Magnolia Express – 14 poèmes pour Aline – XIII


Un jardin dans la montagne
Sa chevelure pleine de fleurs
Cascade de printemps.

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Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Le roman, dans l’ordre, est
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Magnolia Express – 14 poèmes pour Aline – XII

Les yeux mi-clos
Dans son visage penché
Rêve d’une pluie de pétales.

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Roman, publié progressivement, sous un contrat Creative Commons. Et aussi sous licence Touchatougiciel.

Le roman, dans l’ordre, est
.

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Crash aérien ou Krach boursier ? C’est du n’importe quoi…

Merci à mon collègue Philippe Thomas, que vous pouvez admirer ici, pour l’idée séminale de ce thibillet.

Résumé des derniers jours :
Les banques US ont fait plouf. Alors la Bourse US fait badaboum.
Et puis certaines banques européennes font Klonk. Alors les Bourses européennes font shibam pow blop wizz…

Il y a 3 types de mensonges : les mensonges, les foutus mensonges, et les statistiques (Benjamin Disraeli)
« Le CAC a fait -9%, ce qui est la pire baisse depuis la pire baisse précédente »
« Et encore -8% c’est la panique »

Un pourcentage n’est qu’une grandeur symbolique. Certains commentateurs, ou boursicoteurs, oublient qu’il y a des sociétés derrière tout cela. Si, si, des vraies sociétés avec des produits et des clients.

Prenons un exemple pour montrer que les valorisations actuelles sont du n’importe quoi.

Air France (coté sur Euronext Paris) et Easy Jet (coté à Londres).

  1. Les ventes annuelles d’Air France-KLM sont de l’ordre de 24 milliards d’euros. Celles d’EasyJet, 2,26 milliards. Donc Air France KLM a des ventes qui représentent plus de 10 fois celles d’EasyJet.
  2. Mais les deux sociétés n’ont pas les mêmes tarifs, ni les mêmes coûts. Prenons alors leurs Résultats opérationnels (Ventes – coûts d’exploitation). Air France-KLM : 1,27 milliards d’euros. Easy Jet : 28 millions d’euros (0,028 milliards). Donc Air France KLM a un résultat opérationnel qui représente plus de 45 fois celui d’EasyJet.
  3. Ne comparons pas les Bénéfices (résultats nets), car EasyJet fait des pertes.
  4. Passons aux valorisations boursières. Air France – KLM vaut aujourd’hui 4,13 milliards d’euros ; EasyJet vaut 1,65 milliards d’euros. Donc Air France KLM (qui dégage 45 fois plus de résultat opérationnel qu’EasyJet) est juste valorisé 2,5 fois plus qu’EasyJet.

Petit tableau récapitulatif

Air France Easy Jet Multiple
Capitalisation boursière 4,13 Milliards € 1,65 Milliards € 2,5
CA 24,00 Milliards € 2,26 Milliards € 10,6
Résultat Opérationnel 1,27 Milliards € 0,03 Milliards € 45,7
Résultat net 0,77 Milliards € Négatif
Avions 12,30 Milliards € 1,18 Milliards € 10,4

Ce qui est amusant, pour qui a l’esprit joueur (et si je ne l’avais pas, je n’aurais pas un PEA), c’est que

  • Non seulement Air France KLM a une valeur représentant 1/6ème de ses ventes, soit 2 mois de ventes, tandis qu’Easy Jet est valorisé à presque une année de ventes. C’est normal, coco, c’est la valeur de la marque Easy Jet, ben voyons…
  • Mais surtout, Easy Jet a une valeur boursière représentant plus que la valeur de ses avions au bilan. C’est rassurant. Tandis qu’Air France – KLM a une valeur boursière qui représente… euh… 1/3 de la valeur de ses avions. Y sont où les autres avions ? Y valent plus rien ? Faut-il arrêter de voler sur Air France – KLM ? (parce qu’ils ont quand même les 2/3 de leur flotte qui ne sont pas comptés dans leur cours boursier, alors, existent-ils vraiment ?)

A de tels niveaux de dévalorisation, je sens qu’il va y avoir des méchantes OPA dans l’air. Pendant que certains paniquent et continuent à vendre à tout va, je pense que beaucoup de prédateurs mobilisent leur cash. Car il y a quand même beaucoup de sociétés qui n’ont pas de problèmes de liquidité…

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Magnolia Express – Chronique d’un roman

Ceci est mon 800ème thibillet, et comme à chaque centaine, j’en profite pour faire un point d’étape (précédents thibillets centenaires : 100, 200, 300, 400, 500, 600, 700).

Dans deux jours, j’aurai terminé de mettre en ligne mon roman Magnolia Express.

Je souhaiterais donc revenir sur cette expérience, et mettre en ligne le roman entier sous forme d’un seul fichier.

Tout a commencé en 1990. J’ai voulu écrire un roman pour une personne, que l’on pourrait appeler Aline. Je voulais lui écrire, pour elle, un roman d’amour sur elle. J’ai commencé par des textes courts, car j’avais été influencé par les prodiges que Richard Brautigan arrivait à faire avec ces petits textes qui n’ont pas de nom : ce ne sont pas des chapitres, ni des paragraphes. Le terme Saynètes correspond à peu près, je crois.
Une fois que j’avais rédigé une partie entière, je l’envoyais par la poste à cette personne.
Ce qu’elle ne savait pas, c’est que j’étais guidé dans ma rédaction par quelques morceaux de musique, qui donnaient leurs titres à certaines de mes Saynètes ou Parties.
J’ai terminé ce roman le 26 octobre 1994.
Pendant quelques mois (années ?), je n’en ai rien fait, sinon le faire lire à quelques ami(e)s. Qui ont tous/tes été enthousiasmé(e)s, ben voyons, et je me suis laissé prendre à leurs compliments : « Tu devrais essayer de te faire publier, franchement ! »
J’ai donc essayé. J’ai envoyé une première salve de manuscrits aux 10 plus grands éditeurs français (qui ne risque rien n’a rien), puis une deuxième salve en 2000, à 10 autres éditeurs que j’aimais bien. Et puis 3 envois à trois petits éditeurs. J’ai reçu à chaque fois quasiment la même lettre, à croire qu’ils ont une lettre-type qu’ils se refilent. En gros, je n’étais pas le nouveau Tolstoï. Une analyse fine du contenu de la lettre, et surtout des différences entre les lettres, me permit d’en conclure qu’au moins 3 éditeurs (sur 23) avaient lu une partie du manuscrit. Un a pris la peine de recopier à la main un passage jugé « faible » (et il l’était en effet, que la honte me submerge). Un autre a répondu après 15 mois. Un n’a jamais répondu, mais je ne perds pas espoir !
J’en étais resté là, et puis un jour, j’ai eu une illumination : ces saynètes, rédigées avant qu’Internet ne débarque en France, avaient le format de billets de blog… Un titre, un texte (relativement) court, et même les inspirations musicales pouvaient trouver leur place sous forme d’un petit lecteur en Flash inséré dans la page concernée. Et le tout allait se présenter sous forme chronologique.
Il ne me restait plus qu’à déclarer ce roman sous licence Creative Commons, ce qui équivalait pour moi à dire : « je vous l’offre, vous ne me devez rien, vous pouvez même le diffuser, en revanche : (1) j’en ai la paternité, et vous devez le mentionner (2) vous ne pouvez le modifier sans mon accord (3) vous ne pouvez le commercialiser sans mon accord ».

Pour ceux qui ne la connaissent pas, voilà la page récapitulative des textes publiés.
Et voici donc le roman, en un seul fichier PDF. La licence Creative Commons s’applique évidemment à ce fichier.

Je vous proposerais bien un CD de « La B.O. du roman », mais comme vous le savez, je ne suis pas propriétaire des morceaux musicaux. Pour mémoire, la voici :

Bande Son Originale Magnolia Express

1.    The Old Man and Me – JJ CAle
2.    Mississipi River – JJ Cale
3.    Preludin’ Fugue – Eric Clapton
4.    Slip Slidin’ Away – Paul Simon
5.    Hey Joe – Jimi Hendrix
6.    Everything Will Be Alright – JJ Cale
7.    Tijuana – JJ Cale
8.    Cars are Cars – Paul Simon
9.    They Call Me The Breeze – JJ Cale
10.    Bob Brozman 1
11.    Bob Brozman 2
12.    I’ll never leave you – Tuesday Jackson (connue aussi sous le nom de Nicole Croisille)
13.    Tamalpais High, At About 3 – David Crosby
14.    Ghost Train – Spencer Bohren
15.    Sitting on this train – JJ Cale
16.    If you’re ever in Oklahoma – JJ Cale
17.    Traces – JJ Cale
18.    Magnolia – JJ Cale
19.    Aspen Colorado – Tony Joe White
20.    River boat song – JJ Cale

Merci à tous d’avoir participé.

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Stephen Stills à l’Olympia

Hier soir, j’étais à l’Olympia pour y voir Stephen Stills en solo. Stephen Stills est un gars que les moins de 40 ans ont du mal à connaître. Si je vous dis Crosby Stills and Nash (and Young diront les cultivés), peut-être que ça fera résoner un souvenir. Stills, c’était ce très bon guitariste, pétri d’influences blues country et latino, qui s’est illustré sur la scène de Woodstock avec ses acolytes David Crosby et Graham Nash (Neil Young en faisait-il partie à l’époque ? A vérifier sur Wikigoogle) en 1969. Ces bambins avaient donc 24 ans quand ils ont été sur la scène d’un des plus grands festivals des années 70.
De  Stephen Stills, j’ai beaucoup d’albums. Guitariste éclectique, compositeur à la palette assez large en terme de styles et de textes, il n’a pas composé que des choses que j’aime (en ce qui le concerne, je suis plus acoustique qu’électrique, plus studio que concert), mais il m’accompagne depuis une trentaine d’années. ça commence à compter.
Hier soir, pour la première fois (et probablement la dernière), je le voyais en concert. Donc il avait 63 ans, l’ami.
Ce concert a été très conforme à ce que j’attendais, mais je vais mettre du temps à l’exprimer. Le but de ce thibillet est justement de retranscrire cette expérience.
Le plus simple est probablement de dire ce à quoi je ne m’attendais pas : je ne m’attendais pas à retrouver sur scène en 2008 une copie conforme du jeune guitariste flamboyant des années 70 et 80. Je connaissais les excès dans lesquels a trempé sa vie (dans les années 70, on ne faisait pas dans la dentelle) et je ne venais pas pour demander à cet artiste une performance exceptionnelle. En fait, je m’attendais à voir un homme vieilli, marqué par la vie, au jeu probablement plus simplifié. Quant à la voix, elle était déjà un peu éraillée il y a de cela des années, je ne m’attendais donc pas à ce qu’elle atteigne les aigus de sa jeunesse.
J’ai donc eu ce que j’attendais : un homme débonnaire, qui fait son show de 2h et quelques avec un entracte de 20 mn, une légende de la guitare qui merdait un peu dans ses solos en acoustique (l’acoustique, ça ne pardonne pas) mais faisait ronfler sa guitare électrique avec une belle énergie.
J’étais content de l’avoir vu au moins une fois en vrai, de l’avoir entendu, et j’ai tous ses disques pour entendre des versions achevées de ses chansons. Je viens enfin de trouver l’image : imagine que tu connaisses un vin, mais de manière indirecte. Par exemple, tu n’as jamais bu de Chateau Latour, mais souvent bu du Forts de Latour (2nd vin de Chateau Latour). Ou bien tu as bu du Chateau Latour, mais dans des petites années, et déjà, tu as vraiment apprécié la qualité de ce grand vin.
Et puis tu as enfin l’occasion de boire une bouteille de Chateau Latour, qui plus est dans un excellent millésime. Mais ce que tu sais, c’est que le millésime est un peu trop ancien, le vin a dépassé son apogée. C’est dommage, mais c’est comme ça, la bouteille n’est pas passée à l’Olympia récemment. Cela n’empêche pas de savourer ce qui reste dans cette bouteille, et ça permet de rêver, d’imaginer ce que c’était à la grande époque. J’entendais des gars à l’entracte qui disaient « Ouah, le coup de vieux qu’il a pris ! », j’espère qu’ils se rendaient compte qu’eux-même n’avaient pas vraiment été épargnés…
Pour le final, Christopher Stills est monté pour faire le boeuf avec son père, et évidemment, on s’y attendait (c’était l’Olympia, quand même) : Véronique Sanson, épouse de Stills de 1973 à 1976, le temps de lui donner un fils, et probablement d’ajouter des touches cosmopolites à sa propre musique.
J’étais chez moi à 23h (quel night clubber je fais) avec Blind Fiddler en tête toute la nuit.
Un jour peut-être, je mettrai sur ce blog le roman que j’avais commencé à partir d’une chanson de Stills. Ultime hommage à un bel artiste.

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Magnolia Express – 14 poèmes pour Aline – XI

Battement des cils sur sa joue
indolent
comme la queue d’un tigre.

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Le roman, dans l’ordre, est
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Magnolia Express – 14 poèmes pour Aline – X

Une ombre sous ses yeux
Violette d’hiver
Sur nuit blanche.

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Le roman, dans l’ordre, est
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A propos de cette légère baisse de la Bourse…

La plupart d’entre vous n’auront rien remarqué, mais les plus accros aux infos, ou à Boursorama, auront noté comme un léger frémissement sur les marchés financiers, ces derniers jours.
Des commentateurs compétents (George W. Bush, Nicolas Sarkozy) ont donné une analyse pleine de sens, qui allait plutôt dans le sens normatif (voilà ce qu’il faudrait faire) plutôt que positif (voilà ce qui s’est passé). Autant dire que cette situation est entre de bonnes mains.
J’ai un collègue et ami (oui, la conjonction des deux peut arriver) qui a été interviewé pour une émission télévisée. Sujet : une certaine inquiétude sur quelques fluctuations de marché récentes. Voilà ce à quoi il s’attendait, par ordre décroissant de probabilité :

  • Devoir expliquer, pédagogue, les fondements de cette crise.
  • Formuler un oracle sur les développements futurs (a-t-on touché le fond ?)
  • Rassurer les petits épargnants sur le risque systémique (le Franc va-t-il être dévalué ?!)

Ce qu’il a eu, ça a été :
– OK, c’est qui les coupables ?
– Ecoutez, ce n’est pas facile d’être tranché, c’est un ensemble de causes
– Oui, mais nous, on veut un nom, alors, c’est qui les coupables ?
– Je peux vous proposer une analyse détaillée, qui montre la répartition des responsabilités…
– Non, on n’a pas le temps, et le spectateur va zapper, alors, en un mot, c’est qui les coupables ?

Mon collègue s’est bien gardé de répondre, mais la pression était forte, il fallait faire de l’audience avec une déclaration percutante. D’autant plus que les téléspectateurs sont des cons, il ne comprennent pas les mots de plus de 3 syllabes, ou les raisonnements qui durent plus d’une minute.

Donc moi j’ai une réponse rapide, à l’aune de la demande : les coupables, ce sont les médias.

  1. Trop grande rapidité. informations, rumeurs et démentis se succèdent. On a l’impression que c’est à celui qui tirera le plus vite le scoop ravageur, la nouvelle qui fait peur.
  2. Aucune mise en perspective. On parle de 700 milliards de dollars pour renforcer le système financier américain. En lisant, on apprend qu’il s’agit d’une crise de liquidité, il faut trouver de l’argent liquide pour les banques. Alors on peut réfléchir : et si ces banques émettaient des titres, à court terme, pour se refinancer ? Oh, c’est dingue, ça existe déjà, on appelle ça des certificates of deposit (CDs). Et le marché des CDs représente… 16 000 milliards de dollars. Ah OK, donc les 700 milliards de dollars nécessaires pour renflouer les banques, c’est moins de 5% des montants qu’elles collectent sur les marchés à court terme. C’est sûr, la situation est dramatique…
  3. Aucune analyse. Je ne défends aucunement le système financier, l’idéologie libérale ou les rémunérations des dirigeants. Mais je souhaiterais bien que le débat s’élève au-dessus d’idées populistes, voire poujadistes. Parce qu’il y a deux types de personnes : les moutons qui s’angoissent, et veulent trouver un bouc émissaire pour les exonérer de leur responsabilité, un bon bouc porteur d’étiquette ; et puis il y a les béliers, qui sont plus posés, qui aimeraient vraiment comprendre… et qui ne trouvent pas matière à nourrir leur réflexion.

Merci de penser à ces derniers…

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Magnolia Express – 14 poèmes pour Aline – IX

Un étourneau s’ébroue
Dans la brume
Elle me dit Allons au jardin.

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Livre (re) lu : John Steinbeck – The winter of my discontent

C’est vraiment le moment, dans ma vie, d’avoir terminé ce livre aujourd’hui.
Je ne vais pas vous parler de ma vie.
Parlons donc du livre.

Je tiens John Steinbeck pour le plus grand écrivain américain du 20ème siècle. J’ai du mal à élargir cette période, parce qu’il y a Joseph Conrad (mais était-il américain ? 😉 ) et Jack London (et Kérouac, et Brautigan, et peut-être Hemingway). Quant à Paul Auster, il est encore vivant, alors je ne le compte pas.
Je vais être terrible, mais ce soir, je suis terrible, je brûle tout ce que j’ai, littéralement.
On me dit Kérouac, je brûle ses Clochards célestes. On me dit Hemingway, je rigole, parce que c’est bien, mais j’ai compris son écriture, je le brûle sans hésiter. On me dit Brautigan, c’est comme Kérouac, je le brûle parce que je sais que je l’ai intégré, mais je les remercie tous les deux, ils m’ont littéralement guidé.

Il reste Conrad et Steinbeck. Je sais lequel je vais brûler, car je sais lequel je veux garder. Mais je sais que je regretterai Conrad.
Je me retrouve face à Steinbeck.
Je continue à brûler. La question n’est pas « qu’est-ce que j’aime » (sinon, je n’aurais rien brûlé), la question est « qu’est-ce qui m’est nécessaire ».
Alors je brûle Tortilla Flat, mais je garde Tendre Jeudi. Je brûle Les raisins de la colère, mais je garde En un combat douteux.
Je garde probablement A l’est d’eden, ce qui veut dire que je brûle Au dieu inconnu et La coupe d’or.
C’est terrible, cet holocauste.

Il me reste Les naufragés de l’autocar, mais face au Winter, c’est comme le duel Conrad-Steinbeck, je le brûle. Travels with Charley disparaît aussi, de toute façon, qui connaissait ce récit ?
S’il faut n’en retenir qu’un seul, je brûle tout sauf The winter of my discontent. (je crois que ça a été traduit, selon les textes shakespeariens, par « En une saison froide et amère »).
Si on me demandait de résumer The winter of my discontent, je citerais ce proverbe polonais (?) :

« en cas de problème, il t’est permis de faire un bout de chemin avec le diable. Mais pas au delà du passage difficile. »

Ce roman est un récit. Je ne peux pas le résumer, je peux juste espérer que la traduction française (que je ne connais pas) est à la hauteur du texte original.
Ce roman est pour moi, actuellement, le roman d’une vie. Ou plutôt, d’un tournant de vie. Parce que, quoique nous fassions, ce sont les changements de direction qui nous parlent plus que les longues lignes droites.
Un homme, inséré dans la société, aspire à changer. Il a une femme, des enfants, un emploi. Mais il méritait mieux, et il a raté son tournant. Il est devenu un loser, un employé. Il vit cette situation avec fatalité, jusqu’au moment où se produit un petit changement. Et puis un autre. Il ne sait si c’est lui qui a impulsé les changements, ou si la roue du destin a commencé à le propulser. Ou le broyer.
Le lecteur vit avec lui cette évolution. Il est impossible de lui en vouloir, il est un observateur lucide de tous ceux qui prennent un profit rapide, sans morale.
Dans ce cas-là, évidemment, on lui pardonne certains manques de morale.
C’est un roman sur les désillusions. C’est aussi un roman sur la lumière qui peut briller, parfois, dans les actions que nous faisons.
C’est le livre que je relirai régulièrement, toute ma vie, avec Les Hommes de Bonne Volonté.

Je ne sais pas quand je posterai à nouveau.
Si je le fais, ce sera sans mention à ce message où j’ai essayé de faire passer quelques notions qui me sont importantes.
Il y a quelques thibillets que j’aimerais garder, parce que, dans des domaines divers, ils répondaient à la même quête.
Et je brûlerais tous les autres.
A vous de trouver lesquels.

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