Cela faisait déjà quelques jours…

… que je voulais citer Nougaro, qui est – une fois de plus – d’actualité.

Les poumons du printemps exhalaient leur première haleine de peste paradisiaque.

Claude Nougaro, dans Plume d’ange, musique de J.-C. Vannier, 1977.

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Oxymore oxygène

Voilà, ça y est, ce blog a atteint sa vitesse de croisière. Je ne parle pas des quelques 80 thibillets déjà pondus, ou des 6-10 dans les tiroirs, ni des apports futurs si les petits piranhas ne me mangent pas (changer la cosmétique, publier mes nouvelles voire mon roman, passer sur une plate-forme dans l’espace et coloniser Callisto, satellite de Jupiter…).
Je parle de la reconnaissance absolue, éternelle, absolument pas éphémère, d’un billet sur un autre blog. Voué, voué, y en a un qui m’a trouvé, comme ça, hop, par hasard.
Par delà 13 ans (?), un ancien élève – euh, comment dire – « pas spécialement intéressé par la finance, et peu regardant sur les horaires et les présences en cours » (ces deux points montrant la maturité qu’il possédait déjà, il était affranchi d’un système dans lequel nous courons tous comme des hamsters dans leurs petites roues en nous disant « cours, camarade, le vieux monde est derrière toi »), donc, bref, arrêtez de m’interrompre dans ces ouvertures de parenthèses, lui, là, il m’a trouvé et m’a croqué. Tel le grand méchant loup face au petit chaperon rouge que je suis, il m’a ramené 13 ans en arrière, quand je n’avais pas de doctorat, mais encore des cheveux, et quand on avait – ô grand luxe – une messagerie électronique interne à l’école, un truc complètement dingue, on pouvait envoyer un message électronique (pas un fax, non, un texte écrit sur ordinateur) à n’importe quelle personne de l’école, c’était fou, pour nous, le summum de la communication. Internet ? Euh, on aurait dit que c’était une marque de lessive, du genre : (musique pimpante, avec des trompettes)

Il passe entre les mailles, et rend les chemises proprettes,
en poudre ou bien liquide, je chéris Internet

Et maintenant, le petit Ari est devenu un bloggueur, il a bossé pour des dot com (comme tout le monde) mais c’est fini (comme tout le monde), il aime bien Brice de Nice, il a même son permis de conduire, c’est dire s’il a réussi dans la vie. Content de t’entendre par la voie cyber, amigo.

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Over-danaïdes

L’heure est aux néologismes. Entre chien et loup, dans un lieu improbable, Vanessa m’a avoué que Robert prônait le terme « Fondamentaux » comme substantif (« cette maison a des bons fondamentaux », « les fondamentaux de cette société se sont dégradés »). J’ai déjà dit, en évoquant ce couple maudit, pacsé contre nature, que tout cela c’est de la paresse : là où Vanessa défend la langue française, Robert, tel le Caterpillar moyen, va au plus simple. La vie humaine moderne est faite de telle manière que Robert, têtu et bas du front, gagnera toujours. Pourtant, au détour d’une pensée, me vient le terme « fondement ». N’est-ce pas plus poétique de dire « cette maison à de beaux fondements » ? Cela me rappelle un inspecteur irlandais, dans un roman noir américain des années 50, qui rencontre une jeune créature comme on n’en fait plus (90-60-90, blonde et fraiche) et qui dit « Vingt dieux, la belle église ! »
Comme quoi, entre architecture et harmonie voluptueuse, il y a des connivences. Sans parler de la quête spirituelle. Et cela a tout de même plus de gueule que « cette jeune fille a de bons fondamentaux », on aurait l’impression d’un expert-comptable qui drague.

Mon propos d’aujourd’hui n’est pas de résoudre la querelle sémiologique entre Vanessa et Robert, mais de souligner que l’on a le droit de créer de nouveaux mots, pour peu qu’ils sonnent bien. Il y a deux ouvrages qui me plaisent, et qui vont dans ce sens : Le Mokimanké et Le Baleinié (tome 1 et 2).
Je m’y essaie donc aujourd’hui, car il y a urgence.

Je suis littéralement assailli. Ma boite mail reçoit 40 mails par jour. Je m’absente pour faire 7h de cours, paf, 40 mails. Je rentre chez moi le soir, et dans la boite aux lettres physique, paf, 10 lettres. A la fin de la semaine, il y a 50 lettres sur la table du salon, et 200 mails dans ma boite mail. Je recherche donc le terme approprié pour décrire cette situation, qui pourrait se décrire par « plus que tu en expédies, plus qu’y en a qui arrive ». Un brainstorming rapide me donne comme images :

  • l’hydre de Lerne, dont chacune des multiples têtes repousse dès qu’on la coupe
  • le tonneau des Danaïdes, châtiment sysiphien
  • Gaston Lagaffe qui, ayant mis en marche la photocopieuse moderne, se retrouve expulsé par un flot de feuilles, et qui crawle pour remonter le courant
  • les cadres stressés qui sont en overburn [edit: burn-out], c’est-à-dire tellement fatigués qu’ils ne peuvent plus récupérer en une nuit de sommeil, il leur faut au moins une semaine de vacances. Le problème est qu’au retour des vacances, ils auront 5 445 mails et 741 post-its qui les attendent, sans parler du Blackberry qui leur grelotte dans la culotte et du portable qui joue à plein volume « La marche turque » toutes les 10 minutes.

Je propose donc le terme over-danaïdes. Depuis plusieurs semaines, je suis en over-danaïdes, ça dégueule de partout, mon bureau ressemble à un mélange de Beyrouth Ouest en 1990 et de la Bibliothèque de Babel, façon Borges.

Mais je m’attaque au problème, plutôt que de vagir. Là où le tâchon de bâse essaierait de réduire le flot (« je remplis plus vite le tonneau sans fond, on sait jamais, des fois qu’il se bouche »), moi j’attaque à la source : je cherche le substantif qui va bien. Car circonscrire le phénomène, c’est l’enfermer, voire l’annuler.
J’aime bien « je suis en over-danaïdes », mais si quelqu’un a mieux, je suis preneur… (ceci est un appel au peuple).

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De la correction des copies comme métaphore de la vie

Je n’aime pas jardiner, et j’aime rarement bricoler. Cela ne veut pas dire que je suis un manche, mais c’est une question de motivation. Et puis de temps en temps, l’éclair, la force indomptable, ça peut arriver le dimanche midi alors que je suis encore en guêpière, hop, j’abats de l’ouvrage. Hier par exemple, des amis étaient encore là, on venait à peine de quitter la table (à 17h, ça vaut mieux) et le jardin (dieu sait si je m’en fous habituellement) m’a semblé être à point, la lumière de fin d’après-midi dorait des zones de terre grasse, avec quelques pousses qui osaient pointer leurs petites feuilles aventureuses, on est naïf à cet ge-là.
J’ai attrapé le scarificateur et ai retourné la terre puissamment, tel Auguste le Semeur. Hop, la boite de gazon pour faire pousser à l’ombre (une escroquerie du marketing, paraît-il) et en avant Auguste, vas-y comme je te pousse, comme le dit le grand philosophe Francis Cabrel « Moi je voudrais que l’on s’aime… des graînes de folie ».

Il en va de même pour la correction de copies. Travail peu noble, fastidieux, ultime, celui qu’on repousse jusqu’à la dernière minute. Celui qu’on accouche dans la douleur, ou dans la sérénité. Tout est question de decorum et de préparation. Voici ma check-list :

  • une sieste dans l’après-midi, avec cette arithmétique paradoxale, mais juste, que le temps perdu à dormir dans l’après-midi permettra de passer une partie de la nuit à corriger
  • personne dans l’entourage, tout le monde est au dancing, ou couché
  • de la musique, préférentiellement le coffret Tracks de Bruce Springsteen (avec 4 CDs, j’ai de quoi avaler des paquets de copies)
  • quelque chose à boire, ou à manger, à portée de main
  • un bon siège (ce soir, c’est par là que ma sérénité est entamée, en même temps que mon fondement)

Tout est dans l’harmonie : dans les bonnes conditions, c’est un plaisir de planter du gazon… ou des étudiants.

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Livre lu : Sébastien Japrisot – La dame dans l’auto

Je me suis livré, il y a peu, à une taxonomie foutraque sur le roman noir, dans laquelle je mettais dans la même case George Simenon et Sébastien Japrisot. Eh ben non. J’ai lu La dame dans l’auto, du dit Japrisot (édition de 1966, celles d’après titrent « La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil »), et ce n’est pas comparable à Simenon, mais c’est très bien. L’écriture est superbement angoissante, humaine, l’intrigue est vraiment prenante, avec son héroïne qui semble vivre dans un monde de rêves éveillés, qui ne sait plus qui elle est. Le dénouement est à la hauteur de l’attente, et la pirouette finale est bien sympathique. Au delà de l’histoire, très bien construite, j’ai (re)découvert un auteur très observateur, qui croque des attitudes, des situations, très bien observées. Alors oui, je persiste, Simenon et Japrisot marquent un tournant entre les romans noirs à la papa (argot, hommes, souris, casses) et la déliquescence des années 70 (sexe, zone, déprime). Même si je trouve que Simenon est l’installeur d’ambiances par excellence, celui qui fait sentir en quelques phrases un brouillard humide, une lumière dans la nuit, ou une atmosphère de bistrot, je reconnais à Japrisot de savoir s’installer dans les têtes, et trouver le ton de la musique mentale de chacun.

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Où vont les stylos-bille ?

Hier matin, en pleine discussion en espagnol avec Magdalena, j’évoque tout-à-coup (en espagnol, excusez du peu) un de mes drames intellectuels : je n’ai jamais vu un stylo-bille arriver à bout de son encre. Cela fait plus de 30 ans que j’utilise des stylos-bille, je préfère de loin le stylo-plume, mais ce n’est pas facile d’être un raffiné dans un monde de brutes en plastique. Donc des stylos-bille, j’en ai vu des floppées me passer par les pognes, et de l’encre, ils en avaient, si toutes les taches remontaient à la surface de ma peau, tel un MacBeth inversé, je serais plus léopard qu’humain.

Mon drame : malgré cette utilisation effrénée de stylos-bille, je ne suis jamais arrivé à bout de leur encre. Une situation du genre « je suis en train d’écrire, tiens, ça n’écrit plus, je gratouille le papier, non, vraiment, y a pus d’enc’, je regarde, bon sang, le petit tube en plastique est tout transparent, l’encre elle a parti ». Jamais ça ne m’est arrivé.

Je sais ce que me diront certains lecteurs sagaces, certaines lecteuses ratiocinantes : « c’est parce qu’on te les pique, tes stylos, eh abruti ! » Je réponds : d’abord, parle-moi meilleur, roulure, et ensuite mais moi aussi je pique les stylos des autres, les guichetiers, les collègues, les marchands de quatre saisons, les employés de l’Urssaf, dès que je peux, je chourave.

Je m’en ouvre (en espagnol, disculpe me) à Magdalena, et l’interroge sans forfanterie : dites, estimada Magdalena, ça vous est-y arrivé de voir un stylo-bille se vider de son encre ultime sous vos yeux ? Réponse de l’interrogée, après réflexion : « une fois ». Une fois, c’est peu (Magdalena a à peu près mon âge, à quelques poussières près). Et de surcroît, si elle s’en souvient, c’est bien que la situation était exceptionnelle !

Où disparaissent donc les stylos-bille avant qu’on ne les voie agoniser ?

Ma réponse : il existe quelque part, dans un pays lointain, un cimetière des stylos-bille. Quand un stylo-bille se sent sur la réserve, qu’il n’en a plus pour longtemps, il s’achemine, furtivement, de nuit, par les sentiers désolés, bavant une encre qui s’éclaircit sous sa petite bille au carbure de tungstène, vers le Cimetière des Stylos-Bille. C’est un endroit mythique, que quantité d’explorateurs ont cherché sans jamais le trouver, ils ont terminé chez les réducteurs de têtes chercheuses, ou sous le coup d’un redressement fiscal. Il existe quelque part sous la lune une vallée primitive, où les ossements de plastique des stylos-bille brillent d’un éclat argenté.
Le recyclage n’est qu’une fable assénée par nos hommes politiques pour nous faire croire que nous vivons dans un monde rationnel, mais ils n’arrivent plus à masquer leur incompétence, eux non plus ne savent pas où se trouve le cimetière des stylos-bille…

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Caillou – 2h du matin

C’est le printemps.
Retour de virée.
La rue sent le pain d’épices.

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Vanessa et Robert

Pendant ces vacances, j’ai rencontré Vanessa, qui est redoutable. Elle traduit des oeuvres de haute qualité culturelle, avec un souci des barbarismes, solécismes et autres impropriétés qui me laisse pantois (et pour tout dire, plutôt jaloux). Elle travaille aussi avec Robert, qui est un gars (je n’en sais pas plus). Robert est partisan de s’adapter aux nouveaux mots, voire, de les introduire dans le vocabulaire. Vanessa est plutôt contre, mais quand elle prend un dictionnaire pour soutenir son propos, il n’est pas rare qu’elle soit déçue : le mot, dans son acception actuelle, existe déjà.
Exemple : normalement, une alternative est composée de deux choix possibles, ou deux options (Non, on ne parle pas de finance). « J’ai deux alternatives », comme on l’entend parfois, signifie précisément « j’ai quatre choix ». Hélas, dans le français parlé, « alternative » devient synonyme de « choix ». Vanessa s’est battue, Vanessa a perdu (mais connaissant sa mauvaise foi patente, elle a dû refuser de l’admettre). Tous les dictionnaires qu’elle a consultés (Littré, Larousse, … et Robert) proposaient notamment le sens « choix ».

Je suis farouchement contre toute progression irraisonnée du vocabulaire, toute anglicisation à outrance, car dans la majorité des cas, le mot français correct existe. Et puis je trouve plus gratifiant d’élargir son vocabulaire en puisant dans le Littré, plutôt que d’essayer de battre son record à Total Doom Predator. Par exemple, hier, en formation permanente, j’ai un participant qui a parlé de « cafuter un stock ». N’est-ce pas beau ? (j’espère que c’est dans mon Littré antédiluvien). Repentir : arh, ce n’est pas dans le Littré en 5 volumes (1920 ?), ni dans le Larousse encyclopédique en 4 volumes (1908), je suis au désespoir ! Heureusement, le Wiktionaire sait tout

J’en reviens à Vanessa, elle se délecterait d’apprendre ce qui suit. Comme vous le savez, lecteurs assidus, je me suis acheté un appareil photo numérique qui fait des photos numériques. Comme je suis un nain technophile, je l’ai pris en main sans ouvrir le manuel. Ce week-end, sur la route, je potassais enfin le dit manuel. Et là, je dis chapeau, voilà comment Nikon crée du vocabulaire. Ils nous ont forgé un petit verbe de derrière les fagots, simple, efficace, et qui manquait tellement. Photor.
Exemple 1 : « si vous voulez photor un sujet en mouvement, … »
Exemple 2 : « quand vous photose un sujet éclairé … »

J’ai donc, pour une fois, une motivation pour lire entièrement un manuel d’instructions : j’aimerais bien percer à jour le mode de conjugaison du verbe photor (« vous photose » me plaît énormément).

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Retour de flamme

Bilan de cette semaine de vacances :

  • 38 ans sonnés lundi
  • un fut de 20 litres de bière éclusé (ça ne pardonne pas, de louer un ancien hôtel restaurant avec une tireuse à bière et un percolateur)
  • plus de 1 280 photos numériques prises (je vous rassure, j’ai dû en jeter… 10%)
  • 18 personnes en phase haute, 10 personnes en phase basse
  • deux montages de deux vidéos numériques (durée totale : 17′, Lawrence d’Arabie n’est pas loin)
  • 48′ de jogging (en une seule fois)
  • des nuits de 10h (sauf celle où mon fils a tartiné son pyjama et son lit de ses humeurs)
  • 8h de route à l’aller, 10h de route au retour (pause à Poitiers)
  • 600 € pour un Toyota Corolla 2 000 km, chez Rent A Car

Et au retour (soupir)

  • 4 message sur le répondeur
  • 200 mails dans ma boite (sans compter les 500 mails sur les mailing-listes d’openoffice)
  • 28h de cours à faire cette semaine
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Vacances j’oublie tout

Je ne sais pas si c’est l’effet du marathon, de la fin de mon cours d’analyse financière et boursière ou de la présence de certains pénibles à mon travail, mais je me sens un peu flappi. Le ludion hystérique en salle de cours est loin, le philosophe débonnaire est aux abonnés absents, reste juste un être humain, pétri de contradictions, et aspirant à la simplicité. C’est pas donné. Donc il faut recourir aux grands remèdes : une location de vacances dans un lieu déserté mais face à la mer ; une maison de 7 chambres doubles (oui, sept, sans compter les lits individuels) ; une tireuse à bière (j’ai commandé un fût de 20 litres de 1664, on verra au bout de deux jours s’il y a besoin de passer aux fûts de 30 litres) et un percolateur pour les expressos. J’oubliais le plus important : une floppée de copains débarquant en train, chignole, monospace, twingo, ludospace, ford fiesta, coccinelle volkswagen, tricycle. Et tout cela tombe bien, même si je ne leur ai pas dit : lundi, j’aurai 38 ans. Voui, voui, je sais, je ne les parais pas, je me mets des masques de concombre sur le visage chaque matin comme le fêlé d’American Psycho (film que je viens de voir, juste avant L’ge de glace II, et autant L’ge de glace II m’a plu, autant American Psycho m’a semblé enflé et nauséeux comme un pudding cuisiné avec des oeufs de cane atteinte du H5N1). Bref, dans le monde réel des personnes qui ne travaillent pas à Wall Street, on va se boire unes bières à ma santé, et je m’en réjouis d’avance.
J’emporte aussi l’ordinateur portable (enfin, le transportable, celui qui pèse 3 kg), le Nikon D 100, un carnet de notes, le Palm Vx que m’a offert une collègue adorable, et quelques livres, dont le Sébastien Japrisot que je suis en train de lire avec plaisir.
Je sais bien que vous êtes tous/toutes en train de pleurer à grosses bulles, mais il n’y aura pas de thibillet pendant une semaine. Cela vous reposera, et moi aussi. Essayez de vous sevrer, comme j’essaierai de le faire. Hasta la vista.

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BD lue – Ayrolles et Masbou : De cape et de crocs – tome 7 – Chasseurs de chimères

Merci à Pepita de m’avoir fait découvrir, il y a plusieurs vies, une saga de BD comme je n’en ai jamais vu. Exit les Garulfo ou Lanfeust, je trouve que là, on est bien au-dessus. Etant un fan d’Edmond Rostand, tombé dans Cyrano quand il était petit (pas si petit, mais bon, c’était dans le bibliothèque de ma grand-mère, je l’ai lu juste après Le Salteador de Victor Hugo), je ne pouvait que vibrer à cette BD qui est un monument de déconne, de références et de dessins superbes. Non, je ne touche pas de commission.
Cela ne dira probablement rien à vous tous, qui avez des cerveaux de poulpes adolescents, mais quand le Captain Boone parle à son second, Mr. de Cigognac, j’y vois immédiatement la référence aux titres de Cyrano, Baron de Sigognac… et autres états et empires du soleil.
Un site amateur (littéralement, « celui qui aime ») recense les références et autres correspondances de la saga De cape et de crocs. Je ne saurais dire le plaisir que j’ai eu, que j’ai, à lire ces BDs. Certes, il y en a d’autres qui me plaisent, depuis des années : Corto Maltese, Blacksad, toutes les BDs de Cosey, Sillage, les BDs de Bilal, et je ne veux pas oublier les délires du Génie des Alpages ou même Tintin ou Lucky Luke, dont j’ai des exemplaires originaux et historiques des premiers albums (La mine d’or de Dick Digger, Rodeo, Arizona).
Je veux juste dire qu’il y a une BD qui m’a fait éclater de rire la première fois que je l’ai lue, et c’est tellement bon d’avoir un fou-rire qu’il ne faut pas l’oublier. Je veux remercier Jean-Luc Masbou et Alain Ayroles à qui, pour reprendre les derniers vers de Cyrano de Bergerac, « je serrerais bien la main ».

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Caillou – ô combien

C’est le printemps au jardin.
Mon cerisier en fleur
Convoque le Fuji-Yama.

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Livre lu – Ben Schott : Les miscellanées de Mr. Schott

Sur les conseils de Nerik, qui pointait aussi vers la critique d’une jeune créature, j’ai commandé et lu Les miscellanées de Mr. Schott, de l’éponyme (oui, je sais, ce n’est pas utilisé dans son sens correct) Ben Schott (éditions Allia, 2006, 162 p.). Ce petit livre OLNI a des côtés sympathiques, mais peut-être parce que l’on me l’avait sur-vendu (sacré Nerik), je suis resté un peu sur ma faim.

Points forts

  • Un côté fourre-tout amusant. Oui, c’est vrai, ces miscellanées sont divertissantes, d’autant plus que l’on se surprend de temps en temps à se dire « mais oui, c’est utile d’avoir mis cette information, elle me servira » (mais je vous avoue que la liste des fournisseurs de la Reine d’Angleterre, je ne vois pas comment je vais réussir à le caser…) Cette idée d’arbitraire choisi et ordonné, je la trouve particulièrement puissante.
  • Un jeu de société. J’ai testé de laisser traîner ce livre sur un de mes nombreux canapés dans un de mes nombreux salons : ça marche, quelqu’un s’en empare, et cela lance une discussion amusée, à mi-chemin entre la lecture, le débat, et l’amusette.
  • Une forme à part. Tout, dans le format, la mise en page, le choix de la police, la disposition des textes et figures, est le fruit du choix de l’auteur. C’est une véritable oeuvre, au sens où l’on n’a pas la dichotomie traditionnelle « l’auteur s’occupe du fond, l’éditeur de la forme ». L’ensemble y gagne énormément en crédibilité / qualité / authenticité.

Point faible

  • Trop anglais. Bien qu’il ait été adapté (une partie des articles a été transposée au contexte français, une autre partie supprimée, d’autres articles ajoutés), le livre est très anglo-saxon, et cela me gêne. Même si j’apprécie les informations sur Shakespeare, les fournisseurs de la Reine ou les pensées de Jonathan Swift, que faire de la liste des astronomes royaux, du parcours du labyrinthe de Hampton Court ou de la position des joueurs de cricket ?

Je le reconnais, cela fait un point faible pour trois points forts, mais ce point faible recouvre plusieurs articles. Allez, je suis un peu dur. J’étais en train de feuilleter ce bréviaire, et je tombe, p. 146, sur les combinaisons et probabilités au poker. La boucle est bouclée, Nerik a été le moteur premier de ce message, et un de ses thèmes d’intérêt le finit.

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Ballast – Métro

j’ai marché dans tes couloirs,
La nuit,
A l’heure où tout n’est que fatigue.
Guettant la rame illuminée
au bout du tunnel.
J’ai vu des visaqes fatigués,
par millions,
des querelles,
par centaines.
J’ai vu les affiches et les graffiti, les poubelles et les mendiants, jour après jour.
J’ai voyagé seul, allant vers toi.
J’ai voyagé heureux, revenant de toi.
Aujourd’hui je voyage seul,
souvent avec toi.

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Oeil d’aigle, jambe de cigogne, Moustache de chat, dents de loups

Merci à Cyrano pour le titre de ce thibillet. Merci à Yann pour l’info : les photos du calvaire sont dispos sur le site de Maindru Photo. Hélas, saturation du serveur (35 000 personnes qui se connectent, ça fatigue…). Donc, dès que j’arrive à me faufiler dans une fenêtre espace-temps, hop, je chourave et poste.
MàJ : ça y est !
Flapi et Flapo .

En attendant les photos de Laurent N.

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Marathon Man (ou Voyage au bout de l’enfer)

Et voilà, pour la deuxième fois, je suis marathonien.

Les faits bruts

  • 4h 52′ 07″ ce qui me place
    1. moins bien qu’en 2002 (4h 40′ 54″)
    2. 27 743ème sur 35 000 (mais combien d’abandons ?). Une petite recherche me donne 30 744 arrivants. La dernière est Andrée Degoumois, en 6h 25′ 45″. Bravo Andrée, tu es la dernière des premiers. Après cette arrivée, ils ont arrêté les chronos, mais il y a probablement (sûrement) des participants qui continuaient à arriver…
    3. 8ème sur 10 ESCP / ESCP-EAP répertoriés pour l’instant

  • J’ai vécu ce que je vais appeler Le syndrôme classique, étant donné que tous ceux à qui j’ai parlé ou dont j’ai entendu parler (Laurent, Damien, Christian, Sébastien, Jean-Philippe) l’ont eu aussi : départ bien motivé, vigilant mais optimiste, passage du semi-marathon (donc, la moitié de la distance, à 21,1 km) en se disant « bon, jusque là, ça va » et après, effondrement. Suivant les interlocuteurs, l’effondrement n’a pas lieu au même kilomètre, pour ma part, en précurseur, cela a été dès le 26ème kilomètre. Et après cela, l’enfer. Et pour paraphraser Anna Gavalda dans une des nouvelles de Je voudrais bien que quelqu’un m’attende quelque part, « tu l’as sûrement lu rapidement, donc je te le réécris pour que tu t’en rendes bien compte : j’ai vécu l’enfer pendant 16 km« .

Remerciements

Je souhaite remercier

  • mes jambes, pour avoir accepté cette connerie pendant presque 5h (sans compter l’after : la remontée de l’avenue Foch, le métro avec escalator en panne, la voiture…)
  • les amis qui sont venus nous encourager : Marie-Cécile au km 20 qui m’a accueilli avec « Tu peux le faire, Christophe ! » et a couru à mes côtés ; Laurent au km 29, après quelques méchants tunnels ; et Angelika, qui a eu la patience d’attendre à l’Etoile plus d’une heure, entre l’arrivée de Laurent et la mienne.
  • les anonymes qui nous ont encouragés sur tout le parcours. Des enfants à qui on tape dans la main, de jolies femmes, des jeunes papas, des pépères casquettes, des beurs survêt, tout ce Paris qui a certes des défauts, mais aussi des qualités dans les fêtes populaires. Je salue la nonyme (quel est l’antonyme d’anonyme ?) Madame Raymonde, dite Ray (photo ici), la patronne de La boutique du Marathon, 100 marathons à son actif, et qui était présente au km 40 à nous encourager.
  • les bénévoles de l’organisation qui distribuaient les bouteilles et aliments, la Croix-Rouge et ses tentes et ses blessés, les pompiers de Paris qui sont toujours encourageants, tout au long du parcours, les orchestres (Satisfaction m’a trotté dans la tête pendant quelques kilomètres)

Déroulé (rapide) et analyse de la course

  • Départ et premiers kilomètres : bonne ambiance, nous sommes tous avec nos bobs jaunes, et c’est impressionnant de voir cette étendue de foule qui couvre les Champs-Elysées jusqu’à la Concorde (et au-delà, bien sûr, les premiers doivent déjà être rue de Rivoli…). J’hésite alors entre me fixer 5’30 » au kilomètre (objectif 4h00) ou la jouer plus raisonnable : 6’00 » au kilomètre (objectif 4h20), en attendant de voir comment je serai au semi. Comme je suis stupide et optimiste (synonyme ?), je me cale à 5’30 ». A côté de moi, un gars dit « Quand même, c’est beau ». Il a raison, il fait beau, et de la rue de Rivoli, on voit la colonne de la Bastille au loin, si loin, si proche.
  • Ravitaillements : tous les 5 km, je prends de l’eau à chaque fois, et en trottinant, je vide la bouteille consciencieusement, puis retour à la vitesse de croisière, coup d’oeil au cardio-fréquencemètre, moyenne à 5’40 » au kilomètre, mes jambes savent ce qu’elles font.
  • Entrée dans le bois de Vincennes au km 10 (déjà 1h de course), on dépasse un fauteuil roulant Handisport, qu’on applaudit.
  • Km 20 : Marie-Cécile surgit comme un lapin blanc hors du chapeau du bitume, et court à mes côtés. Rhhaaa, remotivé je suis.
  • Passage du semi (21,1 km) en 2h07′, là je me dis « tiens, je pourrai peut-être faire 4h20 ? » Hahaha, j’en ris encore.
  • Arrivée à Bastille (un peu avant km 25), je me souviens que je ne voyais pas grand chose, au même endroit, il y a 4 ans. Je me re-dis « Je suis plus frais qu’il y a 4 ans, vas-y jojo, attaque… »
  • A partir des quais de Seine (km 25-26), ça part en déconfiture. J’ai beau me houspiller, les jambes ne suivent plus, et marchent au ralenti. Le graphique ci-après illustre ce qui va être ma souffrance sur les 16 km suivants : alors qu’en 2002, j’étais parti plus lentement, puis j’avais accéléré, cette fois-ci, cela n’a été qu’une lente descente vers l’enfer.
  • Je convoque mon Loup, vers le km 26, il m’aide pendant un petit kilomètre, je me sens carnassier et sauvage, je le sens galoper à mes côtés, grogner avec moi, aspirer l’air glacé, et puis il s’en va, ou s’enfonce à nouveau au plus profond de mon être
  • Une pensée à la volée, vers le km 27 : si l’énergie pouvait être dérivée de la souffrance, un Marathon de Paris suffirait à éclairer Paris pendant un an. Mais n’importe quelle journée d’une Maternité ferait le même boulot, après tout, nous autres, les hommes, nous sommes ben douillets…
  • Rencontre avec Laurent, km 29, après quelques tunnels éprouvants. Petit papotage pendant que je fais des étirements, et puis re-départ. Nouveaux tunnels. ambiance sombre et confinée : vers la fin d’un tunnel, j’avais l’impression de ne respirer que le gaz carbonique des concurrents. Arrivée à l’air libre – et montée – perçue comme un soulagement.
  • Aux ravitaillements de 30, 35 et 40 km, je marche, je mange de la banane, je bois ma bouteille. Chaque kilomètre arrive de plus en plus lentement, les crampes menacent, je les sens tapies au fond des muscles, prêtes à bondir. Je masse les endroits où les crampes palpitent, courbé en deux, tout en continuant à trottiner comme un hérisson blessé. Grosse souffrance.
  • Km 39, je prends ma dernière dose de glucose, celle estampillée « Coup de fouet« . cela ne suffit pas : même si je m’étais juré de ne pas marcher en dehors des ravitaillements, je craque : à 39,500 je me mets à marcher, en attendant le ravito de km 40. Arrivé là, je bois, je me tape une banane entière, et puis je me remets à courir, c’est tout un effort, il faut marcher un peu vite, balancer les épaules, oser soulever le premier pied pour faire une foulée, ressentir le choc, serrer les dents, continuer, et on se retrouve à carapater… comme un ragondin agonisant.
  • La fin n’est pas descriptible. Gros effort pour maîtriser mon visage et mes sentiments. L’avenue Foch, où j’avais bien accéléré il y a 4 ans, pour finir en beauté, me semble une montée morne et gristre. Pas la force ou l’envie de sourire aux photographes officiels.
  • Et voilà, ça c’est fait.
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