Hier soir, j’ai été agressé physiquement. Comme dit Woody Allen, « je me suis défendu vaillamment, et je les ai mis en fuite, en leur tapant sur les poings avec mon nez ». En fait, j’en suis quitte pour une joue qui a doublé de volume et une mchoire douloureuse. (j’ai même rêvé cette nuit que j’avais perdu une dent).
Je suis partagé entre deux envies : je ne veux pas en parler ; je veux en parler.
Pour la première, c’est plutôt : je ne veux pas qu’on m’en parle. Parce que je dois raconter à nouveau toute la scène, répondre aux questions et que cela m’est pénible : l’analyse, je l’ai déjà faite, et peu me chaut que mes interlocuteurs comprennent là où j’en suis arrivé en terme de conclusions.
Pour la deuxième, c’est parce que, comme toujours dans ces cas-là (j’avais vécu ce genre de chose, sans agression physique, il y a quelques années), cela me tourne dans la tête les heures et les jours (et les nuits qui suivent). Et qu’une manière de dégonfler le ballon, de vider le cerveau, c’est d’en parler. Mon analyse, la voilà. Il y en avait trois, mais il y en avait juste un qui voulait se battre. Peu importe la raison, il cherchait toute occasion. Et je lui en ai donné très peu, ne répondant quasiment pas à ses provocations et insultes et continuant à avancer. Je pense que c’était la seule solution, car la dialectique de ce genre de personne, à ce moment-là, c’est « je t’insulte, tu réagis, je m’énerve, tu me pousses, je t’agresse, la preuve, j’étais en état de légitime défense puisque tu m’avais poussé ». René Girard n’est pas loin, c’est l’escalade de la violence. Et ce que j’ai donné, au contraire (par instinct ? par réflexe intellectuel sans que l’intellect ne soit sollicité ?), c’était l’inverse : le refus de rentrer dans ce schéma pré-établi. Mais lui, en face, il ne connaissait que cette manière de communiquer sous forme de conflit, d’action-réaction. Il en est venu, pendant un moment, à avoir une posture beaucoup plus humble, il voulait savoir pourquoi je refusais de lui parler, et sa voix était, sinon suppliante, du moins demandeuse, sincère. Et puis le déchaînement de violence après, quand il a vu que je restais dans un schéma qu’il ne comprenait pas.
Deux réflexions :
– cela fait des années que je pense aux possibilités d’agression, et aux réactions que je pourrais « préparer ». C’est assez illusoire, parce que sur le coup, probablement comme beaucoup de personnes, j’ai eu un grand blanc. Le cerveau ne réagit plus rationnellement, on n’est plus capable de raisonner ou de se souvenir de la to-do liste de l’agressé 😉 En même temps, c’est intéressant, parce que je pense que toutes ces années de réflexions et de discussions sur l’être humain m’ont donné quelques réflexes intégrés, des manières de se comporter dans ce genre de crise qui ne sont peut-être pas optimales, mais qui limitent la casse.
– ce gars cherchait en fait du dialogue. Mais dans certaines existences, on n’a plus que le conflit et l’opposition pour « dialoguer ». Il était dans son monde, dans son système de « dialogue », mais évidemment, il n’en est pas du tout satisfait. Il dira « je m’en foutais de ce gars » alors que pas du tout, même s’il a obtenu apparemment ce qu’il voulait (une bagarre), il a dû être frustré de ne pas obtenir ce qu’il cherchait vraiment (un échange). Un échange, fut-il de coups de poings, c’est un succédané fruste de l’échange de mots, qui lui-même peut être souvent un succédané fruste de l’échange de sentiments ou de l’échange de confiance. Mais c’est toujours un échange.
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D’expérience, je pense en effet qu’il vaut mieux en parler, une fois, et puis passer à autre chose.
J’ai eu une jeunesse un peu agitée, dans des pays peu fréquentables, et dès l’âge de 8 ans, j’ai eu la "check-list" en tête, que me répétaient mes parents chaque jour ou presque : s’il se passe quoi que ce soit, ne réfléchis pas, ne pense pas, deviens un meuble s’il le faut, fais ce qu’on te dit, et rien de plus, pas d’héroïsme, et tout ira bien.
J’ai assisté à des scènes peu recommandées pour des enfants, mais à moi il n’est jamais rien arrivé.
Et puis le 8 octobre 2005, je me suis retrouvée au milieu d’un braquage, dans une agence bancaire huppée, avec ma jeune collègue que vous connaissez (elle enceinte de 7 mois…). Le type a pointé son flingue pile entre mes deux yeux, et nous a ordonné de nous allonger par terre, bon. Bizarrement, à cet instant précis, mon cerveau s’est en effet vidé de toute sensation, mais la check list de mes 8 ans a pris toute la place.
Alors j’ai pris Clo par le bras, on s’est allongées par terre, sans un mot, sans bouger, sans rien faire, on est devenues des meubles, pendant que le type pointait son flingue en alternant vers son ventre et vers ma tête.
Ca a duré exactement 3 minutes. Et tout s’est bien passé, il ne nous est rien arrivé.
Mais sur le coup je n’avais pas envie d’en parler, parce que ça faisait aussi revenir à la surface tous ces délicieux souvenirs d’enfance que j’avais planqués sous le tapis – je vous en fais grce.
La suite, vous la devinez, le jour où quelques mois plus tard je me suis trouvée paralysée par la vision d’un mouflet de 5 ans qui agitait son pistolet en plastique en face de moi dans un parc, j’ai compris qu’il fallait que j’aille en parler…
Bon, il vous reste de l’Aloe Vera pour les soins ? 🙂
@ Kate : merci.