Le fossé qui sépare les prix du marché et ceux calculés par les analystes environnementaux est vertigineux : par exemple, les Américains qui paient 3 dollars le gallon d’essence (soit 3,8 l), devraient le payer 12 dollars !
Lester R. Brown, écologiste américain, interviewé par Télérama, n° 3016, 31 octobre 2007, p. 56.
Ce bon Lester parle évidemment des coûts cachés (thibillet initial ici, séquence là), et je suis entièrement d’accord avec lui. Un vrai sujet de recherche intéressant, en finance ou en économie, serait (est) évidemment : « comment sont calculés ces 12 dollars ? », c’est-à-dire la mesure de l’empreinte environnementale et sociale des ventes de carburant.
Il y a dix ans, l’industrie du tabac avait à Washington le lobby le plus puissant : organisation imposante, longue liste d’experts médicaux et juridiques. A chaque nouvelle étude qui établissait le lien entre le tabagisme et telle ou telle pathologie, il y avait toujours un expert médical prêt à remettre en cause ledit rapport, à cause de sa méthodologie, etc. Et puis, les choses ont changé : des Etats ont commencé à attaquer l’industrie du tabac devant les tribunaux, pour qu’elle prenne en charge le coût des fumeurs malades, puis ils ont fait front commun. L’industrie du tabac a finalement dû créer un fonds de compensation de près de 253 milliards de dollars, soit une moyenne de 1 000 dollars par personne.
Lester R. Brown, écologiste américain, interviewé par Télérama, n° 3016, 31 octobre 2007, p. 58.
Prenons l’exemple de l’éco-participation, tiens. Voilà une tentative de mutualisation du coût caché (recyclage des déchets). Je suis un peu étonné des faibles montants (13 € pour des frigos allant de 299 € à 999,99 € – source : catalogue de La Redoute, même pas honte), ça me paraît faible. Payer 2 heures de smic pour désosser un frigo, faut y croire. Mais il n’empêche :
- La dynamique est lancée : on paie 13 € aujourd’hui, c’est symbolique (sur 300-1000 €), mais ça nous prépare. Demain, quand on devra payer 50 €, on aura déjà été dépucelés précédemment.
- Les 13 €, si ça se trouve, avec les économies d’échelle, les subventions, les placements de l’argent en attendant, peut-être que c’est un montant plausible (j’en doute, mais bon…)
- Pour l’instant, ça vient en sus (299 € affiché, + 13 € en petit, total 312 € en petit) mais il est possible que ce coût soit intégré pour partie par les vendeurs (j’en doute, mais bon…)
si, si, ça doit être rentable puisqu’il existe un secteur du recyclage, qui a même sa fédération. Preuve de son dynamisme : il attire même des grosses boites qui en font même un credo. Pour n’en citer qu’un, spécialiste des services à l’environnement.
Merci, grande Loulou, de me rappeler au bon sens : bien sûr, s’il y a des boites qui se lancent dans cette activité, c’est qu’il y a du beurre à faire. Mais ça n’interdit pas des subventions. C’était ce 13 € qui me chiffonnait. Mais je peux, comme un grand, aller me documenter, hein…
13 euros, c’est aussi le barème de l’éco-participation pour désosser les distributeurs de produits.
Je suis intriguée. Je vais faire quelques petites recherches en parallèle. J’ai de la chance, une très bonne copine est rédactrice en chef d’une revue professionnelle sur le recyclage. Je vais lui poser la question. Mais déjà en lisant en diagonale deux documents, http://www.eco-systemes.com/esse... (télécharger le dernier document)
http://www.eco-systemes.com/docs...
je commence à me faire une petite idée de l’économie de ce secteur.
Je suis toujours partant pour tes infos là-dessus, pour mettre un minimum de sérieux sur mes intuitions pas forcément fausses, mais indubitablement non fondées… 😉
j’ai la réponse. je suis allée à la source pour la chercher.
mais ayant du mal à me remettre de la fatigue générée par le transport palliatif (ou alternatif à la grève), je prendrai un peu de temps pour la rédiger.