Journée Café Salé Café Sucré

Hier soir, j’ai regardé « Coffee and cigarettes » de Jim Jarmusch. Superbe film de saynettes, en noir et blanc, entre volutes de vapeur du café et volutes de fumée.
Dans un des sketches, Renée est tranquille, et le serveur arrive « voulez-vous encore du café, miss ? » et lui sert du café chaud dans sa tasse. Elle le toise languidement, et dit « j’aurais préféré que vous ne fassiez pas cela. Mon café avait juste la bonne couleur, la bonne température… »
Après que le larbin se soit retiré d’un air penaud, elle dose religieusement un peu de sucre, verse hiératiquement un peu de lait, bref, elle se refait sa mixture.

Cette journée a alterné entre les différents états : j’avais un café potable, on m’a versé un café noir et bouillant, j’ai refait mon mélange, on m’a reversé un breuvage amer dedans.
Je veux voir du côté positif : ça s’est terminé, autour d’une(s) bière(s), par une discussion de recherche avec un étudiant. Sur le papier, je n’y gagnais rien, et il y gagnait tout. Dans la réalité, j’y gagnais un moment de sucre dans ma journée de café salé.

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Google, sweet Google

Ce soir, l’action Google a atteint son plus haut sommet boursier : 483 dollars et quelques. OK, ça fait un peu moins en euros, mais pour une société qui est partie de 85 $ l’action en août 2004, c’est… comment dire… enviable, comme progression.
Ce qui m’amuse, et m’étonne, c’est la capacité des analystes, aujourd’hui, à fixer des objectifs de cours à 600 $ d’ici quelques mois.

Non pas que je conteste cet objectif : je suis professeur de finance, donc, comme Jean Gabin, ce que je sais, c’est qu’on ne sait jamais rien. Non pas que je conteste la méthode pour arriver à ce chiffre (s’il y en a une) : après tout, si l’on trace une courbe de la hausse passée de Google, on devrait arriver vite à 600 $.

Ce qui m’intéresse, et là où j’avoue mes limites (heureusement, pas en public), c’est de savoir comment on peut arriver à de tels chiffres, avec tous les métiers et les acquisitions de Google. Certes, il y a des analystes hors pair, qui arrivent à jongler avec tous les business models, j’ai même trouvé un vrai génie qui anticipe le scénario que je trouve le plus juste et le plus cohérent sur les 20 prochaines années. Il n’empêche, je reviens toujours à mes bons vieux fondamentaux : le PER actuel est de 70 (l’action vaut 480 $ pour un bénéfice par action légèrement inférieur à 7 $), le PER à un an est de 30 (euh, allez, action à 600 $, bénéfice par action à 20 $), donc soit le bénéfice va être multiplié par plus de 3 en un an (argh, c’est ce qu’ils ont fait de 2003 à 2004 et de 2004 à 2005 ! Bon, d’accord, mais c’est pas parce que le baleineau grandit de 300% dans ses premières années que les baleines grandissent de 3 fois leur taille quand elles sont ados. Et puis les analystes, ils tablent plutôt sur un bénéfice par action de 10 $ en 2006, et 13,5 $ en 2007. Où c’est qu’est la différence ?) soit que ça atteindra pas 600 $, on disait ça juste pour rigoler, vous savez, les investisseurs ils aiment des chiffres ronds.
Bref, sans vouloir mégoter (en ces temps anti-tabagiques, ça ferait désordre), je me dis qu’il doit y avoir une poignée de clampins qui se disent « Google a atteint son plus haut, donc c’est la preuve qu’il peut encore monter, on achète !!! »
J’adore l’optimisme des marchés financiers, ça me requinque.
Comme le disent mes géniteurs intellectuels :

« Sachez-le, être expert financier présente certains risques, comme celui de se retrouver au milieu d’individus impatients de vous expliquer leur système pour faire fortune en achetant des actions. heureusement, ces fcheux entrent en hibernation temporaire chaque fois que le marché baisse. »
Richard Brealey, Stewart Myers, Franklin Allen, Principes de gestion financière, 8ème édition, Pearson Education France, Chap. 4, 2006.

Mais c’est sûr, Google c’est efficace quand c’est utilisé intelligemment.

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Caillou – Microfilm

Tu viens me visiter
Aux heures les plus noires de la nuit.
Et je revis notre passé
Jusqu’à la stérilité.
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Caillou – Automne primitif

ToiEtMoi

Je t’écrivais, tu m’écrivais
Et ma vie était couverte de feuilles
De mots de baisers
Aujourd’hui les feuilles sont tombées
Je les ramasse en piles
En regardant le ciel gristre
A travers les branches nues.

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Désir d'être admiré

Avant de répondre à un test dans un magazine, il allait toujours voir les résultats, puis il faisait le test à l’encre en marquant les réponses correspondant au profil « idéal », le profil dont le commentaire commence toujours par « bravo, vous êtes tout à fait €¦ ». Puis il laissait le magazine en évidence…
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Les araignées de lumière

Comment bâtir une toile qui ne risque pas d’être détruite ?
En la construisant dans un espace hermétiquement clos,
Une bulle sous vide.
Quand on déteste le risque à ce point,
On doit accepter de jeûner longtemps…
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Projets, dont BDs

LaCollègue l’a bien souligné, j’ai des projets.

Il y en a 3 qui me tiennent à coeur :

  • Prométhée
  • Phoenix
  • Magnolia

(pourquoi ces noms de code ? parce que j’en ai eu marre, un jour, de parler trop tôt de projets sur lesquels je n’avais pas avancé. Et une semaine, ou 1 mois après, un ami me disait « alors, tu en es où ? » et je n’en étais nulle part.)
Je m’améliore : j’ai fait avancer Magnolia il y a deux jours, désormais, la balle est dans le camp adverse. Si ce projet capote, vous en bénéficierez tous, alors vous avez intérêt à ce qu’il capote.

J’ai d’autres projets, moins importants, mais pas forcément futiles. Tout cela touche à ma vie, à ce que je suis.

Donc, l’inconnu du 3ème étage me transmet une liste de BDs à lire absolument. Liste incomplète, tient-il à préciser. Comme si toute liste n’était pas, par essence, qu’une tentative dérisoire d’enfermer le monde. Nous sommes d’accord, L’inconnu du 3ème étage : nous essayons tous de faire de notre mieux.

Passons donc à la liste avec mes commentaires :

Les classiques

La ballade de la mer salée (Corto Maltese), Hugo Pratt
entièrement d’accord. Beaucoup de choses dites, et dessin à l’encre de chine superbe. J’ai une faiblesse pour les Ethiopiques, mais c’est dans une version que je n’ai jamais réussi à retrouver, à l’aquarelle…

Peter Pan (6 tomes), Loisel
Hum, euh, je ne sais pas. J’ai préféré la quête de l’oiseau du temps, et puis je n’accroche pas plus que ça. J’avais adoré le Rige

La marque jaune (Blake & Mortimer), Edgar P. Jacobs
Top total d’accord. Mais vous êtes un peu classique, ô inconnu. Le mystère de la grande pyramide est autrement plus angoissant.

120 rue de la Gare, Tardi
Vous êtes parfait. J’adore l’écriture de Léo Malet, et Tardi a su s’adapter parfaitement à cet univers. Rien à dire.

Partie de chasse, Bilal
Mouais. Vous ne devez pas être jeune, ou alors, vous allez vers les classiques. Pour moi, ça ne vaudra jamais La foire aux immortels, qui était (et est toujours) effroyablement beau.

Maus, Spiegelman
Pas lu. Entendu parler, énormément. Qui n’en a pas entendu parler ?

V pour Vendetta, Moore & Lloyd
Ah oui ! Je n’accroche pas trop au dessin, mais superbement réalisé, une de ces séries où l’on retrouve du profond et du futile. Terrible, beau, angoissant.

La nouvelle vague

Vivons heureux sans en avoir l’air (Monsieur Jean, Tome 4), Dupuy & Berberian
à tester, définitivement. Je ne sais pas du tout de quoi ça parle, mais j’ai l’intuition, confortée par mes contacts sur la toile, qu’il y a des choses merveilleuses à y découvrir

Journal d’un album, Dupuy & Berberian
Je suppose que c’est le pendant du précédent. OK, noté.

Les pilules bleues, Frédérik Peeters
Je confond. Je suis déçu que vous n’ayiez cité aucune BD de Schuiten et Peeters, comme la Tour ou la fièvre d’Urbicande : chef-d’oeuvres (oui, oui, j’assume). je ne connais pas ce Frederik Peeters, je le note dans mes listes de shopping.

Slalom, Lewis Trondheim
De lui, je connais, comme tout le monde, son blog. Donc j’ai un a priori très positif.

Isaac le pirate, Christophe Blain
C’est marrant, on en a fait tout un pataquès, c’est paru dans Telerama, et je ne comprends toujours pas cet engouement. Question de goûts, clairement.

Approximativement, Lewis Trondheim
Idem que précemment.

Persepolis (4 tomes), Marjane Satrapi
Oui, ça c’est très bien. Un dessin très stylisé, encre de chine et à-plats, et un humour très affûté.

La guerre d’Alan (2 tomes), Emmanuel Guibert
Le photographe (3 tomes), Lefèvre & Guibert
Ibicus (4 tomes), Pascal Rabaté
Le bibendum céleste (3 tomes), Étienne De Crécy
Pyongyang, Guy Delisle
Béton armé, Jean-Christophe Chauzy
L’autoroute du soleil, Baru
Qui a tué l’idiot, Nicolas Dumontheuil

Moi pas connaître rien du tout, moi noter scrupuleusement, et essayer de m’améliorer culture perso.

Manga
Euh, moi un peu vieux, avoir testé, pas être totalement en phase… (et pourtant, moi aimer Goldorak quand être jeune, il y a 50 ans)

Quartier Lointain (2 tomes), Taniguchi
Prix du meilleur scénario à Angoulême, quand même ! Ok, à retenir.
Akira, Katsuhiro Otomo

Comics

Palestine, une nation occupée / Palestine, dans la bande de Gaza, Joe Sacco
David Boring, Daniel Clowes
Jimmy Corrigan, Chris Ware
Hicksville, Dylan Horrocks
Moi pas connaître rien du tout, moi noter scrupuleusement, et essayer de m’améliorer culture perso. (bis)

The Watchmen, Moore & Gibbons
Ah ! Un grand choc, un événement ! Une série de BDs qui trouent les neurones. Grand bonheur.

Torso, Michael Bendis
No conosco.

La ligue des gentlemen extraordinaires, Moore & O’Neill
A tester, clairement, parce que je trouve Moore est un scénariste qui a du poil aux pattes !

« Grand public »

Le Tueur (5 tomes), Jacamon & Matz
Déjà évoqué, je suis fan.

Blacksad (3 tomes), Guarnido
Déjà évoqué, je suis hyper total fan.

Le retour à la terre (3 tomes), Manu Larcenet
Sur ma liste d’achats. Avec le 4ème tome, hinhin.

Il y a aussi Cosey. S’il faut n’en citer qu’un, je dirais Le voyage en Italie. Mais tous sont délicieux.
Il y a aussi Fmurrrrr avec Le génie des alpages et autres pantalonnades foutraques (Tartine de clous, par exemple, ou Porfirio et Gabriel)
Et pourquoi vous n’avez pas cité Sokal ? Par exemple La mort douce, La marque de Raspoutine, ou L’amerzone ?

De la vraie bonne tristesse.
C’est normal, la nuit est devenue froide tout à coup…

Cela dit, merci à L’inconnu du 3ème étage : faire des listes, c’est un moyen de survivre.

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Caillou – Automne

Cris de mouette par delà les immeubles
Odeur de feu de bois dans la rue
La ville joue à cache-cache
Avec mes sens.

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BD lue – Manu Larcenet : Le combat ordinaire

Je découvre, avec retard, cette série qui compte pour l’instant 3 tomes :

(Manu Larcenet, Dargaud, 2003 à 2006)

Je reste vraiment sous le charme. Un dessin attachant, presque enfantin par moments, en tout cas très tendre, qui contraste avec des mises en images par moments plus cinématographiques, ou photographiques. A cette jonglerie de forme correspond de façon symétrique une jonglerie de fond : on passe de saynettes attachantes, humoristiques, à des questionnements profonds parce qu’ils touchent à l’inconnu de nos vies et de celle des autres.

Je suis très admiratif de ce travail. Je ne connaissais de Larcenet que Bill Baroud (excellent, certes, mais dans un registre uniquement potache) et je découvre un auteur multi-cartes, aussi à l’aise dans les petits textes – voire les poèmes – que dans les réflexions « existentielles » (le mot est lché, j’en suis content dans une critique de BD), dans les crayonnés à l’encre autant que dans les scènes nocturnes, par exemple.
Sans rien connaître de son histoire personnelle, je me dis qu’il a mis beaucoup de sa propre vie dans ses personnages. Et comme toujours, quand c’est bien fait, cela aboutit au fait qu’on reconnaît beaucoup de notre propre vie dans cette oeuvre.
Bref, une vraie bonne découverte d’un vrai bon auteur.

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Le lièvre antique et la tortue amnésique

Préambule ô combien approprié

Conversation ce soir avec mon fils, au sujet de son épreuve sportive de l’année (courir 7 minutes d’affilée) :
– Dis donc, c’est super que tu aies couru 7 minutes !
(il ne réagit pas)
– Et moi, est-ce que tu sais combien de temps j’ai couru, hier ?
– Non, combien ?
– J’ai couru 1 heure et 58 minutes !
– … et combien de secondes ?
– ?! Euh, 20 secondes…
– Ha ! C’est rien du tout ! Moi je peux compter jusqu’à 20 !

Je vais donc vous parler de mes 20 secondes d’hier.

(la ligne rouge représente la vitesse que j’aurais dû maintenir sur toute la distance pour faire péter un chrono à 1h 50′)

La course s’est passée dans la vitesse (au début) puis l’essoufflement (très vite) puis l’allure de croisière, confiante et concentrée, avant la chute de performance à partir du KM 13.
L’impression de voir un compte-tours dont l’aiguille tombe, et on a beau se dire « il faut que j’accélère, que je remette la gomme », les jambes ne répondent plus, et il ne s’agit plus que de mouliner des mollets avec ce qui reste d’énergie et de motivation.

Malgré la liste des avanies que nous avons subies (en rigolant pas mal), c’est-à-dire :
– un trajet en voiture avec multiples plantages, qu’un poivrot en zigzaguant il aurait fait moins de distance
– la présence d’un membre satanique, tentateur et sulfureux, aux assauts empressés duquel j’ai dû résister de toute ma candeur et ma probité, moi qui ne connais pas le mal (le mle non plus)
– une virée nocturne dans Amsterdam où on a marché pendant des vingtaines d’heures (au moins) en observant des mannequins dans des vitrines, bien mieux qu’au musée Grévin, ce sont des figurines animées (et dénudées), pour un peu, on jurerait qu’elles sont vraies
– un départ des courses depuis le stade situé en périphérie, mais aucun tramway ne marche le dimanche, c’est pratique…
– une pelade que rarement on a pelé comme ça, d’abord en attendant de voir passer les marathoniens, puis de les voir repasser, dans un vent coulis glacial, puis le deshabillage sur le trottoir, brrrr, mon épiderme de délicat bébé se garnissant de givre
– un accéléromètre dont j’avais oublié de vérifier la pile, et qui m’a lché 1mn avant le départ. L’accéléromètre, c’est ce qui me permet de vérifier que je cours à la bonne vitesse, régulière, ni trop élevée, ni trop lente. Je me suis dit « ça fait rien, on va le faire comme un trappeur du Saskatchewan, tous les kilomètres je vérifierai mon temps, et j’ajusterai à chaque borne kilométrique ». Las,
– les bornes kilométriques étaient au ras du sol, donc je n’ai vu que le KM 5, puis le KM 10. Un peu difficile de s’ajuster, quand on n’a que 2 points de référence sur la première moitié du parcours

Le pire arrive.
J’ai passé la première moitié de la course à une vitesse qui aurait dû me permettre de finir en 1h45, mais les présomptueux oublient toujours qu’après la première moitié, il y a une deuxième moitié. Au KM 17, j’étais plutôt calé sur 1h50. Au final, j’ai fait 1h 58′ 20″.
Et tout le monde de me féliciter, moi le premier me disant « allez, j’ai un peu cramé des muscles au début, mais bon, nouveau record personnel, je passe sous les 2h ».
Jusqu’à ce que, ce soir, je revienne à mon compte-rendu du semi-marathon de Paris, il y a 6 mois. Et que je me rende compte qu’il y a 6 mois, j’ai fait 1h 56′ 53″, presque 2mn de mieux que ma performance d’hier.
Je me sens vieux.
Je hais mon blog.
Je hais ma mémoire à trous et mon optimisme inoxydable.
Je vais me coucher comme une serpillière moisie.

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