Pourquoi j'ai aimé regarder Master Chef

Voilà, le plus dur est fait, j’ai fait mon coming out dans le titre.
ça me taraudait depuis des semaines, je n’osais pas en parler autour de moi, je me sentais comme quelqu’un qui fait des choses pas propres quand, chaque jeudi soir, je m’installais devant TF1 à 20h45 pour aller jusqu’au bout de la nuit. Il faut donc maintenant que je parle de ce choix d’existence quasi prométhéen, pour moi qui ne regarde la télé que comme un-écran-auquel-je-pourrais-connecter-mon-Mac-si-j’avais-le-bon-cable-HDMI.

Alors voilà les deux raisons qui me motivaient dans cette aventure vespérale hebdomadaire et télévisuelle.

1. Master Chef, ça donne envie de manger et d’innover en cuisine

C’est la raison qui est souvent avancée, ce n’est pas MA raison primordiale (cf. plus bas), mais quand même : depuis l’avènement de ces émissions culinaires, on constate une relance de la consommation. A la Fnac Saint Lazare, un mur entier est consacré aux livres de cuisine. Et hier soir, mes calmarillons à l’ail sur lit d’asperges, je ne les aurais jamais faits si je n’avais pas vu les délires culinaires et funky de certains de ces candidats. On achète des livres de cuisine, on achète des légumes qu’on ne cuisinait pas auparavant (ma tante a vécu la 2ème guerre mondiale, je lui servirais un rutabaga ou un topinambour, elle me le renverrait dans les gencives avec les frais d’affranchissement en sus), on se lance !
Résultat : je ne m’installe plus devant cette émission sans m’être préparé un bon menu avant, et en gardant à portée de main du chocolat noir coeur praliné ou un pot de crème fraiche épaisse avec une cuillière à soupe plantée dedans.

Mais surtout, voilà ma vraie raison :

2. Master Chef, c’est vraiment une émission typique TF1

Il y a des pleurs, des rebondissements, des injustices, des engueulades, bref, on sent que c’est calibré, monté, orchestré, pour susciter la réaction, l’addiction, ce petit goût de reviens-y des vraies émissions à forte audience. Voir un colosse les yeux remplis de larmes devant une caméra, ça me donne (en creux) une espèce de foi dans l’espèce humaine. Et je suis sincèrement admiratif devant tout cet objet qui n’a rien de naturel, rien de chaleureux, et qui le revendique. Regarder Master Chef, c’est se préparer à des barrages de pubs en rafale, des promesses pour après la pub (« les coulisses des bonus que vous n’avez pas vu sur le DVD, seuls deux algonquins ont eu la primeur de ce que vous allez voir ce soir »). Et on attend minuit pour voir le jury qui donne ENFIN la vraie raison pour laquelle il a éliminé le bon cuisinier qui était sympa, et pourquoi il a gardé la tanche qui brûle ses patates (« ben en fait, sa sauce à lui, elle était moins bonne que sa sauce à elle »). Je n’ai pas chronométré, mais je pense qu’on a autant de minutes de pub que de minutes d’émission, et je trouve ça super fort. En d’autres termes : je n’aime pas TF1, je n’adhère pas à leurs valeurs, mais je découvre mon chapeau, car dans leur domaine, ils sont très efficaces.
Moi je sais pourquoi cette émission élimine certains et garde d’autres : show-business. Les meilleurs partent les premiers, certains candidats ont le plat bordé de nouilles alors qu’ils auraient dû sortir 17 fois, bref, l’art de TF1, c’est de prendre le téléspectateur à contre-pied (de cochon), mais pas tout le temps, pour que le contre-pied ne devienne jamais prévisible. Chaque semaine, on a ses favoris, et à la fin, à minuit, on compte les pots cassés et on y repense le lendemain, on se reforme une équipe de favoris pour la prochaine fois, et ça nous énerve qu’Anne reste alors que Virginie est sortie.
Et le jury est méchant, distant, et quand le candidat est jeté, syndrome de Stockholm, le jury dit des mots gentils et les candidats pleurent (bis) et quittent l’émission en remerciant tout le monde. Moi j’aime bien ces chefs, j’aime bien le critique gastronomique qui flingue de mots assassins, et à la fin, qui dit toujours « votre estouffade à la barigoule me restera toujours au fond du coeur ». (et il rajoute toujours « Bon vent », serait-ce une références aux cassoulets du Chef Yves Camdeborde ?)
Une prime spéciale au montage / scénarios. Je pense qu’il y a des gens chez TF1 qui moulinent toutes les séquences et qui se disent : « OK, faut que ça percute plus qu’un épisode de 24 heures, alors quel va être le Mac Guffin de ce soir ? »
Ils choisissent un angle d’attaque, avec plusieurs fausses pistes, et c’est parti, montage vidéo des séquences alternées, que j’insiste sur les erreurs d’un tel pour après flinguer à la dernière minute une candidate qu’on n’avait même pas aperçue dans les séquences, c’est du grand art. Je pense qu’il y a une vraie écriture des scénarios, inspirée des rebondissements d’un Dr House ou Dexter.
Et tout cela, qui n’était qu’intuition depuis le début, est confirmé par les révélations d’Audrey à un quotidien Wallon (ah, heureusement qu’il y a l’indépendance de la presse wallonne) : les candidats sont parqués, infantilisés et lchons le mot : manipulés, par la chaîne de télé.
Bref, du pain et des jeux.

Que se passera-t-il ce soir à minuit et quelques, quand j’aurai vu la dernière émission ? Eh bien je retournerai à mes occupations extra-télévisuelles, je ratisserai les feuilles dans mon jardin ce week-end, et je me fera peut-être une mouclade, la version Charentaise (poële à marrons remplie de coquillages, des épines de pin par dessus, on passe au feu, les coques s’ouvrent sous la chaleur, cuisent et se parfument de ce goût d’aiguilles de pin fumées).

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Mauvaise Nouvelle, bonne nouvelle

Je suis en train de rédiger, assez lentement, une Nouvelle.
Il y a un côté frustrant là-dedans : je n’ai pas une idée de nouvelle originale tous les jours, ni même tous les mois, Ok, on va dire que j’ai une idée une fois par an. Et cette idée, souvent, peut-être exprimée en une phrase. C’était le cas par exemple de Clash boursier ou de Transluxion (idée énoncée initialement ici).
Mais pour transformer cette idée (cette phrase) en une nouvelle, il me faut souvent une dizaine d’heures de travail. il faut croire que je ne sais pas faire court, concis, ramassé.
C’est frustrant, mais le fait de dire « oué, j’ai une idée, alors voilà, ce serait ça », c’est aussi frustrant.
Voilà pour la mauvaise nouvelle.

La bonne nouvelle, c’est que tout est synchronicité : je croyais être original en disant à un moment donné

[à propos de justice] Il existait notamment le zinjj, un terme inconnu sur Terre mais qui semblait exister naturellement sur une majorité des exoplanètes. La notion de zinjj postulait que la décision de la sanction prenne en compte non seulement le contexte du crime (la présence de « circonstances atténuantes »), mais aussi l’impact de la sanction sur l’ensemble des personnes concernées. Il arrivait que des délinquants soient immédiatement relâchés, car toute sanction aurait coûté plus cher à la société que le fait de ne pas sanctionner.

Et en fait, ce concept de coût social existe sur Terre : des auteurs britanniques viennent d’utiliser cette idée d’impact social pour lister les drogues les plus coûteuses à la société, au sens large. C’est dans une étude publiée par The Lancet, et le résultat est que l’alcool est bien plus dangereux et coûteux (harmful) socialement que l’héroïne ou la cocaïne Plus de détails en français ici (où l’on apprend ainsi que le tabac est plus nocif que le shit, mais que fait Altadis ?!).

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Le MBTI pour les nuls : qu'est-ce qu'un P ?

Un type de personnalité « J » est orienté vers l’action. Il aime bien planifier, anticiper. C’est une personne qui n’aime pas le(s) retard(s). Tout imprévu peut être source de stress. Tout a été fait dans les temps, voire avant.
Par opposition, un type de personnalité « P » est orienté plutôt sur la contemplation, décider est toujours douloureux. Le P aime garder ses options ouvertes jusqu’au dernier moment. Il sait qu’il ne fonctionne bien que sous la pression de la deadline (nuit blanche…).
C’est souvent difficile d’expliquer le fonctionnement d’un P, notamment à un J, qui prend les Ps pour des rêveurs pusillanimes.

Voilà, j’ai trouvé sur BashFR (DansTonChat) aujourd’hui une méga-attitude P :

[hik] tu fais quoi ?
[dwane] j’attends que mon appart se range tout seul.
[hik] y’a peu de chance que ça marche …
[dwane] je sais mais je me dit que si je le range maintenant je pourrai pas être sur qu’il se serai pas rangé tout seul dans une heure, et donc j’aurai peut être fais tout ça pour rien.
[hik] t’as raison, vaut mieux attendre encore un peu.

Respect !

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Batana et Ubuntu – Point de BurnOut, Point de BurnBright

La batana du jour :

Point de BurnOut : n.m. Mesure de la mauvaise qualité d’une journée de travail. Plus une journée accumule des points de burnout, plus elle fait disparaître vite l’effet des dernières vacances. Si l’on avait accumulé 10 points de BurnBright (cf. ci-dessous), il suffira de 5 journées de travail à 2 points de BurnOut par journée pour faire disparaître l’effet bénéfique des vacances. Ou bien, il suffira d’une journée de travail méga chiante à 10 points de BurnOut pour annuler totalement l’effet des vacances.
Par extension : doit pouvoir être utilisé dans le domaine des faveurs qu’on fait à un(e) collègue.

Le Ubuntu du jour :

Point de BurnBright : n.m. Mesure de la bonne qualité d’une journée de vacances. Plus une journée accumule des points de burnbright, plus elle permettra de résister à l’effet délétère des journées de travail. Si l’on a accumulé 120 points de BurnBright, il faudra 60 journées de travail à 2 points de BurnOut par journée pour faire disparaître totalement l’effet bénéfique des vacances.
Par extension : doit pouvoir être utilisé dans le domaine du bénévolat.

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Terres… brûlées… au vent… des landes de pierre…

J’aime cette chanson antédiluvienne de Michel Sardou, Les lacs du Connemara. Cela pour dire qu’il va y avoir une interruption de nos émissions pendant quelques jours, car je pars soigner mes courbatures dans des terres abandonnées du wifi. Les commentaires sont – comme d’habitude – modérés, soyez donc patients 🙂

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10/10 – 10

Le 25 octobre 2010, j’aurai couru mon 10ème et dernier marathon.
C’était  Dublin, hier, et c’était un super moment pour terminer une aventure commencée en 2002 (Marathon de Paris), mais réellement enclenchée en 2006 (Marathon de Paris again), avec une moyenne de deux marathons par an.

La boucle est bouclée : les deux seuls marathons que j’aurai couru en binome auront été le premier et le dernier, dans ce paradoxe d’une épreuve qui est très collective, mais qui revient toujours à un défi individuel, à une forme d’introspection dans la douleur, yeah man.

Tout commence par la main de Thierry Henry. Mon ami Laurent est tellement catastrophé par ce geste, et tellement impressionné par le fair play des supporters irlandais, il y a maintenant 1 an, qu’il décide de courir le Marathon de Dublin en remerciement à ce pays sympathique. Sur 6 copains inscrits, la vie nous en retire progressivement 4 : blessures, fatigue, manque d’entraînement et/ou de motivation (les deux sont liés). Je ne suis pas loin d’être le 5ème, les mois de septembre et octobre ayant fait l’objet d’un entraînement qui a bien commencé, mais qui s’est étiolé au fil des semaines.
Je partais donc peu (et mal) entraîné.

Mais Laurent (record 3h04mn à Paris) m’a proposé une équipe : il m’accompagnera sur toute la distance, et nous viserons 6mn au kilomètre, c’est-à-dire un objectif loin de mes records (4h33, contre mon meilleur temps de 3h36), et abyssalement éloigné des temps habituels de Laurent. Autant dire qu’il sera à la balade. Paradoxalement, sa question sera : puis-je courir aussi longtemps, moi qui suis habitué à courir maximum 3h30 🙂

La nuit est encore sur Dublin quand nous quittons l’hôtel, habillés en coordonné : bandeau pirate rouge, tenue bleue, chaussettes-bas rouges. Le tout recouvert d’une couche supplémentaire (gants, bonnet, polaire, puis couverture de survie) pour attendre le départ dans de bonnes conditions. Les 13 000 coureurs sont rassemblés en une foule compacte, canalisée le long de Fitzwilliam Street, tandis qu’un hélicoptère survole en stationnaire. Le ciel s’est éclairci, le soleil n’est pas encore là, mais le temps est superbe : frais (froid même), clair, avec un ciel dégagé.

Et c’est le départ. Le peloton est dense, on a du mal à prendre la vitesse de croisière, les rues sont relativement étroites et il y a quelques points de ralentissement, là où la foule des coureurs se tasse avant de redémarrer. Nous passons O’Connell bridge, non loin de notre hôtel. La Liffey est un petit fleuve sympathique enjambé par des ponts sans prétention, cette ville est un jouet charmant, presque provincial, loin du stress pollué d’un Paris.

Je vois le 2ème mile, le rythme est enfin à la vitesse de croisière, j’ai choisi d’être un peu ambitieux : 5mn40 au km, ce qui devrait nous amener, si je tiens ce rythme, à 4h au final. Mais la question ne trouvera sa réponse qu’au semi-marathon (13,1 miles, 21,1 km), et encore plus, au Mile 20 (km 32).

4ème mile, nous entrons dans la très grande étendue de Phoenix Park. J’attends Laurent qui marque son territoire sur un mur du parc, puis nous suivons la foule des coureurs, le peloton s’est distendu, le rythme est fluide. Ce parc est très beau. Des étendues d’herbe verte poudrées d’une fine couche de gel. De belles frondaisons nous surplombant.  A un moment, à droite, j’ai une vision de savane : un arbre isolé au milieu d’étendues d’herbe sauvage, le soleil rasant, quelques brumes dans le lointain. La route se met à descendre, le soleil est de face, assez aveuglant car encore bas sur l’horizon. 1er gel énergétique absorbé aux alentours du mile 7. Le peloton devant nous lache des buées de respiration, quand on passe à l’ombre, on sent le froid. Après 4 miles de parc, nous sortons par une toute petite grille qui ralentit tout le monde, et c’est reparti pour le macadam, et on retrouve la foule des supporters.

Le soleil est toujours de face, les coureurs devant moi sont à contre-jour, toutes les couleurs gommées en un noir et blanc surexposé par la lumière. C’est difficile de regarder loin devant, à cause de cet aveuglement, on regarde donc les pieds qui courent devant. Le macadam brille comme des écailles de lézard des enfers.

9ème mile, 3ème ravitaillement en eau + en boisson énergétique. J’en prends une bouteille, mais je le regrette vite : c’est sucré, acidulé, et ça donne soif après quelques minutes.

Les façades des maisons sont charmantes, alternant brique rouge ou crépi, avec de temps en temps une église en pierres grises, très belle dans sa simplicité austère. Dans certains quartiers, il y a des jardins devant les maisons avec des petites grilles peintes de couleurs vives. Dublin doit être une ville où il fait bon vivre.

Les côtes commencent. Certaines sont des faux-plats, extrêmement traîtres pour les coureurs non aguerris (mais n’avons-nous pas 9 marathons d’expérience derrière nous ?), et Laurent me pousse à chaque fois à ralentir pour ne pas brûler tout mon glycogène, carburant dont j’aurai terriblement besoin dans la seconde partie de la course. Et puis il y a les vraies montées qu’on aborde tout lentement, en se faisant dépasser par quelques fusées qui paieront plus tard le prix de leur enthousiasme : quelques secondes gagnées ici, des poignées de minutes perdues là-bas.

11ème mile. Nous passons le Grand canal, qui est en fait tout petit, un canal façon amsterdam, avec de l’eau recouverte de feuilles mortes.

13ème mile, 2ème gel. Nous passons le portail marquant le semi-marathon à 1h58mn de temps. Laurent me filme et me demande comment ça va. Je réponds « ça va être dur ». Ce qu’il ne sait pas, c’est ce que je sens dans les cuisses : rien de dramatique, mais une fatigue de semi-marathon qui me fait penser que ça va être de plus en plus difficile de tenir cette vitesse. Et pourtant, je suis en dessous de ma vitesse marathon habituelle. Mon entraînement a péché sur deux points : pas assez de distances longues, pas assez de vitesse. Je suis en train de voir comment je vais le payer.

Ma cheville droite me fait un peu mal : une entorse d’il y a deux étés me rappelle que la vie nous marque, et qu’elle réclame régulièrement son dû. Laurent me conseille de respirer vers cette cheville : je visualise ma respiration comme un tuyau bleu de liquide frais qui descend dans mon corps et va rafraîchir cette zone rouge, et c’est vraiment étonnant, la douleur s’estompe et disparaît progressivement.

La foule n’est pas très dense, loin des assemblées qu’on a pu voir à Madrid, Londres, ou New York, mais il y a des points où il y a de la foule, et l’ambiance est très dynamique, on se sent vraiment encouragés. Laurent et moi passons souvent le long des spectateurs pour taper dans les mains des enfants. Avec nos tenues identiques, j’entends plusieurs fois « they are brothers ». Et c’est un fait, frères de course, frères dans la même histoire depuis 6 ans, brothers in arms.

20ème mile. J’annonce : « C’est là que la course commence vraiment ». A ce moment, je sens que ça va être dur. Les cuisses sont fatiguées, ce ne sera pas un problème de souffle (ça n’est jamais un problème de souffle) mais plutôt de jambes (à partir de ce moment-là, c’est toujours un problème de jambes).

Je décide de me mettre de la musique pour la motivation. Catastrophe : j’ai pris mon casque de course, pas le casque habituel de l’iPod Shuffle, ce qui fait que je n’ai aucune commande du baladeur. Ainsi, le son est beaucoup trop bas et je ne peux pas le régler, et quand je souhaiterais changer de morceau, je ne peux pas non plus. Ainsi, je n’entendrai aucun titre
de la B.O. de Rocky, ce qui a pourtant toujours été mon gimmick d’entraînement et de tous mes marathons. Par défaut, je me remémore les parties du monologue de Rocky à son fils dans Rocky Balboa, ce film simplement humain.

ça devient de plus en plus dur. A partir du mile 20, j’ai commencé à ralentir imperceptiblement. Dans les plats, dans les descentes, Laurent me dynamise « Allez ! » et je reviens à la vitesse de 5mn40 au km, mais c’est de plus en plus dur à tenir. Lui est en pleine forme, il court à une vitesse qui lui permet de profiter vraiment de la course, de l’ambiance. Il est aussi d’une grande aide, allant attraper des petits bonbons gélifiés, de l’eau, me passant des ravitaillements que j’ai du mal à mâcher et avaler.

22ème mile. Je l’ai guetté, je le vois au loin, je le passe. Et je me dis « encore 4,2 miles, presque 7 km », cela me paraît très lointain. Je fais bonne figure devant Laurent, mais il voit bien que je ne suis pas à la fête. Mais les intermèdes vidéo ou photo, les passages le long des supporters, tout m’aide à faire passer ce temps qui passe si lentement, au rythme de mes foulées qui se raccourcissent de plus en plus.

Je guette le mile 23 depuis longtemps. Je le vois enfin au bout d’un temps qui me paraît très long. Je le passe. Je guette le mile 24. J’ai l’impression de mettre des heures à le voir, et à chaque fois, je préviens Laurent : « je vois le mile 24 ! »

Il y a encore des faux-plats, et c’est vraiment dur à ce niveau de la course, j’aimerais du plat ou de la descente. Une simple inclinaison, aussi faible soit-elle, me pompe toute l’énergie qui me restait encore. De plus, nous passons souvent le long de voies express ou de rues dans lesquelles il y a du traffic de voitures et bus. Nous ne sommes plus entre nous, entre coureurs qui sont les rois de la rue, nous sommes tolérés à la marge dans un monde de voitures.

Mile 25. je prends mon dernier gel, censé être le booster au guarana. Laurent me décompte régulièrement les kms restant, ça me paraît toujours trop, trop loin, trop dur. Un muscle se met à tressauter dans l’arrière de ma cuisse droite, les crampes sont tout proches, je me tiens la cuisse tout en continuant à avancer. C’est dur pour tout le monde, nous sommes tous ivres de fatigue (sauf ce cabri de Laurent qui a la grande pêche !)

La foule se densifie, la voie devient de plus en plus étroite, on pourrait presque toucher la foule des deux côtés à la fois. Notre binome coloré déclenche des encouragements  chaleureux et ça fait énormément de bien. Laurent nous filme cote à cote, la foule crie c’est presque fini, Laurent dit « 500 mètres ».

Nous remontons la dernière avenue (encore un faux-plat…), nous sommes bras dessus – bras dessous, et nous en profitons, en ralentissant même, en saluant la foule qui applaudit ces deux frères d’épreuve qui finissent ensemble. Je vois la ligne d’arrivée qui s’approche, nous ralentissons encore, et nous passons ensemble le portique. Nous tombons dans les bras l’un de l’autre.

10ème et dernier marathon, très belle journée, très belle aventure.

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John Steinbeck – America and Americans

J’avais déjà dit que quand je lisais du Erri De Luca, cela me lavait de ma journée.

But Steinbeck rejuvenates me.

(ce qui n’est jamais perdu, la veille d’un marathon 😉 )

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Further on up the road – Marathon de Dublin

Lundi 25 octobre, je courrai mon dernier marathon, le 10ème.

Probablement au son de Bruce Springsteen, mais pas seulement, j’arpenterai les rues de Dublin sur les 26,2 miles (je préfère le calculer dans le système impérial) du parcours.

Pas eu le temps de m’entraîner correctement. Ce sera donc un dernier tour de piste, à vitesse réduite, et non pas la quête d’un nouveau dépassement. Je resterai donc à mon temps historique, mon meilleur temps sur marathon, de 3h36′ à Paris 2010.

Et l’état d’esprit est loin de toutes ces angoisses des dernières épreuves, peut-être (en fait, probablement) parce que je pars sans objectif, sinon de profiter de la ville et de passer la ligne d’arrivée. Un état d’esprit illustré par le morceau Cavan potholes.

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T9 Roulette

Quand on tape un message sur son téléphone portable, il suggère souvent des mots possibles. Cela vient probablement de deux observations : (a) nous préférons des suggestions intelligentes pour terminer notre mot, nous épargnant ainsi la saisie de toutes les lettres ; (b) il se peut que nous ayons tapé une mauvaise lettre, le téléphone s’ajuste alors en proposant le mot correct.

Mais cela veut dire, dans le cas (b), que même si on a tapé correctement le mot, le téléphone va proposer des alternatives. Et dans le cas de mon téléphone Nokia, non seulement il propose un autre mot, mais il le « choisit » automatiquement si je tape sur espace.
C’est énervant, mais potentiellement intéressant. C’est une écriture automatique au sens d’expérience surréaliste. Une expérience intéressante serait de noter toutes les suggestions qui ont du sens. Par exemple, ce matin, j’écrivais le mot « Moleskine » et mon Nokia m’a proposé Modeste, et je me suis dit « oui, en effet, ne nous emballons pas, restons modeste et humble dans nos efforts d’écriture sur ce carnet ».
J’appelle ça T9 Roulette, en référence au système T9 de saisie intuitive sur clavier.
D’abord, ça vaut toujours mieux, en terme divinatoire, que l’astrologie (et c’est pratique, on passe nos journées à rédiger des textos, pas à lire des horoscopes). Et puis j’aime bien ce côté Ghost in the machine.

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Sentier d'arrache

J’ai connu un braqueur de banques, il me racontait… ce qu’il voulait me raconter, et j’avais retenu un terme : les sentiers (ou chemins) d’arrache, c’est-à-dire les itinéraires de repli après un braquage (je suppose, pour éviter les barrages de police, j’ai une connaissance uniquement théorique et télévisuelle de ce genre de choses).

Ce n’est pas vraiment un Ubuntu, car ce n’est pas ce que j’appellerais un petit bonheur, et par ailleurs, le terme est déjà utilisé, ce n’est pas un néologisme. Mais je le mentionne quand même ici :

Sentier d’arrache : n.m. Itinéraire bis qu’on peut emprunter pour rejoindre son lieu de travail, quand l’itinéraire principal est bloqué par une grève, une avarie matérielle sur la ligne ou tout autre phénomène générateur de foule abondante sur les quais.

Évidemment, qui dit « sentier d’arrache » dit « temps supplémentaire ». Un bon sentier d’arrache, c’est une alternative qui coûte peu en temps supplémentaire. J’ai la chance d’avoir 2 sentiers d’arrache (qui me rajoutent 20 mn, mais qui fonctionnent mieux que le principal quand le principal ne fonctionne pas). C’est quand même mieux que le vélo.

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