Le prof américain est très interactif : il interroge la salle, fait intervenir, répond. Il a l’air malheureux quand la salle ne réagit pas. Cela a des avantages certains. Par exemple, le fait de faire préparer une présentation à l’avance est un plus : les étudiants qui doivent présenter mouillent la chemise, la salle écoute (ce sont leurs camarades) et l’interaction qui suit est généralement intéressante. Le prof n’est alors plus un transmetteur de concepts, façon enseignement magistral à l’européenne, mais plutôt un facilitateur de discussion.
Inconvénient, perçu par certains : une certaine dilution des propos, on ne va pas forcément loin en profondeur.
L’inconvénient majeur, que j’ai bien perçu lors de ma semaine à Austin : le professeur arrive avec des questions, et dès les premières minutes, il essaie d’interagir avec la salle. Mais la salle est composée d’Européens, dont la logique, la culture, sont différentes. L’étudiant européen (et je parle de cadres en MBA Exec, pas de jeunes de 20 ans) attend d’abord, il veut prendre ses marques, en écoutant un professeur, avant d’intervenir. Il faut au moins 20-30 mn de conférence du prof pour chauffer l’ambiance, au minimum. Le problème est que le professeur américain n’est pas habitué à celà : il prend ce silence pour de la torpeur, de la stupidité, ou un manque d’intérêt.
J’ai notamment vu un intervenant essayer de secouer la salle, en disant des choses du type « allez, enfin, je vous pose des questions vraiment très très simples… » et s’étonner de l’absence de réponses : l’audience en était d’autant plus crispée, parce qu’elle avait le sentiment d’être forcée. On ne change pas sa culture facilement.
- Conclusion 1 : à chaque culture, sa pédagogie. Le one best way ne marche que pour one (best?) country.
- Conclusion 2 : je pense que les Européens sont plus intériorisés, et qu’ils limitent volontairement leurs interventions en public (peur d’être ridicule, mais aussi respect du groupe) tandis que les américains sont plus ouverts, quitte à parler trop. Encore une fois, pas de système absolu…
Il eut été intéressant de faire part de cette analyse (qui m’apparaît pertinente, à moi, ex-étudiant en Sciences de l’Education) aux formateurs; à moins qu’ils ne soient intervenus qu’une seule fois chacun, auquel cas, ça ne leur aurait été que peu profitable pour cette cession.
Qu’en a-t-il été ? Fut-ce le cas ? Y-a-t-il eu des retours ?
Excellente remarque, Stan. Non, ils n’intervenaient pas plusieurs fois, mais j’ai pensé plutôt rédiger, pour la suite, un (ou plutôt deux) petit mode d’emploi : "note aux enseignants américains qui doivent intervenir face à un public européen" ; "note aux étudiants européens qui doivent assister à des présentations d’américains". j’ai une autre pensée américaine qu’il faut que je formalise sur un sujet connexe…
A moi qui suis un tout tout jeune prof français en France (jeune = récent), ça me parait d’une indulgence ! Ciel !
@ Yves Duel : indulgence dans quel sens ? Qui est indulgent ? Moi vis-à-vis des américains ? Les américains vis-à-vis des étudiants ? Ciel…