J

  • Bien dormir – Check
  • Ecouter la B.O. de Rocky en me préparant – Check
  • Ecrire mes dernières volontés – Not Yet
  • Partir – Check
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Check-list avant décollage

C’est J-2 J-1, donc je poste la check-list qui va bien, et que je vais éditer au fil de mes oublis (rhoooo, c’est pas bien, dans la Blogosphère, d’éditer des billets après coup, méchant, méchant).

  • short moule-à-gaufres – Check
  • T-shirt respirant rouge pétard aux couleurs de l’écoleCheck
  • Chaussures, chaussettes (propres), semelles orthopédiques, slip sans coutures (propre) – Check
  • Sparadrap pour mettre sur les tétons – Check
  • Boire beaucoup (de l’eau), car comme dit le proverbe que j’invente à l’instant :
  • Si pipi pas transparent,
    Toi boire encore des torrents

  • Manger des pâtes, des pâtes, des pâtes – Check (soupir)
  • Ne pas boire d’alcool – Check
  • Prendre la température des copains qui courent, échanger conseils et insultes – Check permanent
  • Gâteau qui bourre la gueule pour le petit-déjeuner de dimanche – Check
  • 3 doses de gel au glucose pour les kilomètres 20, 30 et 40 – Check
  • 4 épingles de sureté pour le dossard – Check
  • Cardio-fréquencemètre et accéléromètre – Check
  • Copains sur le parcours – Check (3 à ce jour, merci Angelika, Marie-Cécile, Laurent)
  • Faire testament – Not Yet
  • Répondre patiemment à la question « et quel temps tu comptes faire ? » – Check permanent
  • Fixer rendez-vousCheck
  • Retrouver le livre de Michel Delore et mes numéros de Jogging InternationalCheck
  • Lire tout ce qui a trait au Marathon – quasi Check
  • Faire transmettre mes temps par SMS à deux personnes – Check
  • Repérer un endroit à Neuilly pour garer la chignole – Check
  • Trouver la crème pour les pieds et les coucougnettes – Check
  • Vérifier la météo (merci Nerik) – Check et merde, c’est de la pluie, ce qui est OK pour la course (rafraichissant), mais qui alourdit les chaussures 🙁
  • Préparer toutes les affaires – Check
  • Sac poubelle pour m’enrober avant la course (super pour la motivation, « je suis une ordure, un résidu, un déchet ») – Check
  • Calculer mon temps moyen au kilomètre, en fonction du chrono – Check… c’est là où l’électronique va m’aider
  • Me coucher avec le tome 6 et 7 de De cape et de crocsCheck
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Livre lu : Philippe Delerm – Les chemins nous inventent

Superbe compte-rendu poétique des balades de l’écrivain Philippe Delerm, en compagnie de sa femme : lui écrit de petits textes ramassés et lumineux, elle prend des photos, et chaque promenade, chaque lieu, est décrit(e) en 2-3 pages, et autant de photos.
Cela n’a pas le caractère de bonheurs minuscules de La première gorgée de bière, mais on s’en rapproche…

Ce Lyons à déguster en flâneur, en touriste, donnerait bien envie d’y vivre, simplement. Les habitants prennent le temps de se montrer aimables. Témoin ce petit dialogue, à la Maison de la Presse-Mercerie-Librairie :
– Auriez-vous une enveloppe matelassée ?
– Non, mais attendez, je vais vous arranger ça.

Voilà, avec de petites feuilles de carton, un peu de papier bourr逦
Posez la même question dans un kiosque à journaux de La Défense€¦ Faites la soustraction, et écrivez la solution du problème. Il faut couler ses jours en Normandie.

Philippe Delerm, Les chemins nous inventent, Livre de poche n° 14584, 158 p.

PS : J-3

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Le Destin est une valise à roulettes

Dans l’enceinte de la Gare Saint-Lazare, la lutte est rude. Il y a du monde, certes, comme dans le métro, mais ce monde est en mouvement. Normalement, les conditions idéales de nos sociétés modernes sont :

  • soit il y a du monde, beaucoup de monde, mais il n’y quasiment pas de mouvement (exemple : une rame de métro), de telle sorte que se crée une forme de cohésion cristallographique, chacun s’ajuste par rapport aux autres, crée des liaisons de covalence, bref, se place sur la grille atomique. La rame de métro devient une molécule complexe, formée d’atomes humains. Et comme une molécule, celle-ci est relativement figée, donc solide, jusqu’à ce qu’une forte température (incendie, canicule) désolidarise les atomes-usagers en une fuite désordonnée vers les issues de secours ou les terrasses de cafés.
  • soit il y a peu de monde, et beaucoup d’espace, ce qui permet de se propulser selon des trajectoires rectilignes (exemple : les allées d’un supermarché un jour de semaine, l’esplanade du Trocadéro, la Place Rouge), chacun est un petit atome de gaz dont on ne saurait prédire en même temps la trajectoire et la vitesse, mais on s’en fout, car il n’y a pas de risque de collision (rappel : l’espace est grand)

A ces deux situations équilibrées, correspondent mutatis mutandis

  • l’espace grand, avec des personnes immobiles (exemple : une plage des landes à 10 h du matin en juin), qui correspond à une situation absolument inintéressante à tout point de vue.
  • l’espace bondé de personnes en mouvement (exemple : la Gare Saint Lazare), l’extrême de notre entropie urbaine, le test ultime de mécanique des fluides.

C’est cette dernière situation qui m’intéresse, car les Parques ne sont jamais là où on les attend. Imaginons la scène : une meute d’usagés se faufile, se chevauche, s’entremêle dans une quête frénétique de rapidité. Compte-tenu de la forte densité humaine au mètre carré, le faible taux de collision est étonnant, et montre l’efficience de ce type de système. L’usagé moyen est rapide, réactif, attentif, souple, il change de direction comme de chemise, évite, contourne, circonvient, tout en se payant le luxe d’arborer une expression tristement neutre, fatiguée, ou lointaine (dévolue aux écouteurs de wok-man). C’est merveille de voir comme 100 000 ans d’humanité et 8 000 ans de civilisation aboutissent à cette perfection sociétale.

Je ne déroge pas à la règle, je l’avoue, je m’immerge avec délices dans ce magma gluant de sueur et de décibels, et, tel la fourmi de course moyenne, j’occupe chaque brin d’espace que me laissent les autres lobotomisés. Mais malheur à ceux qui se croient plus forts que le système. Des intrépides, acrobates ou yamakasi, bref, des risk-lovers se la jouent « hip-hop, je vais plus vite que les autres, je frôle au plus près, je suis comme une mobylette de livreur de pizzas zig-zaguant entre des voitures diesel ». Mais comme dit la pub de la sécurité routière sur les motards : agiles, mais fragiles.

Voici notre protagoniste. Une expression populaire, souvent pratiquée par ma tante, est Con comme une valise. Il n’y a pas plus vrai. Dans les différentes espèces de valise (valise en carton, valise sous les yeux, valise pleine de schnouf ou de biftons), la valise à roulette tient le pompon. Décomposons l’approche en quelques axiomes et leurs corollaires :

  1. espace restreint, gens nombreux, tous en déplacement
  2. jeunes livreurs de pizza véloces, qui se faufilent au plus juste entre les usagés
  3. mobiles, alertes, mais ne regardant qu’à hauteur des yeux, pour repérer la faille entre deux quidams (ou qui-dames)
  4. donc ne regardant pas leurs pieds
  5. et (je me répète) frôlant au plus juste les pékins de la foule magmateuse
  6. SCHLAKK ! Trébuchement sur valise à roulette con tirée telle une vache asthmatique par une sympathique rombière qui n’a pas inventé la machine à cambrer les bananes

La valise à roulettes fauche en pleine vélocité celui qui croyait évoluer dans un monde d’obstacles verticaux (ses frères humains) tous proches les uns des autres. La valise à roulettes, c’est le crocheur de pattes horizontal, l’animal à l’affût, le voisin de palier qui vous a secrètement jalousé pendant 10 ans, et qui a renversé exprès de l’huile d’olive dans l’escalier. La valise à roulettes, c’est la figure séculaire du Destin qui nous explique à tous que, on a beau se croire jeune, intouchable et immarscecible, viendra toujours le moment où l’on explosera en vol. Voilà ce qu’il en coûte, de se croire infini.

PS : J-4

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Livre lu : Andrea Camilleri – La peur de Montalbano

J’ai du retard dans les livres, je viens de terminer deux Philippe Delerm, mais là, c’est mon ami le commissaire Montalbano.
La soirée est italienne à souhait, j’ai émincé deux gousses d’ail, je les ai faites revenir dans de l’huile d’olive jusqu’à ce qu’elles aient parfumé l’huile, puis j’ai versé une fricassée de la mer (petits poulpes, moules, crevettes) dans le Wok, et ai touillé. En attendant que l’ensemble prenne cohésion, et que les pâtes soient cuites, j’ai dégusté un Peperoncini Ripieni, un de ces petits poivrons rouges farcis qui enflamme la bouche.
L’ensemble, servi chaud, arrosé d’huile d’olive et de gros sel, était la récompense d’une journée longue, et de deux nuits blanches.
Ah oui , Montalbano.
La peur de Montalbano est un livre de nouvelles, certaines faisant quelques pages, d’autres prenant la taille d’un petit roman. On y retrouve ce parler sicilien qui est à mi-chemin entre le langage enfantin (« tu te la débrouille, toi, l’histoire ») et cette langue mi-chtiée mi-thétrale :
– Dottori !
– Qu’est-ce qu’il fut ?
– On a tiré.
– A qui ?
– A un type.
– Il mourut ?
– Il a mouru.

J’aime beaucoup ce commissaire qui aime bien la bonne cuisine, et qui se paye le luxe d’être désagréable, non, plutôt : mal embouché, avec ceux qu’il aime et qui l’aiment.

Et l’on n’est pas loin d’une philosophie de la vie :

Il s’empiffra d’une énorme assiette de rougets frits, aréussissant à rejoindre une concentration de brahmane hindou, celle qui permet la lévitation, sauf que sa concentration allait en sens contraire, vers l’enracinement plus profond dans le terrain, c’est-à-dire dans le parfum piquant, dans la saveur pâteuse de ces poissons, à l’exclusion totale de toute autre pinsée ou sentiment. Même le bruit extérieur de voiture, de voix, de radios et de télévisions à leur volume maximum, il fut capable de le faire disparaître, se créant une espèce de bulle de silence absolu. A la fin, il se leva, pas seulement repu, pas seulement satisfait, mais avec un sentiment de complète euphorie. A peine franchie la porte de la trattoria San Calogero, il manqua être écrasé par une auto qui fonçait, il l’évita à grand-peine en sautant sur le trottoir. Mais l’harmonie entre lui et le chant des sphères célestes s’était brisée d’un coup.

Andrea Camilleri, La peur de Montalbano, Fleuve Noir, 2004, p. 107.

PS : J-5

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Skydiving

Parmi les 250 photos que j’ai prises en Normandie ce week-end, je sélectionne celle-là. Je l’intitule Skydiving, ou Si tous les ours du monde…

PS : J-6

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Entendu dans un bar

J’aime bien le(s) livre(s) de Jean-Marie Gourio, Brèves de comptoir. Jeudi, j’étais dans un bar, et les consommateurs, qui avaient l’air d’être là depuis des heures, rigolaient entre eux, les phrases fusaient, il y avait une belle ambiance, chaleureuse et déconnante, faite de réparties, la conversation rebondissait sans jamais retomber.

– Elle, tu l’aurais vue, quand elle avait 17 ans, elle s’habillait, pah pah pah, une bombe atomique, qu’elle était !
– Oué, mais c’est normal, à 17 ans, elle se rendait pas compte…
– Non, mais c’était un vrai avion de chasse !
– Eh ouais, à 17 ans, elles sont des avions de chasse, et après, elles deviennent des porte-avions…

Comment voulez-vous que je corrige les épreuves du Briley Mailleurz dans cette ambiance ?

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Indécent

Je suis un des cent à avoir acheté un D 100 (indécent, non ?). Je remercie Yann au passage, qui m’a donné la solution, comme mentionné à la fin de ce billet. Mon matériel photo se composait de 2 boitiers argentiques (Nikon F 601, Nikon F 801) et de 3 objectifs (Nikkor 35-70 à 3,3-4,5 ; Nikkor 80-200 à 2.8 ; Tamron 28-200 à 3.8-5.6), ainsi que d’un doubleur de focale Vivitar. C’est Yann qui a souligné que ce qui coûte cher, ce sont les objectifs, et que l’achat d’un boitier Nikon numérique me permettrait, à peu de frais (hum hum), de passer de l’argentique au numérique. C’est aussi Yann qui m’a démontré, utilisation à l’appui, qu’un reflex numérique déclenchait aussi rapidement qu’un argentique… et bien plus rapidement qu’un appareil numérique compact.

Et ici je tiens à exprimer ma théorie récurrente, celle de la qualité de service comparée au coût. J’ai déjà parlé des coûts cachés. Ici, il s’agit plutôt de parler de la qualité de service, et de son prix. Deux anecdotes, à deux jours d’intervalle :

  1. Je me retrouve dans un restaurant BoBo, à compulser un menu bio-aware, et à essayer de comprendre comment une entrée composée de sardines peut coûter 14 €. Je sais, je ne suis pas hype. J’avise le serveur qui ressemble à Daniel Emilfork, y compris l’accent et le sourire, et lui demande : « Dites-moi, qu’est-ce qu’il y a dans le Vegeburger Bio Boa ? » Silence, sourire. « Euh, eh bien, il y a des légumes ». Je souris aussi (c’est contagieux) : « J’entends bien, mais quels légumes, if you please ? » Et lui de me répondre, toujours souriant, et un peu gêné « Euh, je ne sais pas vraiment, ils nous sont livrés tels quels ». Voilà, voilà, voilà. A 14 € le bio-burger, on ne sait même pas si c’est du chou ou du rutabaga. Sachant qu’on est dans un des temples du BoBo, rue Saint Honoré, cela prête à sourire.
  2. Après le déjeuner, lesté de quelques coupes de champagne, je reviens à mon turbin, quand j’avise une vitrine de photographe à deux pas de mon école. Les bulles de champagne me poussent à entrer pour demander quelques renseignements sur les boitiers numériques reflex de Nikon. Et je tombe sur un vendeur compétent, sérieux, qui connaît son domaine, c’est un vrai plaisir de parler avec lui. Le lendemain, après qu’il m’aie laissé tester l’appareil avec mes objectifs, en me prêtant une carte mémoire, il me donne d’autres conseils précieux, me déconseille certains modèles, m’informe sur les possibilités de développement en ligne. Je ressors de la boutique délesté de plusieurs centaines d’euros, mais j’ai trouvé une adresse où je sais que je serai toujours reçu par des gens compétents. Et eux ont gagné un client reconnaissant, et technophile, donc c’est du gagnant-gagnant.

En conclusion : de même qu’en bourse, on a un couple risque-rentabilité (et il ne faut pas se focaliser uniquement sur la rentabilité, ce sont deux axes que l’on cherche à optimiser), de même dans nos achats, il y a un couple prix-service. Je n’ai rien contre ceux qui ne se focalisent que sur le prix, qui vont en hard discount, je veux juste souligner qu’ils ne peuvent pas exiger en plus du conseil avisé. Depuis des années, je souffre de vendeurs formés à la va-vite, sous-payés, qui pourraient vendre des balais-brosses avec la même démotivation que des chaussures (ah, les vendeurs de chaussures…). Tout cela malgré tout est une question de qualité de vie, et de qualité de la relation.
Comme c’est mon discours de boy-scout, je vous livre une citation qui m’accompagne depuis des années, et j’essaie de puiser quotidiennement à son humilité.

Je ne sais pas très bien ce que c’est que le monde :
Mais je chante pour mon vallon en souhaitant
Que dans chaque vallon un coq en fasse autant.

Edmond Rostand, Chantecler, Acte II, sc. 3.

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Le marketing, c’est pas pour les fillettes

C’est un mini-thibillet qui pointe ailleurs. Pour tous ceux qui ne suivent pas la saga de Dilbert, nous en sommes au point où le prototype de baladeur MP3 a été livré par les Elboniens : il a la tête (et la taille) d’un débouche-évier, et est en amiante. Le PDG-neuneu de Dilbert fait donc appel à un Gourou du marketing, aux références impressionnantes : comic du 30 mars (in english, por favor) ici.
Et tant qu’à évoquer le Biathlon du marketing, autant voir une vraie performance de biathlètes (vidéo – 1,7 Mo, en français – téléchargeable ici).

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Livre lu : Thierry Jonquet – Mygale – … et une tartine de plus sur le polar

Comme déjà dit, en parallèle de Nabokov, je lisais Mygale (Série Noire n° 1949, Gallimard, 1984), de Thierry Jonquet.

Je n’ai pas grand chose à dire, car

  1. En le commençant, je me suis vaguement souvenu de l’avoir déjà lu. Je ne peux pas dire que cela m’a gâché le suspense, car l’intrigue – qui démarre bien – était assez téléphonée.
  2. Je n’ai pas été saisi par le style, que j’ai trouvé… de roman de gare. Là, on va me dire (mais osera-t-on, hein ?) que ce sont justement des romans de gare, et je dirai (car moi, j’ose) que cela ne doit pas être que cela. Ce qui me conduit à ma taxonomie historique du roman noir français, après ma vague ébauche panoptique.

Tentative de taxonomie, en trois tableaux et des miyards de bouquins

  1. Au commencement était le roman noir français, justement immortalisé par le lancement de la Série Noire, avec cette couverture jaune et noire (pour rappeler les rayures des uniformes de forçats, façon frères Dalton ?). Les auteurs étaient des hommes, des vrais, ils jactaient l’argomuche comme je l’entrave, recta et sans char. Albert Simonin (Touche pas au grisbi, Razzia sur la schnouf…) en est probablement le symbole le plus marquant. En bref, des romans serrés, écrits à la façon Hemingway (je ne décris que les actes, ne mentionne que les dialogues, et laisse le lecteur imaginer les pensées), dont le style était évident : cette gouaille virile et poétique (voui, voui, quand on sait qu’en argot, un piéton, c’est de la viande à pneus) tenait lieu de style.
  2. Puis vint l’époque de Georges Simenon. J’admire chez lui, non seulement la profondeur de l’analyse humaine (j’ai même pas peur d’écrire ça, hein, ça sonne vrai), mais aussi un style étonnant. Je serais infoutu de décrire ou analyser ce style, sinon, peut-être, en disant qu’il est composé de mots très simples, qui créent des ambiances. On a l’impression d’entendre le temps s’écouler tandis que l’intrigue se noue. Et de la poésie, oui, oui, une belle écriture, fine en psychologie, juste sur les descriptions des êtres humains, ou des choses. Pour moi, un écrivain d’ambiances. Je croyais jusqu’à récemment que Simenon était à part, et puis j’ai lu Compartiment tueurs de Sébastien Japrisot, et j’ai retrouvé ces mêmes qualités. Quand y en a qu’un, c’est une exception. Quand y en a deux, c’est un mouvement littéraire.
  3. Enfin, il y a les jeunes. J’en ai parlé dans mon panoptique fissa (Vargas, Benacquista, Pouy, et d’autres), ceux qui prennent le prétexte du rom’pol pour peaufiner un style de réflexions, grognements, humour grinçant, jeux de vocabulaire, tout un texte pas con où l’on se dit « eh, ça réfléchit dans ce roman, ça compare, ça digresse, ça construit des pensées filantes… » Du vrai style, quoi.

Bon, alors, dans ce triptyque à l’emporte-pièce, où se situe Mygale, hein ? Eh bien, selon moi, dans les jointures, précisément entre la deuxième et la troisième époque. Dans la période où la plupart des romans noirs étaient devenus des romans de gare, avec comme seule originalité par rapport à la génération précédente d’avoir rajouté du sexe et de la violence. OK, peut-être que cela a fait florès à l’époque, mais ce ne sont pas sur des outrances qu’on bâtit un nouveau mouvement. (? j’en sais rien, finalement, je ne suis pas critique d’art).
L’outrance, c’est comme l’intrigue du rom’pol : ce n’est qu’un prétexte. Si elles ne sont pas soutenues par un style, un souffle, une vision (ça y est, je suis chaud), ça s’effondre parce que ce n’est pas justifié.

Maintenant, la dérive de ces temps modernes, c’est que l’on va outrancer (oui, oui, ça existe) dans la justification, on va passer plus de temps à expliquer l’intérêt d’une oeuvre, qu’à la créer en tant que telle. Pour conclure, j’avais trouvé des discussions intéressantes sur l’art moderne dans le livre de Siri Hustvedt, avec le personnage très controversé de Teddy Giles, qui profite à fond d’un système médiatico-artistique dans lequel ses happenings malsains sont, au premier degré, des provocations vulgaires ou dangereuses, mais que lui transforme, par son discours, en des « transgressions de l’ordre établi » ou que sais-je.

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être mobile, c’est se déplacer…

Quand ils sortent du métro, certains hommes (exclusivement les hommes) consultent leur téléphone portable d’un air concentré, voire préoccupé. Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’ils sont perdus, et qu’ils attendent de leur portable un signal, un message divin, un oracle.
– Bon, euh, hein, euh, qu’est-ce que je fais là, déjà ? Euh, je vais demander à la personne la plus importante de ma vie, mon mobile. Voilà, euh, c’est ici qu’on allume…
– « Va au 37 de la rue, crevure ! Tu as rendez-vous avec ton dentiste au sujet de la dent du fond qui pourrit ! »
– Ah ouais, ouais, c’est ça, je me disais bien aussi, ça ressemblait pas à ma rue.

J’aimerais bien que quelqu’un lance le marché des cerveaux de remplacement, voire crée un marché des cerveaux d’occasion.

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Imagination à sec, ou le syndrôme de l’aventurier en pantoufles

Je n’ai pas vraiment de problèmes d’imagination sur les billets de ce blog, beaucoup plus un problème de temps. Mon problème d’imagination est autre : je suis à sec. Je ne parle pas du cubi de vin dans la cuisine (même s’il est effectivement à sec), mais de ma bibliothèque. Quelques 1 200 livres (beaucoup de poches), et l’impression d’avoir tout lu. Certes, il reste des zones non découvertes, mais depuis des années que je vois les titres, je ne suis pas sûr d’avoir envie d’investiguer plus avant.
En bref, j’ai besoin d’aide.
Si des lecteurs/euses peuvent me donner des idées de livres, et donc d’auteurs, je suis fort partant, et serai reconnaissant (n’attendez pas un chèque, tout de même).
Voici le cahier des charges (qui, comme tout cahier des charges, n’est pas rédigé pour être totalement respecté) :

  • Je lis à 95% des romans.
  • Je suis un aventurier frileux, donc je découvre peu, et quand il y a un auteur que j’aime bien, j’ai tendance à l’épuiser. J’ai donc besoin qu’on me pousse dans la jungle des auteurs que je ne connais pas, en me disant « Vas-y gars, voilà une machette, marche vers l’est, le trésor est au bout ».
  • Même si ce que j’ai déjà lu (et aimé) n’est pas forcément prédictif de ce que j’aimerai, c’est toujours mieux d’avoir un historique des cours boursiers passés. Donc j’aime bien les auteurs américains des années 40-60 (John Steinbeck, les auteurs noirs comme Dashiell Hammett, Mickey Spillane), voire avant les années 40 (Joseph Conrad), ou après (Richard Brautigan, l’écrivain dont le style a donné le ton à mon premier – et unique – roman, et l’inévitable Jack Kérouac), les auteurs français récents (mes jeunots du roman noir : Fred Vargas, Tonino Benacquista ; les auteurs à la mode comme Anna Gavalda, Eric Holder, mais pas trop à la mode – pas Vincent Ravalec, et sans l’avoir lu, j’ai une prévention contre Frédéric Beigbeder. J’aime bien Amélie Nothomb. J’avais beaucoup aimé Philippe Djian, mais depuis plusieurs années, je n’y arrive plus.) Bon, il y a mes méditerranéens (Andrea Camilleri, Jean-Claude Izzo, Manuel Vazquez-Montalban, et ce sublime poète-penseur-humain d’Erri De Luca), évidemment. Dans les anglais, David Lodge ne m’a quasiment jamais déçu. Pas plus que Paul Auster, chez les américains. J’aime beaucoup l’hermétisme encyclopédique, les constructions vertigineuses, de Jorge-Luis Borges. Et puis, en vrac, la poésie terrienne et rude de Jean Giono, les romans au langage décalé de Raymond Queneau, l’écriture classique, mais très humaine, de Jules Romains (j’ai lu deux fois les 27 romans des Hommes de bonne volonté), et puis, sans originalité, mais avec stabilité, toute l’oeuvre de William Shakespeare.
  • Dans les auteurs présents dans ma liste de cadeaux, donc des auteurs que je n’ai pas encore lus, mais que j’aimerais tester, il y a Donald Westlake, Nick Hornby, Jean Echenoz, Christian Oster, Maxence Fermine, Paco Ignacio Taibo II, Don DeLillo, Arto Paasilina, Leslie Kaplan.

Bon, comme cela, ça fait riche, on peut se demander pourquoi j’ai besoin de nouveaux noms, mais moi, je sais qu’une fois que la bise sera venue, je regretterai mon manque d’épargne bibliophile. Et puis s’il y a quelques bonnes âmes qui daignent se fendre d’une recommandation, d’un coup de coeur, d’une descente en flammes, je suis preneur.

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On a toujours besoin d’un petit doigt

C’est hallucinant comme le fait de m’être tranché le petit doigt m’handicape. Passons sur

  • la boucherie (deux torchons imbibés hier soir, et ce matin, le doigt qui gouttait dans ma corbeille à papier de bureau pendant que je m’entortillais de gaze),
  • la veulerie des collègues (« Oula j’ai horreur du sang, je m’en vais ! ») me laissant seul pour détortiller des emballages de bandes de gaze, de pommade cicatrisante, de scotch hydrodermique,
  • le manque d’ergonomie des biens manufacturés modernes (les emballages de bandes de gaze, de pommade cicatrisante et de scotch hydrodermique ne sont pas conçus pour être ouverts d’une seule main)
  • et la stupidité de certains docteurs ès sciences de gestion, bac + 34 (le mode d’emploi précisait bien, plusieurs fois, avec une répétition lassante, « Surtout, utilisez toujours le capot de protection avant de vous servir du trancheur-découpeur », mais moi, je suis un flibustier, hein, anarchie vaincra, ni Dieu ni maître, personne n’a à me dire ce que je dois faire…)

Non, ce qui m’amuse (toutes proportions gardées…), c’est ce côté « la souris renverse la montagne » : un petit doigt, c’est inutile au possible, à part pour se curer les oreilles (et encore, on a des produits manufacturés de bien meilleure qualité), mais dès qu’il est immobilisé dans une poupée de gaze et extrêmement sensible, olé, aller pêcher une clé au fond d’une poche, boire une bouteille d’eau minérale, prendre une douche, et je vous laisse imaginer le reste…

Il faudrait probablement que j’en tire quelques pensées profondes sur le caractère évanescent de notre bonne santé, de ces petits riens qui font des grands touts, ou du bonheur qu’on ne connaît que quand il s’est enfui. Mais bon, on ne va pas en faire un fromage. Tout au plus un billet de blog…

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Blaise Cendrars roulait ses cigarettes avec une seule main

Je viens de me couper un doigt. ça saigne comme un goret qu’on égorge. Pas facile de taper avec la almain gauche. Donc patience, laissez-moi cicatriser avant nouveau billet. J’ai beau être matinal, j’ai mal.

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Livre lu : Vladimir Nabokov – Détails d’un coucher de soleil

De Nabokov, je n’avais lu que Lolita (dont Stanley Kubrick a fait un film étonnant, avec un Peter Sellers (le personnage de Clare Quilty) hors norme), et La défense Loujine, qui a quelques traits de ressemblance avec Le joueur d’échecs, de Zweig.
Ici, il s’agit de nouvelles, écrites en russe, puis traduites quand Nabokov a acquis sa célébrité. Publiées entre 1924 et 1931, elles portent le sceau d’une période où les Russes sont souvent des émigrés pauvres, parlant plus allemand que russe, et vivant à Berlin ou ailleurs, portant « le deuil de la Russie ».
Je m’attendais à la froideur chirurgicale de Lolita, une intellectualisation du propos, voire une succession de masques, et je suis tombé sur une oeuvre très poétique, et sincère.
Les nouvelles mettant en jeu des enfants sont, comment dire…, puissamment nostalgiques. Il y a aussi des nouvelles portant sur le deuil, ou l’exil, mais l’écriture n’en est pas déprimante, on perçoit une forme de résignation tranquille chez la plupart des personnages, qui confine presque à la sagesse. Et les descriptions de Nabokov aident à s’abstraire de cette réalité par trop déprimante. Et puis, surgissant tout-à-coup, une image, un reflet, qui illuminent la nouvelle.
Sans parler des joyeuses surprises, comme cette nouvelle, intitulée L’orage, qui met le narrateur aux prises avec le prophète Elie, tombé de son char.
Il ne m’a fallu qu’un artifice, pour profiter pleinement de cet ouvrage : le lire en alternance avec un polar. En effet, suivant l’heure du jour (petit matin, ou soir déclinant), je n’étais pas forcément dans le bon état d’esprit, et les nouvelles ont ceci de contraignant qu’on ne peut pas les lire à la suite : il faut se ménager des pauses entre chaque récit. J’avais donc Mygale, de Thierry Jonquet, qui m’a servi de trou normand durant ma lecture (commentaire à venir).

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Caillou – Tristesse

Ma tristesse est infinie.
Je ne vais pas rester calfeutré, je sors,
et ma tristesse recouvre la ville.

Les mariés se marient en gris,
les bébés dans les maternités sont gris,
les verres de cristal prennent l’allure de vitraux poussiéreux.

Et les yeux des enfants
sont comme les vitrines noircies
d’un antiquaire abandonné.

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