Hier, je buvais des coups avec Joséphine, on remplissait les pointillés de la vie de l’autre, les non-dits ou non perçus sur le blog, notre petit ménage de printemps, quoi.
Et voilà-t-y pas qu’elle me met en scène, genre appel de pied cyber, alala, mon existence devient jetée en pature aux masses, tel un SMS au Salon de l’agriculture. Il faut que je me défende, ce que c’est que d’être un homme public 😉
Je lui parlais notamment du Chemin de vie. Les concepts ont été exposés par Stephen Covey, dans Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent (quel titre, mon dieu, la vraie traduction serait plutôt Les 7 habitudes des gens vraiment efficaces). Ces concepts, je me suis juste contenté de les reformuler, et les intégrer à mon schéma mental. Allons-y.
Je vois la vie comme une progression. On essaie d’atteindre le meilleur, de s’améliorer, de comprendre mieux ce que l’on veut, et d’éviter les fausses attentes. Cela passe par trois étapes. Certains restent toute leur vie à l’étape 1, d’autres vont jusqu’à l’étape 2, et bien peu vivent totalement et parfaitement en accord avec l’étape 3 (et je ne me compte pas parmi ces bienheureux, mais j’y travaille !)
L’étape 1, c’est :
- De qui je dépends : des autres.
- Quel est mon mode : réactif.
- Quel est mon état : dépendant.
J’y vois la marque de nos éducations : un enfant est éduqué selon des règles, on lui impose un monde, et une conformité aux canons imposés. Certains ne sortent jamais de ce schéma : ils sont dépendants des désirs des autres, n’agissent que par réaction à une urgence, ou une demande, et passent leur vie à stresser. Cela peut créer énormément de rancoeurs, dans le domaine professionnel, sentimental, familial, vous imaginez bien.
Souvent, à l’occasion d’un choc (accident, deuil, moment fort) ou bien d’une psychothérapie, on passe à l’étape 2, qui est une progression :
- De qui je dépends : de moi.
- Quel est mon mode : actif.
- Quel est mon état : indépendant.
Cela donne de très bons résultats : on apprend à augmenter sa propre sphère d’influence, à dissocier des choses comme « je le fais parce que ça lui fait plaisir » / « je le fais parce que ça me fait plaisir », c’est une vraie respiration. Je salue sincèrement ceux qui arrivent à ce stade-là, et qui, peu à peu, savent enfin dire Non.
Mais j’y vois aussi des effets pervers : plus la personne a souffert de l’étape 1, longtemps et profondément, plus elle garde des rancoeurs qu’elle exprime dans l’étape 2. En résumé, l’étape 2 aboutit souvent à des discours du type « j’en ai trop chié pendant 20 ans, maintenant, je fais ce qui me plaît et je vous emmerde ». De l’égoïsme, avec ses côtés positifs (l’ego, le moi, ressort enfin) mais aussi négatifs (un -ïsme, un isthme, une île, un isolement). Et je pense sincèrement qu’on ne peut pas vivre seul(e), on ne peut pas vivre isolé(e).
Vient alors l’étape 3 :
- De qui je dépends : de nous.
- Quel est mon mode : proactif.
- Quel est mon état : interdépendant.
L’idée est de ne pas renier l’étape 2, et d’intégrer aussi l’étape 1. Pour bien vivre, il faut que je compte sur les autres, et qu’ils comptent sur moi. Cela ne veut pas dire que je suis asservi, ou dictateur, mais plutôt symbiotique. Je l’avais exprimé dans une nouvelle, avec d’autres termes. Cela donne un sentiment de contrôle, et de responsabilité (puisque l’on sait, depuis Spiderman, que l’un ne va pas sans l’autre).
Le chemin de vie, c’est quoi : c’est essayer de passer chaque journée avec moins d’étape 1, un minimum d’étape 2, et un maximum d’étape 3.
Trsè joli, très bien, sincèrement !
oui, superbe. mieux écrit, mieux résumé que dans mon cahier (y a ptet des taches de vin..). super, les plougs, pour conserver les traces.
(psst, vous m’en voulez pas trop ?)
Les chemins vont toujours plus loin qu’on ne le croit… Tant mieux.
Trouons le Je, et allons vers le Nous !
Alors, si le Je est troué… Il ne lui reste plus qu’à fuir.
Si ça continue on verra l’trou d’mon…
("trouvé", donc. bien sûr 😉