Eric Clapton et Steve Winwood en concert – Palais Omnisport de Bercy

J’ai vu deux fois Eric Clapton en concert dans ma vie.
La première fois, c’était au Palais Omnisport de Bercy, en 1989 ou 90, et compte-tenu de mon éloignement dans les gradins, Clapton était une silhouette en blanc qui faisait 5 mm de haut dans le lointain.
La deuxième fois, c’était au Palais Omnisport de Bercy, hier soir. Et là, Clapton avait une taille normale, puisque que j’étais au maximum à 50 mètres de la scène.
Hier soir, j’ai retrouvé le plaisir que j’avais eu à aller voir Stephen Stills ou Suzanne Vega : un concert, c’est comme un marathon, il y a l’avant, puis le pendant, avec de multiples étapes, et l’après.
Clapton et moi, c’est une longue histoire. Ce n’est pas le premier guitariste que j’aie découvert : il y a eu les Beatles, puis Neil Young, et j’avais eu encore plus tôt les sonorités de Tony Joe White par l’entremise de Joe Dassin. Mais c’est à coup sûr le guitariste que je suis le plus fidèlement, et depuis le plus longtemps, avec JJ Cale. Pour ne pas répéter ici tout ce que je pense de Clapton, je vous renvoie à mon thibillet sur son autobiographie.
Hier soir, c’était un duo : Eric Clapton – Steve Winwood, ressuscitant la belle époque des albums Blind Faith et Timepieces (live in the 70’s). J’ai adoré ce saut dans le temps, puisque le parti pris était de se remettre dans l’époque : tubes de l’un des deux guitaristes, ou reprises (JJ Cale, Jimi Hendrix). Je copie ci-dessous la liste des titres joués à Wembley quelques jours auparavant : à quelques exceptions près, c’est le même set qui a été joué.
 
         1. Had to Cry Today (Blind Faith)
         2. Low Down (J.J. Cale)
         3. After Midnight (J.J. Cale)
         4. Presence of the Lord (Blind Faith)
         5. The Shape I’m In (The Band)
         6. Glad (Traffic)
         7. Well All Right (Blind Faith)
         8. Tuff Luck Blues (Big Maceo)
         9. Pearly Queen (Traffic)
        10. Forever Man – non joué, remplacé par Gimme Some Lovin’ (version genre Blues Brothers)
        11. Midland Maniac
        12. Going Down (Freddie King)
        13. Georgia On My Mind (Hoagy Carmichael and His Orchestra)
        14. Driftin’ Blues (Johnny Moore’s Three Blazers) – version acoustique
        15. How Long (Leroy Carr) – version acoustique
        16. Layla (Derek and the Dominos) – version acoustique façon Unplugged
        17. Can’t Find My Way Home (Blind Faith)
        18. Split Decision
        19. Voodoo Chile (Jimi Hendrix)
        20. Cocaine (J.J. Cale)
Bis :
        21. Dear Mr. Fantasy (Traffic)

Mes quelques commentaires :

  • Certes, on peut toujours regretter l’absence de tel titre ou tel autre, mais l’ensemble m’a semblé très bien équilibré : Steve Winwood et Eric Clapton ont chanté autant de chansons l’un que l’autre, il y a eu des versions acoustiques au milieu du concert (dont un Driftin’ Blues, très épuré, superbe de technique et de simplicité en même temps), et la formation était presque intimiste : une batterie, une basse, un clavier, et Steve Winwood alternant entre guitares (électriques / acoustique) et piano. Et Clapton aux guitares (électriques / acoustique).
  • Les morceaux étaient très écrits, équilibrés, et on sentait la machine rodée : intro, couplet, refrain, solo 1, couplet, refrain, solo 2, refrain… Idem pour la durée du concert : 2h30, rappel compris, et une logique à l’américaine : un seul rappel, et quelle que soit la clameur de la salle, c’est plié, les musiciens ne reviendront pas. Je trouve cela carré et sans surprise, certains pourront trouver cela un peu trop mécanique…
  • Le parti pris « années 70 » m’a pleinement satisfait : cela m’a permis de découvrir des morceaux d’autres groupes, et cela faisait un tout cohérent. Mais j’imagine que pour une personne qui ne venait que pour Clapton, cela peut sembler court. J’ai entendu plusieurs personnes qui se demandaient qui était ce Steve Winwood et s’il faisait la première partie de Clapton…
  • Dans les morceaux que j’ai particulièrement apprécié, il y a eu les 3 JJ Cale, chantés plutôt comme JJ Cale les chante (influence sur Clapton de l’album récent qu’ils ont fait ensemble ?), Presence of the lord (avec sa transition qui a surpris beaucoup d’auditeurs, qui croyaient que le morceau était fini), Driftin’ Blues qui a représenté pour moi le sommet acoustique de ce concert. Puis il y a eu Layla version acoustique, avec son intro qui a enflammé la salle, ce balancement rythmique presque joyeux qui accompagne la chanson. Can’t find my way home, joué exactement dans l’esprit de l’album Timepieces, une superbe balade existentialiste. Et Voodoo Chile. Ah, ce Voodoo Chile ! Hypnotique. Lent. Habité. Un vrai grand hommage à Jimi Hendrix, avec la salle qui retenait sa respiration pendant ce long morceau, un superbe moment de guitare, avec plusieurs solos qui me font attendre avec impatience la sortie du CD de la tournée. Cocaine, évidemment, avec un solo de clavier très original (montée de tout le clavier à toute vitesse). Et enfin, un rappel avec Mr Fantasy, dont je ne connaissais que la version de Crosby Stills and Nash. Une belle manière de terminer, sur le thème du divertissement au sens étymologique du terme 🙂

Sinon, sur l’ambiance :

  • Un gars s’est évanoui (on crevait de chaud), donc nous avons été quelques uns à jouer aux pompiers (intervention extrêmement rapide des secours).
  • La salle se prête bien à ce genre de concert, même si la température de la fosse était étouffante. Mais c’était le prix à payer pour être proche.
  • C’est un lieu public, donc il est interdit de fumer, ça explique peut-être pourquoi, dans la fosse, beaucoup de personnes fumaient autre chose que du tabac…
  • Les bouchons d’oreille, que je testais pour la première fois, c’est génial : on entend tout, parfaitement, mais sans le côté blessant des décibels. Je trouve que l’écoute y gagne en sensibilité, on est presque recueilli (par moments je fermais les yeux, mettez-ça sur le compte des volutes de « tabac » autour de
    moi).
  • En revanche, je ne comprends les personnes, nombreuses, qui filment à bout de bras, avec leur appareil-photo ou leur portable (et tant pis pour ceux qui sont derrière). J’en avais un specimen grtiné, qui filmait les écrans géants. Ce qui fait que pendant la majorité du concert, il a regardé son écran d’appareil qui filmait un écran géant, il était donc de profil par rapport aux vrais guitaristes du monde réel… Bizarre…

Pour conclure : un concert qui me donne envie de me procurer quelques albums de Steve Winwood, et d’approfondir ma connaissance de Jimi Hendrix. Et d’acheter quelques albums live du dieu Clapton (je pensais notamment à One more car, one more rider, sur lequel je louche depuis quelque temps et Oh, surprise, le concert que je viens de voir a déjà son album (Live from Madison Square garden).
Allez, j’attends juste que mon salaire couvre mon découvert, et je claque !

PS : grâce à Vleb, j’ai pu récupérer la liste des morceaux (photo ci-dessus, (c) RockerParis) sur le site RockerParis (ils couvrent le concert ici).

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