Magnolia Express – 3ème partie – # 15

Cahutes
 
Je m’éveillai à l’invitation d’un parfum de soleil timide, sur les carreaux de la petite cabane. Nulle odeur de café brûlé.
Je me levai sans déranger Aline, qui était visiblement occupée à se bricoler un rêve à trois étages, et sortis face au parc d’antiquités mécaniques. Il y avait des piles d’objets mastodontes et des allées larges, ceux qui passaient dans la région en montgolfière devaient voir un quadrillage d’allées bien nettes, avec de temps en temps une petite cahute en bois. Nous avions dormi dans la cahute n°5, une petite pièce avec un grand lit à ressorts, quatre murs en bois autour et un toit pour couronner le tout. Je savais qu’Eileen et Conrad étaient dans la cahute 18, de l’autre côté du parc, et je me demandais si les autres petites cabanes que je voyais abritaient aussi des voyageurs express. Je m’avançais vers la première cabanette, à la réflexion, elle avait plutôt l’air de contenir des objets fragiles, vu qu’il n’y avait même pas de porte, juste un rideau qui bougeait un peu. Quel contenu, quelles découvertes ? Abats-jour ? Rasoirs de barbier ? Roulettes de casino ?
J’hésitai sur le seuil : l’intérieur était sombre et frais, alors que j’avais le dos chauffé au soleil. La bicoque faisait dix pieds sur douze et contenait des meubles en bois verni, chacun recouvert d’une bche, ou un drap, une cape, une voilette, une descente de lit. Au choix.
 
Sur une table roulante à côté de l’entrée, une vieille machine à coudre, du type de celle qui avait piqué la Belle au Bois Dormant, rêvait à sa splendeur passée. Je passai la porte et m’accroupis devant l’objet. La roue d’alimentation ne tournait plus, mais c’était probablement un problème de graissage. Je trouvai une burette d’huile qui flnait sur une des étagères, et entrepris de rendre les derniers honneurs à cette ravaudeuse mécanique.
 
Après un démontage sommaire et un tendre graissage, la vaillante machine fonctionnait à nouveau et réclamait de l’ouvrage. Je lui promis d’en parler à Vieux Bill, et elle me remercia, me disant que j’étais fort serviable. En me relevant pour libérer mes jambes ankylo-accroupies, je jetai un oeil à une grosse caisse en bois sans couvercle, coincée entre la table de la machine à écrire coudre et un vieux classeur verni. Son contenu était recouvert d’un vieux drapeau américain délavé, ce qui faisait que l’on ne voyait point les objets ainsi entassés. ça devait probablement être des entonnoirs en cuivre, ou une collection de fers à friser, ou encore des récipients en étain allant de l’once au gallon.
Je soulevai le drapeau : la caisse était remplie de vieilles machines à écrire en vrac.
Je crus voir un cimetière d’instruments de musique.

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Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Le roman, dans l’ordre, est
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0 réponse à Magnolia Express – 3ème partie – # 15

  1. mamz'elle dit :

    en illustration de ce texte et en cadeau je vous offre 3 minutes 22 secondes de de poèsie à savourer ici http://www.youtube.com/watch?v=X...

  2. Docthib dit :

    J’ai vu la vidéo, c’est bien mignon. ça faisait des années que j’avais pas regardé un clip, c’est ça d’être vieux…

  3. Atchoum dit :

    Tant pis, je vais encore jouer la couche du moche, mais il semble y avoir lapsus dans :
    "…coincée entre la table de la machine à écrire et un vieux classeur verni." Tu voulais sans doute écrire "machine à coudre" mais tu pensais déjà à la suite !

  4. Docthib dit :

    Argh, ma tou m’as eu ! Bravo, oeil de lynx ! Je corrige tout de suite dans le texte !

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