Les mots oubliés II

J’avais parlé des mots oubliés. Il y a une autre catégorie, ce sont les expressions qui signifient (signifiaient) quelque chose, mais qui sont passées dans le langage courant alors même que l’on ne vit plus ces situations.

  • Aller au charbon.

Je me dis qu’il faudrait remplacer ces expressions par des idées plus récentes, plus appropriées. Genre « aller vendre son business model ». J’en ai une autre :

  • Change de disque.

Qu’est-ce qu’on peut dire, maintenant que la musique est grandement dématérialisée ?
« Skippe en shuffle » ?

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Not to do list

Presse-citron avait évoqué ce terme, en citant sa source, mais c’était dans le sens « liste des choses que je m’interdis de faire ». Je pense à autre chose.

C’est parti d’une discussion à Berlin, la veille du marathon. On listait les conseils, les recommandations, avant une telle course. Mais nous avons pris très vite le contre-pied, et je me suis rendu compte que souvent, une manière beaucoup plus illustrative, percutante et, lâchons le mot, pédagogique, de faire des recommandations, consiste à citer ce qu’il ne faut pas faire.
Exemple pour le marathon : Not to do List :

  • Se coucher tard plusieurs soirs de suite
  • Boire de l’alcool dans les jours qui précèdent
  • Manger des épinards, du melon glacé ou un steak tartare la veille
  • Se taper un cassoulet au petit déjeuner
  • Boire des expressos au petit déjeuner
  • Arriver à la bourre
  • Partir vite en se disant « c’est toujours ça de gagné »
  • Courir avec un équipement neuf jamais essayé
  • Sauter les premiers ravitaillements
  • Maintenir sa vitesse dans les côtes
  • Abandonner « quand on le sent plus »

Pour certains, cela peut apparaître comme le négatif inversé d’une liste de recommandations, mais moi je trouve ça beaucoup plus percutant. En cours, j’ai une liste que j’appelle « Comment se planter en appliquant aveuglément les modèles ». Je pense qu’une nouvelle approche de la pédagogie – elle existe déjà, j’en suis sûr – consisterait à enseigner ce qu’il ne faut pas faire.

  • Dix conseils pour planter sa création d’entreprise
  • Comment transformer un produit génial en ruine commerciale
  • Les stratégies qui nous envoient dans le mur à coup sûr
  • Comment ruiner la motivation de ses collègues
  • Comment faire perdre du temps en réunion

Je sens une possibilité infinie de sujets, pour quantité d’aspects de la vie. Et puis ça nous changera des dix commandements gnangnan, des listes vertueuses de ce qu’il faut faire. Tiens :

  • Comment obtenir un redressement fiscal

Intéressant, non ? Je vois enfin d’autres possibilités pédagogiques : les démonstrations par l’absurde.

  • Comment gagner en Bourse.
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All Blue


🙂

Deux remarques :
– toujours en garder sous le pied pour la deuxième partie (oui, ça me rappelle quelque chose)
– c’est souvent la rage qui nous fait avancer. L’amour aussi, oui, bien sûr, mais quand Elissalde attrape le All Black par le maillot, puis par la cheville, à un moment crucial, c’est de la rage pure et c’est bon… 🙂

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L’informatique est mon Prozac

Quand je branche un appareil informatique, c’est toujours la roulette russe : marchera, marchera pas ? Ce que, à la grande époque de Windows 95, on appelait le Plug and Pray. Ce qui est plus inquiétant, c’est le résultat de cette quête. Quand ça ne marche pas, ça me déprime profondément, j’ai envie de tout foutre en l’air. Mais encore pire : quand ça marche, je reprends un coup d’optimisme, ma journée s’éclaire. Là par exemple, je viens de brancher une imprimante multifonctions (Canon MP 160, 70 €), et après 1h (quand même…) d’installation laborieuse (et encore, je n’ai utilisé que le manuel « quick start »), j’ai essayé de faire une photocopie en noir et blanc : ça marche ! En couleur : ça marche !
L’extase, je plane. Bien meilleur qu’un shoot de St Estèphe 1996. (quoique, étant donné que je suis en train d’en boire, je ne reconnais plus les effets spécifiques de chaque drogue, c’est ça de mélanger les médicaments).
Si ça n’avait pas marché, j’aurais été déprimé, et j’aurais pondu un thibillet du genre « Quelle misère, nous avons besoin qu’un truc marche – ce qui est la moindre des choses – pour notre sécurité affective ! ». Comme ça a marché (mais angoisse : je n’ai pas testé le scanner…), je me contente d’un thibillet amusé « je ne pensais pas qu’un jour, ma journée s’illuminerait parce qu’un truc que j’ai payé a fonctionné comme il était censé fonctionner ».
C’est peut-être parce qu’il a 2 Gode mémoire.

(ce billet est le 512ème, comme les 512K de RAM qu’on avait autrefois pour faire tourner toutes nos petites applis, nostalgie (?) de cet âge d’or où tout marchait, et où l’on savait que la seule source d’erreur était entre le clavier et la chaise…)

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Les informaticiens sont des bourrins libidineux

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Serait-il impossible de vivre debout ?

Ce marathon m’a remis les pendules à l’heure. Je suis un homme, et j’entends revendiquer ma liberté. Je viens de démissionner d’un cours, probablement sur un coup de tête, mais essentiellement à cause d’une lassitude. Je suis un homme, je peux dépasser mes propres limites, et je n’attends pas que chacun soit marathonien, mais j’entends recevoir un minimum de reconnaissance (que j’ai eue pour le marathon, je vous remercie tous, ça va de ce côté-là). Je me sens dans la situation du gars qui vient de dire « je ne m’alignerai pas pour les prochaines compétitions. Je vous conseille untel, il est bien. »

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Caillou – Sans sommeil


Les chiffres rouges du réveil
grignotent consciencieusement
les minutes d’obscurité.

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Marathon de Berlin – Hailé Gebrselassie et moi

Dimanche matin, réveil dans un Berlin gristre (notre hôtel était du côté Est de Berlin) vers 6h45. Laurent fait son yoga, j’enfile vite un jean et je descends prendre un petit déjeuner. Un thé, des céréales au lait, quelques tranches de jambon, une pomme que je ne peux pas avaler. Dans les néons bleus et verts de la salle aux murs métalliques, je vois beaucoup de convives en collant de course, les chaussures de running aux pieds, chacun est dans son silence.
Retour à la chambre, préparation sans état d’âme (tout était prêt depuis la veille), installation de toute l’électronique : puce du marathon sur la chaussure droire, accéléromètre sur la gauche, walkman au côté, casque ultra-léger autour du cou, montre cardio-fréquencemètre avec batterie neuve (merci Cécile), brassard contenant 6 gels au glucose.
7h30, RV dans le hall de l’hôtel, départ en métro à 8 coureurs. Matin gristre, des pans de ciel clair commencent à apparaître, les nuages sont poudrés de rayons de soleil. Il va faire beau, il fait froid.
A la station d’arrivée, il n’y a qu’à suivre les gens déguisés – comme nous – en préservatifs jaunes (« Adidas, c’est la classe ! »), ça n’est pas dur, quand 40 000 personnes convergent à pied vers un lieu, ça se remarque. Répartition dans les sas, je suis dans le dernier sas avec Joce, ce qui nous vaudra de franchir la ligne avec 24 minutes de décalage par rapport aux premiers. Il fait froid, je garde le sac jusqu’au dernier moment. Superbe moment quand le lâcher de ballons peuple le ciel de Berlin de milliers de ballons orange, sous le ballet des hélicoptères.
Et c’est le départ. Même si je cours à côté de Joce, cette fois, c’est décidé : ce sera à mon rythme, j’arrête les conneries, je vais courir lentement, avec une stratégie de course prudente, pour en garder sous le pied pour la seconde partie du parcours. Malgré la foule (c’est l’inconvénient des départs, surtout dans le dernier sas, qui mélange ceux qui veulent faire 4h15, 4h30, 5h, 5h30 ou plus…), je garde l’oeil sur la montre, je déroule la foulée sans accélérer (ce n’est pas l’envie qui m’en manque). Il fait 13°.
Km 10, je prends mon premier gel un peu avant le ravitaillement en eau, tout est sous contrôle, Joce me rejoint quelques centaines de mètres plus tard. Un gars reconnaît mon T shirt, il est ESCP, 54 ans, DG d’une boite d’informatique. Il nous montre quelques bâtiments, mais le rythme est un peu trop rapide, ça se joue à une poignée de secondes, mais je préfère décrocher. Seul dans la course, je suis en moi-même, toujours attentif à maintenir un rythme serein. Je m’étais fixé de courir à 6’20 » au kilomètre, j’ai du mal à ne pas descendre en dessous des 6′, mais je me freine. Je me souviens de toutes ces compétitions où j’ai explosé en vol à la moitié de la distance, pas question de me cramer à nouveau.
Km 20, deuxième gel au glucose. Encore 1 km et quelques, et ce sera le semi. Je prends soin d’éviter les jets d’eau rafraichissants, à 14-15°, le plus souvent à l’ombre, c’est la caillante assurée.
Semi-marathon. Je voulais le passer à 2h13, je le passe à 2h15, tout va bien, j’ai bien géré cette partie. A Madrid, j’avais passé le semi à 2h03, tout content de ma rapidité, et j’avais explosé dès le 23ème kilomètre (il en restait donc 19 à courir…).
Conformément à ce que j’avais décidé, je chausse le casque du walkman à partir du semi : la première partie a été concentrée et silencieuse, la deuxième partie va être rythmée et en musique. J’accélère pour passer à 5’40 » au kilomètre, et commence donc mon negative split. Dans ma stratégie de course, je dois maintenir cette allure jusqu’au km 31 : à ce moment-là, je verrai si je peux encore accélérer (5’30 » ou moins) ou bien s’il vaut mieux rester à cette allure. Un morceau de Graham Nash et David Crosby, un instrumental tiré de Rocky, la musique est agréable, et puis cette chanson faite pour la course, Men In Black, par Will Smith. Dopé par le rythme, je double des coureurs sans effort, sans à-coup, je suis dans la course.

Km 25, gel anti-crampes. Les ravitaillements sont de grandes flaques d’eau, des amoncellements de gobelets en plastiques que l’on écrase, on se fait souvent pousser dans le dos, chacun est énervé par sa contrainte de temps. Je saute un ravitaillement sur deux, il y en a trop.

Km 30, je pense que je ne pourrai pas accélerer. Je suis tombé sur l’intro de Rocky II, superbe morceau bien rythmé, ça m’a redonné la pêche. Je suis bien content d’avoir acheté ce disque, plus quelques morceaux en ligne, voilà de l’argent bien investi.

Km 31, ça devient dur, je ralentis insensiblement, je dois me motiver pour maintenir l’allure de croisière. Je monte souvent à 5’50 » au km, il faut être vigilant. Pas question d’accélérer comme prévu initialement, il faut se maintenir. Mais en même temps, je n’ai pas eu « le mur » (que j’avais eu à Paris 2002, puis Paris 2006 au 26è km, et à Madrid 2007 au 23ème), je ne l’aurai pas de tout le parcours. Km 35, dernier gel « coup de fouet ». Mon t-shirt est trempé, je suis glacé. J’ai eu Eddy Mitchell et Johnny « on veut des légendes », tout ça c’est du bon. Je passe tous ceux que je peux, je ne suis plus doublé depuis des kilomètres. En revanche, de plus en plus de personnes se mettent à marcher (c’est leur droit) au milieu de la route (c’est pas sympa). Depuis le début, c’est une gestion des doublements, des trottoirs, des encombrements de personnes.
Dès que je le sens, dès que je le peux, je tape dans les mains des petits gosses sur les côtés, ça me booste.
Km 40, celui-là je l’ai attendu longtemps, ça fait depuis le km 28 que je guette le panneau kilométrique suivant. Un thé chaud au ravitaillement, c’est la dernière fois que je m’arrête. OK, encore 2 km, je fais ce que j’avais prévu : j’accélère. Il s’agit tout de même de tenir 2 bornes, avec les 40 que j’ai déjà dans les pattes, mais je le sens bien. De toute façon, je vois vite mes limites : oui, j’ai pu accélérer, mais pas énormément, et maintenant, il s’agit de tenir. Je convoque mon loup intérieur, je grogne à chaque foulée, les autres coureurs tournent la tête, je m’en fous, ça m’aide, et je les dépasse un à un, inexorablement. Longue avenue d’Unter den Linden, je vois la Porte de Brandebourg au bout, je sais qu’il ne faut pas se démobiliser, l’arrivée sera quelques 200 m après. Je passe la porte dans la bousculade, il ne s’agit plus de trébucher. Longue avenue, dernière course tendue, la foule des deux côtés sur des gradins, des hauts-parleurs annoncent qu’Hailé Gebrselassie a battu le record du monde du marathon, je passe la ligne, top chrono, j’ai fait 4h18’25 », mon meilleur temps à ce jour, 22 minutes de mieux que mon premier marathon (2002), 34 mn de mieux qu’en 2006, 29 mn de mieux qu’à Madrid.

Depuis dimanche, je suis sur mon nuage.

Prochaine étape : le 13 avril, quelques jours avant mes 40 ans, Marathon de Londres.
Mais pour l’instant, baguette, fromage au lait cru, vin rouge, viandes rouges, expressos : ça fait du bien…

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4h 18′ 25" (-22 minutes par rapport à mon record)

Marathon historique, qui a vu Gebrselassie battre le record du monde, et votre serviteur battre son propre record. Cela fait énormément de bien. J’ai enfin couru en negative split (moins vite d’abord, plus vite après). Plus d’infos dans les jours qui viennent, là j’ai une journée de cours.

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Plus possible de reculer

J-2.

Taxi à 4h45 demain matin, retour lundi soir.

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