entre agenda, carnet de notes et journal d’activité (log book).
Voici le site officiel, avec surtout la vidéo (en anglais), assez bien faite pour comprendre le principe : http://bulletjournal.com/ et ici, son avatar français : http://bulletjournal.fr/
Pour ma part, j’ai retenu certaines idées fondamentales, mais au fil du temps, j’ai aussi abandonné beaucoup de choses (planning futur, planning mensuel…). J’ai aussi changé la signalétique des « puces » et la manière d’organiser l’index (nous verrons cela dans un autre thibillet).
Pourquoi suis-je venu au BuJo ?
La plus importante raison était que je suis souvent amené à travailler seul, voire en télétravail, et que certaines journées se terminaient avec l’impression (fausse, mais persistante) que je n’avais rien fait. Il me fallait donc un outil qui me permette de traquer tout ce que j’avais fait et que j’avais oublié, non seulement pour information (une liste de toutes les actions cochées), mais aussi pour mon organisation (« maintenant que ça, c’est fait, voilà les étapes suivantes »). Pour les familiers de la méthode GTD, il me fallait quelque chose de plus pratique à transporter que les 43 dossiers.
Pendant des années, j’avais utilisé des ToDo listes, avec l’inconvénient majeur que ces listes sont des papiers volants. Soit on termine toutes les tâches de la liste, et dans ce cas on barre tout avec jubilation et on jette le papier (cela fait partie de la satisfaction), soit on n’a pas tout fait, et on laisse une partie au bureau (ToDo pro), une autre chez soi (ToDo perso), une autre dans son téléphone (ToDo vrac), et il n’y a pas un endroit unique où elles sont collectées et accessibles. Et si en week-end je veux avancer sur mon travail, ou bien réaliser des tâches personnelles durant la semaine, il faut réécrire une ToDo liste dédiée, c’est-à-dire refaire encore un processus de mémorisation (« est-ce que je n’oublie pas un truc ? ») et de choix des priorités (« je commence par quoi »), ce qui est consommateur de temps et d’énergie.
Un autre attrait du BuJo était pour moi sa versatilité. En effet, il se vend dans le commerce quantité de plannings et d’agendas qui sont tout autant des méthodes d’organisation personnelle : malgré un discours du type « inventez votre vie », ils imposent en fait leur propre système de pensée. Par exemple, dans un agenda, chaque jour aura un encadré « les 3 choses les plus importantes à faire », ou bien un espace pour noter les gens à rappeler, ou encore une citation, un calendrier du mois… En bref, des rubriques qui servent à certaines personnes, mais pas à d’autres, et pas toutes les semaines.
Et surtout, chaque jour aura la même taille, alors que l’on sait que pour certains jours, l’espace ne sera pas suffisant pour noter tous les rendez-vous (sans parler des notes), tandis que pour d’autres dates, il n’y aura quasiment rien à inscrire sur la page. Or la pratique montre que j’ai des journées qui prennent ½ page de BuJo, tandis qu’une réunion de 2h peut facilement remplir 5-6 pages (dessins inclus 😉 )
Voici, en une vidéo déprimante (pour moi), les défauts d’un système de planning « classique ». Ironie : la vidéo s’intitule « a very quick introduction » et fait plus de 17mn… En cliquant sur les liens, vous arrivez directement au moment approprié de la vidéo, et ce n’est pas grave si le commentaire est en anglais, il suffit de regarder les images quelques secondes pour comprendre :
- Une multiplicité de pages différentes – donc trop compliqué
- Un mode d’emploi qui demande à notre cerveau de se plier à un système
- Sans parler de la logistique d’insérer les pages
Par opposition, un BuJo n’impose quasiment rien « en dur ». Il suffit d’avoir :
- un Index (2-3 pages dédiées au début du carnet, que l’on dimensionne comme on veut)
- des pages numérotées (mais que l’on peut numéroter soi-même au fur et à mesure).
En résumé, n’importe quel carnet de notes peut être transformé en BuJo, suivant les goûts de chacun(e) et je donnerai dans un autre thibillet mes préférences.
Cette versatilité conduit à un autre avantage : cela devient un carnet tout-en-un. C’est un bloc-notes pour prise de notes en réunion, un carnet de dessin ou d’humeur, un journal du fil des jours, un organiseur, un livre de recettes ou d’idées ou de listes… Le tout en un seul carnet, avec un Index qui permet de revenir facilement aux pages concernées. C’est ainsi que j’y ai collecté mes réunions de travail sur différents projets, le déroulé de mes semestres, mes cours de plongée pour passer le PE 40, mes voyages en Ecosse, l’organisation de mes journées, mes idées d’articles… C’est donc en même temps un outil tourné vers la collecte d’informations pour consultation ultérieure, et un outil d’organisation du quotidien. L’avantage du côté tout-en-un est notamment que la distinction « vie personnelle vs. vie professionnelle » n’a plus grand intérêt. Déjà que la limite est floue pour un professeur, qui plus est avec une activité de coaching, mais même dans le cadre d’une vie moins déstructurée, le BuJo réalise la synthèse entre deux carnets, l’un étant un agenda + bloc-notes pro, et l’autre étant un journal personnel. Cela dit, je serais intéressé de savoir si certains types de métiers prédisposent plus à l’utilisation du BuJo. Je vois par exemple beaucoup de consultants pratiquer le carnet papier dans les réunions… Avis aux aficionados : des idées ? Des comptes-rendus d’expérience ?
Dans un prochain thibillet, nous verrons comment j’ai adapté l’idée originale du BuJo, avec notamment ce que j’ai gardé du concept, et ce que j’ai abandonné.
Utilise ce système depuis des années 3 activités pro différentes Pas le choix, listes pro et Perso mêlées, préparées chaque matin, relues regulierement, notes, appels, idées, tout y est 🙂
Et vive le bon vieux couple papier stylo!
Oui, j’avais aussi été (agréablement) surpris par le retour aux basiques : papier, stylo, avec lequel on peut tout faire, dessiner, entourer, souligner et surtout… ré-écrire. C’est un des points de Carroll Ryder : si tu n’as pas fait une tâche, tu la reportes… et si elle n’est toujours pas faite, la reporter encore. Au bout de 3-4 matins à la réécrire, soit on la fait direct (marre de la réécrire, la motivation de faire devient plus forte) soit on se questionne vraiment sur le bien-fondé de la faire ! 🙂