Petit guide à l’usage des durs d’oreille
Sans les voir, je savais que leurs narines frétillaient à l’avance. Quand j’avais proposé du café à Conrad, il avait dit Mmmronnnf. Et un Mmmronnnf de Conrad, ça veut dire quelque chose. Il y a beaucoup de gens qui disent que ça n’est pas une manière de parler, qu’on ne comprend rien à ce genre de bruit. Je ne suis pas d’accord, enfin en tout cas, pas en ce qui concerne Conrad.
Si Conrad dit Mmmronnnf, ça n’est pas Monnbfff, et ça n’est pas non plus Pfff-Mmooof. Un jour, je rédigerai un lexique à l’usage des gens de peu d’oreille, parce que c’est quand même plus simple de dire « Mmmronnnf » que « Ma foi oui, c’est une bonne idée, surtout que je me sens un peu comme un ours endormi sous la neige ».
Je ne sais pas encore comment j’appellerai ce lexique, il faut que j’y réfléchisse. La facilité, à laquelle tout être humain tend par nature, voudrait que je l’appelle « Grommml » ou bien « Mmmm », ou encore « Mes entretiens avec Conrad ».
Mais ce guide mérite mieux. Il faut que j’en parle à Aline.
Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.
Le roman, dans l’ordre, est là.
ghummmmfff….:-)
(Doc, sérieusement vous arrivez à décoder et retranscrire les bruits de gorge, c’est ach’ment dur!)
🙂
ça dépend quelle gorge, Lili. Je ne suis pas doué pour les pinsons, les bergeronnettes cendrées et autres piafs à plumes. En revanche, je comprends les grizzlies et les loups. (et un peu les baleines, comme Doris).