Journée très positive

Il fallait que je tienne mes engagements. Je l’ai fait, et sans souci majeur. Tout est une question d’état d’esprit.
14 km aller, une heure. Il y avait du soleil, le temps était frais, j’ai commencé à pédaler avec des douleurs dans les genoux, mais je suis habitué. En revanche, j’ai une chambre à air qui commence à lâcher : malgré le gonflage de la veille, gros bringueballement sur toute la journée. Mal au cul.
15 mn pour atteindre la Porte d’Asnières, restait 45 mn. Pause pour retirer mon coupe-vent, j’observe la circulation : beaucoup de voitures, beaucoup de deux-roues, beaucoup de vélos. Les automobilistes ont l’air assez attentifs aux mouvements des vélos (effet Vélib’ ?). Re-démarrage. Des feux rouges, donc des arrêts. Une autre pause pour retirer mon pull, me voilà tout beau en manches de chemise.
Gestion des vitesses (je n’en utilise que deux, la vitesse « démarrage feu rouge et/ou faux plat » et la vitesse « je suis lancé et ça roule, poussez-vous les piétons »). Enchaînement de rues, de feux, de passages piétons. Je ne parle à personne, mais je sens une connivence, un bon esprit (oui, oui).
Arrivée enfin, je pose mon sac à dos, je suspends mon coupe-vent et mon pull à une grille, c’est la Famille Fenouillard en vacances, puis je pose l’antivol arrière, et bataille avec l’antivol sur la roue avant. ça y est, je respire, il est temps d’aller me sécher.
Dans les couloirs, confraternité et échanges de points de vue de ceux qui sont passés.
Je bois une bouteille d’un litre et demi en 10 minutes, ça va mieux.
La journée se déroule après comme une journée ordinaire. Au déjeuner, quelques faits d’armes évoqués, sans insister.
Ce soir, autre son de cloche. 14 km, 1 heure et 30 minutes… Des rues compactes de voitures emboîtées, des files ininterrompues de boites de sardines métallisées, sur lesquelles se reflètent les feux de circulation, toujours rouges. Axiome n° 1 : dans un embouteillage, un vélo va beaucoup plus vite qu’une voiture. Axiome n° 2 : pour aller vite dans un embouteillage, un vélo doit anticiper, se faufiler, zig-zaguer au milieu de voitures qui jouent à touche-touche. Combat urbain.
La nuit tombe, les cuisses se raidissent, les voitures s’énervent. Je n’en suis plus à doser mes efforts du matin (« éviter de transpirer ! »), je lâche toute l’énergie. Comme le genou droit est le plus faible, c’est la jambe gauche qui donne les impulsions, je vais vite, quitte à freiner vite, je suis pressé.
Arrivée dans la nuit, essouflé, mais entier.

Synthèse :

  • Cette journée était pour moi l’occasion de montrer (essentiellement à moi-même) que j’étais un homme, et que ce n’était pas une grève générale qui allait entraver Ma Liberté.
  • J’en ai retiré une grande exaltation, et je la conserve.
  • « les agressifs et les puissants ont pris la voiture, les humbles ont essayé les transports en commun ou les vélos. » Je me revendique comme humble, mais humble debout. Certains ont pris des RTT ou des jours de congé, d’autres ont pris leur voiture, d’autres enfin ne pouvaient pas prendre autre chose qu’un RER ou un train. Et les chanceux, comme moi, avaient le choix.
  • A un carrefour, j’attendais au feu rouge en éventant ma chemise, quand j’ai vu passer une quadragénaire. Elle était, littéralement, cassée en deux. Une béquille soutenant avec peine un corps à angle droit, en déséquilibre régulier, elle avançait avec la tête à l’horizontale, ne voyant que la surface grise du pavé. Au même moment, un djeun passait là-bas, trottinant de manière décontractée en jogging, du genre « j’ai de la réserve sous le pied, je montre ma félinité sauvage ». Et moi, qui avais mon vélo. A ce moment-là, je me suis senti privilégié.
  • Et comme j’essaie toujours de mettre les choses en perspective, j’ai donné 30 euros ce soir au collectif urgence Darfour : c’est tout simple, il suffit de cliquer sur bouton Paypal et de suivre la procédure, et en quelques secondes, vos bons euros vont vers une bonne cause. Et vous oubliez les grèves, les divorces présidentiels, les e-mails accumulés et toutes ces choses qui ne sont que des futilités.
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