Ceci est une citation à des fins d’illustration musicale (détails ici). Il s’agit d’un extrait, en mono, de Tamalpais High (at about 3), par David Crosby, sur le CD If I could only remember my name, Atco, 1991 (sortie initiale 1971). Le disque est en vente ici. |
Hauteurs du Tamalpais, 3h du matin
La montée était sinueuse, à peine éclairée par un croissant de lune, on avait l’impression de n’en pas finir et qu’après le sommet, le taxi continuerait à monter dans la nuit. Mais après un dernier virage, les phares du taxi débouchèrent sur une étendue de gravier. Conrad laissa glisser sur quelques mètres, coupa le contact, les phares, puis nous descendîmes. On devinait les arbres qui entouraient cette clairière abandonnée, la nuit était sans nuages. Levant les yeux, nous vîmes un tapis d’étoiles, comme si une multitude de tigres nous fixait dans le noir.
Lumineux et féroces.
Inaccessibles et calmes.
Conrad s’était dirigé vers ce qui semblait être une trouée dans les buissons, un début de sentier. Nous nous faufilmes à la queue leu leu, environnés de feuillage chuintant, de feuilles luisant sous la lune comme des lames d’acier, et tous ces petits bruits (criquets craquement lapins lupin lutins) qui forment la rumeur de la nuit, auxquels se mêlaient nos pas furtifs, débonnaires, sensibles, amoureux.
Une ouverture dans les buissons nous révéla la baie tout en bas. Les lumières tremblotaient dans l’air nocturne, on voyait un phare qui clignotait tendrement au loin. Conrad s’arrêta, je sentais les ombres des pèlerins à côté de moi.
– C’est le moment d’avoir de grandes pensées. C’est le moment de pardonner au monde, dit Conrad.
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.
Le roman, dans l’ordre, est là.